Auteur : Firediablo
Date de parution : Février 2006

La porte qu’il avait autrefois traversée pour se rendre dans le désert avec son Maître, n’était à présent qu’un puzzle de pierre divine éparpillée dans tout l’Atrium du Temple. Hulk avait conseillé à Bruce de ne pas détruire les murs, de se contenter de la porte pour passer la rage qui commençait à monter, et accessoirement pour entrer aussi.. Mais ça n’avait pas suffit à le calmer.
Car Bruce était fou furieux. Durant le court trajet, il n’avait eu de cesse de penser à cet homme qui avait tué tant de gens, qui avait ordonné d’en tuer d’autres, parce qu’il croyait qu’Horus lui en avait donné l’ordre. Comment avait il pu croire ça ? Comment Osarias avait il pu, lui qu’il avait connu bon, mystérieux, certes, comment avait il pu croire qu’Horus voulait cela ? Un monstre encore pire que Hulk lui avait apprit à vivre, lui avait même dit de tuer, de tuer tant de gens et il avait obéi aveuglement. Bruce allait non seulement accomplir la Volonté de son Dieu mais aussi se venger.
Matrias suivait en marchant tranquillement, comme un homme retourne dans sa maison d’enfance. Il regardait les murs avec un intérêt minime, souriait même.

« Ca n’a pas changé, ici. Mais toi, si, Julian.

Hulk tourna alors son regard vers le fond du Temple, où les torches, attachées aux piliers teneurs du bâtiment, venaient de prendre vigueur pour éclairer la fameuse immense statue d’Horus et ses deux joyaux en guise d’yeux et à ses pieds, presque blasphématoire par sa présence, Osarias attendait, l’air préoccupé.

« Bruce, derrière moi, il est dangereux ! Renégat, tu es venu dans ce lieu sacré où tu n’es plus accepté !
-Seuls les tueurs et les traîtres n’y sont pas acceptés, et tu y es pourtant. Il est temps que la prophétie se réalise, mon frère. Bruce sait tout.

Bruce qui était resté sur place, en cherchant un moyen de rendre la fin d’Osarias la plus douloureuse possible, lâcha alors la fureur de Hulk, qui partit, bandant muscles et poings, hurlant de rage et de vengeance. Mais avait il fait quelques pas qu’il se retrouva immobilisé dans son élan, il resta un instant immobile sans comprendre. Puis il fut projeté en arrière et la Bête tomba au sol, contre le mur d’entrée. Bruce ressentit alors cette douleur de transformation dont il éprouvait encore les souffrances lorsqu’il n’y était pas préparé. Car il redevenait lui même, petit à petit, alors qu’il ne voulait que laisser son double continuer. Comment était ce possible ?
Il se tourna à sa gauche : Matrias, main tendue vers lui, semblait s’illuminer d’énergie, et son front n’était plus visible tellement l’éclat de son Rubis était puissant. Bruce en sentait l’énergie à plusieurs mètres. L’énergie accrue du Temple plus la présence de son frère avait du décupler sa puissance. Mon dieu.

« Bruce, je dois m’en occuper. Mon frère et moi, nous devons parler.

Matrias baissa alors la main et s’avança vers son frère. Celui ci s’approcha aussi et leva son bâton.
Aussitôt, une flopée de chauve souris rouge sang sembla sortir de l’obscurité du plafond en un amoncellement de cris suraigus et terrifiants. Des milliers de mammifères volants se dirigeaient vers Matrias à toute vitesse. Celui ci leva la main et les animaux s’écrasèrent sur un écran d’énergie invisible, projetant non pas du sang, mais des éclats d’énergie qui se dissipèrent dans toute la zone environnante.

« Tu as oublié les deux premières leçons : ne pas sous-estimer l’adversaire et ses défenses, ironisa Matrias.
-Ne m’apprends pas mon devoir ! Tu n’es qu’un enfant !
-J’ai 80 ans, mon ferre, nous n’avons que 10 ans d’écart. Il est loin le temps où nous étions que deux bambins jouant avec nos pouvoirs. Ne prétends pas être plus mature et surtout pas plus intelligent que moi.

Matrias leva alors les deux mains en forme de croix de Jésus. Il s’arrêta et ferma les points. On sentit une secousse et deux des piliers situés sur les cotés du l’Elu déchu tremblèrent. Matrias tira vers lui les deux piliers qui lévitaient en l’air en tournoyant légèrement sur eux même. Il semblait le faire avec tant de facilité ! Puis il tendit les bras devant lui et ouvrit les mains. Les deux pilonnes, qui étaient restés en l’air à coté de lui partirent à toute vitesse vers Osarias en soulevant de la poussière, dans un soufflement de monstre.
Osarias en dévia un grâce à son bâton et l’amas de pierres s’écrasa contre le mur à sa droite, mais il dû se protéger avec un bouclier pour éviter d’être écrasé par la deuxième colonne qui vola en morceaux.

« Tu n’es plus aussi vif que dans le temps, reprit Matrias. Ton énergie faiblit rapidement, Julian. Abandonne.
-Non ! Je ne te laisserais pas reprendre Bruce ! Il a travaillé dur, je l’ai aidé, pourquoi ne l’as-tu pas fais, alors qu’il était seul et perdu ? ?
-La prophétie disait que c’était toi qui devrait l’aider au début. Puis qu’il devrait te tuer. Je ne devais pas intervenir, pas encore.

Osarias, encore furieux, laissant une flopée de boules de feu, toutes déviées les unes après les autres par des gestes lents de Matrias, qui continua d’avancer avec un air grave.

-Tu as fais ton possible pour changer le Destin, mais cela est impossible, tu le sais. Ce qui devra arriver arrivera, et tu seras sa deuxième victime.
-Deuxième ? Comment ça ?
-Il a commencé sa mission avant même que tu ne le trouves… Derkins..

Alors que Matrias expliquait à Osarias, Bruce le suivait à distance, se cachant derrière des piliers pour éviter les attaques. Hulk ne voulait pas sortir, que pouvait il faire ? Attendre, c’est tout, il devait attendre. Attendre de voir Osarias faible, il savait que Matrias le laisserait le tuer. Il fallait attendre, et écouter.

« Tu n’as jamais cru à la prophétie !
-Jusqu’après votre départ de la salle où se trouvait feu Dartrius.
-Pourquoi cela ? demanda Osarias.
-Parce que j’ai été le seul à entendre la fin de la prophétie.
-Comment ?

Bruce s’approcha. Les deux frères n’étaient à présent qu’à quelques dizaines de mètres l’un de l’autre et Osarias, à demi courbé, semblait épuisé et étonné. Matrias, de dos, semblait toujours aussi puissant. Il y avait donc eu une suite à la prophétie initiale ?

« Apres m’avoir demandé de porter Dartrius et que vous soyez repartit, il a reprit conscience et a reparlé, toujours dans cet état de transe. Il y parlait du Sang partagé du Maître de la Bête, ce que je compris comme le frère du Maître de Bruce, c’est à dire moi. Il disait que l’Elu Déchu ouvrirait les yeux aveugles de la Bête, pour qu’elle puisse voir ses vrais ennemis, les traîtres à Horus, et qu’il puisse accomplir sa prophétie. Il disait qu’il tuerait son Maître et le Chef du Culte au même moment, à la même seconde. J’avais un rôle à jouer dans cette histoire, c’est là que j’ai commencé à croire à cette prophétie, qui détenait tant de détails qui pourraient se résoudre pour la suite. Et qui se résolvèrent.

Bruce sortit complètement de sa cache. Il sentait des gouttes de sueur perler sur son front dans cette atmosphère ardente. Osarias se tourna vers lui en tendant sa main, mais pas dans un geste d’hostilité.

« Bruce, crois moi, je ne veux que ton bien. Ce n’est pas vrai, cet homme est un menteur, il a tué…

Bruce se tourna vers Matrias avec un sentiment de trahison. Qui donc devrait il croire ? Tout devenait confus. Matrias, un meurtrier, lui aussi ?
Et pourquoi, peu à peu, l’ancien chercheur commençait à douter de tout cela ? Et si ils étaient fous ? Et si Horus ne voulait pas de cela ? Et si la Prophétie n’était que des paroles lancées par un fou qui ne se contrôlait plus ? Cela serait terrifiant…
Mais Banner avait autre chose à penser en ce moment et, même si ces questions martelaient son esprit avec une force incommensurable, il se rappela les dernières paroles qu’il avait entendues, et ses doutes sur Matrias revinrent tandis qu’il osait parler.

« C’est vrai ? demanda-t-il d’une voix d’outre tombe. Vous avez tué ? Vous qui disiez être innocent ?
-Non. Je n’ai pas tué Sadris, jamais. Contrairement à ce que tout le monde a cru.

Matrias commença alors à expliquer les raisons de la mort de Sadris.

« Sadris, comme je l’ai dis, est celui qui nous avait trouvé et formé. Il était le Chef de l’Ordre et un chef respecté. Il a entraîné les massacres avec l’aide d’Osarias. Il est encore plus méprisable que mon frère pour l’avoir entraîné dans ces génocides.
Néanmoins, je ne voulais pas sa mort. Apres avoir entendu la suite de la prophétie, je suis allé le voir. J’avais compris les sens cachés : si Hulk devait tuer son Maître et le Chef du Culte au même moment, c’est qu’ils devraient être une seule et même personne. Je devais donc faire quitter son poste à Sadris pour qu’Osarias devienne le Maître des Maîtres.
Je suis allé le voir après un dîner mouvementé, et j’étais un peu remonté, je l’avoue, c’est ce qui joua contre moi. Dans son bureau, je lui ai expliqué que j’avais assisté à la suite de la prophétie et qu’il devait laisser sa place à Osarias de son gré pour pouvoir survivre (j’avais menti sur certains points afin de le forcer). Mais il ne m’a pas cru et il se savait proche de la mort. Il a fait alors quelque chose que je n’ai toujours pas compris. Il a prétendu que je voulais prendre sa place, et faire tomber le Culte pour me servir de Hulk afin de tuer tous les Elus et le Dieu Horus. Il était en plein délire, l’âge sans doute. Il s’est alors suicidé, il s’est réduit en miettes et a auparavant écrit un mot m’accusant grâce à ses pouvoirs. Si je l’avais tué moi même, aurait il eu le temps d’écrire son mot ? Non.
Quoi qu’il en soit, cela m’arrangeait en tous points et cela vérifiait la prophétie : j’étais banni, et devenait l’Elu Déchu et Osarias devenait Chef du temple. Tout était prêt, je n’avais qu’à attendre trente ans.

Osarias tremblait. Une vérité qu’il croyait authentique depuis trente années venait de s’effondrer. Son frère n’avait pas tué Sadris.
Pendant ce temps, Bruce écoutait, stupéfait, les explications et paroles de ces deux frères, commençant à se sentir de trop dans cette conversation, même si il savait qu’il devait rester, coûte que coûte.

« Mon frère, Josh, pardon, je ne savais pas, tu aurais du nous le dire !
-Vous m’auriez tué. Je devais aider Bruce à accomplir son destin, et vous m’auriez tué pour cela. J’ai bien fais.

Osarias sembla sangloter et Bruce éprouva la plus grande haine et répugnance envers son ancien Maître. Il se rapprocha de Matrias et celui ci sembla rayonner d’énergie.

« Maintenant, que la prophétie soit accomplie. »

Du sable entra par la porte détruite et se dirigea vers Osarias dans un sifflement de tempête, en évitant Matrias et Bruce. Les multiples graviers s’enroulèrent autour du Chef du Culte et le firent virevolter dans les airs, alors que l’homme hurlait de peur et de désespoir. Apres une longue chevauchée aérienne, Matrias le reposa durement au sol, les deux frères affaiblis, l’un par l’énergie déployée, l’autre par l’attaque spectaculaire. Osarias semblait saigner, coupé par les cailloux présents dans le sable.

« Bruce, dit Matrias d’une voix plus faible, tue le, il n’y a que Hulk qui peut le faire.
-Comment ?
-Le Rubis. Il y est lié. Détruis le Rubis et Osarias disparaîtra.

Bruce sentit alors Hulk revenir en lui, libéré par Matrias. Il sentait aussi qu’il était en train d’accomplir enfin une envie qu’il avait depuis sa naissance, même si il doutait de plus en plus de cela. Pourtant, alors que ces étranges questions assaillaient son esprit, l’ancien chercheur sentait qu’il était né pour faire ce qu’il allait faire. Pourquoi ? Comment était-ce possible ?
Mais Banner ne pouvait déjà plus penser correctement…Il laissa alors sa place à Hulk qui apparut dans un hurlement de rage et de colère. Osarias était apeuré, il pleurait réellement.

« Nooon.. Je t’ai été fidèle, mon Dieu… Pourquoi ? Je croyais bien faire…

Hulk se contenta de grogner et saisit le bâton d’Osarias qui tenta de le récupérer avec de vains gémissements. Hulk saisit le joyau qui ne brillait presque plus et le plaça dans le creux de sa main. Il sera alors le poignet dans un ultime instant de plaisir et d’accomplissement.

Le bruit avait été minime, mais l’énergie déployée était inimaginable. Lorsqu’il rouvrit la main, le monstre vert voyait des dizaines volutes de fumées rouges en forme de faucon qui s’envolèrent et tournèrent autour d’un Osarias en proie à une crise de douleur et de convulsions. Des cris d’oiseaux retentirent. Le Chef brilla un instant comme le Rubis puis se fendit au son funeste des volatiles et il disparut dans un éclair rouge, alors que les faucons écarlates disparaissaient en traversant les murs, étouffant leurs cris…


« Que vas tu faire à présent ?

Hulk ne répondit pas. Il était sortit du Temple au coté de Matrias, encore faible, et observait l’étendue de sable. L’esprit de Banner en lui était étrangement lucide après tout ce qu’il venait de se passer, et se demandait si le Rubis l’avait réellement aidé, ou si ce n’était qu’une manipulation d’Osarias…

« D’accord. Je comprends. Ne t’inquiète pas, tout ira mieux à présent. Mais n’oublie pas : tu n’a pas réalisé ta mission, pas encore. Tu ne devrais être libre que dans cinq années, quant il n’y aura plus d’Elus. Oui, encore cinq années de problèmes et de clavaires, et ça risque de durer au delà, Bruce, mais tu iras mieux à présent. Bon. Prends soin de toi surtout, et appelle moi si tu as besoin d’aide. J’ai accompli ma mission mais je suis toujours là.

Une fois sa conversation télépathique terminée, Hulk couru à travers le désert, ses énormes pieds s’enfonçant dans le sable chaud, sous le Soleil battant. Il avait encore le chant des Oiseaux d’Horus dans les oreilles. Il arriverait bientôt au Caire à la vitesse où il allait. Il recommencerait à vivre. Du moins, il tenterait de le faire. Avec Bruce, qui se demandait aussi si tout ce qu’il venait de vivre n’était pas un mauvais rêve, ou un simple cauchemar…

Matrias resta près du Temple en soupirant. Il souri en regardant Bruce partir vers une nouvelle existence plus libérée. Tant de vies étaient à présent entre les mains d’Hulk. Puisse Horus les pardonner. Sinon…