Histoire : Firdediablo
Date de parution : Avril 2005
Un sourire. C’est tout ce qui m’empêche de frapper. C’est tout ce qui l’empêche de frapper. Pourquoi sourit-il aussi bêtement ? Il se rend pas compte qu’il a quelques tonnes de muscles bandés, pleins de fureur, de haine qui sont prêts à le détruire avec une furie monstrueuse ? Il croit qu’avec son petit bâton, il va pouvoir me tenir tête ? Peut être que ça brille, mais c’est pas en m’illuminant qu’il va me battre. En pourtant, malgré cette défaite assurée, il sourit, il m’attend, je pense. Quel présomptueux. Mais alors, pourquoi, je ne frappe pas ? Ou plutôt, pourquoi IL ne frappe pas ? Hulk reste là, à grogner, bavant presque. Moi qui était réticent à le laisser prendre le contrôle (soyons honnête, je refusais catégoriquement de le libérer) voilà que je prends presque du plaisir à vouloir me battre. La douleur s’est calmée. Et tandis que je repense à ce qu’il a dit à propos d’Emma, je conseille à Hulk de le massacrer. Semblant reprendre du courage, ce dernier s’élance, et je souris moi aussi, intérieurement.
La force, la puissance que dégage Hulk est incroyable, au delà de tout ce que peu faire n’importe quelle créature terrestre. Il brandit son poing gauche, ou plutôt le mien, je ne sais plus, avec une force que j’estime inutile, une pichenette suffirait largement. Mais si Hulk veut faire un cratère dans le sol, c’est son choix du moment qu’Osarias morfle un max.
Mais alors que cette masse de muscles allait frapper, Osarias leva son bâton, le rubis rouge à son extrémité pointée sur moi et qui brillait à nouveau. Aussitôt, je sentit l’équivalent d’un uppercut sur le nez. Reculant et vacillant, Hulk était tout aussi surpris que moi et hurla de douleur. Qui avait frappé ? Osarias me regardait intensément et j’entendis à nouveau sa voix profonde dans ma tête.
-Leçon 1 : ne jamais sous estimer son adversaire, disait il.
Quel adversaire ? Je ne vois rien, à part lui, mais on peut pas appeler ça un adversaire. Hulk se contrefichait de ces leçons et se rua sur Osarias, s’impatientant légèrement. Les poings joints, qu’il leva très haut au dessus de lui comme une massue et il les abattit sur Osarias.
Celui ci leva à nouveau son bâton et un bouclier de force, du moins, ce que je pensais être un bouclier de force, se forma autour de lui. Osarias ne sembla pas atteint par l’attaque qui aurait été dévastatrice.
-Leçon 2, continua Osarias, vérifier les défenses ennemis avant d’attaquer.
Ce sourire ineffaçable commence sérieusement à nous énerver, Hulk et moi. Mon dieu, voilà que je considère presque Hulk comme un compagnon. Mais il faut dire qu’il m’est utile, surtout dans ce genre de situation. Et voilà la bête qui repart à l’assaut, il ne réfléchit pas, il cogne, il cogne encore un peu et une fois qu’il s’est bien fait rétamé, il envisage de mettre une grosse baffe à l’ennemi.
Il fonce sur Osarias, quel est son but, le piétiner, le balayer, je ne le saurais jamais, car alors que nous allions le percuter, une dragon de feu jaillit du joyau d’Osarias, et se jeta sur nous. Il était superbe, créature mystique crée par ce vieillard, qui nous fixait toujours. Et le dragon se jeta sur nous, ses ailes déployées frôlant les piliers, ce qui signifiait que l’envergure de la bête de feu devait être d’une quinzaine de mètres. En hauteur, il devait être aussi grand que Hulk et c’est sans doute avec cette constatation que la créature verte se lança à l’attaque.
Je compris que cet ennemi nous battrait avant même que nous l’attaquions, et je conseillais vivement Hulk de se replier pour que nous trouvions une solution. Mais il se contentait de répondre : « Je décide, je suis le plus fort, on attaque »
Bien entendu, la suite était prévisible. Le dragon heurta de plein fouet Hulk qui hurla de rage. Nous étions pris dans une colonne de feu et nous commencions à prendre feu. Hulk ne bougeait pas, ne réfléchissait pas. Et moi, je lui hurlais de s’avancer de sortir de ce torrent brûlant. Finalement, le dragon reprit sa forme et s’éleva à nouveau à plusieurs mètres. A demi courbé, Hulk était épuisé. Et du coin de l’œil, j’aperçu Osarias, appuyé sur son bâton. Il semblait avoir perdu beaucoup d’énergie avec l‘apparition du dragon. J’ordonnais à Hulk d’attaquer Osarias, car je sentais que c’était lui la source du monstre qui se jetait à nouveau vers nous. Et, à mon grand étonnement, il obéit.
-Dis-moi ce qu’il faut faire, dit-il de sa voix brutale et haletante que j’entendais dans ma tête.
-Prends un pylône, lui dis-je, arrache le et frappe le vieux avec.
Hulk semblait aimer l’idée. Il devait me penser faible, inutile, juste un hôte acceptable. Il ne s’attendait pas à ce que je soit capable de méchanceté et de brutalité. Il prit un des piliers de pierre qui se trouvait proche de nous et l’enserra de ses bras, qui faisaient tout juste la circonférence de la colonne. Avec d’immenses efforts, il l’arracha et se trouva alors armé d’une gigantesque massue de pierre, de 3 metres de diamètre et d’environ 10 de haut. Mais le dragon qui nous avait vu plongea alors vers nous, la gueule grande ouverte, un hurlement déchirant en sortant.
-Protège-toi avec la colonne ! hurlai-je à mon double.
Celui ci obéissait plus par réflexes qu’autres choses et seuls ses bras et ses jambes furent touchés alors que la bête s’écrasait sur nous et se reformait derrière.
Hulk profita de l’éloignement du dragon pour se tourner et frapper Osarias. Celui ci, surpris (car j’étais sur qu’il pensait que nous nous servirions de la colonne pour frapper le monstre) fit disparaître l’oiseau monstrueux enflammé. Il tenta de se protéger à nouveau avec un de ses boucliers mais, ayant perdu de l’énergie, il prit tout de même une partie de la force assenée. Visiblement affaiblit, il se pliât en deux et Hulk, avec une rapidité inattendue pour une masse aussi corpulente, prépara un nouveau coup sur le flanc gauche du vieillard. Mais celui ci leva alors sa main vers mon visage et le visage crispé de concentration, j’entendis à nouveau sa voix dire ces mots incompréhensibles.
La douleur revint, toute aussi forte. Je pensais m’y habituer, mais une douleur pareille, on ne peut y résister. Hulk lui aussi hurlait. Avait-il lui aussi mal, à ce qui me semblait. Et je fis comme lui.
-Laisse moi reprendre le contrôle, lui hurlais je, il est trop fort, le mieux est de le laisser parler.
-Non, je refuse, répondit Hulk, je suis le plus fort, je suis le maître !
Mais un nouveau hurlement bestial l’obligea à laisser sa place et je retrouvai peu à peu ma forme, complètement nu, à moitié allongé. Osarias aussi était épuisé, ça se voyait.
-Bravo, dit-il, je ne pensais pas que tu t’en sortiras aussi bien. Finalement, tu exerce une petite autorité sur ton double. Bien, tu vas aller te reposer, ensuite je te ramènerais chez toi.
-Comment ? dis je. Je croyais que vous ne vouliez pas ? Faudrait vous décider.
-Mon but n’était pas de te faire prisonnier, mais de mesurer ton potentiel. Pour cela, il fallait réveiller ce monstre qui est en toi. Il semble t’avoir écouté vers la fin, car seul un être un temps soit peu intelligent aurai eu l’idée de se servir ce cette colonne.
-A propos, cette colonne manquante, ça ne va pas fragiliser le.. temple ?
-Oh, non, pas du tout, je vais la remettre.
Il leva alors son bâton négligemment et la colonne s’éleva pour aller se replacer à son emplacement d’origine. Cet Osarias était vraiment très puissant.
-Viens, reprit il, il est temps de te reposer.
Nous marchons quelques mètres et une porte se dessine dans l’obscurité. Une porte en bois toute simple. Il la pousse et je me retrouve dans une pièce assez grande, avec un lit, une commode recouverte de vêtements et une bougie, rien de plus. Le confort le plus rudimentaire, mais ça ira. M’habillant en hâte, mes vêtements ayant étés déchirés par la transformation. Osarias me fit signe de me coucher, mais je n’avais pas sommeil.
-Ne t’en fais pas, me répondit il, le sommeil, je te le donnerais.
Il posa sa main droite sur mon front, l’autre étant occupée à tenir le bâton, et j’entendis à nouveau sa voix parler bizarrement, bien que ses lèvres n’aient pas bougées. Aussitôt, je ressentis la sensation si particulière du sommeil et je m’endormis.
Quelques heures plus tard (du moins, ce que je pensais être quelques heures) je me réveillais et j’étais en pleine forme. Osarias n’était pas dans la pièce. Je me lève et sors à sa recherche.
Je me retrouve dans la grande pièce, toujours aussi lugubre, avec ses torches accrochées aux montants de pierre. Mais Osarias est hors de vue et je préfère éviter de m’éloigner de ma couche.
-Osarias ! m’écris je.
Aussitôt, dans une fumée rouge s’élevant en tourbillon, Osarias apparut, son bâton, toujours en main.
-Tu es réveillé, dit il d’une voix légèrement endormie. Bien, je te ramène chez toi, mais promet moi de revenir demain sans faire d’histoires.
J’accepte d’un signe de tête. Maintenant que je vois qu’il ne me veut aucun mal, j’ai envie d’entendre ce qu’il a à dire.
Il me tend sa main, comme lorsqu’il ma amené ici. Eprouvant à présent un faible sentiment de peur, je la prends.
Aussitôt, je ressens cette aspiration vers le sol. Je m’enfonce dans des galeries obscures, à toute vitesse, Osarias toujours à mes cotes. Puis nous arrivons. Je ne tombe pas, malgré l’arrêt brutal de cette course. Je commence à être habitué, semble-t-il. Je retrouve mon appartement tel que je l’avais laissé et sur une horloge, je remarque qu’il est 20h 15. Je ne pensais pas être partit si longtemps.
-Bien, je vais te laisser, je reviendrais demain.
-D’accord, bonne nuit.
-Je crois que la nuit va être surtout bonne pour toi, ajouta Osarias avec un sourire en coin.
Puis, je le vois repartir dans de nuage de fumée rouge vif. Des qu’il fut partit, j’allumai la télé, je ne supportais plus le silence de cet endroit. Mais, alors que j’allais me faire un petit plateau repas, la sonnette d’entrée se fit entendre. J’ouvre et je vois Emma, devant la porte, visiblement soulagée. Puis elle me saute au cou.
-Oh, Bruce, j’étais si inquiète !
Inquiète ? Pour moi ? Tiens, j’ai l’impression de flotter à quelques centimètres du sol. Osarias me ferait-il léviter ?
-Où étais tu ? me demanda-t-elle sur un ton de reproche. J’ai appelé une quinzaine de fois mais je suis toujours tombé sur la messagerie.
Jetant un coup d’œil vers le répondeur, je remarque que c’est vrai, la lumière clignote.
-J’étais allé faire un tour de euh… une dizaine d’heure. Mais passons, Emma j’ai quelque chose à te dire.
Allez, dis le lui. Il faut qu’elle sache quel danger je suis. Si elle m’apprécie jusqu’à m’appeler quinze fois par jour, elle comprendra et n’aura pas peur. J’en suis sur. Il ne faut pas la laisser dans l’ignorance.
-Entre, ce sera mieux. Bon, voilà, Emma, je suis, j’ai…
J’hésitais terriblement, ne trouvant pas les mots. Mais elle sembla s’illuminer.
-Bruce, moi aussi, dit elle à mi-voix.
Elle aussi ? Comment ça ? Elle se transforme en Hulk ? Se serrait elle injecté du sérum ? Mais alors que je réfléchissais, elle s’approcha et m’embrassa. Ses lèvres embrassant les miennes, voilà le paradis, je crois que même l’Eden ne serrait rien en comparaison. Et alors là, je compris ce qu’elle voulait dire par « moi aussi »
Lentement, toujours attachée à mes lèvres, elle retira la chemise que m’avait offerte Osarias. Et je compris que cette nuit, je dormirais peu.