Urban Comics
  Hulk #13 : Amour & Haine (2) : Colère
 
Auteur : Ben Wawe
Date de parution : Avril 2006

« Donc, quelqu’un peut-il me dire ce qu’est qu’une molécule ? »

Silence.
Un silence lourd et pesant s’installa après ces quelques mots.

« Une molécule…Mo…Lé…Cule… »

Toujours le silence.
Pas un mot, pas un murmure n’était prononcé dans la salle de classe.
La tension devenait de plus en plus lourde à chaque seconde qui passait sans un mot prononcé.

« Vraiment ? Personne ne sait ce qu’est qu’une molécule ? »

Ils ne disaient rien.
Ils ne connaissaient pas la réponse.
Ou bien ils se fichaient complètement du cours de leur nouveau professeur aux immenses cernes, Bruce Samson. Celui qui avait changé de nom après tant de problèmes dans le centre des Etats-Unis d’Amérique, et qui essayait d’avoir une nouvelle vie à San Francisco.

« Bon, et bien une molécule, c’est… »

Dès qu’il se tourna vers le tableau pour écrire, il entendit les murmures et rires discrets de ses élèves. Ils se moquaient de lui. Ils riaient de lui. Ils le pensaient bête, débile et terriblement vieux. Ils pensaient qu’il leur était inutile, et que ce cours de Chimie ne leur apporterait jamais rien, à part la possibilité de rire, de draguer et de s’amuser entre eux. Oui, ils pensaient tous ça.
Et lui ? Lui, il s’énervait…

Enfin, il commençait à s’énerver.
Bruce faisait tout pour tenter de se calmer. Tenter d’oublier les petits rires et réflexions qu’il entendait tandis que sa craie glissait de manière automatique sur ce tableau. Il devait se contrôler, il devait se concentrer pour que l’émotion ne prenne pas le pas sur lui. Oui, il devait y arriver…il allait y arriver.
Le nouveau professeur ne pouvait se laisser aller. Il ne pouvait sentir la rage et la colère monter en lui. Ces gamins…même si ils étaient bêtes, jeunes, cons et terriblement immatures…Il ne pouvait les condamner à la mort certaine qu’entraînerait l’apparition de Hulk…

« Euh monsieur ? »

Lentement, Banner se tourna, troublé.
Quelqu’un l’appelait ? Quelqu’un lui demandait quelque chose ? Une question sur le cours ? Est-ce qu’un de ces élèves était vraiment intéressé par ce qu’il avait écrit ? Est-ce qu’il y aurait vraiment un motif d’espoir dans ce ramassis de jeunes désintéressés et d’un niveau affreusement pathétique ?

« Oui ?
- Euh…Pourquoi vous avez marqué Hulk au tableau, monsieur ? Ca veut dire quoi ? »

Merde, pensa alors Bruce en voyant que le nom de son monstre intérieur était marqué sur le tableau noir. Ses pensées avaient parasité son cours…et il avait été à deux doigts de se trahir. De trahir son identité transformée par la fuite vers l’Ouest, et une vie qu’il espérait meilleure que celle qu’il avait vécu jusqu’à maintenant.
Mais heureusement, seul le mot de la bête enfouie au fond de lui avait traversée ses pensées pour devenir réelle sous sa craie.

« Euh…Une petite erreur, voila tout… »

Bruce se dépêcha d’effacer ce mot du tableau, entendant alors les rires non dissimulés de toute la classe. Ils riaient…ils se moquaient de lui…et il ne pouvait accepter ça. Il ne pouvait rester ainsi, le dos tourné à ceux qui s’amusaient de son erreur…erreur faite pour les protéger, en plus…

Lentement, Banner sentait la rage monter en lui. Il sentait le pouvoir infini de sa bête intérieure gravir peu à peu les échelons pour arriver à la conscience et au contrôle de leur corps…chose qui ne devait jamais arriver. Le professeur se l’était promit après la destruction du Temple…plus jamais il ne laisserait son monstre interne reprendre le contrôle. Plus jamais.
La mort des deux frères, Matrias et Osarias, avait été trop violente et troublante pour lui…il ne pouvait oublier les massacres de Hulk…

« Bon, maintenant nous allons passer aux fusions de molécule… »

La rage au ventre, les mains tremblantes, Bruce tenta alors de se calmer, espérant que ses élèves allaient devenir plus concentrés…ou que leurs rires s’arrêteraient. Oui, il devait essayer de rester zen. De penser à des choses agréables. Mais comment le faire alors qu’il se sent chaque jour plus fatigué, et ce sans raison ? Mais il ne doit pas penser à ça. Il doit penser à…à la jolie mère d’une élève qui passe après. Une certaine Betty. Il ne sait plus son nom, mais Bruce la sait jolie. Ça sera une des premières fois qu’il verra une vraie jolie femme depuis…Emma…
Mais non, il ne devait pas penser à Emma. Pas penser à des mauvais souvenirs. Il devait se calmer, être cool. Et très rapidement, d’ailleurs. Car, au fil des instants, le nouveau professeur du lycée de San Francisco sentait qu’il ne tiendrait plus très longtemps…et que le Destin de toute la ville risquait d’être totalement modifié par ça…








« Glenn…je suis désolé, mais…
- Thadeus, ne me dites pas non…pitié…
- Tu sais bien que je ne peux rien faire pour toi.
- Mais si ! Vous avez toute autorité sur elle !
- Tu sais bien qu’elle ne m’écoutera pas.
- Mais elle est quand même votre fille ! »

Glenn Talbott regardait avec désespoir le vieil homme en face de lui. Thadeus Ross. Commissaire Thadeus Ross, surnommé Thunderbolt par ses accès de colère et ses actes de bravoure proches de la folie. Père de Betty Ross-Talbott, et beau-père de l’inspecteur aux yeux bientôt humides devant lui.

« Je sais que Betty est ma fille, Glenn. Mais je ne veux pas entrer dans vos problèmes de couple.
- Mais elle est devenue comme folle ! Elle m’a chassée de la maison !
- Avec raison.
- Hein ?
- J’ai dis qu’elle avait eu raison.
- Mais pourquoi ?
- Je n’apprécie guère que mon gendre aille voir ailleurs, Glenn. Surtout avec des collègues de travail, chose que j’ai interdite dans mon commissariat.
- Mais…mais…comment…
- Comment je sais ça ? J’ai des oreilles, fiston. Et des yeux aussi. Je sais avec qui tu couches, depuis quand et combien de fois par semaine.
- Mais…
- Je faisais déjà ce métier alors que tu n’étais pas né. Je suis le meilleur inspecteur de San Francisco. Alors ne fais pas l’étonné. »

Lentement, le vieil homme à la moustache fournie et aux cheveux aussi blanc que neige se leva et s’approcha doucement de son gendre. Celui-ci semblait d’ailleurs être totalement surprit, la bouche grande ouverte et les yeux fixés vers son beau père…et patron.

« Et ferme cette bouche, Talbott.
- Thadeus, il faut que je…
- Pas Thadeus. Commissaire Ross.
- Mais…
- Pas de mais. C’est un ordre. A partir de maintenant, tu es suspendu de tes fonctions.
- Hein ? Mais pourquoi ?
- Faute grave.
- Je n’ai jamais fais de faute grave !
- Si. Et si je n’en trouve pas, j’en inventerais une… »

Le commissaire se planta alors devant l’inspecteur de police, et lui lança un regard des plus durs et des plus déterminés. Glenn Talbott sentit alors le sol se dérouler sous ses pieds, tandis qu’il comprenait que sa vie était définitivement massacrée…sa femme le quittait…on lui enlevait son emploi…
Que pouvait donc rester à un homme qui n’avait plus rien ? Et surtout à un homme qui avait encore son arme personnelle dans sa voiture, avec une haine et une colère non cachées ?








« NNNNNNRRRRGHHHHHHH !!! »

Je crie.
J’ai mal.
J’ai horriblement mal.
Et je ne suis pas du tout habitué à être de ce côté de la torture…

« Nnnnngggghh… »

La souffrance est telle que j’arrive même plus à ouvrir les yeux et à bouger mon corps. D’ailleurs, je crois que je le peux même plus. Je crois que tous mes os sont brisés, et que mes muscles sont aux abonnés absents…je crois même qu’ils sont morts, si des muscles peuvent mourir.

Comment tout ça est possible ? Question bête. Grâce au nouveau chef de la pègre de San Francisco, évidemment. Mais me poser ce genre de questions est la seule façon pour moi de tenir. Donc oui, celui qui me fait ça est le nouveau boss de la ville.
Son nom fait frémir. Ses actes sont plus horribles chaque nuit. Ca fait seulement une semaine qu’il est là, et déjà tous les criminels ont peurs dès que le jour finit. Car ce taré intervient que la nuit. On sait pas pourquoi. On veut pas savoir, en fait. Personne le veut. Et là, je comprends enfin pourquoi…

Je m’appelle Emil Blonsky.
Jusqu’à ce soir, j’étais le chef du gang russe de San Francisco.
Mais maintenant, je suis plus qu’un jouet dans les mains de ce monstre…
Coincé au fond d’une cave humide et sale, je sens ma conscience disparaître peu à peu. Je connais la douleur, oui. C’est une vieille amie. Mais jamais j’ai senti une telle souffrance. Jamais j’ai senti mon corps me crier tellement fort qu’il en peut plus. Ce type est un monstre…

« Alors, Blonsky, on crie grâce ?
- Nnn…naaa…
- Tu n’arrives plus à parler ? Oh, mais c’est vrai…tu n’as plus de langue… »

Connard…
Tu m’as arraché la langue il y a une heure, déjà…et tu m’as forcé à regarder quand tu l’as mangée…ordure. Qu’est-ce que tu veux de moi, merde ? Qu’est-ce que je peux bien faire pour que tu arrêtes de poser tes sales pattes horribles sur mon corps pour le massacrer peu à peu ? Qu’est-ce que j’ai fais pour mériter que tu t’acharnes sur mon corps et mon visage avec tes immenses mains de boucher ? J’suis sûr que tu dois aimer ça, salopard…

« Allons…sois gentil, laisses-toi faire…Après tout, tu seras le premier à être la victime officielle du nouveau Maître de la ville…San Francisco est à moi, Blonsky. San Francisco est à Mister Fixit… »
 
 
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