Histoire : Firdediablo
Date de parution : Janvier 2005
Je souffre. Mais moins qu’avant. La douleur principale est passée, mais j’ai tout de même de douloureuses courbatures. J’ai du m’évanouir pendant quelques heures. Les yeux fermés, j’entends des voix, mais il m’est impossible de déchiffrer le moindre son. Je sens qu’il y a du monde. M’efforçant de me réveiller. J’entends une voix familière parler.
-Oui, le produit a explosé, mais il est entré et m’a sauvé à temps. Mon dieu, il n’a pas l’air d’aller bien, dit Emma.
-Effectivement, mais les premières analyses nous montrent qu’il n’a pas l’air d’avoir de graves séquelles. Peut être quelques infimes coupures à cause du verre. Nous avons surtout eu peur du produit radioactif.
Ce doit être la voix d’un docteur. Grave, réconfortante. Un de ces docteurs que tout le monde apprécie.
-Non, le produit n’est pas nocif, ni même toxique, reprit Emma. Mais je ne peux pas en parler. Je peux aller le voir ?
-Oui, mais ne le touchez pas, il peut rester encore des éléments radioactifs sur sa peau.
J’entrouvre les yeux. C’est bien elle. Elle est venue me voir. Malgré mes souffrances, j’esquisse un sourire.
-Bonjour, murmure-je.
Elle semble rayonner au son de ma voix. Mais peut être est ce que la chambre est particulièrement éclairée. Elle s’approche et je profite de l’odeur de son parfum. Ses yeux brillent, elle ne va pleurer tout de même. Les douleurs dans mon dos sont vraiment fortes. J’ai l’impression d’avoir été renversé par un bulldozer.
-Ca va ? me demande-t-elle en souriant.
-Ou…oui…
A en juger par ma voix faible et la grimace que j’ai faite en disant cela, ma crédibilité a du partir en fumée. Mais je ne vais pas me plaindre, elle est là, c’est tout ce que j’espérais.
-Mademoiselle Grant, s’il vous plait, il faut le laisser.
-Oui docteur Necker.
Le docteur me regarde et me sourit.
-Vous vous êtes réveillé, me dit-il. Vous êtes drôlement costaud. Je viendrais vous voir tout à l’heure. Pour l’instant vous avez une autre visite.
Emma sortit avec le médecin dans le couloir de l’hôpital ou régnait un murmure de voix. Bientôt détruit par les cris d’Emma.
-VOUS ETES COMPLETEMENT FOU !!! IGNORER AINSI LES REGLES DE SECURITE ! IL AURAIT PU MOURIR ! JE VAIS PARLER DE VOUS A MONSIEUR FRAKSTER !
La voix d’Emma porte loin et elle a de sacrées cordes vocales. Et je devine à qui elle parle. En effet, Derkins répondit aussitôt.
-Monsieur Frakster est un chef d’entreprise occupé et il n’a que faire d’un accident sans gravité, répondit notre supérieur d’une voix calme.
-SANS GRAVITE ? répéta Emma comme si Derkins était atteint de folie incurable. IL A FAILLI MOURIR, PAUVRE ABRUTI !!!
-MADEMOISELLE GRANT, VOUS ETES RENVOYEE, EN UNE JOURNEE, VOUS M’AVEZ INSULTE PAR DEUX FOIS ET PROVOQUE UN ACCIDENT DES PLUS DANGEUREUX, reprit monsieur Derkins en perdant sa voix calme.
Il n’y a même pas cinq minutes, il disait que c’était un accident sans gravité et maintenant, il vire Emma ! C’en est trop, je me lève, malgré les câbles pour mon rythme cardiaque attachés à mon corps et je m’approche de la porte.
-Mademoiselle, monsieur, vous êtes dans un hôpital, veuillez baisser le ton, je vous prie !
-Très bien, dit Derkins. Je m’en vais. Dites à Banner qu’il recevra ses dédommagements d’accident de travail.
-Vous allez instaurer des systèmes de sécurité, j’espère ?
Tout le monde se tourna vers moi alors que je sortais de la chambre doucement. Emma vint pour m’aider à tenir debout mais d’un geste de la main, je lui fis comprendre que ça allait.
-Non, Banner, dit Derkins qui ne semble pas surpris de me voir debout, cet accident a eu lieu à cause de la maladresse de mademoiselle Grant.
-Ma maladresse ?
Derkins se tourna vers Emma.
-Oui, vous saviez que le produit ne supportait pas la chaleur et pourtant il a été placé par vous sous une lampe. L’accident ne serait jamais arrivé si vous n’aviez pas fait preuve de négligence. Au revoir.
Il s’en alla en disparaissant dans les couloirs blancs. Emma s’en alla aussi, folle de rage et traitant de tous les noms Derkins. Mais ce n’était rien comparé à ma fureur. J’en tremblais, furieux contre cet homme qui n’avait apporté que des problemes et qui causait de la peine à la fille que j’aime. Je voulais tout détruire pour défouler ma colère mais je sentais que ça n’allait pas.
-Monsieur Banner, que se passe-t-il ?
Ce qui se passe, je n’en ai aucune idée. Tout ce que je sais, c’est que la douleur a de nouveau empiré. A genoux au sol, la tête dans les mains, je suis pris de spasmes. J’ai l’impression que ma tête va éclater, que mon corps va éclater. Et je veux passer ma colère.
SCRIICH !!!
La robe de chambre qui m’habillait se déchire dans mon dos. Je me relève, habillé d’un simple caleçon et je pousse un cri de rage qui fait trembler les murs. Je me sens fort, comme je ne l’ai jamais été. Et je suis pris d’un sentiment que je n’avais jamais connu : la destruction, pour me débarrasser de cette fureur canalisée depuis des années. Je regarde autour de moi. J’ai l’impression d’avoir grandi, tout le monde me regarde de bas, les visages déformés par la terreur. Je voudrais savoir ce qu’ils ont, mais mes jambes ne m’écoutent plus. Je cours le long du couloir qui me rase la tête. Je cours en détruisant tout ce qui passe sur mon chemin. J’ai renversé plusieurs personnes sur mon passage, mais je ne me retourne pas pour voir s’ils vont bien. Je ne peux pas.
A ce moment, tout ce que je cherche, c’est Derkins, pour lui faire regretter ses paroles.
Le mur de plâtre entourant la salle d’attente vola en éclat. Je l’avais traversé sans problème, sans douleur. C’était incroyable cette force qui ne pouvait être la mienne. Je n’étais que Bruce Banner. Je continuais à courir dans l’hôpital, chacun de mes pas creusant le sol. Mes bras arrachaient les morceaux de plâtre couvrant les murs et tout ce qui se trouvaient dans mon chemin était détruit. Mais où était-il ?
-Pas un geste !
En me retournant, je vois une dizaine de gars de la sécurité pointant leurs armes sur moi. Mais ce n’est pas ces gringalets qui vont m’arrêter. Je dois lui faire payer.
BLAM !
Une des balles s’est dirigée vers moi. Mais elle ne m’a strictement rien fait. Je ne comprends plus rien, je panique, je ne contrôle plus rien. Il s’avance, celui qui contrôle mon corps, vers eux, à toute vitesse et de son énorme main, de ma main, il les écrase tous sur le mur. Ils sont tous assommés. Je vois un panneau : Entrée. Derkins doit être sortit. Et je me dirige vers l’entrée, vaste, éclairée par le soleil d’été. Il est là, dehors, ignorant le destin qui l’attend. D’un saut je traverse la porte vitrée, projetant des éclats de verre dans toutes les directions. Aucun bout de verre ne se planta dans ma peau. Que m’arrive-t-il ? Je tombe devant Derkins, creusant un cratère énorme. Mais comment suis-je capable de tout cela ? J’assiste en spectateur. Et de mon poing massif je l’attrape. Son visage est le reflet de ses sentiments. Et il est terrorisé. Je ne veux pas le tuer mais lui faire peur. Mais Lui, il ne veut pas. Il veut le tuer. Qui est-il, pourquoi contrôle-t-il MON corps ? Mes questions sont à peine posées qu’il réagi. Il le projette sur une des voiture. En m’approchant, je vois une marre de sang derrière sa tête. Il est mort. Mon dieu, Derkins est mort. Et à quelques mètres, il y a Emma, apeurée, paniquée comme tout le monde. Que faire ? La rue est pleine de gens, Il ne va pas tous les tuer ? Non, je l’empêcherais.
Mais un détail attire mon regard. La vitre de la voiture et mon reflet. Cette image restera à jamais dans ma mémoire.
Un être de 5 mètres de haut, aux bras gros comme des colonnes, musclé de la tête aux pieds se tient à ma place. Il énorme, affreux. Et il est vert. Toute sa peau est verte. Ce n’est pas moi, non.. Je comprends désormais la réaction des gens… D’Emma... Je suis… un monstre… Ce monstre vert, là, c’est moi.. Mais comment ?
Jetant des regards autour de moi, je cherche une sortie. Il faut que je parte. Je n’ai pas le choix, je fends la foule, courant pour me cacher, je ne sais où… Il faut que je parte… Je suis un monstre…