Histoire : Firdediablo
Date de parution : Février 2005
Incroyable. Impossible. Tant de mots pourraient décrire ma situation. Mais celui qui définirait mieux tout ce qui s’est passé serait effrayant.
Je cours toujours, tentant de fuir ce qu’il s’est passé. Mais j’ai l’impression de voir derrière chaque arbre Derkins, me regardant, du sang coulant de son front et Emma juste à coté, me regardant comme un monstre, paniquée, répugnée.
Je sais où je dois aller. Mon appartement, à plusieurs kilomètres d’ici. Je parcours des distances prodigieuses, je dois faire du 200 kilomètres heure. En laissant des traces derrières moi, je donne une piste facile aux éventuels militaires qui me poursuivraient. Je dois redevenir normal. J’espère pouvoir redevenir normal.
Sortant du bois que je traversais, je me dirige vers les immeubles de banlieue où je vis. Mais je ne peux pas rentrer comme cela. Un géant vert provoquerait la panique. Que pourrais-je faire ? Je ne sais même pas si l’Autre reprendra le contrôle. Mais alors que j’allais finalement me décider à passer la nuit dans le bois, loin des autres, une douleur me prit. Comme lorsque que je m’étais transformé. Allait il revenir ? Tout ne serait que dévastation avec lui. Je dois résister. Non, c’est trop douloureux, quelque chose me dis que je dois laisser faire. Mais la ville serait attaquée par le monstre. Ca fait trop mal. Je ne vois plus rien. Mes forces m’abandonne. Et je plonge dans les ténèbres de l’inconscience.
A mon réveil, le coucher du soleil atteignait presque son terme. La douleur passe. Mais je dois trouver un coin pour la nuit. Que s’est il passé ? Il n’a pas prit le contrôle, alors pourquoi cette douleur ? Tandis que j’attrapais une branche pour monter dans un arbre solide, un détail m’attire. Ma main. Elle est redevenue normale. Mon ventre. Mes bras. Oui, je suis à nouveau normal. C’est délirant. Mon dieu, que se passe-t-il ? Il y a forcement une explication. Il faut que je sache. Comment me débarrasser de cette chose ?
Me dirigeant vers mon appartement, je retrace ce qu’il s’est passé. Rien de spécial. Emma s’est approchée. On était à la limite de s’embrasser. Peut être qu’elle a une haleine qui rend les hommes géants et verts ? Non, évidemment. Apres, j’ai touché la grenouille. Non, c’était une grenouille ordinaire. Je me suis coupé. Je suis sortit. Emma était en danger. Le flocon de H.ULK a explosé. Et… Bonté divine ! Mon sang s’est mélangé avec le produit. Je me figeais sur place, comme si le moindre geste me transformerait à nouveau. Le produit était radioactif, on ignorait ces réactions sur l’homme. Mais certaines de mes questions restaient sans réponses. Je n’avais pas le choix. Je devais me procurer un flacon du produit. Demain, pour l’instant, je suis épuisé.
Devant la porte de mon appartement, je vois Emma. Emma ! Il faut qu‘elle parte, si je me retransforme, elle sera en danger ! Mais ces pensées furent rapidement éloignées de mon esprit. La vérité m’apparut : j’étais en caleçon. Tous mes vêtements avaient étés déchirés sauf celui ci, miraculeusement intact. Une honte comme jamais je n’avais eu me submergea et je n’ai rien dit, complètement détruit à l’idée qu’Emma me voie dehors, en caleçon. Mais elle ne sembla même pas le remarquer et elle me sauta au cou en m’enlaçant. Merveilleux de se retrouver dans ses bras, c’est si doux.
-Mon dieu, Bruce, j’ai eu peur qu’il t’ai attaqué !
Bin, tiens voilà qu’elle me tutoie. C’est nouveau ça. Nous voilà presque amis.
-Euh… qui est ce « il » ?
-Tu ne l’as pas vu ? répondit-elle. Ce géant vert affreux. Il a détruit l’hôpital.
Bon sang, je ne me suis jamais senti aussi soulagé. Elle ne m’a pas reconnu. C’est en peu normal, j’étais quelque peu différent lors de notre dernière rencontre.
-Ah, lui, oui, je l’ai… vu. Mais viens, entrons, on sera mieux à l’intérieur.
Vous connaissez ces moments où on dit un truc et deux secondes après, on comprend que ces mots sont la plus grosse erreur de votre vie. Ce moment fut ainsi. Mon « appartement » aurait été ravagé par mon double vert, il n’aurait pas été plus désordonné. Tout était en désordre, comme d’habitude, aurais-je dis dans d’autres circonstances. Mais là, la honte a atteint des sommets inconnus jusqu’alors. La fille que j’aime vient chez moi et mes chaussettes d’il y a trois jours traînent sur la table ! Que doit-elle penser ? Elle va peut être partir, outrée qu’on ne prenne pas la peine de faire un peu de ménage. Mais non. Au contraire elle entre, souriante et regarde chaque coin de la pièce. Et s’attarde sur ma collection de DVD.
-Tiens, tu as La ligue des Gentlemens Extraordinaires ? me demande-t-elle.
Quelle question… Tout est en bordel et elle regarde mes DVD ! D’autres filles se seraient enfuies en courant. Mais pas Emma. C’est fou ce que je l’aime, Emma.
-Euh… oui, c’est un de mes films préférés.
-Moi aussi, répondit-elle. J’adore. Quattermain, l’Homme invisible, Docteur Jekill et mister Hyde…
Docteur Jekill et mister Hyde, c’est un peu comme moi. Un monstre dans un homme timide.
A ce moment, Emma me regarda et esquissa un sourire qui se voulait retenu. Apparemment, elle venait de se rendre compte que j’étais en caleçon.
-Tiens, tu veux quelque chose à boire ? demanda-je.
Apres avoir enfilé des vetements décents, je m’avance vers le frigo tendit qu’elle s’assit. Et nous discutons. Pendant combien d’heures, je n’en sais rien. Mais la conversation m’a prit, et j’ai continué de parler avec elle, à entendre sa douce voix. Nous parlons surtout de l’accident et de son renvoi. Elle n’a toujours pas digéré. Mais il faut qu’elle parte, je suis toujours dangereux malgré tout.
Elle se lève pour partir, me disant qu’elle devrait aller se coucher.
-Euh… Emma, attends!
Devant la porte, la main tendue vers la poignée, elle se tourne vers moi.
-Il… Si tu pouvais… Me rapporter une fiole du produit H.U.L.K.
Il faut que j’étudie ce truc qui m’a transformé, que je comprenne ou mieux, que je trouve un remède. Mais je ne dois pas lui dire, elle serait paniquée. Me regardant avec des yeux ronds, elle me dit :
-Pourquoi ?
-Je… Je ne vais pas pouvoir aller au labo demain… Et comme tu dois y aller pour… ta lettre de renvoi… Est ce que tu pourrais en profiter pour me ramener une fiole ? Je pense avoir découvert un truc…
Apres un moment de réflexion, elle me dit :
-D’accord, je viendrais le déposer chez toi.
Elle prit un double des clés. Je la raccompagnais dehors. J’aurais voulu qu’elle reste toute la nuit… Mais elle ignore mes sentiments. C’est comme ça.
-Bon et bien… A bientôt… dis-je maladroitement.
Et là, elle m’embrassa sur la joue. Pour la première fois. Un truc comme ça, c’est idiot, c’est petit, mais ça fait tellement de bien. Je sens que le sang me monte à la tête, tandis qu’elle part dans sa voiture. Retourné dans mon appartement, je me couche sans me déshabiller. Cette nuit là, les pires cauchemars se bousculèrent dans mon sommeil. Emma, apeurée, s’enfuyait… Les gens faisaient tout me faire du mal. Et le monstre vert détruisait ce qui restait d’heureux dans ma vie….
Le lendemain, je me réveilla vers 9 heures. J’ai beaucoup plus dormi que d’habitude, sans doute épuisé par les évènements récents. En me levant, la pièce abondement éclairée par le soleil, je vois un tube vert luisant sur la table. Emma avait fait ce que je lui avais demandé. Apres l’avoir appelé pour la remercier, je m’installe à mon bureau. Ignorant le temps passé, je travaillais, en écoutant en même temps les informations télévisées.
« Hier, au centre médical de Geestant, Californie, un évènement pour le moins étrange s’est passé, dit la jeune femme présentant le journal. En effet, un géant de couleur verte a détruit l’aile Ouest de l’hôpital. On ignore l’origine de cette créature, nommée Hulk par les autorités, et qui ne semble n’avoir laissé aucunes traces. Les forces armées n’ont rien pu faire face au fléau de 5 mètres, qui a tué une personne, Georges Derkins, et blessé plusieurs malades et membres du personnel. La créature a disparu en allant vers le Nord, on a retrouvé des empreintes lui appartenant. Mais il semblerait qu’elle se soit volatilisée. Notre reporter, Benjamin Stampton, sur les lieux….”
Bonnes nouvelles, ils ne savent pas que c’est moi, ni où je suis. Je vais être tranquille pour un moment. Au moins, jusqu’à ce que la bête, Hulk, ainsi nommée, se réveille à nouveau. Hulk. Comme H.U.L.K. Ca doit être loin d’une coïncidence, ce produit semble avoir été fait pour être injecté à des hommes, ce qui décuplerait leur force, ou je ne sais quoi. Mais il ne mettait pas déstiné.
Je continuais mes recherches durant toute la soirée. A bout de forces, le ventre vide, je décidais de faire une petite pause.
Un simple sandwich me suffirait. Je suis épuisé. Plus de 7 heures de suite sur des échantillons. Et je n’ai rien trouvé. Les cellules vertes, celles de mon double apparemment, sont là, dans mon sang, elles sont pourtant inactives, comme endormies. Pourquoi ça ? Rien ne laisse prédire que je pourrais devenir ce monstre vert géant, Hulk. Il faudrait que je prenne du sang de mon alter ego, mais cette idée est loi d’être bonne.
Comment me suis-je transformé ? J’ai presque oublié. J’étais dans l’hôpital. Il m’ont fait une injection ? Un produit l’aurait réveillé ? Si s’aurait été le cas, je me serais transformé tout de suite, pas plusieurs heures après. J’ai vu Emma, mais je n’ai pas changé. Elle est partie, il y a eu Derkins, il m’a énervé et…
Il m’a énervé. Et je me suis transformé. C’est ça, c’est la colère. Mais comment ? Ce n’est pas en me mettant en colère que je me suis transformé, il n’y a pas de réaction chimique pouvant me transformer pendant la colère. Si, il y a bien l’adrénaline. Il faut que je vérifie. Je prends ma seringue et la plante au niveau des reins. Heureusement, je sais exactement où se trouvent les glandes médullo-surrénales, là où est produite l’adrénaline. Je calme l’hémorragie rapidement, très rapidement, sans doute une autre de mes mutations. Apres avoir analysé le sang, je comprends : l’adrénaline de mon corps est aussi affectée par le produit. Cela cause une production plus régulière et plus forte d’adrénaline, qui va faire battre mon cœur plus vite que la normale et plus vite que n’importe quel être humain. De ce fait, les cellules de H.U.L.K qui sont dans mon sang sont stimulées et je me transforme. Les animaux ne se transformaient pas, ils étaient calmés par la morphine, et le produit ne les affectaient pas, ils en mourraient.
C’est plutôt effrayant de se rendre compte qu’à la moindre colère, la moindre peur, on peut gagner 3 mètres, une couleur verte et des muscles plus gros que celle que vous aimez. Mes pires craintes étaient confirmées : je n’étais à l’abri de rien, la moindre colère pourrait se transformer en carnage. Il faut que je parte loin, très loin, loin de toute civilisation, c’est la seule solution. Et surtout loin d’Emma. Oui, il faut que je la laisse, elle sera en sûreté, je serais seul, comme lorsque j’était enfant, sans amis. Une larme commençait à couler de mes yeux.
-Ne pleure pas, Bruce.
Surpris, je me retourne et un homme, caché par une cagoule, d’assez petite taille des cheveux gris sortant du tissu marron, les yeux noirs, profonds, me regardent fixement. Je suis quelques peu effrayé par cet homme qui était entré sans le moindre bruit et je craignais de me transformer à nouveau.
-Q… Qui êtes-vous ? Sortez de chez moi ! dis-je d’une voix mal assurée.
-Non. Je devais te voir. Maintenant.
-Co… Comment ? Qui êtes vous ? répetais-je.
-Mon nom est Osarias. Et je dois te parler. De ton avenir. De toi. De tes proches. Et de mon Dieu, celui qui t’a choisi.
Qui était-il ? Cet homme Oasis, ou je ne sais quoi, me connaissait visiblement. Il parlait de Dieu.
-Je ne crois pas en Dieu, dis-je d’une voix plus assurée.
J’avais peur, mais cet homme minuscule ne savait pas qu’il n’y avait pas que Bruce Banner devant lui. Hulk attendait dans l’ombre.
-Ce n’est de ce Dieu là que je parle. Mais tu en sauras plus plus tard. Je te demande juste de me suivre. Je t’expliquerais tout.
Peut être est ce un piège. Peut être est ce l’armée ou même une secte. Mais cet homme, j’ignore comment m’inspire confiance. Il me tend sa main. Légèrement tremblant, je la prend.
Ce fut comme si la maison s’était retournée instantanément. Je fonçais vers le sol, la tete la première. J’avais l’impression d’aller à toute vitesse. Je semblais traverser des galeries souterraines, menant au bout du monde. Cet homme me tenait contre lui et je le serrais dans mes bras, comme un enfant se blottit contre son père lorsqu’il a peur.
Puis nous arrivons. Nous semblons sortir du sol. Sous le choc, je tombe au sol, un peu étourdi. L’autre homme ne tombe pas, mais époussète sa robe.
-Où… Où suis-je ?
-Dans mon temple.
-Temple ? C’est quoi ces conneries ? Dites-moi précisément où je suis sinon, ça va barder pour vous et votre Dieu.
-Ne t’avise pas de me menacer. Mon pouvoir est cent fois supérieur au tien.
-Pourquoi moi ? demanda-je. Je ne suis rien qu’un homme. Qui devient vert de rage, d’accord, mais rien qu’un homme.
-C’est toi qu’il me faut. Il me l’a demandé. Car tu es l’Elu d’Horus, dieu faucon, et tu es celui qui le représentera, lui et sa colère envers les serviteurs du Mal.