Urban Comics
  Hulk #14 : Amour & Haine (3) : Peurs
 
Auteur : Ben Wawe
Date de parution : Mai 2006

« HULK ECRASE !!! »

Les muscles raidis par l’action, l’immense colosse de jade criait de toutes ses forces, de tout son cœur face aux murs abandonnés de la ville. Les yeux vidés par l’absence de réelle intelligence, le monstre avait commencé à détruire le centre ville de San Francisco…et n’était pas loin d’avoir réussit avant que l’armée n’arrive enfin pour tenter de le stopper.

Un morceau de lampadaire à la main, la créature donnait d’immenses coups dans tout ce qui se trouvait aux alentours : immeubles, maisons, voitures, commerces…personnes. Des dizaines de cadavres jonchaient le sol, tandis que celui qui se faisait appeler Hulk continuait ses sauts fantastiques et destructeurs, sa soif de mort et de ruines n’étant pas encore assouvie alors que tout le centre des affaires n’était plus que décombres, sang et flammes.

Soudain, alors qu’il écrasait le corps d’un innocent adolescent qui ne devait pas avoir plus de quinze ans et qui avait été tué en recevant un bout de mur sur le corps, un missile explosa dans le dos du monstre.
Volant le long de la rue descendante du centre de la ville, Hulk tomba lourdement sur le bitume. Il roula alors sans pouvoir s’arrêter sur le macadam, tandis que des hélicoptères le suivaient, prêts à tirer à nouveau sur lui avec leurs charges nucléaires.

« Hulk va… »

Mais le colosse de jade n’arrivait pas à parler.
Roulant toujours sur lui-même et le long d’une des plus grandes artères de San Francisco, il n’arrivait pas à trouver une prise quelque part pour se relever et aller affronter ces fous qui osaient le défier, lui !

« Hulk va tous… »

Rien n’y faisant : même quand le monstre tentait de planter ses doigts dans la route qu’il dévalait toujours, la prise n’était pas assez bonne, et il n’arrivait pas à s’arrêter. Le bruit des deux hélicoptères qui le suivaient et étaient prêts à tirer sur lui, encore une fois, le rendait fou, et il espérait trouver au plus vite un moyen pour faire cesser le bruit des pales.

« HULK VA TOUS VOUS TUER !!! »

La rage décupla alors les forces de la créature, et il réussit finalement à stopper sa roulade infernale en plantant ses doigts dans le macadam. Il se releva alors aussitôt, avant de lancer un regard empli de rage et de colère envers les pilotes des hélicoptères, qui reculèrent légèrement leurs appareils par réflexe et par peur.

« HULK VA TOUS VOUS MANGER ET IL VA AIMER CA !!! »

Les soldats déglutirent lentement dans leurs appareils de combat derniers cris. Ils avaient été entraînés à tirer sur des cibles au sol au mieux, sur des cibles mouvantes au pire…mais jamais à lutter contre un tel monstre. Leur expérience venait surtout de tirs sur des afghans et des irakiens, et ils ne savaient pas trop quoi faire face à une telle horreur, qui avait ravagée San Francisco en moins de dix minutes…

« HULK A FAIIIIMMM !!! »

Avec toute sa rage et sa colère, Hulk se jeta alors sur le premier hélicoptère.
Le pilote tenta bien de tirer ses missiles sur le monstre, mais ils touchèrent la cible beaucoup trop près de son appareil…il ne pouvait y avoir qu’une seule issue à une explosion proche d’un hélicoptère remplit d’essence et d’armes explosives.
L’appareil de combat high tech explosa alors, en même temps que ses pilotes, qui n’eurent même pas le temps de voir que leur ennemi se relevait déjà, comme si il n’avait rien sentit des charges nucléaires qu’ils lui avaient envoyé…

« Bon dieu… »

Les deux autres pilotes encore vivants décidèrent qu’ils n’avaient pas envie de jouer aux héros aujourd’hui. Avec une telle créature en face d’eux, ils ne pouvaient que mourir, et au mieux rapidement…Ils n’avaient pas envie de risquer leurs peaux pour un but utopique.

« Euh la base ici…
- HULK A TREEEES FAIIIIM !!! »

Le pilote Matt Hendricks n’eut jamais le temps de finir la phrase qu’il prononçait dans son micro. Hulk venait de sauter sur son appareil, et d’arracher la vitre qui protégeait la cabine de l’extérieur. Le monstre écrasa d’une main la tête d’Hendricks, avant de pendre par le torse l’autre pilote, Andrew Collins.
Alors que l’hélicoptère tombait violemment vers le sol, la créature avait sautée vers le sol, avant d’arracher la tête du second pilote avec ses têtes. Il tira alors sur ce qui restait du visage de Collins, pour ne garder en bouche que son cerveau, qu’il mastiqua comme si il adorait ce qu’il était en train de manger.

Hulk relâcha le corps sans vie et déchiqueté du pilote de l’US Army après avoir mangé ce qu’il désirait, et il leva les bras au ciel alors que des avions de chasse approchaient. Un cri de rage, de douleur et de colère cruelle s’échappa alors de sa gorge.

« HUUUUUULK !!! »








« NAAAAAAAAAAN !!! »

Bruce se réveilla en sursaut.
Ses mains tremblaient énormément, tandis que son cœur battait plus fort que jamais. Son pouls devait amplement dépasser le seuil de l’hypertension, et même sa vue était troublée par le choc de ce qu’il venait de vivre.

Banner posa une main extrêmement tremblante sur sa table de chevet, cherchant ses lentilles de contact. Peut-être était-ce à cause du rêve qu’il venait de vivre…de cet horrible cauchemar qui lui rappelait les sensations qu’il avait vécues quand Hulk était apparut pour la première fois…mais il n’arrivait pas à les prendre dans ses mains. Il n’arrivait pas le simple geste de prendre ses lentilles sur ses doigts…
Mais il passa outre. Ça devait être la fatigue. Et ce rêve affreux. Oui, il avait été affreux…

En fait, c’était sa plus grande peur…oui, sa plus grande peur. Depuis des semaines maintenant que Hulk n’avait plus fait surface, le professeur était terrifié par l’idée de redevenir un jour ce monstre de rage, de colère et de douleur qui avait détruit sa vie précédente…et l’avait obligé à perdre Emma, la femme qu’il aimait…Tout ça était de la faute de ce stupide monstre…

« Calmes-toi, Bruce…Calme… »

L’ancien chercheur sentait qu’il tombait peu à peu dans la colère et la frustration. Il ferma alors doucement les yeux, et tenter de calmer lentement le rythme de son cœur et ses tremblements. Bruce devait penser à quelque chose de doux, de tendre…de beau. Quelque chose d’apaisant. Quelque chose de bien dans sa vie de merde, dans ce taudis, dans cette école pourrie où…

« Calme… »

Il sentait qu’il retombait peu à peu dans ce qu’il voulait fuir, et Banner trouva vite une idée sur laquelle se focaliser. Betty Talbott. Enfin, Ross maintenant, vu qu’elle allait divorcer de son mari, un sale con, selon ce que lui avait dit un autre professeur qui l’avait rencontré lorsqu’il l’avait convoqué pour le comportement de leur fils.
Elle était venue cet après midi là pour parler des résultats de son enfant, qui n’était guère brillant dans la classe de Bruce. Ils avaient parlés deux heures entières, dérivant rapidement sur les problèmes de couple de Betty et ceux d’intégration dans San Francisco de Banner. Une réelle complicité s’était créée entre eux, et ils avaient échangés leurs numéros respectifs…violant ainsi la règle de l’école où travaillait l’ancien chercheur, qui disait que les rapports personnels avec les parents d’élève étaient interdits.

« Qu’ils aillent tous se faire foutre avec leur règlement de merde… »

Bruce s’était levé en disant ça.
Avant, il ne jurait presque jamais, pensant que ce n’était pas bon pour un chercheur d’utiliser un tel langage. Il pensait aussi que ça lui permettrait d’être vu différemment par les femmes, et d’avoir donc plus de succès. Mais après tout ce qu’il s’était passé ces derniers mois, Banner avait décidé de jeter à la poubelle ce genre de principes…surtout qu’il avait beaucoup de plaisir à lâcher sa rage en jurant, et que ça n’avait eu aucune incidence sur son succès avec les femmes.

Le professeur du lycée principal de la ville se traîna alors jusqu’à sa salle de bains.
Etrangement, il se sentait lourd, fatigué, pataud…Comme si marcher était devenu extrêmement difficile pour lui…comme si Bruce n’arrivait plus bien à mettre un pas devant l’autre, et ainsi de suite.

Saloperie de cauchemars, pensa Bruce en ouvrant violemment la porte de sa salle de bains dans un bruit sourd. Tous les soirs, il faisait d’étranges rêves, et en ressortait toujours extrêmement fatigué…comme si il n’avait pas dormit de la nuit. Comme si il avait passé ces heures-là à courir dans toute la ville…
Banner avait bien pensé à aller voir un psychiatre ou un médecin pour qu’il l’aide, mais qu’est-ce qu’il allait lui dire ? « Bonjour, en fait je suis le monstre qui a été recherché pendant plusieurs semaines au centre du pays, mais ça va mieux maintenant, à part des cauchemars. Vous pouvez m’aider ? »
Ridicule…

Son corps le faisait souffrir. Mais étrangement, ce bizarre picotement dans chacune des pores de sa peau lui semblait familier…oui, Bruce connaissait cette sensation. En fait, il n’avait plus ressentit ce genre de douleurs, ce genre de dérangement depuis…depuis…

« Oh mon dieu… »

Banner se précipita vers le miroir, et sa bouche s’ouvrit alors grandement. Quelque chose venait de se casser en lui…








Banner.
Il est un furoncle sur la peau de mon existence.
Il est l’ennemi que j’ai toujours rêvé d’avoir pour le détruire.
Il est celui qui incarne ma Némésis, mon Ying alors que je serais son Yang.
Je l’ai observé toute la journée, tapi dans l’ombre. Attendant un moment pour frapper. Mais ça n’est jamais venu. Qu’à cela ne tienne. J’ai tout le temps que je veux, maintenant. Je n’ai plus d’attaches. Et il va regretter tout ce qu’il a fait…tout ce qu’il m’a fait.
Et je vais prendre plaisir à le faire souffrir…comme il me fait souffrir. Oh oui, j’y prendrais plaisir…
 
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