Urban Comics
  La Ligue #12a : La Fin d'un Monde (5) : Cessez-le-feu (1) : Conscription
 
Auteur : Ben Wawe
Date de parution : Janvier 2009

« Tu étais mort dès l’instant où tu as posé la main sur elle. »

Max hurle dans la nuit, implore le divin et demande de l’aide, mais rien ne vient m’empêcher de lui trancher la gorge. Le sang éclabousse mon kevlar, coule le long du corps bientôt sans vie de ma victime et tâche mon couteau, mais ça n’a pas d’importance. Autour de moi, mes hommes me regardent d’un air entendu : j’ai fait ce qu’il fallait, j’ai gardé l’honneur de mon territoire et de la femme qu’il a frappé et j’ai maintenu la peur en eux. Ça ne veut pas dire que je dormirais bien ce soir.

Je laisse tomber le corps sans vie de Max Cash, le « frère de », et je range lentement mon arme dans son fourreau de peau de bête. Je l’ai hérité de mon père, qui l’a eu de son père, etc. : ce couteau est dans notre famille depuis des temps anciens, reculés. Meilleurs, diront certains. Libres plutôt.

Ma famille a été amenée en Amérique pour y être traitée comme du bétail, pour y être utilisée pour renflouer leurs « maîtres » ; nous avons été tirés de notre terre, de nos racines pour devenir des choses, des objets remplaçables, usables…jetables. Nous avons été esclaves et nous n’avons pas pu retourner chez nous quand ceux qui décident en ont eu assez et nous ont rendu notre « liberté ». Où est la liberté quand nous ne pouvons retourner d’où nous venons ? Où est la liberté quand nous sommes toujours mal vus par la population blanche ?
Aujourd’hui, une femme noire est élue à la présidence. Beaucoup pensent que ça va changer les choses, que nous allons enfin pouvoir avoir la place qui nous est due, qui est due à tout être humain…naïfs. On ne peut avoir que ce qu’on arrache des mains des autres pour le garder jalousement. Ce monde ne donne rien à ceux qui attendent ; je n’ai jamais été de ceux-là.

« T’Challa… »

Elle s’approche et pose sa main sur moi. J’ai senti son odeur tourner dans le vent avant d’entendre sa voix. Lentement, je me tourne vers elle. Je sais que mes hommes ne savent pas ce que je ressens, ne savent pas que je n’aime pas ôter une vie…même celle d’un blanc comme Cash. Elle, elle le sait : elle lit même au travers de mon masque, de ce costume sombre que je mets pour exercer mon pouvoir. Elle est une de mes gardes du corps, une de mes aides, une de mes bras droits…une de mes épouses. Elle est Dora Milaje et elle seule, avec sa sœur, a le droit de m’appeler ainsi.

« Que devons-nous faire du corps ?
- Jetez-le dans la rivière. Il sera repêché demain et le signal viendra à ses employeurs rapidement. »

Deux des miens obtempèrent immédiatement alors que je marche sans me presser le long de ce couloir sombre. Nous sommes à Harlem, près de mon quartier général. Nous sommes dans mon monde, sur mon territoire. Beaucoup disent que ce quartier est devenu un lieu de non droit, de non loi, où le Talion a remplacé la Constitution et où les gangs font peur à la police. Beaucoup se trompent.
Harlem n’est pas sans droit : Ma loi y règne, tout simplement. Je suis le maître de ce monde, de cette entité repliée sur elle-même. Les habitants me font confiance, m’aiment et me craignent en même temps. Je suis leur Roi, finalement ; je suis né pour ça.

En quelques secondes, je me retrouve sur le toit de cet immeuble usé, comme chaque fois que j’ai besoin de réfléchir. Je suis un peu fatigué de tout ça, de devoir mener ces gens alors que le pays devient de plus en plus fou. Mes Dora Milaje m’aident, sont ma garde personnelle et chassent les imbéciles qui osent venir chercher la bagarre, mais…ça ne devrait pas se passer ainsi. Ca ne devait pas se passer ainsi.

Au départ, quand j’ai pris le contrôle de ce quartier, je me suis juré de ne jamais user de violence, sauf en cas d’absolue nécessité. Qui étais-je, alors, pour oser imposer ma loi aux gens d’ici ? Je devais prouver ma valeur et me montrer différent des gangs qui les terrorisaient, de ceux qui imposaient leur « protection ». J’y suis parvenu en les chassant et en m’établissant en maître bon et généreux…enfin, c’est ce que j’ai toujours essayé de faire. Protéger mon monde en étant digne.
Pourtant, je me retrouve aujourd’hui couvert de sang…comme hier. Comme avant-hier. Que suis-je devenu ?

Je suis censé être la Panthère Noire, une légende, un nom que peu de gens osent prononcer. La ville de New York a peur de moi, l’Etat a peur de moi et le gouvernement ne m’aime pas. Je ne sais pas comment Ste Croix va prendre ma présence ici, mais quoiqu’elle tente, elle ne parviendra pas à me déloger de ce quartier. Harlem m’a choisi, m’a gardé et me veut ; je suis son protecteur, celui qui se donne entièrement à elle. Jamais elle ne me laissera tomber…mais peut-être que je l’ai fait, moi.

J’ai tué trop souvent, j’ai frappé plus qu’il ne le fallait et je fais maintenant autant peur que les gangs que j’ai chassé. Ne suis-je pas allé trop loi ? N’en ais-je pas trop fait ? Harlem est sauve, ses habitants n’ont plus de crainte à avoir et je sais qu’on ne pourra pas me faire partir d’ici, mais…mais est-ce que la sécurité passe avant tout ? Je ne sais pas…plus. Et cela me ronge.

Au départ, je n’étais qu’un jeune descendant d’esclave, arraché d’origines dont le spectre a hanté toutes les générations de ma famille. Toujours, nous avons rêvé de retourner chez nous, de reprendre ce que le blanc nous avait pris, mais nous n’y sommes jamais parvenus. J’ai été élevé dans la haine du blanc, dans la rage et dans la colère ; mon père était membre des Black Panthers mais en a été expulsé parce qu’il allait trop loin…qu’il était trop destructeur. Ca l’a tué : il a voulu s’en prendre à des policiers lors d’une manifestation, et ils ont dû l’abattre.
Etrangement, tout a changé en moi à ce moment-là : j’ai eu peur. J’ai toujours vu mon père comme un héros, un monstre protecteur qui se mettait en danger mais à qui il n’arriverait jamais rien. J’étais là, quand il fut abattu : je l’ai vu frapper par derrière un homme qui tentait de calmer la foule, je l’ai vu s’acharner sur lui alors que l’homme était à terre. Parce qu’il était policier. Parce qu’il était blanc.

J’ai alors compris que ce monde n’était pas aussi simple que mon père le pensait, que les Black Panthers avaient eu raison de l’exclure et que je n’avais plus personne pour me protéger. J’avais quinze ans, j’étais jeune mais je n’étais plus un enfant, alors. Et surtout, j’avais peur.

Je crois que c’est pour ça que j’ai voulu sécuriser Harlem : pour éviter de sentir à nouveau cette peur en moi, pour éviter de me sentir vulnérable. Mon père…mon père était quelqu’un de grand, de fort mais quand il est tombé, j’ai su que ça n’était pas assez. Qu’on n’avait pas à être seulement grand et fort pour s’en sortir : il fallait tout assurer, tout contrôler. C’est ce que j’ai fait.

J’ai rompu les ponts avec les amis de mon père, une sorte de collectif de déçus des Panthers qui voulaient utiliser sa mort pour augmenter leurs troupes. Ils ont été depuis tués par le FBI dans une fusillade, et je considère ça bien : leur cause était bonne, pas leurs méthodes. Le blanc ne nous acceptera jamais ici, et nous ne pouvons pas retourner chez nous. La seule solution, c’est de faire peur au blanc et de vivre entre nous, heureux et cachés.
C’est pour ça que je me suis entraîné, que j’ai défié trop de gens pour que je m’en souvienne. J’ai appris par la plus dure des façons et je suis là, maintenant, maître de ce territoire, maître de ces gens, à porter un costume dit rituel. J’ai bâti ma légende en disant que j’étais l’héritier d’une tradition de Rois africains, de Rois-justiciers qui protègent leurs peuples et se battent pour eux jusqu’à la mort. C’est faux mais personne ne doit le savoir.

Je me suis fait appeler la Panthère Noire pour en rappeler à un symbole africain et pour aussi attirer la peur du blanc en référence aux Panthers elles-mêmes. J’ai récupéré une arme ancienne, ramenée à fond de cale par mon ancêtre, pour asseoir mes dires et la proclamer symbole de mon règne, de mon honneur. Ce n’est qu’un couteau mais tous pensent que c’est celui de la première Panthère Noire. Le poids des mots…une légende tient à peu de choses.

Je me suis donc construit sur ma peur et celle des autres, et je suis là, avec mes Dora Milaje quelques mètres plus bas, à m’attendre en silence. Elles sont mes épouses « à l’essai », des filles prises dès l’enfance à leurs parents pour être élevées pour me servir et éventuellement devenir ma femme, pour l’une d’elles. C’est un moyen de pacifier Harlem, de montrer que son maître est bon et ne prend pas seulement : il donne aussi ; il donne aux enfants d’Harlem pour qu’Harlem aille bien, pour qu’elle soit protégée par eux.

Et ça fonctionne : d’autres les ont précédées et font désormais partie de mes troupes, gérant des blocs par-ci, par-là. Je dispose d’une armée, en quelques sortes, d’un quartier général dernier cri et je contrôle mon territoire. Mais j’ai peur, je sens une boule en moi…et je sais pourquoi.

Avant, j’avais peur parce que je pensais que je ne pourrais plus jamais être protégé…maintenant, j’ai peur parce que ce monde est devenu fou. Bush balance au monde l’existence des mutants, des fous se battent entre eux et détruisent presque Manhattan…des météorites tombent sur nous avant d’être stoppées par un demi-Dieu…un Etat entier est ravagé par des monstres. Comment puis-je protéger Harlem de tout ça ? Comment puis-je encore jouer mon rôle de protecteur face à tout ça ?

Je ne suis qu’un homme, une légende bâtie sur du sable : j’ai une armée mais je ne peux rien face à ces dangers. Bush use de ses derniers pouvoirs pour lancer son tour final suicidaire, il agit sur un coup de sang et les gens le suivent aveuglément : les « surhumains » sont devenus hors-la-loi, la chasse aux sorcières peut commencer.
Je vais être visé, c’est évident : tous mes ennemis vont sauter à cœur joie sur cette opportunité, vont vouloir me détruire pour se venger ; c’est normal, je ferais pareil. Mais Harlem compte sur moi, a besoin de moi : je ne peux pas la laisser. Je dois agir.

« T’Challa. »

Une des jumelles vient me voir. Elle seule, avec sa sœur, peut prononcer ce nom, celui donné par mon père à ma naissance en référence à notre origine africaine. Son père avait fait de même avec lui : un vrai nom, T’Chaka, et un nom pour le blanc. Jadis, j’étais Luke Charles mais je ne suis plus que la Panthère, maintenant. Sauf pour elles…mes femmes.

« Ils sont là. »

J’acquiesce silencieusement, la suivant jusqu’à l’intérieur de mon quartier général. Je passe devant mes frères et sœurs qui me regardent respectueusement tandis qu’ils préparent leurs engins pour la surveillance du territoire ou qu’ils négocient avec certains gangs voisins ; ces imbéciles pensent pouvoir avoir quelque chose de nous, et je laisse délicieusement durer les tractations pour leur donner de l’espoir. Avant de l’écraser dans ma main, pour l’exemple ; on ne négocie pas avec nous : on s’incline devant nous.

« Vous ne savez pas pourquoi vous êtes là. Vous ne savez pas avec qui vous êtes. Vous ne savez pas si vous allez survivre à cet entretien. »

Les personnes devant moi reculent instinctivement durant mes paroles. Nous sommes dans une salle sombre du sous-sol, uniquement éclairée par une ampoule nue. Ils sont quatre : le « scarabée », les « veuves noires » et le soldat. Ils ne sont pas rassurés mais n’ont pas peur : ils me respectent. J’aime ça.

« Vous n’aimez pas la lumière : vous opérez dans l’ombre, par choix ou nécessité. Vous n’êtes pas des modèles de vertu mais vous ne dépassez pas certaines limites. Vous œuvrez pour vous-mêmes mais vous n’oubliez pas vos racines. Nous nous ressemblons. »

Les jumelles sont derrière moi, gardant l’unique sortie dans leurs uniformes sombres. Seuls leurs crânes nus et tatoués sont libres : elles sont autant protégées que moi car elles sont une partie de moi.

« Vous ne faites rien gratuitement : vous serez payés, grassement. Vous serez à ma solde : vous serez mon groupe, mon équipe…ce que vous voulez. Vous m’obéirez, vous lutterez à mes côtés et vous travaillerez exclusivement pour moi. Vous vivrez ici : Harlem vous acceptera car je le lui ordonnerais. Vous serez protégés, fournis en tout ce que vous demanderez. Vous serez une extension de moi-même pour protéger mon territoire, mais ça ne veut pas dire que vous serez là pour tuer : nous ne frappons que si la nécessité l’ordonne. Je veux vivre en paix mais cela passe parfois par la voie de la guerre. »

Je les laisse assimiler tout cela : ils avaient dû entendre des rumeurs sur moi et maintenant ils me voient en vrai. Mon ton autoritaire a chassé les rires qui auraient pu naître de mon costume ; mon attitude froide a stoppé toute velléité offensive éventuelle ; mes Dora Milaje ont empêché toute fuite. Ils sont en mon pouvoir et le savent : il ne reste plus qu’à savoir s’ils l’acceptent ou non.

Les minutes passent, longues mais je ne me fais pas de souci : ils vont faire le bon choix. Ils ont besoin de moi comme j’ai besoin d’eux et ils en ont conscience. Je leur offre une opportunité unique de faire quelque chose de bien, d’avoir un emploi stable et une protection efficace ; c’est trop rare dans leur monde pour refuser, surtout après ce qu’ils ont vécu.

« C’est d’accord. »

Ils se sont concertés et ont accepté, sans problème. Celui qui m’annonce ça est Abraham Jenkins, bricoleur de génie spécialisé dans la confection d’engins autonomes mais recherché par la police de trop d’Etats pour qu’il s’en souvienne. Il n’est pas foncièrement méchant, juste bizarre : il est un grand amateur d’insectes, il en collectionne énormément et fait peur aux gens à cause de ça. Ca ne m’inquiète pas plus que ça : qu’il aime les scarabées ne me concerne pas tant qu’il fait son travail. Je suis même prêt à lui laisser un appartement pour élever ses « amis », si ça lui plaît.

Derrière lui, Yelena Belova et Illyana Rasputin acquiescent en silence. Elles sont appelées les veuves noires, un duo de mercenaires en provenance de Russie à l’efficacité redoutable. A ce que je sais, elles ont été formées à séduire, voler et tuer : la blonde et la brune, les objets de désir ultime…et mortel. Elles se sont échappées de leur centre d’entraînement et fuient désormais les services secrets russes et américains, qui veulent mettre la main sur elles. Elles ont le même âge, presque le même visage et je jurerais qu’elles sont jumelles ; je sais que je fais peut-être une erreur en les recrutant, mais je pense que ça vaut le coup. Elles formeront une seconde équipe de combattantes avec mes Dora Milaje et s’occuperont de choses que mes femmes ne doivent pas savoir. Je n’aime pas cela, mais tous les hommes doivent cacher certaines choses à leurs épouses pour avoir la paix de l’esprit.

Enfin, le dernier sort de l’ombre et je sais que je vais avoir du travail avec lui. Il est le meilleur mais il n’est plus en état de faire grand-chose, pour le moment. Il reste silencieux, les yeux gonflés de fatigue, l’air las. Il est usé mais il accepte de participer à tout ça. Je le prends comme une lueur d’espoir même si je n’ai aucune idée à quoi pense cet homme.

Je claque des doigts et mes Dora Milaje s’avancent et font signe à Jenkins et aux deux femmes de les suivre. Le dernier veut aussi passer la porte mais je m’interpose, sans agressivité. Ma voix est soudain plus douce dès que les autres ont disparu.

« Nous avons à parler…Steve. »

Il n’est pas surpris que je connaisse son nom, que je le reconnaisse sous cette accumulation de saleté, de boue et d’habits usagés. Il porte une longue barbe d’or et s’arrête juste devant moi. Son corps est impressionnant mais il semble l’avoir oublié ; je pense qu’il pourrait me broyer s’il le voulait mais je suis sûr qu’il pense qu’il n’a pas une chance contre moi. Pauvre homme.

« Je sais que tu as vécu beaucoup de choses difficiles, ces dernières années : l’armée, les tests, la vie dans la rue…Fury. »

Un haussement de sourcils : enfin une réaction.

« Je sais ce qu’il s’est passé et pourquoi ça s’est passé. Je t’aiderais à trouver les responsables…le responsable. »

Ses yeux semblent reprendre vie et sous mon masque, je laisse percer un sourire. Tout se passe comme prévu.

« Tu auras Wilson dès que je l’aurais localisé : mes équipes travaillent dessus. J’ai besoin de toi pour m’épauler, Steve : tu es un combattant remarquable et tu peux mener des hommes. Je ne te demandais pas l’impossible, je ne te demanderais pas de refaire certaines choses qui ne te plaisent pas…ou plus. Je veux un bras droit digne de confiance et un guerrier sur lequel je puis compter. Si tu fais cela pour moi, tu auras ce que tu désires. »

Il ne me répond pas mais je sais qu’il accepte : comment pourrait-il faire autrement ? C’est redevenu un SDF qui cherche à peine à survivre. Cet homme est détruit et je lui offre la possibilité de se raccrocher à quelque chose, à sa vengeance. Ma réussite était inévitable.



Cela fait quelques jours maintenant que tout a commencé, que les « surhumains » sont devenus hors-la-loi et déjà les choses changent. J’entends des rumeurs qui ne me plaisent pas mais j’évite de les diffuser ou d’en savoir vraiment plus : je veux du concret et surtout fermer Harlem. Nous y sommes presque parvenus.

Jenkins regorge d’idées et ne sort plus du bâtiment que je lui ai laissé : j’entends déjà quelques rumeurs par rapport à sa passion et je commence à comprendre pourquoi on l’appelle le scarabée, mais pour l’instant, je ne le sanctionne pas. Je veux voir jusqu’où il veut aller et surtout ce qu’il peut encore m’apporter. Pour le moment, il a lancé quelques drones pour protéger le quartier et ça se passe bien. Les gens ne l’apprécient pas, déjà, mais il s’est vite mis au travail ; ça me plaît.

Les veuves se sont aussi lancées dans l’action : elles ont fait tomber certains de mes ennemis et inquiètent Luthor. J’ai déjà reçu une transmission de son équipe me demandant une trêve, une négociation ; ils pensent pouvoir acheter une paix entre nous parce que mes effectifs sont soudain devenus plus tranchants. J’en ai ri et je crois que ça n’a pas été bien accepté, mais ce n’est pas en étant prudent que j’ai bâti Harlem. Je ne vois presque jamais les veuves et je sais que mes Dora Milaje aiment ça : elles sont jalouses, elles pensent qu’elles sont en danger à cause de Yelena ou d’Illyana. C’est mignon mais je me méfie de tels sentiments : je sais où cela peut mener.
Mes femmes et les veuves ne travailleront jamais ensemble : je ne veux pas d’erreurs dictées par les sentiments, pas d’actes insensés. L’équilibre est trop difficile pour jouer avec lui.

Enfin, même Steve parvient à me surprendre : il réussit à se relever, à reprendre un peu pied dans la réalité. Il a dû affronter plusieurs de mes hommes en duel et malgré ma protection, il a accepté et s’en est sorti mieux que je ne le pensais. Le respect commence à naître chez mes habitants envers ce blanc qu’ils haïssent mais qui accepte d’être humble pour les gagner à lui. Il a du potentiel…un grand potentiel.

Oui, les choses commencent à bien fonctionner : j’ai bien fait de créer ce groupe, de m’organiser. Cette Ligue a disparu à Washington, les hommes de Fury ont été massacrés et Nick a disparu. Les jeunes de Xavier sont sur les routes et sont très surveillés par le gouvernement, et ceux de Strange ont été eux aussi assassinés.
Il n’y a plus personne pour protéger les gens, pour veiller à leur survie. J’ai pensé à faire plus, à en protéger d’autres mais je me dois à Harlem. Je m’en veux de ne pas m’occuper de ceux qui vont souffrir de cette crise mais…mais je dois privilégier Harlem. Je suis son maître, son Roi ; et même si ça ne me plaît pas, mon territoire doit prévaloir.

Les responsabilités avant les sentiments ; la sécurité avant l’égalité. Nous avant vous.
 
 
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