Urban Comics
  Legends #13 : El Lobo
 

Auteur : Shala
Date de parution : Avril 2006

San Basillio, un petit patelin désert comme il en existe beaucoup au Mexique. Depuis plusieures années, toute la région est contrôlée par une bande de trafiquants de drogue, Los Scorpinos. Les chefs de ce gang ont pour habitude de se réunir tous les dimanches dans un bar, toujours le même. Et devinez quoi, aujourd'hui, c'est dimanche...
- Je vous jure, il pissait dans son pantalon, c'était à mourir de rire... ce gars avait autant de cojones qu'un nouveau né.
- Moi aussi j'ai eu affaire à un cretino qui a essayé de me tenir tête cette semaine...
- Et tu lui as fait quoi?
- Je lui ai mis mon flingue dans son pantalon et j'ai tiré.
Ils rigolent tous les quatre en coeur, puis entendent un gars assis au comptoir qui rigole lui aussi. Ils s'arrêtent, le laissant rigoler tout seul.
- On peut savoir pourquoi tu rigoles gringo?
- M... Moi? Ben... Parce que c'est drôle...
- Ah tu trouves ça drôle... Ca te dirait qu'on te fasse la même chose?
- Mais... Vous aviez l'air de trouver ça drôle vous aussi que je sache...
- Toi t'es nouveau dans le coin...
- Euh wai, j'suis de passage en fait...
- Americano?
- Si.
- Habla español?
- Euh... No.
- Alors pourquoi tu te la joues "Si" et "No"?
- C'est... Pour paraître plus sympathique.
- C'est un rigolo celui-là, je l'aime bien. Prends une chaise et viens à notre table.
- Merci... Mais j'suis bien ici.
Immédiatement après cette remarque, les quatre hommes pointent tous les quatre leur arme vers l'américain, qui vient s'assoir avec un sourire forcé.
- On t'a fait rire gringo, maintenant c'est à ton tour. Raconte nous quelque chose de drôle.
- Euh... D'accord. Ca tombe bien, j'ai justement une histoire de gros dur à vous raconter...
- Ah wai? On est curieux de l'entendre tiens...
- Héhé... Vous avez entendu parler du carnage qu'il y a eu à Los Angeles il y a quelques mois, dans une boîte de nuit? Un baron de la drogue y est mort, le club lui appartenait...
- Si. Thorne qu'il s'appelait, on l'a fourni en marchandise pendant quelques temps.
- Ah bon? Enfin soit, dans les journaux ils ont dit que le carnage avait été provoqué par une bande rivale... et bien c'est pas vrai.
- Comment ça c'est pas vrai? Qu'est ce qui a provoqué le carnage alors?
- Pas quoi, qui... El Lobo...
- El Lobo? C'est qui celui-là?
- Le mercenaire le plus impitoyable que je connaisse...
- C'est des conneries tout ça... Pourquoi on te croirait?
- Parce que j'y étais. J'ai tout vu.
- Soit. En tout cas ça m'a pas fait rire, ça vous a fait rire vous?
"No" répondent les trois autres. Ils ressortent leurs armes et l'américain commence à paniquer...
- Wow attendez! J'ai pas encore commencé! C'était que l'introduction ça, vous voulez pas savoir comment il s'y est pris pour dézinguer tout le monde à lui tout seul?
- T'as deux minutes pour nous convaincre gringo...
- Très bien. Donc, voilà comment ça s'est passé...

"Il devait être pas loin d'une heure du mat, la fête battait son plein. C'était un club très sélect alors j'étais super content de m'trouver là... Ben wai c'est pas tous les jours qu'on trouve une invitation VIP qui traîne par terre, alors j'en profitais un max.
Bref, j'étais entouré de quelques canons en train de m'tortiller quand on a vu un des videurs qui s'occupait des entrées faire irruption, la tronche en sang. Apparemment il s'est pris un coup de j'sais pas trop quoi, de toute façon j'ai pas eu le temps de voir parce que tout de suite après, le second videur de l'entrée passe devant nous en vol plané, pour ensuite glisser jusqu'au milieu de la piste de danse, laissant derrière lui une grosse traînée de sang. C'est là qu'il a fait son entrée...
Il mesurait presque deux mètres, il était baraqué comme un taureau, portait une barbe façon chanteur de Motörhead, un chapeau de cowboy sur la tête et un cigare en bouche. Tout le monde le regardait, médusé. Faut dire il avait pas trop le look qui allait avec la soirée, donc forcément...
Et puis arrive un autre videur qui lui demande c'est quoi ce bordel, c'est là que le gars lui crache sa fumée à la tronche et lui dit façon Terminator:
- Rupert Thorne?..."
- Façon Terminator?
- Ben oui vous savez quand Schwarzie il frappe chez la meuf et fait "Sarah Connor?" et puis qu'il la bute... Et ben il l'a demandé sur le même ton.
- Ah...
- Bon, je continue...
"Donc il demande après Rupert Thorne, et le videur comme un con il lui rigole à la gueule...
- Le patron reçoit pas de visite, et c'est une soirée privée alors tu vas te casser et en vitesse.
Et là le mec lui fait un grand sourire avant de lui coller un de ces coup de boule... Le bruit que ça a fait résonne encore dans ma tête j'vous dis pas. En tout cas le videur il est tombé KO direct. Après j'crois que Thorne il a vu tout ça sur ses écrans parce qu'il y a une vingtaine de videurs qui sont arrivés pour casser la gueule du mec, et c'est là que ça a commencé à dégénérer...
Cette petite baston elle amusait tout le monde, les videurs se faisaient miner un à un et le mec il fatiguait pas... Alors un des gars de Thorne a sorti un couteau, et se dirigea vers lui pour le planter. En plein dans le coeur, il avait pas raté son coup le gars. Tout le monde s'est tût, quelque chose clochait... Le mec, il bronchait pas. Il aurait du crever mais non, au contraire, il a retiré le couteau et l'a planté illico dans le crâne du videur..."

- C'est un balèze ton bonhomme.
- Wai, et c'est que le début, ce mec il est pas croyable...
"Quand les gens ils ont vu le pauv'gars avec son couteau entre les deux yeux, ils ont commencé à paniquer. Mais comme l'entourage de Thorne est assez varié, y a eu deux types de réaction: Y avait ceux qui sont super friqués mais qui sont aussi courageux qu'une ménagère moyenne devant une petite souris, et y avait ceux qui pouvaient pas s'empêcher de se la jouer gros gangsta westcoast à la con et qui ont sorti leur artillerie...
Le mec qu'est-ce qu'il a fait alors? Il a commencé à dérouler la chaine qu'il avait autour du bras, au bout de laquelle il y avait un crochet. Il releva le videur qu'il venait de buter, lui a mis le crochet dans la bouche, et s'est servi du corps de ce pauv'garçon comme boulet!"
- Ca c'est drôle!
- Wai... Mais attendez la suite...
"Il a fait le ménage en quelques secondes, j'en croyais pas mes yeux. Quand il eut fini il commencea à remettre sa chaine autour de son bras, mais y en avait un encore debout, et le salopard voulait lui tirer dans le dos à bout portant. Mais notre gars il s'est pas laissé avoir, il s'est retourné direct et lui a pointé un magnum 44 dans la bouche. L'autre ducon il avait l'air fin, il essayait de dire un truc genre "pitié", mais on comprenait que dalle parce qu'il avait le calibre de l'autre callé entre les deux mâchoires. Notre gars il a sourit à nouveau et lui a répondu:
- Désolé, j'comprends pas un mot de c'que tu m'dis...
Et BANG! Il a tiré."
- Il me plaît de plus en plus ton bonhomme...
- Mouais...
"...Sauf que moi j'avais jamais vu une boîte crânienne éclater avant, j'ai carrément failli gerber.
Bref, lui ça avait pas l'air de l'gêner plus que ça... Il a rangé son calibre et a expiré la fumée de son cigare comme si de rien était. Ensuite il a fixé une caméra et a dit "je monte" en articulant bien. Il a franchi la porte menant au bureau de Thorne, et comme moi j'suis curieux de nature... Ben j'l'ai suivi..."

"Magnum dans une main et fusil à double canon scié dans l'autre... Wai j'ai oublié de vous préciser, il avait un vrai attirail sur lui le mec... Il a traversé le couloir en éliminant tous ceux qui s'trouvaient sur son passage. Ensuite il a pris les escaliers, en a encore buté deux ou trois, puis a défoncé la porte du bureau de Thorne avec le pied. Et là BANG! il s'est pris une bastos en plein visage. Thorne éclata de rire et s'approcha du mec pour contempler son oeuvre. J'ai pas bien vu l'arme de Thorne, mais en tout cas ça a complètement ravagé la façade du mec. C'était pas joli..."
- Triste fin...
- Ben justement, c'est pas fini. Au cas où vous auriez oublié, Thorne est mort ce jour là.
- Tu vas quand même pas nous dire que...
- Et bien si, écoutez-bien...
"Thorne allait prendre son téléphone pour appeler une équipe de nettoyage quand notre mec s'est relevé... le Caïd était sur le cul, le mec s'approchait lentement de lui pendant que sa face se reconstruisait petit à petit..."
- Comment c'est possible ça?
- J'en sais rien, mais j'vous jure que c'est ce qui est arrivé...
"- Bon sang, mais qui tu es bordel?
- Mes potes m'appellent Lobo, mais le savoir ne te sera d'aucune utilité...
Complètement paniqué, Thorne lui tira dessus, et encore, et encore, et encore... Mais à chaque fois Lobo se régénérait, c'était hallucinant.
- Q... Qui t'a payé pour m'éliminer?
- Ca non plus ça te servira à rien de l'savoir...
- P... Peu importe, combien il t'a payé? Je te donne le double! Et même plus si tu descends cet enfoiré!
- Mmmh c'est tentant... Mais je vais devoir refuser, un contrat est un contrat, désolé gros tas...
A ce moment là Lobo tira avec son fusil mais a loupé Thorne, il a seulement touché son épaule. Le Caïd se rendait bien compte que si il bougeait pas de là s'en était fini de lui, alors il a sauté par la fenêtre de son bureau. Il avait prévu ce genre de coup apparement, parce qu'en bas, sa voiture l'attendait. Tout blessé qu'il était, il est entré dans sa caisse, et a mis le contact. Mais avant même de pouvoir démarrer, Lobo était déjà sur son capot...
Il a éclaté le pare-brise d'un coup de poing et a sorti Thorne par la peau du cou. Le pauvre s'est retrouvé allongé au milieu de la rue. Il s'est relevé comme il a pu, et a commencé à avancer en titubant, en train de crier à l'aide. Evidemment à cette heure là y avait personne dans la rue, surtout dans ce quartier... Soudain on a entendu un gros bruit de moteur, celui de la bécane de Lobo. Une bonne grosse machine genre Harley Davidson customisée, bien classe. Quand Thorne l'a vu, il a commencé à courir; enfin courir, j'me comprends...
Lobo a foncé vers lui en laissant traîner son crochet. Il est passé juste à côté de lui et hop, le crochet a choppé son pied. Le pauvre Thorne s'est retrouvé traîné sur plus de 100 mètres, avant de finir sa course dans un kiosque à journaux, la peau complètement brûlée par le bitume. Malgré tout il était encore en vie (solide le bonhomme), et tenta de se relever. Arrive alors Lobo qui regarda le Caïd à l'agonie.
- Non... Epargne moi...
- Désolé gros tas, pas ce soir.
Et là, Lobo alluma un autre cigare qu'il jetta à côté de Thorne, avant de s'en aller. Comme un crétin, Thorne le ramassa, et en y regardant de plus près, il vit une mèche en train de se consumer au centre du cigare...
- Oh M...
Pas le temps de finir sa phrase, le pauvre explosa en mille morceaux..."

Les quatre Scorpinos se regardent, puis fixent l'américain. Un long silence s'installe...
- Euh... Elle vous a pas plu mon histoire?
- Et bien... Comment dire...
Un des quatre homme se lève, et fait se lever l'américain aussi. Il lui met une main sur l'épaule et se dirige avec lui vers la sortie.
- Tu vois gringo, mes amigos et moi on aime bien se réunir ici pour se raconter nos aventures de la semaine, mais ce qu'on aime pas...
Tout à coup il lui met son arme sur la tempe et le pousse dehors.
- ... C'est quand un petit con d'americano dans ton genre vient nous raconter des conneries d'histoires qui ne tiennent pas la route! Mais bon comme elle était amusante, je vais te laisser en vie. Maintenant casse-toi avant que je change d'avis!
L'homme se met alors à tirer près des pieds de l'américain pour le forcer à s'en aller, ce qu'il fait sans demander son reste...
- Hahahaha... Bien joué Diego! C'est comme ça qu'on les acceuille chez nous les americanos!
- Nan mais vous l'avez entendu? Un gars invulnérable, et puis quoi encore?
- Et le cigare qui explose à la fin, n'importe quoi...
A peu près dix minutes plus tard, Un bruit de moteur de Harley se fait entendre. Il s'arrête juste devant le bar. Les quatre hommes ont les yeux rivés sur la porte. Des pas se rapprochent, et un homme franchit la porte. Il ressemble exactement à la description que l'américain a fait du fameux Lobo. Le gars s'approche de leur table et leur demande, d'un ton monocorde:
- Los Scorpinos?
- Madre de Di...
Coups de feu, cris et autre meubles fracassés, tels sont les bruits que l'américain entend, adossé au mur extérieur du bar, en train de compter ses billets. La fenêtre à côté de lui se brise, et le pauvre Diego gît à moitié mort sur le rebord. Il regarde l'américain et veut dire quelque chose, mais un crochet fixé à une chaine vient tomber à côté de lui, pour vite remonter vers son oeil.
- Arrrrrgh! crie Diego qui se fait tirer à l'intérieur, devant la grimace de l'américain qui a presque mal pour lui...
Quelques minutes après, le silence règne, et Lobo sort du bar. Il allume un cigare qu'il jette à l'intérieur puis commence à avancer vers sa bécane.
- Andiamo.
- Euh, ça c'est de l'italien Lobo. ici à Mexico on dit "Vamos".
- C'est bien. Amène toi avant que j't'accroche à ma moto par les couilles... dit-il en faisant tourner son crochet
- D'accord d'accord, j'arrive...
Et les deux hommes s'en vont, laissant le bar exploser derrière eux...

Fin

 
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