Urban Comics
  Legends #4 : Histoire de sang
 

Auteur : Ben Wawe
Date de parution : Mai 2005

La nuit est noire, sans lune. Des bruits étranges viennent à ses oreilles tandis que son odorat est attaqué par d’horribles odeurs de chaire humaine vieille et presque avariée bien qu’encore vivante. Des SDF. L’horreur. Il n’avait jamais pu vraiment supporter de voir des êtres humains se livraient à un tel état de décrépitude…n’avaient-ils plus aucun honneur ? Fierté de soi ? N’étaient-ils plus que des loques ? Dieu, qu’il détestait les grandes villes…

Pourtant, il avait passé toute sa vie dans les villes, ou presque. Mais il ne restait que rarement. Toute sa vie n’avait été que voyages et fuites à travers le monde. Que ça soit à l’enfance quand sa mère le forçait à changer toutes les semaines d’école et de ville pour échapper à leurs poursuivants, qui étaient le gouvernement, ses frères, des fanatiques. Ou bien maintenant à l’âge adulte, où c’était lui qui bougeait tout le temps. Enfin, il ne faisait que suivre les ordres de l’Agence.

L’Agence…dire que maintenant, elle regroupait une vingtaine d’agents rien que sur le territoire américain…il avait été un des fondateurs, le premier agent sur le terrain. Tout était allé très vite en 10 ans, pensa t il en se faisant un passage entre les corps humains dormants dans cette rue sale de Miami. Pourquoi le gouvernement ne s’occupait-il pas de ces déchets ? C’était pas leur boulot d’assurer la sécurité et la beauté du pays ? Ce genre de merdes pourrissait le rêve américain…enfin bon, ce n’était pas son souci actuel.

L’homme, le seul réveillé et sain de corps et d’esprit, était un grand noir à la peau très foncée. Il était tout habillé de cuir et avait le crâne rasé. Ses yeux étaient étranges, de couleur rouge. Ceux qui croisaient son regard était toujours effrayés au premier contact, et jamais n’oubliaient ce regard dur et froid inhabituel. Il portait aussi des gants noirs, et on devinait de lourdes bottes avec le bruit dur et violent de ses pas sur le sol sale et mouillé du quartier difficile de Miami.

Finalement, le black arriva à se frayer un passage entre la dizaine de corps étendus à terre pour arriver à une porte en fer. Après une lente respiration, il frappa trois coups de façon différente et sur des endroits spécifiques de la porte. Un code. Un mince sourire fugace s’esquissa sur ses lèvres tandis qu’il se rappelait ce qu’il avait dû faire pour l’avoir. Soudain, la porte s’ouvrit et un type immense, plus de deux mètres, les cheveux gris courts, que du muscle sous un marcel blanc et un jeans délavé, le regard par son regard de borgne.

« Ouais ?
- J’ai faim.
- Va te chercher une pizza.
- Pas assez sanglant.
- Qu’est-ce que tu veux que ça me foute ? Allez, dégage.
- T’as pas compris. Je sais que ce que vous foutez là-dedans. Et j’ai faim.
- Et moi je te dis que tu vas dégager ! T’as rien à foutre là, et si tu veux pas que j’arrange ton joli minois de mannequin, casses-toi ! »

Le visiteur ouvrit alors grand sa bouche, laissant apparaître des canines plus longues qu’à la normale.

« Ca suffit pour que je ne sois pas obligé de me casser ?
- Oh. T’es un des nôtres ?
- Nan, j’m’aiguise les canines par plaisir, c’est mon trip…crétin, bien sûr que je suis un des vôtres.
- Désolé, mais bon vaut mieux être prudent…
- T’as peur de quoi ? Qu’un débile entre, vois vos orgies et que vous le bouffiez ? Allez, laisse-moi entrer…
- Oui, oui… »

Le mastodonte laissa passer le black en étant plus rassuré. Il referma alors lourdement la porte, et conduisit le visiteur à travers des couleurs mal éclairés rouges, dont les murs étaient tapissés de tableaux représentants des inconnus pour le commun des mortels, mais pour les êtres habitants les lieux étaient des ancêtres.
Après plusieurs bifurcations dans les couloirs emplis de portes d’où provenaient parfois des cris de peur, d’extase ou de jouissance, les deux êtres arrivèrent à une grande salle où plusieurs hommes étaient couchés ou assis, des verres à la main, semblant ivres en train de regarder des danseuses faire du strip tease au mieux, des fellations au pire. Le black réprima un frisson de dégoût qu’il cacha tandis que le musclé s’approchait du type habillé le mieux.

« Maître, voila un des nôtres qui a faim et semble d’un rang élevé…que dois-je faire ?
- Un rang élevé ? Qu’il approche ! Peut-être vient-il d’Europe, qui sait ! »

Le black reçut l’ordre d’approcher et obtempéra.

« Bonjour, mon frère. J’espère que tu passes une bonne nuit. Que puis-je faire pour toi ? Parle ! Tu es en ma demeure, et il ne sera pas dit qu’Omega a refusé l’aide à un frère.
- J’ai simplement faim. J’ai fais une grosse route depuis New York sans manger, et les cris de désespoir d’une jeune humaine que je sucerais jusqu’à la dernière goutte me font envie.
- Comme je te comprends ! Nous autres, vampires, avons besoin d’entendre cela…pour ma part, c’est ma seule façon de prendre plaisir ! Mon ami Cerebus va te donner ce que tu désires, mais avant, pourrais-tu nous parler de toi ? Quel est ton nom ? As-tu un Clan ? Où résides-tu ? New York ? Parle, je t’en prie ! Nous nous ennuyons trop, ici ! »

Ainsi, tu t’ennuies ? Tu risques de regretter tes mots, pensa le black.

« Je m’appelle Blade. Je n’ai aucun clan. Je vis à travers le monde. Je suis né au Texas sur la frontière, d’une mère vampire et d’un père flic. Le problème, c’était que ma mère a été mordue durant sa grossesse. Je suis donc moitié vampire, moitié humain. Je peux aller sous la lumière. Je résiste à l’eau bénite et aux autres trucs qui vous tuent. J’ai juste faim. Mais ce n’est pas la raison de ma venue. Vous êtes une épine dans le pied de l’Agence. Vous allez être massacré. »

Les vampires et Omega n’en revenaient pas. Que disait-il donc ? Avait-il perdu la raison ? Une telle fable était impossible…et ils n’avaient jamais entendu parler d’un certain Blade, sauf dans de rares légendes, et encore…par contre, l’Agence ne leur était pas inconnue, et il leur faudrait beaucoup de forces pour combattre un de ses représentants.

« Tu crois vraiment que tu vas nous tuer ? Tous ? Tu n’es rien ! Même si ce que tu dis est vrai, et j’en doute, tu ne pourras jamais nous tuer tous, ici présents ! Et même si tu y arrivais, mes hommes te tueraient ! Tu es condamné, humain !
- Je n’en serais pas si sûr à ta place… »

Blade sourit alors, et appuya sur son oreille droite. Un petit grésillement dans son oreille lui arracha un léger rictus passager avant d’entendre la voix de son acolyte Alex.

« Bladie ?
- Ta gueule. T’es prêt ?
- Yeah, Bladie. Tu as fais ton speech à ces messieurs ? »

Blade, qui était le seul à entendre Alex, jeta un regard vers les visages stupéfaits des vampires qui se demandaient ce qui se passait sous leurs yeux. Etait-il devenu fou de parler ainsi tout seul ? Entendait-il des voix ? Le black se dit alors qu’il faudrait rehausser le niveau d’admission au vampirisme, quand même…

« Oui. Ils sont prêts.
- Fun. Bon, comme d’hab’, tu fais ton délire perso et je m’occupe du sale boulot, Bladie ?
- Alex, pour une fois dans ta vie, est-ce que tu arrêteras de m’appeler ainsi ?
- Mmh…nan ! Bon, toujours prêt pour le petit pari ?
- Toujours. Tu vas perdre.
- On verra ! Allez, à tout à l’heure ! »

La discussion fut interrompue par une explosion au loin dans la maison. La porte venait de sauter pour faire apparaître Alex Foster et ses deux A4 chargés de balles remplies d’eau bénite. Blade sourit alors aux vampires devant lui, qui avaient faits partir les femmes et avaient tentés de se relever, malgré leur fatigue et leur ivresse.

« T’es mort, man…t’es déjà mort…tu vas connaître le mot souffrance, et après ça tout le monde saura qu’il faut pas chercher Omega chez lui…
- Demain, il n’y aura plus d’Omega. Ni de chez toi. Faites vos prières si vous croyez à quelque chose. Et mourrez. »

Le black sortit alors de son grand manteau noir deux disques en métal qu’il fit voler dans la pièce en direction de deux vampires aux extérieurs. Ils n’eurent même pas le temps de bien voir les objets que déjà leurs gorges étaient coupées en deux, faisant voler leurs têtes dans la pièce avant que leurs corps ne deviennent qu’un petit tas de poussière.

« Merde…il a tué Jamie et Frank ! Vengeance ! »

Un cri surnaturel jaillit du torse de trois vampires, qui coururent vers Blade armés de verres cassés et d’un bâton étrange. L’homme sourit, évita les verres cassés avec grâce, et quand leur élan amena les vampires derrière lui, il sortit un sabre de son dos et coupa une à une les têtes des vampires.

« Deux minutes. Cinq vampires. Je risque le record. »

Les cinq derniers vampires se regardèrent alors, plus livides qu’à l’habitude. Merde, qui c’était ce type ? Omega, reprenant de sa superbe malgré la peur grandissante en lui, parla fort pour se faire entendre malgré les bruits de tirs et de râles provenant du reste de la maison, sans parler du rire de fou qui était assourdissant.

« Tout…tout peut se négocier, non ? Je peux tout vous offrir, tout ! Que désirez-vous ? Femmes ? Argent ? Pouvoir ? Dites-moi !
- Je veux voir morts tous les vampires de la Terre. Et crois-moi, tu seras du spectacle… »

Blade sortit trois petites boules sphériques qu’il lança à trois vampires qui, sous le coup du réflexe, les rattrapèrent. Ils n’eurent pas le temps de voir ce que c’était que déjà les grenades explosaient et libéraient l’eau bénite sur leurs corps rapidement transformés en poussière. Il ne restait plus qu’Omega et son dernier homme.

Le black marcha lentement vers eux, sa longue lame en argent dans sa main droite, sa main gauche tapotant tranquillement le pan de sa veste. Les deux vampires voulurent fuir, mais un seul regard leur suffit pour voir que toutes les issues étaient bloquées : soit par Blade, soit par son ami qui tirait sur tout ce qui bougeait, ou tout ce qui ne bougeait pas, semblait-il.

L’autre vampire, poussé par une bouffée d’orgueil et de fierté, voulut se jeter sur le combattant pour protéger son chef de Clan, mais son torse fut coupé en deux en plein milieu de son saut. Omega, quand à lui, était collé contre une paroi du mur, mort de peur.

« Salue tes amis en Enfer, monstre. »

Omega leva les mains et s’accroupit pour attendre la mort comme un lâche. Blade, dégoûté d’une telle attitude, planta son arme verticalement dans la tête du vampire, attendant que son corps redevienne poussière pour la sortir.

Le black attendit quelques instants, rangeant son arme et regardant sa montre, avant qu’un petit type aux cheveux noirs, barbe naissante, lunettes d’Austin Powers et sourire de crétin n’entre dans la salle avec son t-shirt X-Men The Movie, son vieux bermuda beige et ses deux armes de guerre dans les mains, qui faisaient tâches avec le style looser qu’il arborait.

« Alex.
- Bladie.
- Tu t’es amusé ?
- Grave. C’était encore mieux que la fiesta d’Alpha à LA. Pourquoi tu penses que ces débiles ont ces noms de fou ?
- Te fais pas plus crétin que tu n’es. Tu sais pourquoi ils font ça.
- Ouais, ouais…bon, on y va ?
- Oui. L’Agence a encore un truc pour nous, je crois. Au fait, tu me dois 50 $.
- Pourquoi ?
- Quatre minutes cinquante sept secondes.
- Connard ! »

Alex éclata de rire et lâcha ses armes en donnant quelques billets à Blade.

« La prochaine fois, JE gagnerais !
- On verra.
- Au fait, t’as pas la dalle ?
- Si, bien sûr.
- Un burger, ça te dit ?
- Bien sûr. Saignant bien sûr. »

Blade fit un clin d’œil à Alex en espérant qu’il trouve sa blague drôle. Son ami le regarda d’un œil triste, secoua la tête et tous deux sortirent du bâtiment.

 
 
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