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  Teen Titans #10 : Rituels et sacrifices (1)
 

Histoire : Lex
Date de parution : Mars 2007

Victor était assis sur le canapé noir du salon de la somptueuse villa où, lui et ses trois camarades résidaient depuis trois jours . Avec ennui, le jeune athlète zappait et l’image de l’écran plasma situé quelques mètres plus loin, changeait sans cesse . Une émission sur le jardinage où l’on vantait les bienfaits de Fertiligène succéda à un remake de Dallas, puis à une émission de variété et à un film de Bruce Willis . Victor finit par tomber sur un match de basket ball dans lequel évoluaient les Lakers de Los Angeles opposés aux Dallas Mavericks . Dallas menait de trente points à vingt minutes du coup de sifflet final tandis que José Barea venait de marquer trois points de plus pour son équipe . Victor avait fait du basket quand il était gamin et c’était un sport qui continuait à le passionner . Mais pendant que Victor regarde la fin du match, revenons un peu sur ce qui s’est passé trois jours auparavant .

Les infos ne parlaient que de la prise d’otage du sénateur Wilson et de ses invités, dans son appartement de Colombus Stress . La veille, T.S Smith, un dangereux terroriste, auteur de l’attentat du centre océanique de SF, s’était échappé de la prison fédérale où il se trouvait en attente de son procès et avec l’aide d’un trentaine d’autres psychopathes dans son genre, avait littéralement pris d’assaut le building et avait menacé la vie des personnes les plus puissantes de la ville . La police fut sur place en un instant et n’attendait que le feu vert du gouverneur pour lancer l’assaut ou négocier avec les preneurs d’otages . Mais une autre sorte de police se trouvait déjà dans l’immeuble, quatre inconnus qui eurent le mérite d’arrêter les dangereux criminels en sauvant, par la même occasion, les invités du sénateur . Mais le chef des terroristes et l’un des quatre justiciers ainsi que le sénateur Wilson avaient disparu . La foule et les médias, postaient devant l’immeuble, assistèrent alors sur le toit à un affrontement entre le justicier masqué et le terroriste . Par bonheur, Wilson fut sauvé par le jeune héros qui parvint, devant les caméras et les yeux de centaines de personnes, à vaincre le terrifiant psychopathe qui se tua . Mais qui était ce groupe de jeunes héros qui venaient, à l’aide d’étranges pouvoirs de sauver des vies et de permettre l’arrestation d’un gang de terroristes hautement dangereux ? Victor, Tula et Garfield avaient parlé aux reporters et leurs propos avaient été fidèlement rapportés dans les journaux et retransmis en direct sur les chaînes californiennes . Les inconnus avaient déclarés être les nouveaux protecteurs de San Francisco et avaient mis en garde tous les criminels de la région . Ils veillaient . Ces propos avaient été pris au second degrés par tous, bien entendu . Qu’allait faire une bande de gamins contre le crime ? D’accord, ils avaient réussi à vaincre des dangereux malfaiteurs mais n’était ce pas ce qu’on appelait, la chance du débutant ? Ces gamins allaient revenir bien vite à la réalité mais pour le moment, la presse et les médias exploitaient la nouvelle qui faisaient les gros titres partout dans la presse .

Mais une personne, spectateur privilégié de l’exploit de ces gamins, avait foi en la réussite de leur projet . Cette même personne qui leur avait offerte cette villa et avait mise à leur disposition des fonds considérables . Cette quadragénaire milliardaire, Loren Jupiter . Cette femme était une énigme pour tous, politiciens, journalistes et économistes . Elle avait faite fortune mystérieusement et avait investit la plupart de ses capitaux dans des entreprises en pleine expansion, la propulsant ainsi dans le classement très prisé des personnes les plus riches du pays . Le soir de la prise d’otage, elle avait contacté Dick à son domicile - comment avait-elle su l’identité de Dick ? - et lui avait proposé son aide . Dick avait accepté de la rencontrer sans grande convictions avec Victor comme garde du corps et avait découvert une femme étrange et mystérieuse, certes, mais incroyablement attirante, dans le sens où l’on buvait ses paroles comme du petit lait . Finalement, elle avait convaincu les deux adolescents de dix-sept ans d’accepter son appui financier et matériel . Elle avait mis à leur disposition une villa dans le nord Est de la ville, trois motos dernier cri et une infinité de gadgets plus utiles les uns que les autres . Dick et Victor avaient décidé de faire confiance à cette femme pour le meilleur et pour le pire . De toute façon, sans moyens, le groupe n’était rien . Tel était du moins la conviction de Dick .

Et voilà comment Victor s’était retrouvé assis sur ce canapé dans l’immense salon de la magnifique villa au nom de Loren Jupiter . Ce soudain appui était venu si vite que le groupe n’avait pas encore réalisé la chance qu’ils avaient eu et ne s’était même pas interrogé sur les motivations de cette aide si précieuse . Dick et Tula étaient pour l’heure en cours et Garfield « patrouillait » . Depuis la prise d’otage, le mutant se prenait vraiment au sérieux et semblait prendre plaisir à traquer les dealers du coin et à les effrayer, surtout en cette veille d’halloween .

Halloween était une des fêtes américaines les plus populaires qui remonterait à deux mille ans, prenant naissance en Irlande . Pour beaucoup, c’était une fête joyeuse et frivole où tout le monde s’amusait . Enfin, presque tous . Sarah avait un tout autre programme qu’allait sonner au portes des gens, déguisée, pour réclamer des sucreries . Deux types bizarres attendant à la sortie du lycée avaient proposé à Sarah et à deux de ses amies de vivre une expérience inoubliable . L’expérience en l’occurrence était un tournage de film porno sado-masochiste . Sarah n’avait encore jamais fait l’amour, comme ses amies, et avait hâte de vivre à fond cette expérience qui promettait d’être des plus enrichissantes . Les deux types leur avaient donné rendez-vous dans un entrepôt désaffecté d’Excelsior . Le quartier était mal famé et n’était pas le genre de coin que Sarah, habitant à Financial District, avait l’habitude de fréquenter mais l’excitation était à son comble et elle se fichait de plonger dans les pires endroits de San Francisco, pourvu qu’elle obtienne ce que les pervers lui avaient promis, du plaisir et de l’argent . Avec le sourire, elle marchait en pensant à ce qu’elle allait vivre . Nancy et Paula, ses deux amies qui allaient participé au tournage, devaient être déjà sur les lieux . Enfin, elle vit à l’angle de la rue, derrière un vieil immeuble de l’âge industriel, l’entrepôt qui allait servir de décor . Son sourire s’allongea sur son jolie visage et elle se dépêcha de rejoindre les lieux . Lorsqu’elle pénétra dans le bâtiment, Sarah eut une impression de vide . Un silence pesant et embarrassant régnait dans ces anciens locaux . Elle embrassa du regard les immenses pièces à la recherche d’une caméra ou d’une de ses amies mais il n’y avait rien de tout cela . S’était-elle trompée dans l’adresse ? Avait-elle eu raison de faire confiance aux deux étranges pervers ? L’excitation l’avait maintenant quitté et c’était l’angoisse qui la prenait, surtout que le soleil commençait à se coucher . Soudain, un cliquetis se fit entendre . Le cœur de la lycéenne s’emballa et elle se retourna . Mais il n’y avait personne, comme toujours . Une ombre sembla bouger à quelques mètres d’elle et Sarah sursauta, apeurée . Qu’est ce qui se passait ici ? Soudain, une main puissante l’agrippa par le cou et la tira violemment vers l’arrière . Sa chute fut réceptionné par la même « chose », qui plaqua sa main sur sa bouche en l’empêchant de respirer et de crier par la même occasion . L’angoisse se lisait dans les yeux de la jeune fille qui commençait à manquer d’air . Puis de l’ombre, surgit une forme que Sarah, malgré ses yeux inondés de larmes, identifia comme étant un moine . En effet, un homme encapuchonné avançait vers elle . Avec violence, il déchira les vêtement de la lycéenne, en panique et la contempla pendant quelques instants . Puis de sa main droite et gantée, l’effroyable inconnu enfonça profondément ses deux doigts dans l’orifice vaginale de Sarah qui ne put réprimé un gémissement de douleur, vite étouffé par l’étreinte de la main qui la retenait . Lentement, le moine retira ses doigts . Il resta ainsi, à contempler le corps presque sans défauts de la lycéenne puis secoua la tête d’un signe négatif . L’étreinte se relâcha et Sarah tomba à genoux en haletant et en toussant . De grosses larmes chaudes roulaient maintenant sur ses joues rougies et elle était prise de sanglots . Elle se releva lentement, pensant être libre de ses mouvements, mais un coup de pied puissant du moine lui détruisit le nez . La chose qui l’avait saisi l’attrapa de nouveau tandis que le sombre moine sortait un objet de son vêtement de clerc . Sarah écarquilla les yeux, paralysée par l’horreur et la peur . Elle voulut crier, hurler mais aucun son ne sortit de sa bouche, elle allait mourir .

-Putain …

L’inspecteur Chase contemplait, avec une expression de dégoût, l’horrible mise en scène qui s’offrait à lui . La victime, âgée de seize ans, avait été crucifiée au milieu d’un entrepôt désaffecté, ses vêtements avaient été arrachés, d’importantes scarifications recouvraient son corps et un énorme crochet d’usine lui avait traversé le ventre de bas en haut dans une longue traînée sanguinolente . Les marques de son visage montrait aisément la souffrance qu’elle avait éprouvée . Elle avait dû mourir lentement, très lentement et il était probable que les monstres qui avaient fait ça l’avaient abandonnés dans une longue agonie . Car ils étaient plusieurs selon l’expert sur les lieux . Une jeune femme brune tira Adrian de sa rêverie morbide .

Pat Trayce, inspecteur de police tout comme lui, était son équipière depuis deux mois . Elle s’était installée à San Francisco au courant de l’été et avait prise ses fonctions immédiatement . Chase était connu dans le service comme un emmerdeur de première, un fouineur, un coriace et un sacré salopard sans compter ses atouts de macho et de dragueur . Pat n’avait donc pas eut une très bonne opinion de lui, dés le début . Mais finalement, elle s’était habituée aux petites tapes sur les fesses, aux paroles désobligeantes et au caractère ombrageux du personnage . Au bout de deux mois de travail en équipe, ils s’entendaient plutôt bien . Une histoire circulait d’ailleurs sur eux deux, comme quoi Adrian en pinçait pour la petite, ce qui n’était pas tout à fait faux mais Pat avait toujours été distante et ça ne faisait que deux mois qu’ils se connaissaient .

-C’est horrible .
-Tu l’as dit, Trayce . On a des infos sur ceux qui ont fait ça, à part qu’ils étaient plusieurs ?
-Non, hélas . Ils n’ont laissé aucune trace, rien, pas même un de leurs acariens .
-Qui était cette gamine, au juste ?
-Sarah Flinigan, seize ans . Le plus surprenant dans tout ça, c’est qu’elle habitait à cinq kilomètres au nord .
-Putain, qu’est ce qu’elle foutait à Excelsior cette gamine ? Elle habitait où exactement ?
-Financial District .
-Qui sont les dernières personnes à l’avoir vu encore en vie ?
-Ici, deux latinos du coin . Elle avait l’air joyeuse selon eux . A Financial, deux de ses amies, Nancy et Paula Richards, deux sœurs jumelles . Elles se sont quittées à la sortie du lycée .
-Et bien allons les interroger !
-Mais les ordres du capitaine ?
-Allons, Trayce, tu sais bien que je m’en balance .

Il sortit de l’entrepôt suivi de Pat et s’engouffra dans sa mustang . Celle-ci partit en trombe lorsque l’inspecteur posa le pied sur l’accélérateur . Après un voyage rapide, la mustang s’arrêta devant un bâtiment chic, d’un style napoléonien . Adrian pénétra dans l’enceinte du lycée, suivi de son équipière et fut accueilli par le concierge, un homme d’une cinquantaine d’année, l’air hargneux . Celui-ci leur expliqua en quelques mots que c’était un lycée pour filles et que personne, sauf professeurs et employés, n’avait le droit d’y entrer . Néanmoins, les plaques des deux flics le convainquirent d’appeler la directrice . Celle-ci s’empressa d’aller chercher Paula et Nancy, en cours de mathématiques, sur la demande des deux inspecteurs . Les deux sœurs jumelles, aussi jolies que Sarah, se présentèrent quelques minutes plus tard . Adrian, après avoir annoncer la mort de leur camarade, entra dans le vif du sujet :

-Savez-vous, mesdemoiselles, pourquoi Sarah s’était rendu à Excelsior ? Y avait-elle un rendez-vous, une personne à rencontrer ?

Les deux jeunes filles répondirent négativement, encore sous le choc, tandis que le concierge raccompagnait la directrice, qui venait de faire un malaise à la suite de l’annonce de la nouvelle . Une fois les deux partis, Adrian poursuivit :

-Vous êtes sûres et certaines, les filles ? Vous étiez ses meilleurs amies et elle ne vous a pas dit où elle allait ? Pourtant, vous êtes les dernières personnes à l’avoir vue vivante .
-On a le droit à un avocat ? Répliqua Paula .

Les deux inspecteurs se regardèrent puis Pat prit la parole :

-Attendez les filles, ce n’est pas un jeu, okay ? Votre amie s’est fait sauvagement tuée par une bande de détraqués alors si vous essayez de protéger qui que se soit, c’est sûr que vous aurez besoin d’un avocat .

Mais les deux jumelles persistèrent à ne rien dire jusqu’à ce que la directrice soit revenue et qu’elle eut fait cesser l’interrogatoire . Les deux flics repartaient finalement bredouilles . Une fois dans la voiture, ils se firent part de leur désarroi .

-Cette histoire devient de plus en plus louche . Une bande de tarés qui mutilent et crucifient une gamine, ses meilleurs copines qui nous mentent . Elles cachent quelque chose, c’est sûr . Mais quoi ?
-J’en sais rien, Trayce . Il faudra de nouveau les interroger si on veut leur faire sortir le vers du nez . Tu t’en charges ? Les cours vont bientôt finir . Pendant ce temps là, je vais faire un tour au commissariat pour savoir si on a plus d’infos .

Garfield regarda la voiture de police disparaître à un carrefour . Il avait tout vu, tout entendu . Pouvoir se transformer en mouche, même si cela prenait du temps et que c’était assez douloureux, avait ses avantages . Après avoir recouvré sa forme originelle, le jeune mutant suivit l’inspecteur Trayce qui marchait à la rencontre d’un groupe d’élèves . Pour que personne ne le remarque, il se transforma en une minuscule araignée qui escalada le corps de Pat jusqu’à son épaule . Comme mouchard, on faisait pas mieux .

Nancy avait honte . Honte d’avoir menti aux deux inspecteurs, honte de ne pas avoir pleurée à l’annonce du meurtre de sa meilleur amie . Elle savait qu’elle devait dire la vérité aux policiers et se sentit soulager de voir devant la grille du lycée l’un des deux inspecteurs . En vérifiant bien que sa sœur était occupée autre part, Nancy se dirigea vers Pat qui sourit avec une gentillesse presque maternelle . Elle lui proposa alors d’aller boire un café pour parler de tout ça . Pat l’accompagna à un coffee à l’angle de la rue et l’adolescente et la jeune femme s’assirent au comptoir . Après avoir avaler le contenu de son verre, Nancy parla :

-Tout a commencé avant-hier, à la sortie du lycée . Deux types aux allures bizarres nous ont abordés, moi, ma sœur et Sarah . Ils nous ont proposé des trucs … enfin … Ils nous ont proposé de tourner pour un film porno contre beaucoup d’argent . Et on a accepté . Sarah était toute excitée à l’idée de perdre sa virginité comme ça mais moi et Paula, moins c’est pour ça que le lendemain, on n’est pas allez au rendez-vous où le tournage allait commencer . Si on y aurait été, peut être que …

Mais elle ne put terminer sa phrase qu’elle explosa en pleures . Pat la consola du mieux qu’elle put . Elle comprenait tellement cette petite qui avait honte d’elle même . Elle aussi était passé par ça . Garfield était, lui aussi, tout ému, même réduit à l’état d’arachnide . Mais il devait rentrer à la « base » comme il appelait la villa de madame Jupiter, pour raconter tout ça à l’équipe . Se prenant pour Spiderman, il sauta de l’épaule de l’inspecteur et fonça vers la sortie du café . Les «Titans», comme les journalistes appelaient ironiquement l’équipe de jeunes justiciers pour se moquer de leur fragilité apparente, allait bientôt avoir une enquête à mener .

 
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