Urban Comics
  Batman #15 : Choix (6)
 

Couverture : Geoff
Auteur : Ben Wawe
Date de parution : Juillet 2006



Présent.
Banlieue de Chicago.
Maison d’Harvey Bullock, inspecteur à CPD, le Chicago Police Department.
Il était d’ailleurs attaché avec sa famille et celles de certains de ses collègues dans son salon, par Cole Cash et des membres de son gang. Et tous étaient menacés par les lames d’une étrange jeune femme à la crinière blanche, et aux flingues d’un certain Jérémy, qui semblait assez nerveux…

« Cole…T’es sûr de ce que tu fais ?
- Totalement. »

La confiance en lui de Cash était impressionnante.
S’allumant une cigarette avec classe, le parrain de la ville sourit doucement à Bullock et aux autres, encore vêtus de leurs pyjamas. Aucun des flics n’avait eu le temps de prendre son arme ou de se défendre face aux membres de la mafia du maître officieux de la ville, et il était clair que celui-ci en prenait un très grand plaisir…de même que de défier ces mêmes policiers avec ses attitudes et ses mots.

Cole s’approcha alors du lieutenant O’Hara, un vieil ami à la moustache grisonnante et à l’air assez pathétique dans son habit de nuit. Mais comme pour contraster avec son aspect pitoyable et vulnérable, le policier lançait des regards noirs à ceux qui les gardaient, une lueur de défi dans le regard.
Cash sortit tranquillement son arme et la pointa sur la tempe du vieil homme, qui ne baissa pas ses yeux et ne changea en rien l’intensité de son regard. Il était vieux, maintenant, et il n’allait pas se laisser impressionner par un crétin arriviste…

« Dis donc, Papy, tu crois pas qu’il faudrait baisser les yeux ? Je suis Cole Cash, le parrain de cette ville et bientôt plus rien ne me résistera…Tu crois vraiment pouvoir me faire peur ou que ton regard de tueur me fait quelque chose ?
- Je crois surtout que tu n’es qu’un imbécile qui se croit tout permit car Gordon a eu la faiblesse de te faire confiance contre l’autre taré. Mais même si tu nous crois vulnérables, même si tu nous tues…tu tomberas un jour, Cash. Les mecs dans ton espèce ne survivent pas longtemps, et… »

Mais O’Hara ne pu finir sa phrase.
Cole venait de lui donner un formidable coup au menton avec la crosse de son arme, et un petit CRAC terrifiant s’était fait entendre. Tous les regards avaient convergés vers la scène, et les familles des flics tremblaient encore plus de peur. Même les flics Bullock, Montoya, Brandel et Merkel ne se sentaient pas au mieux de leurs courages en voyant ça…

Cash se releva alors, souriant. Le vieil homme à terre gémissait de douleur et ne pourrait sûrement plus mâcher avant des semaines, mais au moins il avait montré aux autres qu’il ne plaisantait pas. Même si il avait eu besoin de payer son ami Jérémy et ses mercenaires Halo pour venir enlever les flics et leurs familles, il se faisait respecter. Et il allait faire regretter amèrement à ses hommes qui avaient refusés de le suivre par crainte du Batman ce qu’ils avaient fais…Il allait leur appliquer une vengeance digne de celle qu’il avait fait subir à Simeoni…

Mais le parrain fut tiré de ses rêveries cruelles et macabres quand son vieil ami Jérémy le tira vers un coin discret et reculé du salon. L’homme aux cheveux blonds et au petit bouc semblait stressé, nerveux. Apparemment, il avait perdu le calme qui le caractérisait jadis, et Cash n’appréciait pas vraiment ça…

« Cole…Je…Ca me plaît pas tout ça, mec…
- Qu’est-ce qu’il y a, Jérémy ? Un problème ? »

Le calme olympien contrastait de Cole avec l’état d’énervement de son ami, dont les mains tremblaient énormément. Il n’arrivait même plus à tenir son arme correctement…

« Je…Oui. J’étais d’accord pour te louer Halo pour enlever des flics, mais…mais là y a leurs familles, mecs ! Des femmes, des enfants ! Je veux pas qu’on les touche…
- Mmh…Tu ne veux pas qu’on les touche ?
- Ouais…ils ont rien fais. J’veux pas que tu les touches, et j’ordonnerais rien à Colt, Zealot et Spartan si tu leur demandes de le faire…N’oublie pas qu’ils m’obéissent.
- Mais je n’oublie rien, mon vieux. Tu ne veux donc pas qu’on touche aux femmes et aux enfants ?
- Ouais… »

Cash sourit doucement à son ami, avant de poser tranquillement sa main sur son épaule.

« Je comprends, ne t’en fais pas.
- Ah…Ah ouais ? Tu comprends ? »

Jérémy n’en revenait pas.
Il pensait que son ami allait s’énerver, crier, le menacer…mais non. Cole Cash semblait prendre plutôt bien ce refus à son autorité, ce qui était très, très rare chez lui…trop rare peut-être. Connaissant l’homme, Jérémy resta prudent…et eut bien raison de l’être.

A la vitesse l’éclair, Cash sortit son arme et la posa pile sous le menton de son vieil ami, un rictus de rage et de colère sur le visage. Il enleva rapidement la sécurité, avant que les trois mercenaires de Jérémy ne voient la scène. Ils ne pouvaient intervenir sans mettre en danger leur patron…la situation était complexe…
Après avoir jeté un regard dur aux membres de Halo, Cole tourna lentement le visage vers Jérémy, et parla d’une voix dure et autoritaire à l’homme qu’il menaçait.

« Je comprends que t’es un lâche. Toute guerre exige des sacrifices, et nous menons une guerre. Une guerre pour Chicago. Une guerre contre un fou qui nous persécute et utilise le chantage et la torture mentale envers mes hommes. MES hommes. Je ne peux pas accepter ça, comme je ne peux pas accepter ta défection.
Tu es mon ami, Jérémy. Mais c’est la guerre. Et la guerre exige des sacrifices. »

Cash recula d’un pas, avant de lever son arme juste entre les deux yeux de Jérémy. Celui-ci ne pouvait parler à cause de la surprise qu’il vivait, et il s’attendit alors à mourir, la cervelle giclant dans tout le salon pour aller s’écraser lourdement sur les personnes présentes dans un bruit glauque et gore…C’était ce qui allait arriver, car jamais Cole ne manquait sa cible, surtout de si près…et surtout en étant si énervé…mais cela n’arriva pas.
En effet, alors qu’il s’attendait de passer de vie à trépas, le patron de Halo sentit de l’air bouger devant lui…comme si quelque chose était lancé à quelques centimètres de son visage. Il entendit alors un cri de douleur de Cash, et rouvrit les yeux…pour ne pas croire ce qu’il voyait.

Deux formes venaient en effet de surgir de l’escalier à côté d’eux.
Batman, leur pire cauchemar et la cause de leurs actes, et…quelqu’un d’autre. Jérémy ne l’avait jamais vu, mais son costume entièrement noir, sa cape sombre et son masque de la même couleur n’étaient pas réconfortants…et surtout pas ses dagues, qui volaient entre ses doigts avec une dextérité impressionnantes.
Mais le patron de Halo fut tiré de sa rêverie en voyant Cash devant lui. Allongé sur le sol, se tenant la main qui le menaçait avant de son arme. Elle était en sang, un Batarang plantée dans la paume. Cole semblait souffrir le martyr, et il était désormais totalement hors d'état de nuire...il n'était plus rien, en fait. Seul, vaincu, blessé, Cole Cash avait énormément perdu de sa superbe. Et Jérémy en fut heureux.

Il récupéra rapidement l’arme à terre, et voulut crier la retraite pour ses hommes. Mais il n’en eut pas le temps : à peine s’était-il baissé pour prendre le pistolet sur le sol que l’acolyte de Batman lui donnait un immense coup de poing au sommet de la colonne vertébrale.
Dans un cri de douleur sourd et sec, Jérémy tomba lourdement à terre, vaincu par la douleur et l’inconscience qui allait bientôt le prendre pour de longues heures. Et ce fut à ce moment-là que le vrai combat commença.

Les hommes de Halo n’avaient pu entendre l’appel de leur patron, et allaient donc faire ce pourquoi ils avaient été employés par Cash : le protéger, et tuer Batman si il arrivait. Enfin, ils allaient essayer de faire ça…car face au protecteur de la ville déchaîné par sa rage contre lui-même et un Anarchiste au top de sa forme, ils n’avaient pas une chance.
Et les otages purent rapidement voir vers quel côté le combat allait pencher dès les premiers coups donnés…et reprendre espoir en voyant ça.

La lutte, en effet, était désavantagée.
Batman s’était jeté sur Spartan et Colt, tous deux armés de fusils à pompes et de Desert Eagles. Mais ça n’allait pas suffire face à Bruce Wayne, qui était tellement énervé de sa culpabilité et de ses erreurs qu’il devait absolument se déchaîner contre quelqu’un…et il le devait le faire vite. Avec grâce et agilité, le protecteur de la ville avant fait voler les fusils à pompe des mains des deux hommes, avant de faire tomber Spartan au sol par un balayage.
Colt s’était alors approché pour le frapper au dos par derrière, mais Batman s’était retourné à temps pour éviter son poing droit. Il l’intercepta d’ailleurs, serrant fortement entre ses mains les doigts du membre de Halo, jusqu’à ce qu’ils les entendent craquer. Ceci fait, il lui décocha un uppercut monstrueux, faisant tomber inconscient l’ancien soldat.
Spartan se releva alors, voulant enserrer Wayne entre ses bras musclés d’ancien catcheur. Bruce se baissa à temps, et frappa violemment dans le ventre de son adversaire. Celui-ci se tint l’estomac quelques instants, avant de tomber lourdement au sol, son système interne ayant un subit un changement de place…

Pendant ce temps, l’Anarchiste n’était pas en reste avec celle qui se faisait appeler Zealot et disait venir d’une ancienne secte grecque. La jeune femme aux longs cheveux argentés avait tenté de blesser le symbole autoproclamé de la révolte avec sa longue lame tranchante, mais celui-ci avait sortit ses petites épées, et le combat avait commencé.
Comme lors de l’affrontement avec Batman, l’Anarchiste et Zealot faisaient ici une danse, une sorte de ballet mortel entre deux ennemis qui se valaient globalement à l’escrime. Le premier usait avec perfection de ses deux lames, pour parer et attaquer en même temps, tandis que la deuxième utilisait avec une grande précision son épée pour tenter de faire voler les petites armes de son adversaire, et le tuer par la suite. Mais sans succès.
Après de longues minutes d’affrontement violent et difficile, l’Anarchiste décida de mettre fin au combat, ayant autre chose à faire que s’essayer à l’escrime avec une professionnelle, mais qui était encore loin de son vrai niveau. Avec grâce, le nouvel allié de Batman tenta de toucher au visage la membre de Halo, qui para avec son arme. Il sourit alors sous son masque, tentant de la toucher avec son autre lame au ventre, mais elle dévia vite sa lame pour éviter la blessure. Et ce fut là l’erreur qui allait lui faire perdre le combat.
En utilisant sa force, l’Anarchiste poussa Zealot en forçant les lames l’une contre l’autre, et fit un coup de pied retourné en sautant dans les airs. Son saut et son attaque extraordinaires empêchèrent la jeune femme de voir ce coup venir, et elle tomba lourdement à terre, vaincue par le coup dans son visage de l’Anarchiste.
Celui-ci retomba tranquillement à terre, rangeant avec grâce ses armes avant de se tourner vers Batman, qui l’attendait, les bras croisés.

« Pas mal…mais tu aurais pu la stopper bien avant.
- Oui.
- Pourquoi tu ne l’as pas fais ?
- Le fun, Batman. Ne jamais oublier le fun dans la vie… »

L’Anarchiste sourit sous son masque, avant de se diriger rapidement vers les otages, les libérant avec l’aide de Batman. Ceux-ci remercièrent le premier, mais furent plus froids avec le second…Eux savaient ce qu’il avait fait pour tenter de pacifier la ville, et malgré ses excuses et son serment de ne plus jamais tenter ça, ils restaient prudents par rapport au pseudo protecteur de Chicago…De même que Gordon, qui était arrivé quelques minutes plus tard et n’accorda que des regards de colère et de déception à Wayne…
Celui-ci disparut rapidement, accompagné de l’Anarchiste, alors que les policiers rentraient chez eux et se préparaient à coffrer l’équipe Halo et son chef, étant donné que Cash avait évidemment disparu lors de l’affrontement, comme le lâche qu'il était au fond…





Les Docks de Chicago.
Quelques minutes plus tard.
Batman et l’Anarchiste observaient en silence les vestiges de l’entrepôt que le premier avait occupé, avant de le faire sauter quelques secondes auparavant. Il voulait entièrement détruire cette part de sa vie, et voulait s’amender…se faire pardonner ses erreurs. Même si il savait que ça allait être extrêmement dur et compliqué…
Ce fut l’Anarchiste qui rompit le silence, parlant d’une voix calme et tranquille en croisant les bras.

« Que vas-tu faire, maintenant ?
- Je sais pas…J’ai voulu protéger cette ville, mais j’ai échoué…
- L’intention était louable.
- Mais pas la cause ni les moyens. J’ai voulu faire ça pour faire tomber ma culpabilité et mon complexe du survivant, et je me suis trahi en utilisant des méthodes qui ne sont pas les miennes. Et qui ne le seront jamais.
- Tu vas abandonner ton rôle ? Ca serait dommage…
- J’y ai réfléchis…mais non. Je ne peux pas rester à rien faire alors que cette ville souffre. Malgré ce que j’ai fais, Chicago a besoin d’un Batman. Et je ferais tout pour la protéger des monstres comme Cash.
- Tu as conscience que ça sera difficile ?
- Oui…J’ai perdu mon majordome, qui ne voudra certainement plus jamais m’aider. J’ai perdu l’aide de la police, qui me considère certainement comme aussi dangereux que ceux que je combats…Et désormais, les criminels me voient comme un monstre à abattre au plus vite. Et Cash a un moyen de pression sur les flics…
- Quel triste tableau…Vois les choses d’une façon plus positive, voyons !
- Et comment ?
- Tu es en vie, tu es revenu d’une sorte de folie et tu as sauvé des gens, tout en blessant le parrain de la ville. Et en plus, tous les criminels ont vraiment la trouille de toi…On a vu pire, non ? »

Wayne sourit doucement en regardant l’Anarchiste.
Le silence se fit alors, durant de longs instants où chacun pensaient au futur. Bruce tentait de voir comment il allait s’en sortir, sans l’aide d’Alfred et l’appui de la police…Ca allait être dur, mais il allait réussir. Peut-être même réussirait-il à retrouver la confiance perdue de son majordome et de Gordon, après énormément d’efforts évidemment…et de patience. Mais Batman avait le temps. Il avait toute sa vie pour protéger la ville, et se faire pardonner…
Mais alors que le protecteur de Chicago pensait à comment parler à nouveau à Alfred, l’Anarchiste se tourna vers lui, lui présenta sa main droite et lui parla doucement.

« Je pars.
- Ah ? Déjà ? »

Batman, un peu troublé par les paroles de son ancien ennemi, lui serra la main avant de le regarder, un peu hébété.

« Oui. Je ne peux pas m’attarder ici.
- Tu as…des projets ?
- Oui.
- Légaux ? »

Wayne était devenu soupçonneux, alors que son interlocuteur souriait grandement sous son masque.

« Tu ne veux pas le savoir, Bruce…
- Mmh…Tu as raison. Allez, bonne chance à toi. On se reverra ?
- Ça dépend si tu reprends ta folie, ou que tu menaces encore la liberté.
- Tu ne fais que la défendre, c’est ça ? Tu ne fais rien d’autre ?
- Je pense que c’est déjà beaucoup, Wayne…Et non, je ne me bats pas que pour la liberté.
- Pour quoi alors ?
- Pour l’anarchie, Batman. Pour la possibilité de vivre heureux et en harmonie avec les autres et le monde. Je pensais que tu étais meilleur détective, et que tu l’aurais déjà découvert…avec mon nom, comme indice principal. »

Bruce sourit doucement, en regardant l’Anarchiste partir rapidement vers les ruelles sombres de la ville. L’aube s’élevait lentement, mais l’obscurité était encore reine dans Chicago, et son nouvel allié allait en profiter pour s’échapper dans la nuit.

« Adieu, Wayne.
- Adieu, l’Anarchiste. »

Batman observa encore quelques instants l’endroit où l’Anarchiste avait disparu, avant de partir lui aussi…Il avait quelque chose à faire. Quelque chose qu’il aurait dû faire depuis longtemps. Quelque chose à se faire pardonner. A Alfred. A son ami. Et ça ne devait surtout pas attendre une seconde de plus…

 
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