Auteur : Ben Wawe
Date de parution : Juillet 2007
Résumé : Après la mort de ses parents, Bruce Wayne, le chirurgien et directeur du Wayne Hospital à Chicago, est Batman, le protecteur de la ville. Ayant stoppé un serial killer utilisant les Dix Commandements comme inspiration, ayant subit des soucis psychologiques et mit la ville en danger en étant trop extrême, il stoppa la guerre des gangs mais perdit la confiance de James Gordon, un des rares flics intègres de la ville, mais peu aimé par sa hiérarchie.
Maintenant, Batman essaye de retrouver Harvey Dent, ancien procureur défiguré par Bane (le serial killer religieux) et enlevé par un des résidents de l'asile Arkham, un fou qui veut faire sourire les gens et les torture ainsi. Mais à Chicago se trouve aussi maintenant un autre joueur, un homme au visage recouvert de bandelettes qui tue les criminels et semble des plus dangereux...
« Batman.
- Silence. Je te rencontre enfin. »
Chicago.
3 janvier 2007.
Vingt deux heures dix huit. Deux êtres se faisaient face. Deux hommes s’observaient, se jaugeaient. Les poings serrés dans leurs gants sombres, les deux personnes avaient leurs yeux fixés l’un sur l’autre, incapables pour le moment de faire autre chose. Pour le moment, oui. Le chaos et la furie du combat allaient bientôt arriver, ils le savaient, mais ce n’était pas encore l’instant pour ça. Mais ça viendrait. Ça viendrait bien assez tôt.
« Je dois t’arrêter.
- Je sais. »
Sa voix était froide et dure. Habillé d’un imperméable beige qui avait vécu et de vêtements simples mais souples qui l’auraient fais passer pour quelqu’un de normal si il n’avait pas eu ses bandelettes étranges lui recouvrant le visage, l’homme qu’on appelait Silence depuis ses agissements contre la pègre de Chicago n’avait apparemment pas peur. Debout devant le corps sans vie d’un criminel qu’il venait de tuer quelques secondes auparavant, il supportait le regard du justicier autoproclamé de la ville, semblant ne pas se rendre compte du danger qui couvait…ou semblant ne pas y faire attention, ce qui était plus grave encore.
« Tu vas te laisser faire ? »
Bruce fut sûr de voir un rapide sourire apparaître puis disparaître sur la face cachée par des bandelettes de l’homme en face de lui. Ses doigts se crispèrent encore plus dans ses gants alors que son cœur commençait lentement à battre plus rapidement, même si il faisait tout pour garder son calme et ne pas céder à ses émotions…non, il ne devait surtout pas y céder. Surtout pas.
« Non. »
Wayne soupira lourdement à ce moment-là.
Il avait vaguement espéré que l’homme en face de lui accepterait de se rendre vu qui il était…après tout, ce type semblait bien le prendre en exemple, non ? Même si il n’avait jamais rien dit de tout ça, ce Silence stoppait les criminels en se déguisant pour faire peur…ça ressemblait quand même beaucoup à ce que lui, Batman, faisait. Bien sûr, lui ne voulait jamais aller jusqu’au meurtre et l’homme en face de lui était beaucoup plus dangereux et mortel que lui, mais quand même, il avait espéré pouvoir régler cette affaire sans le combat qui allait bientôt secouer cette petite rue des docks de la ville, cette zone qu’il ne connaissait que trop bien et qu’il n’appréciait plus vraiment, maintenant…
« Je vais t’arrêter quand même. »
Il s’avança lentement. Il savait que ce Silence était un excellent combattant, étant donné que ses exploits étaient quand même impressionnants pour un homme seul. Il avait espéré, au départ, s’en faire un allié, mais la violence et l’extrémisme de ses actes l’avaient fait changer d’avis. Ce type était dingue. Bien sûr, lui aussi pouvait être considéré comme fou vu qu’il se sortait chaque soir en costume pour combattre le crime et que ça lui avait fait perdre l’esprit et se perdre lui-même…mais ce n’était pas pareil.
Au fond, Bruce ne voulait pas être un tueur et un assassin. Il avait juré sur les corps morts de ses parents que plus jamais Chicago ne serait la proie des criminels qui avaient mis fin à la vie de sa famille, et il ne pouvait accepter de devenir ce qu’il chassait…ce qu’il voulait stopper. C’était ça, la différence. C’était ça qui faisait qu’il n’était pas comme ce Silence. Il n’était pas aussi fou que lui. Il n’était pas aussi extrême que lui. Il n’était pas aussi criminel que lui, finalement…
« Tu vas essayer. Mais tu n’y arriveras. »
L’homme était avare de mots…mais était-ce étonnant vu son nom ?
Wayne n’avait pas eu le temps de beaucoup s’intéresser à ce type, en fait. Avec les soucis sur Harvey Dent et la fin de la guerre des gangs à gérer, il n’avait pas réuni assez d’informations sur ce Silence pour être sûr d’être totalement prêt pour ce combat. Il savait bien que ce n’était pas sérieux et prudent de se jeter dans une bataille sans l’avoir bien préparée auparavant, mais…il n’avait pas le choix. Maintenant qu’il avait apprit qui était l’homme qui avait enlevé Harvey, et surtout pourquoi, il ne pouvait se laisser déconcentrer par un type comme Silence. Et c’était donc pour ça, pour pouvoir après se concentrer totalement sur la recherche et le sauvetage de Dent qu’il était ici, ce soir-là. C’était pour stopper Silence. Et définitivement, de préférence.
« Tu dois être arrêté.
Tu tues, tortures et vas au-delà de ce qui doit être fait contre les criminels. Je sais que tu vas sûrement me dire qu’ils méritent tout ça et que ton action fait du bien…oui, peut-être. Mais il n’empêche que tu n’as pas à faire ça. Tu n’en as pas le droit. Tu n’es pas dieu, tu n’es pas un prophète ou quelque chose du genre. Tu es juste un fou dans un pseudo costume…et je vais t’arrêter. »
Batman parlait avec une voix sourde et dure. En disant ces mots, il savait qu’il énerverait sûrement l’être qui venait d’assassiner un des membres de la pègre locale, celle-là même qu’il avait stoppé lui-même quand il était venu y monter son QG. Les images de sa dérive extrémiste et des tortures infligées à Cobblepott à ce moment-là lui revinrent alors à l’esprit, et Wayne se jura encore une fois de ne plus jamais tomber là-dedans…et de tout faire pour que plus personne ne fasse ça. A commencer par ce Silence, qui était beaucoup trop calme et immobile pour ne pas préparer un sale coup…
« Je ne vais pas discuter avec toi.
Si tu me considères comme fou, je te considère comme lâche.
Tu penses faire du bien à la ville, mais au fond tu ne fais que mettre un sparadrap sur une fracture ouverte. Tu arrêtes les criminels, et après ? Deux heures après, ils sont à nouveau dans les rues, faisant du mal aux innocents que tu dis pourtant protégé, tuant, violant, droguant tout ce qui leur passe par la main. Moi, j’agis. Les hommes comme Crone ou Fichetti…ils font du mal aux gens, et tu le sais. Ces hommes doivent mourir. Ils doivent être rayés de la surface de la Terre, mais personne ne le fait…personne n’ose le faire. Moi, j’ose. Moi, je fais. »
Dans un mouvement ample, Silence fit bouger son imperméable et l’instinct de Batman lui cria que quelque chose allait arriver. Il eut à peine le temps de se jeter au sol pour suivre son avertissement intérieur que plusieurs balles venaient se planter dans le bois du mur devant lequel il s’était trouvé quelques secondes plus tôt.
Hum, pensa-t-il alors qu’il se relevait d’une main tandis que l’autre prenait un Batarang dans une des poches de sa ceinture…Ca allait être plus compliqué que prévu vu comment ça commençait…
« Tu tues. Tu n’as pas à le faire.
- Non. Je ne suis pas un envoyé divin, comme tu le sous entends. Je le sais très bien. Je fais juste ce qui doit être fait. Je fais ce que je considère être juste. Je fais ce que les victimes voudraient qu’on fasse. Je ne suis pas un ange de la mort ou la Mort qui rôde. Je ne suis pas un justicier. Je ne suis même plus un homme…je ne suis que la voix de ceux qui sont perdus dans le silence. Je ne fais que ce qui doit être fait. »
Ce type était dingue, mais intelligent.
Batman évita encore une volée de balles, et put voir ce que tenait son adversaire…et il n’aimait pas ça. Il s’agissait d’un Desert Eagle de modèle classique, mais ce genre d’engins était très maniable et surtout très mortel si utilisé par quelqu’un avec une certaine expérience. Et vu l’homme qu’il avait en face de lui, Bruce était sûr que ce type savait comment tuer avec ce genre d’armes…il était même prêt à parier qu’il était un excellent tireur.
Le médecin se jeta rapidement derrière le mur d’un des entrepôts autour de l’eau, sentant les balles frôler son corps et trancher sa cape. Ca avait été juste. Il reprit lentement sa respiration alors qu’il savait que Silence allait bientôt approcher.
Bruce n’aimait pas ça. Depuis le début de leur « conversation », c’était l’autre qui menait la danse, et il n’aimait pas ça. En fait, il se sentait mal à l’aise. C’était à cause des docks. A cause de la proximité de son ancien QG, et des souvenirs qui se rappelaient à lui. Son mauvais côté. Sa folie. Son extrémisme. Ses dérives. Sa chute dans l’attitude totalitaire et schizophrène. Non, il n’aimait vraiment pas ça…et il avait envie que ça cesse.
Soupirant lourdement, Wayne décida de prendre les choses en main.
Silence avait réussi à le faire parler et à le jauger pendant ces quelques instants, et il avait ainsi pu sortir son arme et commencer à lui tirer dessus. Il s’était fait avoir comme un bleu, et il n’appréciait pas vraiment ce genre de choses. Sortant une corde et un grappin d’une autre de ses sacoches, le justicier lança le tout en l’air, accrochant assez rapidement la gouttière de l’entrepôt contre lequel il se tenait quelques secondes auparavant.
Bruce monta alors avec la force et la rapidité de l’habitude et des longues heures d’entraînement sur le toit du bâtiment, reprenant sa respiration quand il y parvint. Il rangea assez vite le grappin et la corde, avant de s’approcher du rebord du toit. Il savait que la situation était délicate. Silence devait être en train de le chercher, et si il ne l’avait qu’entraperçu durant sa montée, toute tentation pour voir où il se trouverait se finir par une balle dans la tête…et ce n’était pas vraiment une perspective réjouissante, surtout alors qu’il était si près de sauver Harvey.
Néanmoins, malgré le risque, Batman décida quand même de s’approcher du rebord. Son Batarang toujours dans la main, vu qu’il n’avait pu l’utiliser jusque là à cause des tirs de son adversaire, il risqua un rapide coup d’œil en bas…et il le vit.
« Hum… »
Debout, fier, Silence était entre l’entrepôt sur lequel se trouvait le médecin et le lac. Il semblait être à l’écoute du moindre bruit pouvant lui indiquer où se trouvait son ennemi, et Wayne ne put s’empêcher de sourire en voyant qu’il ne l’avait pas vu monter…et qu’il avait donc l’avantage. Lui qui avait été troublé de voir qu’il faisait une sorte d’émule, lui qui ne s’était pas senti bien depuis son arrivée ici à cause des mauvais souvenirs que cet endroit réveillait, il était presque heureux de voir que les choses commençaient à tourner à son avantage, même si rien n’était encore fait.
Lentement, Bruce leva sa main avec le Batarang, accroupit et recroquevillé qu’il était sur le rebord du bâtiment. Il attendit encore quelques instants, avant de lancer d’un geste ample et souple son arme vers son adversaire, espérant que ses longues heures d’entraînement au lancer lui permettraient d’atteindre sa cible…et de pouvoir le mettre définitivement hors d’état de nuire.
« Mmh ? »
L’instinct de Silence l’avait avertit que le Batarang filait vers lui…mais deux secondes trop tard, malheureusement. L’arme vint se planter dans son avant bras droit, et il étouffa un cri de douleur alors que, par réflexe, il lâchait le Desert Eagle qui tombait au sol. Immédiatement, il leva les yeux vers l’endroit en hauteur d’où venait le petit objet en forme de chauve souris, et ce fut à ce moment-là que Batman décida d’agir réellement.
Sautant de sa petite cachette après avoir rassemblé tout son courage pour se battre dans cet endroit qui lui donnait des sueurs froides, le justicier de Chicago fondit sur son adversaire qui le rendait nerveux. Usant de son agilité et de la force qui résidait dans ses jambes, il réussit à tomber non loin de là où se trouvait Silence, finissant le chemin entre eux par une roulade agile et souple.
Là, Bruce se releva avec une vitesse impressionnante pour décocher un violent coup de poing dans le ventre de Silence…et le combat débuta alors.
Sans bruit, sans cri de douleur, sans juron, les deux adversaires commencèrent un ballet mortel mais gracieux. Les coups s’enchaînaient à une vitesse folle, et tous deux étaient extrêmement concentrés sur ce qu’il se passait. Chacun savait que l’autre ne pouvait gagner, sans quoi leur carrière serait terminée et ça comptait trop pour eux pour prendre ça à la légère. Ils savaient aussi que deux visions du monde et des choses s’affrontaient à ce moment-là, et qu’il ne pouvait y avoir de match nul : ou l’une était stoppée, ou c’était l’autre. Mais les deux ne pouvaient cohabiter…c’était impossible, que ça soit pour l’un ou pour l’autre.
Leur affrontement, en tout cas, serait devenu mythique si ils avaient eus un public. Redoublant de force, d’ingéniosité et de vitesse, les deux hommes masqués faisaient tout pour que leur ennemi morde la poussière. A les voir, ainsi, il était facile de comprendre qu’ils étaient de niveau égal, et qu’une simple baisse dans la concentration ou dans la motivation de l’un ou de l’autre suffirait pour qu’il perde. Et d’ailleurs, c’était la seule chose qui pouvait les faire perdre : vu qu’ils avaient le même niveau et des techniques proches, seule la psychologie allait jouer entre eux…et seule elle désignerait le vainqueur ou le perdant du match qu’ils se livraient.
Et à ce titre…Bruce était le moins fort. Même si il avait réussi à rassembler du courage et de la force pour se jeter sur Silence, son cœur et son esprit étaient troublés. Sa présence dans ces docks lui rappelait comment il avait dérivé dans les eaux troubles de son esprit, et les images des policiers maltraiter à cause de lui revinrent dans son esprit, tandis qu’il se prenait un violent coup de son adversaire dans les côtes. Il allait perdre, si ça continuait ainsi, et il le savait. Et pire encore…il ne pouvait rien contre ça.
Comment aller contre son esprit ?
Comment aller contre sa peur d’un vide dans lequel on est déjà tombé ?
Comment aller contre l’irrémédiable doute de peut-être devenir quelqu’un comme Silence ? Parce que c’était ça qui le minait. Wayne était sûr que l’homme qu’il était en train de frapper avait vécu un drame aussi horrible que le sien, et que c’était pour ça qu’il agissait ainsi…que c’était pour ça qu’il était comme ça. Et ça lui faisait peur. Ce type était comme lui, ou presque. Sauf qu’il s’était laissé happer par son côté noir, obscur si on peut dire, et Batman sentait comme un écho en lui face à ça…un écho mauvais et malheureusement très familier.
Lui aussi avait été tenté…lui aussi était tenté. Tenté de tuer les criminels, de passer outre la justice des hommes pour faire sa propre justice. Il était tombé dans ce piège quelques semaines plus tôt, et il avait fallu toute sa force de caractère et surtout l’exemple que tout ça ne menait qu’à la ruine pour le faire revenir dans le droit chemin…mais il n’était toujours pas rassuré.
Est-ce qu’il pouvait encore retomber là-dedans ? Est-ce qu’il pouvait encore redevenir le monstre qu’il avait été ? Est-ce qu’il pouvait devenir comme ce Silence, cet homme qui avait les mêmes buts que lui mais qui allait beaucoup plus loin que lui ? Au fond de lui, un énorme OUI apparut, et il sentit qu’il pouvait retomber là-dedans…et ça lui faisait.
« Hughn… »
Le médecin était moins concentré, et un coup de genou de Silence dans la mâchoire lui arracha un gémissement de douleur. Il allait se faire avoir. Si ça continuait ainsi, son ennemi allait le mettre hors d’état de nuire, et il savait qu’il ne pouvait pas grand-chose contre ça. En combat normal, il aurait très certainement pu avoir le dessus par son expérience et ses gadgets, mais là…il n’était pas dans son état normal. Trop de souvenirs, trop de doutes l’envahissaient, et le spectre de la défaite apparut alors chez Bruce…et il n’aimait pas ça.
Soudain, alors que les deux êtres masqués continuaient leur ballet mortel, des sonneries bien connues d’une ambulance se firent entendre. Batman risqua un regard sur le côté, et vit un des véhicules du Wayne Hospital se précipiter à toute vitesse vers les quartiers du Nord. Quelques secondes plus tard, alors qu’il évitait un coup de pied retourné de son adversaire, il aperçut plusieurs voitures de police et un camion de pompier qui suivaient la même route…et il savait que ce n’était pas bon signe.
Il regarda ensuite Silence, et remarqua que celui-ci avait aussi vu le cortège des secours partir à pleine vitesse vers le haut de la ville. Mais il continuait à combattre, apparemment absorbé par leur affrontement, chose que Wayne ne comprenait pas…et ne pouvait comprendre, surtout.
Des vies innocentes étaient en danger. Des gens avaient besoin d’aide. Des personnes risquaient de mourir. Il ne pouvait continuer un combat stérile ainsi. Il ne pouvait frapper un simple ennemi alors qu’on pouvait avoir besoin de lui ailleurs, alors que sa présence sauverait sûrement des vies.
« Stop. »
Bruce s’arrêta en parant un dernier coup.
Il plongea son regard sombre dans le visage recouvert de bandelettes de Silence, et parla d’une voix froide et déterminée, sachant ce qu’il avait à faire maintenant et se fichant bien de ce que penserait cet homme. Des gens avaient besoin de lui, et il avait juré de protéger les innocents. Quoi qu’il en coûte. Même si c’était son honneur qui devait être sacrifié.
« Je sais que tu as vu les secours passer, mais tu continues de te battre. Je ne fonctionne pas ainsi. Tu es un dingue qui tue des gens, et je suis sûr que tu as des raisons pour ça…des raisons que je considérerais peut-être pour bonnes si je les connaissais. Mais je ne suis pas ainsi, moi. J’ai failli l’être, mais je ne suis pas comme toi. La vengeance et le massacre des criminels ne me motive pas…ou plus.
Des gens ont besoin de moi. Alors je vais partir. Tu peux me tirer une balle dans le dos si tu veux, mais moi…je vais partir. Des personnes sont en danger, et je peux les aider. Je ne vais pas t’arrêter. Je ne vais pas te stopper…ou du moins, pas ce soir. »
Il soupira avant de se retourner et de commencer à courir vers la direction qu’avaient pris les véhicules des secours.
« Peut-être comprendras-tu aussi un jour quelles sont vraiment les priorités de la vie… »
Batman utilisa alors son grappin et sa corde pour s’envoyer vers les hauteurs des docks pour aller encore plus vite. Silence ne tira pas. Il disparut dans la nuit, aussi rapidement qu’il était venu. Mais Wayne savait que ce n’était pas fini. Leur premier affrontement s’était soldé par une égalité, mais leur second verrait qui avait raison…et qui avait tort.
Au fond, ils étaient les deux faces d’une même pièce. Ils se battaient tous deux déguisés pour protéger la ville, mais si Silence ne cherchait qu’une sorte de vengeance et ne voulait rien représenter, lui…c’était différent. La ville avait besoin de lui. Les gens avaient besoin de lui. Même si il en avait déçu, même si il avait fait peur à beaucoup d’entre eux…ils comptaient sur lui. Ils espéraient sa venue dans les moments difficiles.
Oui. Silence ne voulait rien représenter et voulait seulement punir, ou quelque chose du genre. Batman, lui, était différent. Il représentait quelque chose. Il représentait l’espoir pour Chicago. L’espoir d’une vie meilleure, et surtout d’une vie sans criminalité. Et il ne voulait pas les décevoir…il n’allait pas les décevoir.
Quoi que ça lui coûte, quoi qu’il doive subir…il n’allait pas les décevoir. Il en avait fait le serment, jadis…Sur une tombe encore fraîche, alors que les larmes séchaient sur ses joues de petit garçon et qu’en lui brûlait un feu que rien qui le consumerait jusqu’à la fin…Le feu de la justice…Et rien, absolument rien ne l’éteindrait jamais…Oh non…Absolument rien, se dit-il alors qu’il montait sur sa moto garée non loin de là pour foncer dans les quartiers Nord et essayer de sauver ce qui pouvait encore l’être…
« Tuuut…Jeremy Stone.
- Salut.
- Cole ?
- Oui.
- Tu as une voix bizarre.
- Je suis enroué.
- Encore ?!
- Oui. Mais c’est pas pour ma santé que je t’appelle.
- Je m’en doute. Qu’est-ce que je peux faire ?
- Rameute le gang.
- Comment ça ?
- Ton gang, tes mecs…je veux que tu les rameutes. Tous.
- Halo ?
- Oui. Tous. Sans exception. Je vous engage.
- Ecoute, mec, ça s’est pas bien passé la dernière fois et…
- Pas d’excuse. Je veux ton équipe. Et je la veux hier.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? Y a un souci ?
- Oui. Je veux Halo, Jeremy. J’en ai besoin. Je ne peux compter que sur vous.
- C’est si grave que ça ?
- Pire.
- Wow…ok, d’accord. Je rassemblerai les troupes. Il se passe quoi ?
- Je te dirai plus tard. La ligne n’est peut-être pas sûre.
- A ce point-là ?!
- Ouais.
- Merde…à qui tu t’es frotté pour en arriver là, Cole ?
- A peut-être plus fort que moi.
- Cole…ça va ?
- Ouais.
- T’es sûr ?
- Je veux Halo, Jeremy.
- Je t’ai déjà dis que c’est bon. Cole, tu veux que je passe ?
- Non, c’est bon. Je ne suis pas chez moi, de toutes façons. Je ne m’y sentais pas en sécurité…je ne m’y sentais pas à l’aise. Trop de vieux mauvais souvenirs.
- T’es où ?
- T’occupes. On se recontacte demain. Je veux Halo, Jeremy.
- C’est bon, c’est bon…Mais t’es sûr que ça va, Cole ?
- …
- Cole ?
- Tuuut…Tuuut…Tuuut… »
James Gordon était fatigué.
Ça faisait plusieurs jours qu’il ne dormait plus, et surtout qu’il ne passait plus beaucoup de temps chez lui. Il ne voyait presque plus sa femme, et il savait que ce n’était pas une bonne chose. Déjà que ça n’allait plus vraiment entre eux depuis l’arrivée du bébé…ses absences n’étaient pas la meilleure chose pour arranger leur couple. Barbara devait déjà s’imaginer qu’il avait une aventure, ou quelque chose du genre. Ouais. Elle y pensait, il en était sûr. Rien qu’à voir ses airs et ses sourcils qui se fronçaient dès qu’il donnait une excuse pour expliquer son absence…il était sûr qu’elle se doutait de quelque chose. Ah, les femmes…
« Jim Gordon ? »
L’inspecteur se retourna aussitôt. Une main sur le holster et l’arme qu’il renfermait et l’autre en avant au cas où, il posa son regard fatigué sur l’être qui venait de parler…et sa bouche s’ouvrit immédiatement pour montrer sa surprise.
« Jim Gordon, oui… »
C’était un homme.
Il ne le voyait pas bien vu qu’il avait la lumière dans le dos, mais il pouvait vaguement discerner une haute stature, un pull à capuche et…une arme. Une arme braquée sur lui. Le click de la sécurité qu’on enlève se fit entendre quelques secondes plus tôt et Gordon, dos contre la porte de sa maison, sentit son cœur s’accélérer alors que ses doigts ripaient sur l’ouverture de son holster, lui faisant perdre de précieuses secondes pour sa survie.
« J’ai un message pour vous…
- Non… »
James essaya encore une fois d’ouvrir la protection de son arme, mais c’était trop tard. Il était trop fatigué, trop usé par ses heures sans dormir pour être au top de sa forme, et il sentit son cœur presque s’arrêter lorsqu’il vit le canon à quelques centimètres à peine de sa tête. Il allait mourir…Il allait mourir devant chez lui, et il ne pouvait rien faire contre ça, ses doigts s’écorchant sur ce qui devait normalement garantir la sécurité des gens et la sienne…
« Arrêtez de nous emmerder… »
BANG.