Urban Comics
  Batman #27 : Double Face (4)
 
Auteur : Ben Wawe
Date de parution : Août 2007

Résumé des épisodes précédents : Bruce Wayne protège Chicago des criminels, malgré des problèmes de schizophrénie et de culpabilité. Il se doit désormais de retrouver Harvey Dent, procureur de la ville défiguré lors de la première grande affaire de Batman et enlevé par un de ses anciens cas, interné à l'hôpital depuis des années et échappé lors de la guerre des gangs. Cet être fait une fixation sur le sourire et la joie, et il défigure les gens pour les rendre heureux. En plus, James Gordon, le seul flic intègre de la ville et allié occasionnel de Batman, a été surprit dans la nuit et un coup de feu a été tiré !


Les flashs crépitaient.
La horde de journalistes s’amassait sur les barrières érigées à la hâte par les forces de l’ordre. Le palais de justice de Chicago était prit par un semblant de siège, les caméras et micros ayant remplacés les épées et les mousquets de jadis. Une bonne centaine de reporters, tous ceux que les grandes chaînes ou les grandes radios de la ville avaient pu dénicher, attendaient la sortie de la star numéro un de la cité depuis deux jours…et ils espéraient quelque chose. Ils espéraient un événement, une déclaration, un drame, une fusillade…quelque chose. Ils espéraient qu’il se passe quelque chose. Et lui était précisément là pour empêcher ça, et pour comprendre aussi.

Lui, c’était Bruce Wayne, alias Batman. Même si il n’aimait jamais sortir en costume quand le soleil était levé, il ne pouvait faire autrement. Il savait que la sortie de l’attraction principale de la ville, celui-là même qui avait remplacé la disparition de Harvey Dent sur les gros titres de la presse depuis ces dernières quarante huit heures, du palais de justice allait entraîner un mouvement de foule, et il savait aussi que cet homme n’était pas aimé. Il savait que cet homme était détesté. Il savait qu’on voulait le tuer.
Et il allait empêcher. Il allait le sauver. Il allait sauver James Gordon.

Jamais il n’avait cru à sa culpabilité. C’était un coup monté, il le savait.

Alors qu’il affrontait Silence sur les docks et qu’il réussissait à rester maître de lui-même malgré sa colère contre son adversaire, la pression pour retrouver Harvey et sa présence dans ce quartier de la ville qui lui rappelait ses mauvais penchants, Gordon se faisait piéger.
Rentrant chez lui, il avait apparemment tué de sang froid un type qui passait par là et qui lui aurait mal parlé, selon des témoins bien conciliants et observateurs, pour une fois. Ça sentait la leçon répétée, s’était-il dit une heure auparavant quand il était en tant que Wayne dans le tribunal. Ça sentait le coup foireux, et ça en était un.

Mais il ne pouvait rien pour James à ce moment-là…rien, sauf le protéger, évidemment.

Bruce savait très bien que Gordon n’était pas apprécié chez les flics de Chicago, dont la moitié est achetée et l’autre se fiche complètement du destin de la ville. James avait réussi à mener quelques bonnes actions et s’était fait une belle réputation dans la presse, mais ça ne plaisait pas à ses supérieurs. La jalousie et l’envie de se débarrasser d’un fouineur avaient dû être trop grandes à un moment, et ils voulaient donc le faire couler. Ils voulaient détruire un des rares bons flics de la ville parce qu’il avait osé faire ce qui fallait être fait, et sûrement aussi parce qu’ils avaient travaillé ensemble.
Et ça…Et ça, Wayne n’était pas d’accord.

Dès qu’il avait apprit l’arrestation de son « ami », il avait tout fait pour engager de manière discrète les meilleurs avocats de la ville. La procédure fut extrêmement rapide, trop pour être honnête, mais Chicago se remettant à peine de la guerre des gangs, la population avait besoin d’un os à ronger. Elle avait besoin de trouver quelqu’un sur qui se défouler. Elle avait besoin d’un type sur qui se lâcher. Elle avait besoin d’un coupable, et on lui présentait James Gordon sur un plateau…et bien pire encore.

Parce que oui, il n’était pas que accusé de meurtre, étant donné que ça aurait été bien trop facile de prouver qu’il n’avait pas tiré…même Bruce l’avait comprit en analysant les dossiers qu’il avait « emprunté » à la police.

Non, on le faisait tomber pour autre chose. Gordon était accusé de corruption, d’abus de pouvoir, de harcèlement sexuel, de vol et de terrorisme, vu qu’il était proche de Batman et que celui-ci était apparemment considéré comme un terroriste. Wayne trembla à cette idée. Il faudrait vraiment qu’il s’occupe d’arranger son image, quand tout ça serait réglé. Mais plus tard. D’autres choses importaient avant ça.

Un murmure s’empara de la foule.
Batman, qui était posté sur le toit du bâtiment en face du palais de justice, s’accroupit encore plus, n’ayant pas vraiment envie de se faire remarquer. Déjà que Gordon serait sûrement lourdement condamné à cause de leurs liens, il ne voulait pas aggraver son cas encore plus…et il ne voulait pas subir une chasse à l’homme dans tout Chicago de jour, non plus. En pleine nuit, il pourrait s’en sortir et maîtriser la situation, mais avec toute cette lumière…il n’y arriverait pas, et il ne voulait pas jouer au kamikaze. Pas aujourd’hui, non.

« James… »

Gordon sortait du palais de justice, comme le murmure de la foule le lui avait fait comprendre. Mon dieu, pensa-t-il, il va mal. Il avait les traits tirés, la barbe non rasée depuis plusieurs jours et la démarche trop hésitante et trop étrange pour que ça soit naturel. Il avait du mal à marcher, il n’osait pas s’appuyer sur sa jambe droite, et Bruce savait ce que ça voulait dire. On l’avait frappé. On l’avait tabassé. Et c’étaient ses collègues qui avaient fait ça.

Il en était sûr, oui.

Les flics de Chicago étaient à majorité corrompus, mais ils n’osaient pas l’avouer. Et dès que l’un des leurs était arrêté pour ça, pour avoir palpé comme eux, tous se jetaient sur lui, au propre ou au figuré, pour pouvoir lui montrer que « c’était pas bien ». C’était hypocrite, c’était cruel, c’était injuste…mais c’était ainsi. Et Wayne savait, en regardant avancer difficilement son « ami », que James avait subit ce traitement, et qu’ils avaient sûrement eu la main lourde.
La colère apparut alors lentement au fond de lui, mais il fit tout pour la calmer et ne pas s’énerver…ça ne servirait à rien maintenant. Mieux valait la garder pour plus tard et l’utiliser en la contrôlant.

« Monsieur Gordon !
- James, votre avis sur tout ça ?
- Monsieur Gordon, un communiqué pour Channel 5 ?
- Monsieur Gordon, que pensez-vous de ce que vous venez de subir ?
- James, vous sentez-vous coupable ?
- Une déclaration ?
- Aimez-vous les hommes ? Est-ce pour ça qu’on vous a fait tomber ?
- Etes-vous Batman ?
- Batman existe-t-il ?
- Qu’allez-vous faire maintenant ? »

Ayant emmené une petite télévision portative, Bruce pouvait avoir le son de ce qu’il se passait au sol alors qu’il avait une très bonne vue en hauteur. Pour l’instant, tout allait bien. Pour l’instant, Gordon était simplement traîné vers le fourgon blindé chargé de l’emmener à la prison de Chicago, le Metropolitan Correctional Center, basé dans la périphérie de la ville. Et ça serait alors le début de l’enfer pour James…

Tout le monde savait que la prison pour un flic était un arrêt de mort.
Et tout le monde savait que pour un flic non ripou et intègre, c’était encore pire.

Gordon allait souffrir, il allait vivre des choses horribles, et Batman ne pouvait rien contre lui, et il le savait. Il ne pouvait empêcher son « ami » d’être emmené en prison, vu que même si il croyait en son innocence, il voulait faire confiance à la justice, désormais. Quelques semaines plus tôt, il avait tout fait pour devenir, lui, la justice de Chicago, et il ne voulait plus de ça.

Même si ça signifiait laisser James être maltraité en prison, même si ça signifiait devoir simplement attendre que les avocats déjouent le complot, même si ça signifiait ronger son frein…il ne voulait rien faire d’autre. Bruce commençait lentement à remonter la pente, et il ne pouvait se permettre d’aller contre une loi aussi importante que celle-ci. Il voulait être le plus possible dans la légalité, maintenant. Même si ça voulait dire abandonner un de ses rares amis à des semaines d’horreurs sans nom au MCC…

Mais bon, au fond, il n’allait pas vraiment l’abandonner.
Même si il ne le criait pas sur tous les toits, Wayne avait des relations au MCC, à la prison de Chicago. Il pourrait faire en sorte que les gardiens ne laissent pas trop James seul, qu’il soit protégé le plus possible par certains gangs. Il suffisait de faire passer certains messages en tant que Batman à certains membres de groupes criminels pour que soudainement la vie de son ami aille mieux. Il le savait, oui. Et il était prêt à faire ça. Il était prêt à promettre certaines choses à certains gangs pour que James ne soit pas trop détruit par son séjour en prison. Il était prêt, oui. Et il allait le faire.

Soudain, alors que James était presque dans le camion blindé, il sentit…quelque chose. Il ne savait pas quoi, il ne savait pas pourquoi, il ne savait pas comment, mais Batman sentait quelque chose. Il y avait un mouvement inhabituel autour de lui, et il n’arrivait pas à savoir ce que c’était. Et il n’aimait pas ça…il n’aimait pas ça du tout.

« Hum… »

Il approcha sa main de sa ceinture pour prendre un Batarang, mais il sut alors que c’était trop tard.

Le mouvement qu’il avait perçut quelques secondes plus tôt revint, et il comprit alors que c’était derrière lui. Il y avait quelqu’un juste derrière lui, et il ne pourrait rien contre lui. Bruce essaya quand même de se retourner pour se défendre, mais une énorme masse dure s’abattit sur son crâne, et il sut alors que la partie était bel et bien terminée. Il tomba lourdement sur le sol, perdant immédiatement conscience alors qu’il se demandait ce qui pouvait bien lui arriver, et quelle merde il allait bien devoir affronter, cette fois-ci…








« Gordon est au MCC ?
- Oui, patron.
- Bien. Très bien, Merkel. Je ne pensais pas que ça réussirait aussi bien.
- J’ai fait que mon boulot.
- Ne te sous estime pas. Réussir à faire accuser Gordon d’un meurtre qu’il n’avait pas commit, lui mettre toutes ces saloperies sur le dos et faire en sorte de le salir complètement pour faire oublier à la population combien nous avons été mauvais sur la guerre du gang, c’est du grand art. Bravo.
- Vous m’aviez dit que je devais m’occuper de lui. J’ai fait que suivre vos ordres.
- Avec brio.
- Merci, patron.
- De rien, c’est sincère. Bon, le cas Gordon est réglé, non ?
- Normalement.
- Normalement ?
- Bah il a de bons avocats.
- Comment ça ?
- Il a les meilleurs de Chicago. Et il paraît qu’un type de New York risque de venir pour les aider. Nilson, ou quelque chose comme ça.
- Comment est-ce possible ? Gordon n’a jamais eu d’argent.
- Et sa femme non plus. Elle va d’ailleurs avoir du mal à s’en sortir, maintenant qu’il n’est plus là.
- Alors comment peut-il être défendu par des pointures ?
- Je n’en sais rien.
- Tu n’en sais rien ?
- Bah non…
- Bordel, Merkel…t’es vraiment con ou tu le fais exprès ?
- Euh…
- Tu ne sais vraiment pas ?
- Non…
- Putain…
- Mais je vais chercher…
- Tu aurais déjà dû ! Merde, Merkel ! Merde ! On monte une putain d’opération pour faire tomber Gordon, tu réussis au-delà de mes espérances et tu ne cherches même pas à savoir comment un minable flic réussit à avoir les meilleurs avocats de la ville ! Bordel !
- Je vais chercher…
- Y a intérêt ! Et tu vas le faire tout de suite ! J’aime pas ça, merde ! Je veux que Gordon soit une histoire ancienne, et je veux savoir comment sa femme paye ces putains d’avocats ! Et je veux ça pour hier ! Alors bouge ton cul et va me chercher ça ! Sinon tu iras accompagner Gordon ! Si je fais tomber un flic, y a la place pour deux ! »

La porte du bureau du chef de la police claqua alors violemment.


« Youhou…Réveilles-toi, mon tout beau… »

Il avait mal. Il avait extrêmement mal, même.

Toutes les pores de son être criaient leur douleur, et son cerveau était submergé par la souffrance et les signaux nerveux qui lui signalaient son état. Il n’était pas bien, non. Il sentait le goût du sang dans sa bouche, et ses membres refusaient de répondre à ses ordres. Ils ne voulaient pas bouger. Ils ne pouvaient pas bouger, en fait. Et la peur prit alors possession de son cœur, alors qu’il retrouvait peu à peu un état conscient et qu’il comprenait dans quelle situation il se trouvait.

Il avait mal. Il avait du sang dans la bouche. Il n’arrivait pas à bouger. Et il sentait la fraîcheur du métal contre ses poignets et ses chevilles. Ça voulait dire qu’il était attaché. Ça voulait dire qu’il était prisonnier, et que c’était donc pour ça qu’il ne pouvait pas bouger.

D’un côté, ça le rassurait. D’un côté, il se disait qu’au moins le coup qu’il avait prit ne lui avait pas endommagé le cerveau et ses fonctions motrices. Oui, d’un côté il était rassuré. Mais d’un autre côté…d’un autre côté, il avait peur. Et ce n’était pas vraiment bon signe, vu comment il s’était comporté la dernière fois qu’il s’était laissé emporter par sa peur et le reste de ses émotions…

« Youhou…Je sais que tu es réveillé…Je sais que tu ne veux pas ouvrir les yeux, et ce n’est pas très gentil ça… »

Un type. Un type était là.

Et ce type était fou. Il devait faire l’inventaire de ses connaissances sur sa situation avant de faire quelque chose, avant d’espérer pouvoir faire quelque chose. Il était en danger, il le savait, mais il ne devait pas tenter tout et n’importe quoi. Un taré était près de lui. Un taré était en train de lui parler, ce qui voulait dire qu’il risquait de bientôt passer à l’action. Il n’avait plus de temps à perdre…il devait s’y mettre dès maintenant, malgré l’affreux mal de crâne qui le tourmentait depuis son retour à la conscience quelques secondes auparavant.

« Pas très gentil, non…Tu n’es pas un gentil garçon, tu sais… »

Il inspira lourdement, essayant le plus possible de faire le mort même si il savait bien que ça ne servirait pas à grand-chose, malheureusement.

« Même un vilain garçon…et tu sais ce qu’on fait aux vilains garçons ? »

Bon, pensa-t-il, commençons.

Il avait mal, et spécialement à l’arrière de son crâne, ce qui était finalement normal après avoir reçut un coup à cet endroit. Bruce ne savait pas encore si il avait une commotion ou quelque chose du genre, mais il ne semblait avoir aucun symptôme de ce type. Il ne se sentait pas bien et avait mal, mais ça pouvait très bien être dû au simple coup porté qu’à quelque chose de pire. Il ne pouvait donc rien savoir de son état physique à ce moment-là, et ce n’était pas vraiment bien quand, comme lui, on voulait s’échapper le plus vite possible de l’endroit où il se trouvait.
Il sentait du métal contre ses chevilles et ses poignets, et ça voulait donc dire qu’il était emprisonné.
Il n’avait pas encore ouvert les yeux et Wayne ne savait donc pas si il était couché ou debout, mais il pariait pour la première solution. Le taré qui s’approchait de lui « s’amuserait » plus si lui était couché que si il était debout…en plus, ça serait plus simple pour le torturer ainsi. Il faillit frissonner en se rendant compte qu’il pensait à ça, mais il se retint pour ne pas énerver encore plus le dingue qui était près de lui.

Enfin, il n’avait strictement aucune idée d’où il était, de qui l’avait enlevé et de qui était le dingue. Il ne savait pas non plus si il avait encore son costume sur lui, même si le fait qu’il sente le métal froid sur son corps lui faisait comprendre qu’il ne l’avait plus. Ça voulait donc dire que ceux qui l’avaient enlevé connaissaient désormais son identité secrète, et ça risquait d’être encore plus dangereux, quand il sortirait d’ici…enfin, si il s’en sortait. Ça n’était pas encore gagné, malheureusement.

« On les punit !
- Aaaarghh !!!»

Il n’avait pu s’empêcher de pousser ce cri de douleur alors qu’il sentait un objet pointu entrer dans la chair de sa cuisse droite. Ses yeux s’ouvrirent à ce moment-là et il se rendit compte qu’on avait mit un bandeau autour de sa tête, ce qui voulait dire qu’on ne voulait pas qu’il sache qui était en train de le torturer…nouvelle information à garder pour plus tard, si il y avait un plus tard évidemment.

« Hé, hé…tu es réveillé ? »

Bruce sentit le taré bouger l’objet pointu dans sa chair, grattant les côtés de la plaie avec ce qui était certainement un couteau. Ça lui faisait un mal de chien et il se mordait la langue pour essayer de ne pas crier, mais la douleur était trop forte et il devait bien s’avouer vaincu et pousser un gémissement, qui était autant de douleur que de rage de ne pouvoir rien faire pour arrêter cette souffrance.

« Huuuuuummm…
- Oui…Tu as l’air d’être réveillé, petit garçon… »

Il ne bougeait plus. L’objet pointu ne bougeait plus.

Wayne avait toujours mal, la souffrance était toujours grande, mais au moins le taré avait arrêté de le torturer…pour le moment, du moins. Il savait que ça pouvait revenir à chaque instant, mais il allait utiliser ces quelques secondes pour récupérer, essayer d’en savoir plus sur cet enfoiré et tenter de trouver un plan pour se tirer de là. Mais ça allait être difficile, il le savait. Surtout avec cette effroyable douleur maintenant dans sa cuisse…

« Mais tu ne souris pas…qu’est-ce que c’est triste un petit garçon qui ne sourit pas… »

Il avait mal. Son cerveau était embrumé. Il ne comprenait pas grand-chose à ce que le dingue disait, et il était en train de se demander si ça ne valait pas mieux. Son corps lui criait toute sa souffrance, il lui demandait même la possibilité de pouvoir tomber dans l’inconscience, et lui qu’est-ce qu’il faisait ? Il s’accrochait. Il voulait trouver un moyen de s’en tirer alors qu’il savait bien qu’il n’y avait pas d’espoir. Il essayait de s…

Oh merde, pensa-t-il en comprenant enfin le sens des paroles du fou. Oh merde.

Sourire. Il voulait qu’il lui fasse un sourire.
Un dingue voulait qu’il fasse un sourire. Ça faisait tilt maintenant dans son esprit. La lumière apparaissait enfin. Il était aux mains du fou qui avait enlevé Harvey. Il était aux mains du taré qui avait massacré des innocents pour pouvoir prendre le corps inconscient de son ami et certainement le torturer à cause de ce que le procureur lui avait fait. Il était aux mains de l’homme qu’il détestait le plus au monde.

Et…il était énervé. Il était très énervé, même.

« C’est très triste… »

Il avait envie de le détruire. Il avait envie de le réduire en bouillie.

L’homme qui était responsable de l’enlèvement d’un de ses seuls amis était juste à ses côtés, et il était en train de le torturer. Bruce voulait briser chaque os de son corps, mais il savait que ce n’était pas quelque chose à faire.
D’une part, il avait fait le serment de ne plus jamais se laisser aller à ses sentiments, et d’autre part…il était toujours prisonnier. Même si il était très énervé, il ne pourrait pas rompre ses liens pour se venger et s’occuper personnellement de cet enfoiré. Il devait donc attendre une ouverture et tout faire pour être prêt au moment où ça se produirait. Et surtout…il devait subir ce qu’il allait lui faire jusque là sans devenir fou de douleur, ce qui allait être sûrement le plus dur.

« Mais je ne peux rien changer, tu vois…J’aimerai te redonner le sourire, oh oui !, mais je ne peux pas…On m’a donné des ordres, vois-tu…On m’a bien dit de ne rien te faire sur le visage, ou de trop visible…Snif…C’est triste hein ? J’ai donné ma vie pour faire sourire les gens et tu ne pourras même pas en profiter… »

L’ouverture qu’il attendait était peut-être plus rapide à apparaître qu’il ne l’avait cru. Wayne décida de tenter sa chance sur ces quelques mots, ayant comprit que ce type était aux ordres de quelqu’un, et qu’aller sur ce terrain lui permettrait peut-être de le faire libérer…ou d’au moins en savoir plus sur tout ça.

« Des…ordres… ? »

Sa voix semblait d’outre tombe, et il frissonna en l’entendant. Il devait être dans un sacré mauvais état pour parler ainsi.

« Oui, bien sûr des ordres ! Et pas n’importe lesquels, mon enfant ! Mais bon, tu sais bien que j’aimerai te rendre ton sourire…mais je n’en ai pas le droit. Je dois suivre ce qu’on me dit, sinon mon cher Harvey ne me sera pas rendu…Et je dois aussi lui rendre ce sourire qu’il a perdu…Alors je dois obéir, mon cher petit…Je dois faire ce qu’on me dit…Sinon ça sera pire encore…
Mais bon, je reste prudent quand même, même si ça ne plaît pas trop et que te voir sans sourire est un supplice…Je ne vais pas aller contre ses ordres, après tout…Tout le monde sait que désobéir à Cole Cash est signé son arrêt de mort, et le monde a encore trop besoin de moi pour ça… »

Bruce frissonna alors en apprenant qui était celui qui le retenait vraiment. Il était vraiment dans une belle merde, pensa-t-il alors que sa respiration se faisait plus difficile et que la peur s’infiltrait rapidement en lui, encore plus qu’auparavant…Oui…Il était vraiment dans une belle merde.
 
 
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