Auteur : Ben Wawe
Date de parution : Mai 2007
2 janvier 2007.
Cinq heures du matin.
Cathédrale du Saint-Nom. Une des plus belles réalisations architecturales de la ville. Avec son clocher en forme de tour et sa croix en haut de la flèche, elle représentait réellement le côté religieux de Chicago, et drainait énormément de fidèles à chaque office. Le parking était presque toujours rempli, d’ailleurs, et la fréquentation du site s’était encore accrut ces derniers temps. La guerre des gangs avait rappelée aux habitants de la cité qu’ils ne pouvaient pas tout contrôler, et que l’aide d’une Puissance Supérieure pouvait aider, parfois. Il sourit légèrement à ça en regardant deux jeunes marcher étrangement entre les rares voitures encore présentes devant le bâtiment.
Placé sur le toit de la Cathédrale, au-dessus de la rosace en verre imposante et des lourdes portes d’entrée du bâtiment, Batman attendait. Ça ne faisait pas dix minutes qu’il se trouvait ici que déjà il avait remarqué ces deux gamins assez louches traîner autour des voitures. Il préparait quelque chose, il pouvait le sentir. Et lui qui était venu ici pour se reposer et réfléchir un peu avant de reprendre ses activités soupira lourdement en voyant ça, se demandant si il aurait droit un jour à la paix qu’il recherchait tant…
« Je dois être maudit. »
Wayne avait lentement murmuré ça.
Lui qui s’était toujours refusé à parler ou à faire du bruit durant ses missions ou ses actions en tant que Batman, il avait décidé de changer ce genre de choses. Depuis tous ses derniers problèmes, avec son côté brutal et violent qui avait prit parfois le contrôle, le médecin avait prit la décision de transformer certains éléments de sa vie et de son comportement, et ça en faisait partie.
Bien sûr, ça nuisait à sa discrétion et ça changeait profondément sa façon d’agir, mais d’entendre parfois sa voix et de sourire quelques fois en costume…ça ne pouvait que lui faire du bien. Lui qui s’était enfermé dans une cage avec son uniforme en cuir, lui qui était devenu quelqu’un d’autre à cause de qu’il portait à ce moment-là ne voulait plus revivre cela, et Bruce commençait donc à se transformer, même si le chemin serait encore long et difficile. Mais il avait l’envie et la détermination d’y arriver, donc il ne voyait pourquoi ça ne réussirait pas…non, il ne voyait vraiment pas pourquoi.
« Ah… »
Un léger sourire apparut sur son visage à ce moment-là.
Les deux jeunes venaient de trouver leur proie, apparemment. Arpentant pendant quelques instants le parking à la recherche d’une voiture facile à voler mais suffisamment attirante pour pouvoir être revendue ou utilisée pour appâter de la compagnie féminine, ils avaient jetés leur dévolu sur une vieille Pontiac Firebird bleu foncé, dans un état encore assez correct.
« Bon choix…Dommage de ne pas pouvoir en profiter… »
Lentement, Batman déplia ses bras et se releva. Lui qui avait été accroupit jusque là, sa longue cape sur ses épaules et sur le reste de son corps pour le faire le plus discret possible, venait de se relever avec une grâce certaine, héritée de l’habitude. Il venait souvent ici, en fait. Même si il n’était pas très croyant depuis la mort de ses parents, il avait réussit jusque là à trouver une certaine sérénité près de cette Cathédrale imposante, et il soupira encore une fois de voir un de ses rares moments de calme stoppé par deux pauvres gosses paumés mais qu’il devait quand même arrêter.
« Allez… »
Il prit calmement sa respiration avant de regarder une dernière fois l’endroit où se trouvaient les deux voleurs. Wayne sourit légèrement, tout en se jetant avec un calme extrême dans le vide. Lentement, il sentit l’attraction terrestre faire son office et le projeter de plus en plus rapidement dans le vide, alors que l’air filait sur son visage recouvert d’un masque. Le sol se rapprochait de plus en plus…mais lui, il souriait.
Simplement heureux de pouvoir faire ce genre de choses avec son mental intact et son esprit lui obéissant, Bruce faisait désormais ses rondes avec plus de sérénité et de contrôle. Mais il décida d’arrêter de penser à ça, et de se concentrer sur ce qu’il devait faire. Ces gosses avaient à être stoppés. Et il était là pour ça.
Ayant déjà dans sa main une corde avec un grappin au bout, il la lança vers un des arbres bordant la Cathédrale alors qu’il tombait toujours. Très serein, le protecteur de la ville sourit légèrement lorsqu’il sentit que le bout de fer s’accrochait dans une des branches, et utilisa toute sa force pour pouvoir profiter de la corde et du sauvetage qu’elle allait immédiatement lui donner.
Ainsi, il réussit à éviter la chute mortelle pour se déplacer même vers l’endroit où se trouvaient les deux adolescents, lâcha le bout de fil avant de se réceptionner avec une agilité certaine sur le sol, usant totalement de sa cape et de l’effet de surprise pour se donner un caractère surnaturel qui ferait bien sûr son impression sur les deux voleurs.
« Oh merde… »
L’un d’entre eux l’aperçut et lâcha immédiatement son bout de fer, qu’il utilisait pour tenter de forcer la portière. Sa bouche s’ouvrit pour montrer toute la surprise et la terreur qui commençait à prendre le contrôle de son corps, alors que son compagnon le regardait d’un air étrange, ne comprenant pas bien ce qu’il se passait. Puis il posa son regard sur l’endroit que fixait son ami, et le même comportement apparut alors sur lui, faisant sourire encore une fois Batman, qui aimait bien voir les petites frappes comme ça crever de peur dès son approche.
« Ne bougez plus. »
Sa voix avait été froide et impériale.
Mais il savait que même si il n’avait rien dit, les jeunes n’auraient pas fais le moindre geste. Tétanisés par son apparition et par la réputation qu’il traînait depuis les événements des dernières semaines, et qu’il regrettait toujours d’ailleurs, ils n’avaient pas la moindre envie de fuir et de s’attirer les foudres de cet être monstrueux que tous craignaient désormais…et ça l’arrangeait bien, d’ailleurs.
« Vous savez ce dont je suis capable. Ne faites pas de bêtises. »
Wayne lança alors vers chacun deux cordes étranges et utilisées par les unités d’élite pour stopper leurs adversaires et les empêcher de bouger par la suite. Avec deux points à chaque bout du fil solide, cette arme était très efficace et violente, mais le médecin s’en fichait. Les gamins auraient un peu mal, mais ils allaient être stoppés…c’était tout ce qui importait. Du moment qu’il ne dépassait pas certaines limites, il pouvait bien faire un peu mal à ceux qu’il appréhendait…Ca intensifierait sa réputation, et ça ne pourrait pas lui faire de mal…Du moins, si il ne se laissait pas griser par elle…comme la dernière fois, malheureusement…
« Voila.
Maintenant, vous allez attendre la police.
Vous allez être jugés, et vous allez être condamnés. Mais ne faites pas de conneries. N’essayez pas de vous évader ou de recommencer à votre sortie. Je vous ai à l’œil, maintenant. Je sais qui vous êtes, je sais ce que vous faites. Vous êtes surveillés. Alors ne tentez pas le diable. Ne me défiez pas. Car je gagne toujours à ce genre de choses…toujours… »
Batman leur lança un regard noir alors qu’ils étaient totalement immobilisés par les cordes sombres, et après ce discours fait avec une voix extrêmement dure et froide, il courut vers sa moto, qu’il avait laissée derrière la Cathédrale. En quelques secondes à peine, il fut près d’elle et sauta dessus, avant de toucher avec sa langue un petit bouton sous son menton, dans son costume, et de parler d’un ton calme et posé dans le micro qu’il venait ainsi d’allumer.
« Alfred ? »
Une voix un peu étouffée et mélodieuse se fit alors entendre dans son oreille droite, où se trouvait son petit écouteur caché à l’intérieur de son masque.
« Oui, monsieur ? »
Bruce sourit doucement en entendant la voix de son employé, et alluma rapidement son engin tout en parlant d’une voix posée à l’homme à l’autre bout de Chicago.
« Pourriez-vous appeler la police et dire qu’il y a un colis pour eux devant la Cathédrale ?
- C’est urgent ?
- Non, ils ont le temps. Ils sont bien ficelés, et un peu d’attente ne leur fera pas de mal.
- Bien, je transmets. Vous comptez rentrer bientôt ?
- J’arrive. J’ai fini ma ronde. Je suis fatigué.
- Bien. Je prépare ce qu’il faut. »
Wayne appuya à nouveau avec sa langue sur le petit bouton pour mettre fin à la conversation. En même temps, il zigzaguait dans les rues presque désertes de Chicago sur sa moto, spécialement transformée pour ses besoins, sentant l’air frais filer sur son visage alors qu’il souriait grandement, simplement heureux de pouvoir faire de telles rondes sans risquer de perdre le contrôle de lui-même, même si il lui fallait toujours être prudent…Il accéléra alors pour sentir l’adrénaline monter encore plus en lui, filant dans les grandes avenues de la cité avec un plaisir certain…
Bruce entra calmement dans le passage souterrain menant à la cave de sa maison. Placée à l’entrée du quartier de banlieue où il habitait, cette entrée était une sorte de pente cachée dans la terre qui menait à un long couloir sombre, qui finissait dans la cave. On pouvait ouvrir cette trappe avec un système électronique que seul possédait Wayne, et celui-ci avait appuyé quelques secondes auparavant, pénétrant donc dans ce petit passage secret qui le mènerait à sa base.
Après quelques secondes où il passa tout le couloir faiblement éclairé, il arriva donc au sous sol forgé dans la pierre et dans la terre qu’il s’était aménagé des mois durant sous sa maison. Stoppant l’engin sur lequel il était avec une grâce et une habitude certaines, il s’arrêta au centre de l’endroit, là où il posait en général sa moto.
Là, le médecin descendit de son véhicule et leva la tête vers l’escalier que descendait au même moment Alfred Pennysworth, une bouteille d’eau à la main et l’air toujours fier et sûr de lui sur le visage.
« Bonne soirée ? »
Le majordome lança la bouteille vers son employeur, qui enlevait doucement son masque de visage. L’attrapant au vol, Wayne but rapidement le précieux liquide qui coula dans sa gorge et calme sa soif, avant de répondre d’une voix un peu fatiguée et lasse à celui qui était désormais juste devant lui.
« On peut dire ça.
Quelques voleurs, une tentative de meurtre et une gamine retrouvée. On a vu pire comme soirée. Mais bon…je n’ai toujours rien trouvé sur Harvey. Ni sur Cash, d’ailleurs. Aucun indice, aucune trace ou preuve quelconque à utiliser. Rien. Et je n’aime pas ça. »
Le médecin prit une deuxième très longue gorgée et finit la bouteille, avant de la jeter calmement dans une poubelle à ses côtés. Il se dirigea ensuite vers la grande table disposée près de ses différents costumes, et collée au mur en pierre de la cave, avec une carte de Chicago accrochée au-dessus du meuble.
« Voyez… »
Bruce montra de la main des tonnes de papiers divers disposés sur la table. Alfred le suivit calmement, les mains derrière le dos et l’œil vif. Son employeur parla alors d’une voix fatiguée et un peu énervée, montrant bien à quel point le fait qu’il ne trouve rien pour sauver son ami et coincer son adversaire le rendait fou…ou presque.
« Ca fait des semaines que j’essaye de retrouver la trace de Harvey, mais rien. Et ça fait autant de temps que je me renseigne sur Cash et ses amis pour savoir comment il a pu créer un tel clone de lui, mais je ne trouve rien non plus. Personne ne sait quelque chose, ou alors ils ont trop peur pour parler. Et dans les deux cas, ça n’est pas bon… »
Il s’assit sur son fauteuil en cuir et posa ses deux mains sur la table avant de reprendre avec le même ton qu’auparavant.
« D’un côté, si personne ne sait où est Harvey et comment Cash a fait, ça veut dire que Harvey est peut-être mort et que le Parrain est encore plus fort que je ne le pensais. Et de l’autre côté, si ils ont trop peurs, ça veut dire que l’homme qui a enlevé Harvey est assez dangereux pour inspirer la terreur chez les criminels, de même que Cash. Et vu la réputation que je me traîne chez les gangsters en ce moment, si ils ne veulent rien me dire, ça montre vraiment qu’il y a quelque chose que je ne comprends pas entre le Milieu, Cole Cash et celui qui retient Harvey captif…Et je n’aime pas ça… »
Bruce soupira une nouvelle fois. Il observait les différents rapports de police sur Harvey Dent et les quelques rares notes de l’asile de Chicago sur le patient mystère, celui qui avait prit son dossier lors de son évasion. Vu qu’il y avait eut plusieurs problèmes lors de la guerre des gangs, personne ne s’était soucié que le bâtiment soit coupé d’électricité pendant quelques heures, mais malheureusement, tous les dossiers avaient été effacés.
Evidemment, il y avait les dossiers écrits et rangés dans les archives, mais cet homme avait emmené le sien avec lui lors de son départ…et avait ensuite enlevé Harvey Dent. Mais pourquoi ? Dans quel intérêt ?
« Vous ne savez toujours pas qui c’est ?
- Non… »
Le médecin se tourna alors vers Alfred.
Celui-ci se tenait droit à ses côtés, observant la carte de Chicago, annotée à plusieurs endroits par le propriétaire des lieux lors de ses différentes enquêtes. Wayne sourit légèrement en le voyant ainsi. Ça faisait déjà quelques semaines qu’ils avaient repris contact, et leurs liens commençaient lentement à revenir. Bien sûr, tout n’était plus comme avant, et leur manière de parler le montrait. Mais heureusement, ça revenait peu à peu, et il en était vraiment heureux…et soulagé.
En fait, ce retour tenait plus du miracle qu’autre chose, et Bruce le savait. Ayant insulté et été stupide avec l’homme qui avait été longtemps au service des Wayne avant qu’il ne le retrouve, il ne pensait jamais avoir la chance de pouvoir avoir son aide. Mais Alfred avait entendu les informations et n’avait pu laisser l’enfant qu’il avait connu à sa naissance avant d’être son employé après quelques années loin de la famille dans une telle galère.
Revenu en retard pour la guerre des gangs, il avait accepté les excuses du médecin, et était revenu à son service. Le directeur du Wayne Hospital savait bien que tout n’était pas encore totalement oublié, et surtout que rien n’était oublié…mais ça commençait à aller mieux entre eux. Pennysworth lui apportait son soutien dans la vie de Bruce Wayne et son aide dans celle de Batman en appelant anonymement la police pour lui. Vu que Gordon lui en voulait encore, c’était sa seule manière de s’assurer que ses actions payeraient, et Alfred avait accepté de l’aider ainsi…de participer à ce qu’il faisait. Et c’était ça le plus important pour l’homme qui avait failli perdre l’esprit quelques semaines précédemment.
« Le système informatique a été ravagé durant la guerre des gangs par une coupure de courant. On ne sait pas encore comment tous les dossiers ont pu être détruits, mais Gordon pense que c’est sûrement à cause d’un hacker qui a voulu s’amuser pendant cette folie.
- C’est réparable ?
- Je n’en sais rien. Avec tout ce qu’il s’est passé, les services de dépannage sont débordés, et vu que la grande majorité des dossiers étaient aux archives, ça ne presse pas réellement selon la mairie. Seulement, le problème, c’est que je ne sais pas qui est ce taré, et que sans ça, je ne peux pas faire grand-chose.
- Le maire ne veut pas retrouver Harvey Dent ? Pourquoi ne fait-il pas tout pour aider à sa recherche ? »
Wayne lança un regard fatigué au quadragénaire à ses côtés.
« Le maire ne veut pas provoquer de remouds encore plus importants. Les élections approchent, et il sait que son fauteuil n’est pas stable. Même si il a gagné un peu de sympathie et de points avec la guerre des gangs qui s’est plutôt bien terminée, même si la fin me reste en travers de la gorge, il ne veut pas tout risquer en cherchant Dent.
- Pourquoi ?
- Parce que si il faisait vraiment tout pour chercher Harvey, il serait obligé d’avouer à la population qu’un taré qui assassine les gens en les défigurant est dehors. La ville a déjà eu un serial killer il y a quelques mois. Il ne veut pas risquer les élections en annonçant ça maintenant, surtout qu’il sait qu’on n’arrivera sûrement pas à le retrouver avant le premier tour.
- Je vois… »
Bruce soupira et se passa la main dans ses cheveux mouillés par la transpiration. Il se cala profondément dans son fauteuil, avant de regarder à nouveau le peu d’indices qu’il avait sur cette affaire. Ça le rendait fou…enfin, au figuré. Il n’aimait vraiment pas le fait de rester dans l’ignorance, de ne pouvoir agir comme il le désirait. Harvey était aux mains d’un monstre destructeur, et il ne pouvait rien faire pour l’aider. Et ça le rongeait de l’intérieur, à chaque jour qui passait sans résultats…
« Je ne sais même pas pourquoi il a été enlevé…
On pourrait penser qu’il a été prit au hasard, par malchance, mais j’ai l’intuition que non…Rien que le fait que Cole Cash connaisse ce type, sache où il se terre et pourquoi il a enlevé Harvey, ça me fait vraiment penser qu’il y a une vraie raison…Bien sûr, Cash a pu me mentir, mais je n’y crois pas…Cibler Harvey, comme ça, juste après s’être échappé de l’asile…même pour un fou, ça n’aurait pas de sens, et les fous ont toujours un sens dans leurs actions, sauf qu’on ne le voit pas vraiment. Je suis sûr qu’il y a une raison, qu’il y a quelque chose qui fait que Harvey a été prit au hasard. »
Wayne joignit lentement les mains en continuant de parler, fixant toujours la table devant lui alors que son majordome était juste à ses côtés, encore debout.
« Si je savais qui il était, je pourrais trouver la raison de cet enlèvement dans son passé. Je pourrais aussi dresser un profil psychologique et essayer de découvrir où il se cache. En général, les fous ou types de ce genre, qui font une fixation sur quelqu’un, car je suis sûr qu’il en fait une sur Harvey, et bien ils se posent dans des endroits qu’ils pensent symboliques ou liés à leurs fixations.
Oui. Si je connaissais son identité, je pourrais au moins tenter de le comprendre et de prévoir ses actes. Comme avec Bane. Mais là…Sans rien savoir de lui, sans connaître son identité ou même quelques informations…je ne peux rien faire… »
Il bailla légèrement avant de reprendre, posant ses mains sur son visage et fermant ses yeux en sentant la fatigue prendre lentement le contrôle de son corps.
« M’enfin…
Je suis peut-être passé à côté de quelque chose…
Avec la guerre des gangs, j’ai eu un boulot fou à l’hôpital…J’ai dû arrêté mes rondes pour opérer et ne pas être trop fatigué pour ça, mais maintenant, la majorité des indices ont disparus…Et personne ne parle… »
Le médecin soupira, alors que Alfred prenait pour une des rares fois la parole, de sa voix claire et mélodieuse, le regard toujours tourné sur la carte devant lui.
« Oui. Je crois que vous êtes passé à côté de quelque chose, même si vous êtes sur la bonne voie. »
Son employeur baissa ses mains et le regarda d’un air étrange, se demandant bien où Pennysworth voulait en venir.
« Comment ça ?
- Vous avez bien dis que vous pensiez que l’enlèvement de Harvey Dent n’était pas le fruit du hasard mais que le comportement de ce fou et les paroles de Cole Cash vous faisaient penser que c’était volontaire, n’est-ce pas ?
- Oui…et ?
- Si Harvey Dent n’a pas été enlevé par hasard, ça veut dire que le fou le connaissait, ou du moins qu’il avait quelque chose contre lui…enfin, qu’il avait un lien avec lui. Quelque chose, donc.
- Oui… »
Alfred sourit légèrement à ce moment-là.
« Quel est de nouveau le métier de Harvey Dent ?
- Il est procu… »
Mais Wayne n’alla pas plus loin. La lumière venait de se faire dans son esprit, et un énorme sourire apparut sur son visage alors qu’il comprenait ce que son majordome voulait dire et avait deviné à sa place.
« Alfred…Vous êtes génial… »
Il fit un grand sourire à Pennysworth alors que son esprit fonctionnait à cent à l’heure.
Si Harvey n’avait pas été enlevé par hasard, ça voulait dire que le fou avait quelque chose contre lui, comme le majordome l’avait dit. Et vu que Dent était procureur, il était très probable que le fou ait été condamné à l’asile par sa faute. Ainsi, ce type, en sortant, aurait décidé de s’en prendre à celui qui l’avait envoyé dans sa chambre capitonnée, et il devait donc le haïr pour ça. Oui. Ça devait être ça. Ça ne pouvait être que ça…
« Vraiment génial… »
Bruce se leva alors d’un bond. Il s’en voulait de ne pas avoir pensé à ça tout seul, mais se félicita d’avoir retrouvé Alfred, vu l’aide qu’il venait de lui apporter. Il remit rapidement son masque et commença à courir vers sa moto, oubliant la fatigue par l’apparition de l’adrénaline et de l’excitation dans son corps qui manquait toujours de sommeil, mais qui se taisait désormais.
« Où allez-vous ?
- Au bureau d’Harvey. »
Le médecin sauta sur son engin et enclencha les gaz avant de regarder son employé en souriant. Il lui parla d’une voix pour une fois enjouée, se sentant enfin bien car étant certain que la réponse lui apparaîtrait bientôt et qu’il pourrait sauver son ami…enfin.
« J’ai trop tardé. Il faut que j’utilise chaque seconde pour trouver l’identité de ce fou. En tout cas, merci, Alfred. Je me demande ce que je ferais sans vous.
- Vous deviendriez fou, vous torturiez des criminels qui ne le mériteraient pas et vous auriez du mal à contrôler vos penchants violents. »
Pennysworth venait de lui lancer une petite pique, mais il s’en fichait. Batman lui fit un signe de la tête, avant de disparaître dans le couloir souterrain, extrêmement motivé par ce qu’il venait de comprendre, et désireux de faire enfin la lumière sur toute cette histoire…Harvey serait peut-être bientôt sauver…Peut-être, oui…Et il ferait tout pour ça…Absolument tout…