Urban Comics
  Hawkeye #17 : Les deux cotes de l'epee (7) : Retour chez les Damnés
 
Auteur : Zauriel
Date de parution : Septembre 2005

Ils marchaient simplement dans la rue. Enfin, simplement est un grand mot. Côte à côte, ils déambulaient sous la lumière blanchâtre et fantomatique des quelques réverbères qui ornaient les rues. L’u portait un masque noir qui lui recouvrait uniquement les yeux. Il portait un grand ensemble noir, un arc et des flèches. Son acolytes semblait un peu plus fantaisiste. Le casque qu’il portait ne lui recouvrait que la partie supérieure de son visage. Par dessus son armure où flamboyaient un cheval rouge, il portait un blouson qui ne portait pas de mine. Ils ne disaient pas un mot. Seuls leurs pas résonnaient sur l’asphalte. Hawkeye trouvait cette situation quelque peu amusante. Depuis qu’il était revenu, il avait admiré les prouesses des nouveaux héros new-yorkais, celui qui se déguisait en araignée, et l’autre qui portait un masque de démon. Il avait suivi, comme tout le monde, leurs combats, dans la presse, à la télévision. Et quand il est devenu l’archer, il avait pensé pouvoir faire équipe avec l’un d’eux, ou tout du moins les approcher pour les connaître, savoir leur point de vue sur le problème de la double identité. Mais il ne le pouvait pas. Combien de fois s’était-il imaginé cette petite histoire, dans laquelle il se ridiculisait :
« Salut, je suis nouveau en ville. Je suis un héros, je voudrais aider les gens, un peu comme toi.
- C’est cool pour toi, mec ».
Et pof, gros blanc. Alors quelque part ça l’amusait un peu de faire équipe avec un autre héros « anonyme », comme le chevalier noir. Avoir discuté avec lui de l’état de héros l’avait en quelque sorte rassuré. Ils arrivèrent devant un grand immeuble. Une vingtaine d’étage, tous vitrés. Personne à l’entrée pour les empêcher de pénétrer à l’intérieur, c’était louche. Ils entrèrent tout de même. Clint avait sorti on arc, et dans un grincement interminable, Dane avait dégainé son épée. Le hall d’accueil était tout simplement magnifique. De grandes tentures rouges et or ornaient les murs. JFK, Nixon, Reagan, ils étaient tous là, dans un simple cadre, souriant comme dans leurs campagnes présidentielles. C’était chouette comme décor, sûr, mais macabre aussi. Derrière le bar, un homme d’une cinquantaine d’années les avait vus entrer. De longues gouttes de sueur coulaient sur son crâne dégarni. Il pressa un bouton sous le comptoir. Les deux énergumènes s’approchèrent avec détermination. Le Chevalier Noir enleva son casque et fit un sourire engageant au majordome..
« Jarvis, mon vieux Jarvis ! Ca faisait longtemps, dis moi. »
Devant cette attitude, à laquelle in s’attendait pas, Jarvis bafouilla.
« Monsieur Dane, bien, je, tout… »
Le sourire tout sucre quitta brutalement les traits de Whitman et ses traits reprirent sa gravité naturelle. Il prit Jarvis par le col et le souleva. Le vieil home donnait des coups de pied dans le vide, en poussant les même cris qu’un chiot apeuré. Hawkeye, les bras croisé, regardait faire son associé.
« Jarvis, où sont mon frère et Sebastian ?
- Je sais pas. Je sais pas. Je n’en sais strictement rien
-Arrête de glapir, tu m’énerves, Jarvis. Tu sais absolument tout ce qui se passe ici, qui reste, qui s’en va. Alors ne me fais pas croire que tu ne sais as où sont ces deux personnalités si importantes aux yeux du Cercle.
-Là haut, gémit Jarvis. Là haut dans les appartements de monsieur Shaw.. »
C’était fait. Dane reposa le vieil homme par terre et le regarda avec un mélange de pitié et d’affection.
« Tu ferais mieux de te barrer, vieillard. Va y avoir pas mal de grabuge dans le coin »
Jarvis ne se le fit pas dire deux fois. Il ramassa ses affaires qui traînaient sur le comptoir et se dépêcha de sortir. Il ne cessait de regarder derrière lui, la peur gravée sur le visage.
« Quelle bande de fous, songea-t-il. Oui je m’en vais. De toute façon, avec mes capacités de maître d hôtel, je suis sûr de me retrouver du boulot. »
Pendant que le vieil hommes disparaissait à toutes jambes dans la nuit, nos deux héros attendaient l’ascenseur. Clint observait du coin de l’œil son équipier et rit.
« T’as pas été un peu dur ?
- Quoi ? Avec le vieux Jarvis ? Non du tout. C’est un brave type. Il en a vu d’autre. »
Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent devant eux, et une petite musique légère, quoiqu’un peu chiante, les accueillit. Ils restèrent silencieux, attendant que les portes s’ouvrent au quinzième étage, là où se situait le bureau de celui qu’on appelait le Roi Noir, du club des damnés.
Ding, les portes s’ouvrent et le bal commence. Planqués derrière des tables renversés, des gus tirent à tout va. Et pas de minces pruneaux. Bon équipement, bonnes armes. L’archer renverse une table et prie pour que le petit tour qu’il va tenter marche. Il met trois flèches sur sa corde et bande son arc. Deux projectiles seulement atteignent leurs cibles. Le troisième mec, sûr de sa victoire, s’approche de Hawkeye. Il ricane. Mais il n’a pas vu l’ombre, dans son dos. Le chevalier plonge la lame dans son dos et l’homme s’écroule, sans un bruit.
« Joli coup, fait Clint. »
Pour seule réponse, Dane lève le pouce. Ils continuent leur pérégrination dans le couloir, qui paraît sans fin. Sur leur droite et sur leur gauche, des dizaines de portes derrière lesquelles on entend des hommes et des femmes au bord de l’extase, des truands régler de petites affaires entre eux. Tout ça à couvert, derrière la grande façade de divertissements qu’offre le Club des Damnés. Mais ces portes là ne les intéresse pas. Non, celle qui les intéresse, c’est celle qui ferme le couloir, celle sur laquelle ne figure aucun numéro. Ils s’arrêtent. Derrière la porte se font entendre des bruit de dispute. Tous deux prennent une grande inspiration. Clint prend la poignée dans sa main et la fait tout doucement tourner. Les trois hommes, à l’intérieur, s’arrêtent de parler, net. Celui qui aurait pu présider aux Enfers, à la place de Lucifer, Sebastian Shaw, et le frère damné, Proctor, font tout deux volte face. Le dernier homme, lui, tourne le dos aux deux nouveaux arrivants. Il se retourne beaucoup plus lentement que ses deux funestes camarades. Son visage est affligé de tristesse.
« Papa, fit Clint, qu’est ce que tu fous là ? »
 
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