Auteur : Zauriel
Date de parution : Octobre 2005
« Bonjour, madame. Que puis je faire pour vous ? »
La vieille femme était arrivée dans le bar pendant que Dane s’occupait de nettoyer les tables. Il était huit heures, et il était au boulot, contrairement à un certain monsieur Barton. Elle portait une petite robe violette, un chapeau ridicule avec une marguerite dessus. Dane, en la regardant, avait envie de chercher une pince pour la couper.
« Je cherche Clint Barton. »
Dane pouffa. Est-ce que Clint leur faisait cet effet là à toutes ? Il pensa à son ami, jouant les Don Juan dans les maisons de retraites. Il reprit son sérieux avant de répondre.
« Je suis désolé, madame. Il semble qu’il ait un peu de retard, ce matin. Je lui laisse un message ?
Pas la peine . »
Dane et la vieille dame sursautèrent. Elle ne l’avait pas entendu arriver, et lui fut frappé par le visage serein, calme et repos de son ami. Les traces de fatigue et de souffrance qui stigmatisaient ses traits la veille encore avaient disparu.
« Un vrai remède miracle, cette fille, songea Dane »
Clint, lui, s’étonna de la présence de la vieille dame qu’il avait sauvé il y a quelques nuits de cela. Il lui tendit la main et se présenta en lui adressant son plus beau sourire.
« Je suis Clint Barton. En quoi puis –je vous être utile, madame ?»
- Miss. Miss Agatha Harkness.
- Bien, miss. Alors?
- Eh bien je suis ici pour vous renvoyer l’ascenseur.
- Pardon ?
- Vous m’avez sauvé, l’autre nuit. Et vous avez l’air de quelqu’un qui a besoin d’aide.
-Vous devez confondre, miss. C’est la première fois que… Que faites vous ? »
La vieille dame était en train de fouiller dans son sac avec ardeur. Elle en sortit tant bien que mal une boite de cigarettes Malboro.
« Rien, je cherchais mon meilleur ami, l’homme aux santiags. »
Elle s’en alluma une.
« Continuez, si je vous ai coupé.
- Je disais que c’est la première fois que nous nous rencontrons.
- Oui, d’une certaine manière. Quand vous m’avez sauvé, l’autre fois, vous portiez un masque, un arc et des flèches. »
Dane avait fait semblant de ne pas prêter attention à la conversation, mais aux derniers mots de miss Harkness, il sentit son corps entier se raidir.
Agatha reprit, amusé par l’air de Dane.
« Oui, et vous monsieur Whitman, je ne vous ai jamais rencontré. Pas même caché sous votre casque. »
Dane fit volte face. Clint était resté interdit, et n’osait plus rien dire, ni même bouger. Cette femme en savait trop.
« Ne vous inquiétez pas, monsieur Barton. Votre secret est bien gardé, avec moi.
- Cessez de lire dans mes pensées, fit-il les dents serrées.
- Excusez moi. Une vieille habitude que j’ai prise. Maintenant, je vais vous laisser. J’ai l’air de vous importuner. »
Elle fouilla encore une fois dans son sac et en sortit une carte, qu’elle lui tendit. Clint remarqua alors que ses mains étaient décharnées. Sur la carte, il pouvait lire :
Harkness.
Sorcellerie.
540, Broadway
« Voilà. Passez me voir quand vous voulez. A n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. »
Clint ne fit pas un seul geste pour prendre la carte. Ses yeux restaient fixés dessus. D’un coup, il se reprit. Son ton était chargé de curiosité, mais aussi d’ennui.
« Mais qu’est ce que vous voulez, à la fin ?
Je vous l’ai dit, monsieur Barton. Je souhaite vous renvoyer l’ascenseur
Et que comptez vos faire ?
Vous donner ce que vous désirez le plus.
Une Lamborghini ?
Non. Votre âme. »
Le visage tout à l’heure rieur d’Agatha se fit alors dur et grave.
« Je peux vous aider à la récupérer. A vous faire comprendre certaines choses de votre passé, propos de votre père, de votre famille, et…
- Sortez d’ici, la coupa-t-il.
- Soit. Mais ce soir, quand vous porterez votre costume, monsieur Barton, vous serez agressé par un individu du nom de Georges Batroc un français, du moins d’après son accent. Il a été embauché par les mêmes personnes qui ont embauché la jeune femme qui allait vous tuer il y a quelques nuits, monsieur Barton, les mêmes personnes qui ont engagé Zaran, le maître d’armes, que monsieur Whitman a vaincu hier soir, lorsque le chasseur de primes l’a défié dans une sombre ruelle.
- Comment le savez vous ?, s’écria Dane. La ruelle était déserte, et je n’en ai pas encore parlé à Clint.
- Je le sais, c’est tout. Batroc sera accompagné par un autre chasseur de primes, qui restera dans l’ombre durant tout le combat. Vous serez sauvé par l’intervention d’un allié inattendu, dont je ne connais pas non plus le nom.
-Et alors ?
-Eh bien, je vous propose un marché.
-Lequel ?
-Si mes prédictions se révèlent être a vérité, venez me voir après votre combat. Dans le cas contraire, ne prenez pas la peine de vous déplacer et vous n’entendrez plus parler de moi. Cela vous convient-il ?
-C’est parfait.
-Bien. Alors à ce soir, monsieur Barton. Monsieur Whitman, je suis heureuse d’avoir fait votre connaissance.
Moi de même, madame, lui répondit Dane avec un ton qui ne pensait que le contraire. Elle sortit du bar, et dès qu’elle fût hors de vue, Dane lança e torchon avec lequel il essuyait les tables dans la tête de Clint
« Imbécile, souffla-t-il
- De quoi tu parles ?
- T’as pas fait gaffe, voilà de quoi je parle. T’as dû te faire arracher ton masque, ou perdre ton permis de conduire dans a rue pour qu’elle sache qui on est.
- Oh, ça va.
- Quoi, ça va ? Si ça se trouve, elle fait parti des mecs qui ont ollé la prime sur notre dos
- Tu te trompes. Et mon âme ? »
La colère de Dane cessa dans l’instant. Il se sentit stupide.
« Tu as raison. Je me suis trompé. Mais je me demande… Comment peut –elle être au courant ?
-Sorcellerie.
-Tu rigoles, là ?
-Dane, on a affronté ton frère qui était possédé par un esprit prisonnier d’une épée --d’ébène. Alors après avoir vécu ça, je suis prêt à croire presque n’importe quoi. »
Dane n’avait pas répondu. Il ramassa le torchon aux pieds et recommença à essuyer les --tables, les yeux dans le vague.
« Dane, tu ne vas pas très bien en ce moment.
-Toi aussi, t’es médium ?
-Je m’excuse.
-C’est rien »
Il resta silencieux un moment, puis se retourna. Sa voix semblait torturée.
« Clint… Est-ce que je suis fou ?
- Quoi ?
- Hier, j’ai vu mon père, et James.
- Cette nuit ?
- Non, je préparais des boissons au bar. Et je me suis retrouvé avec eux, dans un désert. Mais sous les armures, ce n’étaient que des squelettes. »
Clint s’était approché de son ami. Il posa la main sur son épaule.
« Dane, je comprends ce que tu ressens. Ca ne fait pas quatre mois que c’est terminé. Mais ce ne sont que des rêves.
- Je sais, admit Dane. Mais j’ai peur de devenir comme eux.
- Tu as prouvé que tu étais meilleur qu’eux. Ne l’oublie pas. »
Yelena arriva dans le bar en ce moment. Les écouteurs dans les oreilles, elle beuglait « Run baby Run." et ne semblait pas avoir entendu ce dont ils parlaient.Elle posa son sac et enleva ses écouteurs.
« Désolée de mon retard. Alors on bosse? »