Auteur : Zauriel
Date de parution : Juin 2006
Clint, sous son alias de Oliver Queen, suivit Joe derrière les salles de jeux. Le corridor était étroit, et éclairé par des chandeliers électriques fixés aux murs. Ils parvinrent à une toute petite porte. Joe frappa trois coups, brefs, et ouvrit la porte à son invité.
« Tu ne rentres pas ? »
Joe fit signe que non. D’un geste, il invita Clint à entrer. Dès qu’il fût dans la pièce, il referma la porte. Derrière un énorme bureau, un homme corpulent en costume noir rayé fumait un cigare. Un gros cubain, le genre de cigares qui doit être vendu en édition limité. Ses cheveux grisonnants étaient plaqués en arrière par de la laque. Sa main gauche était ornée d’un gros diamant, peut être du toc, mais ce diamant avait de la gueule. Près de celui qui devait être le don, un géant faisait la statue, les bras dans le dos, l’air menaçant, et sûrement armé. Le don devait être quelqu’un de sacrément important pour qu’un gorille comme ça soit avec lui. Fortunato posa son cigare dans un cendrier et proposa un siège à Clint, qui s’assit prudemment, comme si sous le siège en question se cachait un piège. Il posa calmement ses mains sur les poignées, et attendit. Dans ce genre de situation et avec ce genre d’homme, il valait mieux les laisser débuter la partie. Le don sourit, et toussa un peu. Puis il se pencha en avant, s’appuyant sur ses coudes, et regarda son hôte droit dans les yeux.
« Alors monsieur Queen, d’après ce que me disait mon vieil ami Joe, vous seriez un super-héros ? »
Comme le dénotait aussi bien son patronyme que son accent, l’homme avait une forte origine italienne. Et un sacré sens de l’humour, d’après ses paroles.
« C’est exact, monsieur. »
Le don eut un geste de mépris.
« . Appelez-moi Angelo. Vous avez dit à Joe que vous pourriez me débarrasser d’une affaire gênante. Si vous pouvez m’aider, vous êtes mon ami et vous recevrez toute ma considération. »
Je dangereux, Clint. Pour les beaux yeux de Barb’, t’es en train de faire ami-ami avec un mafieux. Te laisse pas embobiner.
Le don, appelez-moi Angelo, haussa les sourcils devant la réponse qui n’arrivait pas. Avec un brin d’exaspération dans la voix, il reprit.
« Je sais que vous êtes ici sur la demande de notre chef de la sécurité, mademoiselle Morse. Pourquoi ne m’en a t-elle rien dit ? »
Evidemment, il fallait que ça se sache. Tu te la pètes dans les salles de jeux version grand prince, mais t’as oublié que t’as débarqué dans la voiture de Barbara.
Il passa sa langue sur ses lèvres, et finit par répondre.
« Mademoiselle Morse m’a demandé de venir pour résoudre cette étrange histoire, mais elle voulait faire ça le plus discrètement possible, pour ne pas vous alarmer, je pense . Mais pour mener mon enquête, j’ai besoin d’interroger votre personnel et de visionner les bandes d’enregistrement. Je devais passer par vous, mais Barbara a pensé que je n’y étais pas obligé. »
Fortunato reprit son cigare et se pencha en arrière dans son fauteuil.
« J’ai une totale confiance en mademoiselle Morse. Mais dites-moi tout de même, monsieur Queen, pourquoi je vous ferais confiance ? Pourquoi je vous donnerais les bandes ? Peut être que vous n’êtes qu’un opportuniste, un reporter en mal de scoop qui cherche les gros titres. »
Clint en eut alors assez de garder profil bas. Ok, Fortunato était un mec connu dans le monde de la mafia, de Vegas jusqu’à Chicago. Mais il était là pour donner un coup de main.
« Ecoutez, Angelo, je sais très bien que vous jouez un jeu dangereux avec moi. Trois hommes influents ont été tué dans votre casino, vous ne pouvez pas appelez les flics, parce qu’il y aurait une fuite. Mais malgré tout, cette histoire, si vous la laissez trop longtemps au placard, finira par transpirer, et vous pouvez me croire, ça ne sentira pas bon. Je suis là à la demande d’une amie, mais si vous refusez mon aide, je partirai. »
Fortunato eut l’air un peu soufflé. Tout le monde ne devait pas lui parler sur ce ton. Le gorille, prêt de la porte, tiqua, mais reprit aussitôt sa position de statue.
« Vous avez besoin des bandes d’enregistrement. ? »
Clint opina.
« Bien. Vous les aurez. Mais vous n’y trouverez pas grand chose. L’individu était masqué. Un mercenaire costumé, sans doute. »
Clint soupira. Encore un barge en collants. Il commençait à en avoir un peu marre. Fortunato claqua des doigts, et le géant prêt de la porte sortit.
« Monsieur Queen, qu’allez vous faire si vous ne trouvez rien sur la bande ? »
Clint se détendit. L’homme semblait avoir confiance en lui, désormais. Il se pencha un peu dans son siège, sans lâcher les poignées.
« Je vais bluffer. »
Fortunato dut se contenter de cette réponse très vague, mais pleine de promesses. Le garde du corps revint, les bandes dans les mains, enroulées sur de grands rouleaux.
« Je vous ferais monter un appareil dans votre chambre, pour que vous puissiez les visionnez à loisir. J’attends des résultats, monsieur Queen. Vous serez grandement récompensé. »
Clint déglutit. Cette déclaration était à double tranchant. Il fallait qu’il fasse attention et qu’il trouve rapidement une réponse. Il prit congé, sans oublié les bandes, et le regard quelque peu menaçant de son hôte.
Retour à la chambre 210. on lui a amené un rétro-projecteur, et il a monté les bobines de films. Il les regarda en prenant des notes. Premier meurtre. Dans la nuit du 1e du mois. 2 heures du matin . Une ombre se profile, masqué, comme l’avait dit Fortunato. Dans une combinaison noire, avec une épée à la ceinture. Une femme, d’après les formes sous la combinaison. Elle crochète la porte de la chambre de Manuel Herrera. La porte s’ouvre, elle dégaine son épée, et rentre. Elle ressort de la pièce sept minutes plus tard. Deuxième meurtre à deux heures trente. Même opération. Et ainsi que la troisième, vers trois heures moins dix.
Clint se passa la main dans les cheveux. Ca clochait. Il y a des caméras de surveillance partout dans les couloirs, et personne ne lève le petit doigt quand une sorte de ninja s’y promène avec une épée. Pourquoi personne n’était intervenu ?
Barbara rentra dans la chambre sans crier gare. Elle avait l’air furieuse. Elle jeta sa cigarette d’une pichenette dans la poubelle, et alla droit sur Clint, l’index lever, comme un pistolet en joue.
« C’est quoi, ce matos ? D’où ça sort ? Tu sais qui m’a convoqué, tout à l’heure ? Le patron. Et il avait pas l’air très heureux de te savoir là. Mais il me fait confiance, donc t’as pas intérêt à te planter ? Qu’est ce qu’il y a ? Pourquoi tu réponds pas ? »
Clint réfléchissait.
« Le mec dans la régie ? Il est où ? »
Barbara fit signe qu’elle avait compris ce qu’il volait faire.
« Pas la peine, Clint. On l’a trouvé égorgé sur son tableau de contrôle. »
Tu m’étonnes que personne n’ait donné l’alarme. Il y a eu quatre morts, ce soir là.
Barbara courait dans la chambre, faisait les cent pas, se rallumant une nouvelle cigarette.
« On est morts, Clint. On est morts. On trouvera pas qui a fait le coup, le patron va nous faire tuer parce qu’on en sait trop sur ces meurtres pour en parler à la presse, et pas assez pour découvrir qui est le coupable. On est foutus, foutus. »
Clint ne fit pas attention à elle. Il allait faire ce qu’il avait dit à Fortunato. Il allait trouver le meurtrier, comme il l’avait promis.