Urban Comics
  Hawkeye #24 : Nocturne
 
Auteur : Zauriel
Date de parution : Novembre 2005

La journée s’annonça morne. En milieu de semaine, tout le monde bossait. Les rares clients qu’ils avaient vu étaient les habitués qui venaient prendre un café, après le déjeuner. Le temps était orageux, et le vent s’était levé.20 heures. Yelena remercia des clients qui partaient de leur généreux pourboire et profita qu’il n’y avait presque personne pour aller voir Dane, qui lavait les verres et les tasses dans l’arrière boutique.
« Alors, beau gosse ? Pas trop dur ?
-Non, ça va. Et toi, comment ça se passe ?
-Bof, bof. Le mec m’a donné un pourboire.
-C’est bien, ça.
-C’était pas pour le service, si tu vois ce que je veux dire.
-Je vois.
-Dis, ça fait longtemps que tu connais Clint ?
-Six mois, à peine.
-Vous vous êtes rencontrés comment ?
-On a … des connaissances en commun
-Marrant. Ca fait six mois que vous vous connaissez, et on dirait des frères, toujours ensemble.
-On a vécu certains trucs.
-Tu me raconteras ?
-Une autre fois. »
Dane pensa, tout en essuyant les coupes : « Ben, oui. T’as qu’à lui dire que si vous vous entendez si bien, tous les deux, c’est parce que vous descendez d’une famille de héros. »
Il inspira longuement. Dans son ventre, il sentait son estomac se tordre comme un carambar. Il se remit à trembler, et la coupe lui échappa des mains. Dane la vit tomber au ralenti, mais n’arriva pas à la rattraper. Il jura et sortit la pelle et la balayette pour ramasser le verre brisé. Voilà que ça recommençait. Il n’allait pas tarder à péter les plombs. Dans sa tête, il entendit un grésillement, comme si on cherchait une station radio. Puis la voix de Proctor, toujours aussi désagréable, même de l’autre côté de la tombe, se fit entendre. « Oui, Dane. Tu…
- Oh, toi, ta gueule, la coupa-t-il mentalement. »
Il fit un effort pour revenir à la réalité. Yelena lui tenait la main. Il s’était coupé et un fin filet de sang coulait sur son bras.
« Dane, il faut que t’ailles voir un médecin Tu n’arrêtes pas d’avoir ce genre de malaise. Ca m’effraies, tu sais. »
Elle alla chercher de l’alcool et un pansement. Il se laissa soigner.
« Et toi, fit-il, depuis combien de temps tu le connais, le Barton ?
-Ca fait douze ans. Enfin, on n’a perdu le contact pendant dix ans. Du jour au lendemain, il a disparu, sans laisser de traces.
-Vous étiez… proches ?
-Oui, on sortait ensemble.
-Ca a du être dur.
-Tu peux pas savoir à quel point. Mais je me suis remise. »
Pendant qu’ils parlaient, elle s’était approchée. Elle n’avait pas lâché sa main. Il l’embrassa, doucement.
« Je m’excuse. Je ne sais pas ce que je fais. »
Elle sourit.
« Si tu le sais. Ne t’excuse pas, sinon c’est moi qui l’aurait fait. »
Dane se détendit. Il ne sentait plus la douleur dans son ventre, et sa main ne lui faisait plus mal. Clint arriva. Il était vainement en train de coiffer sa tignasse blonde et s’habillait à toute vitesse. Sa chemise était à moitié ouverte.
« Karla n’est pas là, demanda Yelena
-Je dois la rejoindre. On dîne ensemble ce soir.
-C’est pour ça que c’est la grande classe, remarqua Dane.
-Tu es jaloux ?
-Ouais, j’aurais voulu t’avoir comme ça toute la soirée avec moi, mais bon, mon rêve est brisé, Clint.
-Ca va, Dane. Je peux vous laisser le bébé ?
-Pas de souci, répondirent les deux autres à l’unisson.
-Vous avez l’air de bien vous entendre, tous les deux.
-Très bien, même. Allez, tire toi. Ne la fais pas attendre.
-Vous n’avez qu’à me le dire, si je dérange. N’hésitez pas à fermer de bonne heure, t à virer les pèlerins.
-Ok. Bonne soirée. »


Plus tard.

« Je ne sais rien de toi.
- Oh, il n’y a pas grand chose à dire.
-Il y a toujours des choses à dire.
-Eh bien, je suis de Miami. Mon père avait un magasin de pèche, et ma mère était ----représentante chez Ford.
-Drôle de couple.
-Tu peux le dire. J’ai suivi des études pour enseigner, et depuis, je parcourre le pays pour faire quelques remplacements, de ci, de là.
-Ca doit être intéressant.
-Oui, ça permet d’échapper au passé. »
Malgré elle, Kala sentit la chair de poule sur ses bras. Echapper au passé, à son ancienne vie, à Andrew… Echapper à Andrew, son tortionnaire. Lui échapper était son unique chance de salut.
« Et toi ?, s’entendit-elle dire
-Oh, moi, je suis d’ici.
-T’a toujours vécu à New York ?
-Non, j’ai vécu dix ans à Chicago. Je suis de retour depuis peu de temps.
-Tu devais être jeune, quand tu es parti. »
Clint se contenta d’ hocher la tête distraitement. Il regarda autour de lui. Il avait emmené Karla au Louis XIV, un restaurant français. On appelait ce roi, le roi-soleil, à cause de son extravagance et de son arrogance. Le décor était somptueux, et les plats, délicieux. Bref, l’endroit était enchanteur. Mais ni le calme du restaurant, ni la présence de la ravissante jeune femme à ses côtés n’avaient réussi à calmer son angoisse. La vieille dame avait-elle tort ? Le dénommé Batroc l’agresserait-il ce soir ? Si cela se produisait, il ne pouvait se permettre de d’être accompagnée de Karla. Il regarda l’énorme pendule qui ornait l’entrée. 01h15. Le dîner touchait à sa fin. Tant mieux. Il demanda l’addition et ils sortirent. Il enleva son blouson pour lui couvrir les épaules. Ils marchèrent silencieusement, se tenant par la main. Au seuil de l’immeuble, elle lui proposa.
« Tu veux monter ?
-Je suis désolé, je ne peux pas . »
Elle eut une moue de déception.
« Je comprends. On ne se connaît pas depuis longtemps..
-Ce n’est pas ça. Je rêverais de rester avec toi, mais je ne peux pas.
-Ok. »
Elle l’embrassa.
« On se voit demain ?
-Si je ne suis pas mort.
-T’as pas d’humour, Clint. A demain. »
Elle monta chez elle sans se retourner. Clint fonça en courant au Médiéval. Là, il trouva Dane et Yelena en train de dîner aux chandelles. Ils se dévoraient des yeux tout en parlant de tout et de rien. Clint sourit. Ils ne le virent pas monter dans son appartement et descendre les escaliers quatre à quatre, un sac sur le dos. Il valait mieux qu’il ne sorte pas de chez lui déguisé. Il se changea dans une ruelle, à côté. Là, un clochard ronflait, la tête sur un coussin miteux et décousu. Il tenait fermement une bouteille de vin, à demi consommée, à la main. Hawkeye était de retour sur la scène, et il s’élança dans les rues, à l’affût d’un crime, ou de l’apparition hypothétique du mystérieux Batroc

Au même moment, ailleurs . Dane se réveilla en sursaut. Sa tête lui faisait mal. Encore un de ces foutus cauchemars. Il regarda à côté de lui, et vit que Yelena n’était plus là. Il se leva, et se traîna jusque dans la salle de bain. Là, il prit une aspirine, et contempla longuement son visage, dans le miroir. Il sourit. Il avait passé un très bon moment, et elle aussi. Il revint dans la chambre et alluma la lumière. Il trouva un petit mot sur son chevet.
« Dane, je t’aime. Je dois passer chez moi prendre quelques affaires. Je reviens vite. »
Dane Whitman se sentit alors le plus heureux des hommes.


Alors qu’il inspectait une énième rue, Hawkeye entendit un craquement derrière lui, comme si l’on écrasait une brindille. Il se retourna et esquiva d’un mouvement de l’épaule la jambe de son agresseur. Il fit un pas en arrière, et le considéra. L’homme ne portait pas de masque, de déguisement, ou d’autre symbole. Il avait attaché ses cheveux noirs en catogan. Son visage était couvert d’une barbe sale. Il portait un long imperméable, du style que portait Bogart à l’écran, un t-shirt blanc et crasseux qui faisaient remarquer que : « les punks n’étaient pas morts . » et un pantalon de jeans déchiré.
« Il ne paie pas de mine, celui là, songea l’archer. »
Il recula encore d’un pas et tendit son arc en direction du type.
« Georges Batroc, je présume?
Ce dernier haussa les sourcils.
« On se connaît ?
-Non, c’est Marraine la fée qui m’a parlé de toi.
-Tu délires, mon pote.
-Laisse tomber. »
Il laissa partir sa flèche, mais à sa grande surprise, Batroc l’évita sans difficulté.
« C’est toi qui a tué Zaran ?
-Non, c’est le chevalier. C’était un de tes potes ?
-C’était un gros con. Aucune classe, aucune finesse. Enfin, tout arrive. Tu vas mourir, -l’archer »
Batroc commença à avancer. Il avait une manière de bouger peu commune. Les bras en avant, les doigts pliés comme des griffes. Clint décocha une autre flèche, mais Batroc bougeait vraiment trop vite, et ses postures n’étaient pas humaines. On aurait dit qu’il pouvait se plier dans tous les sens pour éviter les projectiles. Il décida donc de rentrer son arc, et d’employer la « bonne vieille méthode ». Il serra les poings, et se mit à avancer lui aussi. Il envoya un crochet à la face, mais là encore, le français fit preuve d’une agilité surprenante. De plus, Hawkeye s’énervait. Son adversaire esquivait tous ses coups mais n’essayait en aucun cas de le toucher. Il se contentait de regarder l’archer donner des coups dans le vide. Hawkeye décida de reprendre son souffle et fit quelques pas en arrière. Mais c’est qui ce mec ? Il évite tout, bouge comme une anguille et il ne veut pas te toucher. Enfoiré.
« T’as pas l’air de t’amuser, l’archer ?
-Si, comme un petit fou.
-Oh. Alors tu permets que je m’invite à la fête ? »
D’un pas, il fut sur lui et se mit à lui fracasser tout le corps. Hawkeye ne voyait pas les coups venir. Batroc bougeait à une vitesse incroyable. Il tomba à genoux. Batroc le considéra avec mépris et lui donna un coup de pied dans la tête.
« Je m’attendais à mieux. Au fond, la prime ne m’intéresse pas. Je croyais qu’un mec dans ton genre pourrait bouger un peu plus vite. Voilà, je suis encore déçu. Je vais devoir te buter, maintenant. »
Il s’agenouilla près de Clint et commença à l’étrangler. Il lui enleva son masque
« Tu vas mourir en tant qu’être humain normal »
Clint ne pouvait absolument plus bouger. La pression qu’exerçait le chasseur sur son cou était vraiment trop forte. De plus, Clint avait l’impression qu’il l’hypnotisait. Ses yeux jaunes étaient plongés dans les siens. Soudain, il entendit une détonation et sentit les doigts autour de son cou se desserrer. Batroc roula sur le côté. Clint réussit à se remettre debout. Devant lui, une jeune femme masqué tenait le revolver qui avait refroidi le français. Elle portait une combinaison entièrement noire, et une araignée sur la poitrine. Clint était suffisamment loin d’elle pour qu’elle ne puisse pas voir son visage. « t’as du bol, coco, que ce putain de réverbère soit en panne, pensa-t-il. »
Il avait encore mal partout. La femme pointa le revolver sur lui. Et Clint pensa à une vieille métaphore. « Tomber de Charybde en Scylla ». Ca fera une belle épitaphe. Il regarda longtemps le trou noir du canon du revolver, et pensa à celui que se trimballait Clint Eastwood dans les volets de « L’inspecteur Harry ».Il ferma les yeux. Le coup de feu partit, et Clint se sentit tomber...
 
 
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