Urban Comics
  Hawkeye #34
 
Auteur : Zauriel
Date de parution : Août 2006

Il allait devoir être bon, très bon. Fortunato ne lui laisserait sûrement pas le temps de filer s'il se plantait, et il le savait très bien.Et s'il se retrouvait face au Don sans résultats, ça risquait d'être un très mauvais moment à passer. Il avait lu dans les yeux du vieil homme cette étincelle d'arrogance qui semblait apparaître comme un présage. Un présage qui disait: « attention petit, tu ne peux pas gagner contre moi ». Il ne pouvait effectivement pas gagner contre Fortunato. Mais il n'était pas là pour jouer au plus malin. Il était là pour aider Barb, faire en sorte qu'elle sache qui avait tué trois de ses clients et un de ses hommes en l'espace d'une seule nuit. Il n'était pas là pour Fortunato, alors il pouvait laisser son orgueil au vestiaire. Fortunato lui avait soufflé quelque chose à l'oreille. « Dans le personnel. » Ca, oui, c'était sacrément logique. Celle qui avait fait ça ne pouvait pas être une cliente. D'après ce que lui avait dit Barb, personne ne pouvait rentrer dans la régie sans la clef, clef qui n'était pas distribué aux clients, avec un petit mot: venez tuer notre mec en régie. Fortunato lui avait donc indiqué la marche à suivre. Réunir le personnel, et lui jouer le grand numéro. Lui jouer le numéro qu'ils n'oublieront jamais, et qui pousserait le coupable à se montrer. Pourquoi se montrerait-il? lui avait demandéBarton. Parce que les coupables se montrent toujours, avait répondu
Fortunato avec un sourire complice sur ses lèvres plissées. Clint n'avait pas essayé de discuté. Autant convaincre un requin de s'acheter une salade. Il avait donc réuni tout le monde dans la plus grande salle du casino. On avait demandé aux clients de renoncer à cette salle, celle où il y avait les meilleures tables de jeux, les meilleures machines à sous, pour deux heures. Certains avaient protesté, prétextant que le client était roi, que c'était un scandale. Joe s'était montré, les clients s'étaient tus et s'en étaient allés.Les croupiers, les serveuses, les administrateurs, les balayeurs, tous étaient là, à regarder la scène vide en attendant que quelque chose se passe, que quelqu'un intervienne. Le rideau se leva sur un homme d'une trentaine d'années, blond, barbu, aux traits fatigués, qui avait sur le visage et dans ses yeux la menace d'une colère subite. Il toussa un peu, et quand on braqua l'éclairage sur lui, il rit, gêné. Il commença alors son discours.

« Bonjour à tous. Certains d'entre vous me connaissent déjà. Je suis Oliver Queen, et je viens de New York. C'est votre chef de sécurité, Miss Morse, qui m'a demandé pour résoudre les meurtres dont vous avez sûrement entendu parler. Je sais que c'est une situation assez stressante, mais je suis obligé de mettre un peu d'huile sur le feu. La tueuse, oui car il s'agit d'une femme, se trouve parmi nous aujoud'hui. Elle est serveuse, balayeuse, ou autre chose mais elle est parmi nous, nous en sommes plus que certains. J'ai eu l'occasion de visionner les cassettes qu'elle pensait, à tort, avoir détruit. Elle est masquée, porte une épée, et un uniforme. C'est une criminelle, voleuse et tueuse à gages, dont j'avais entendu parler puisqu'elle a déjà commis des méfaits sur la côte Est. Je connais quelques personnes àNew York qui pourront certainement m'aider afin d'avoir son alias, et son identité secrête.Voilà mes amis je pense avoir suffisamment abusé de votre temps, mais votre direction tenait à vous dire à quel point vous étiez en sécurité, puisque nous avons déjà la coupable entre les mains. »

Il descendit de scène, il n'y eut pas d'applaudissements. Les membres du personnel se regardaient les uns les autres afin de trouver sur un visage la trace d'une culpabilité quelconque. Certains jouaient nerveusement avec leurs doigts, d'autres levaient les yeux, mais il n'y eut aucune action étrange à déceler chez aucun d'entre eux. Clint rejoignit Barb en coulisse. Elle avait une cigarette entre les lèvres, et aspirait nerveusement la fumée. Elle courut sur lui et le gifla à toute volée. Clint ne broncha pas.
« C'était dû à quoi?
A toi et à ton intervention pourrie, espèce de connard. Tu viens de donner à celle qui a fait ça le prétexte pour se barrer. Tu crois qu'elle va rester ici bien sagement en attendant qu'on la chope? Mais t'es totalement demeuré ma parole! »

Elle leva encore la main et s'apprêta à le gifler pour la seconde fois, mais il lui prit le poignet le lui serra quelques secondes. Son regard se fit dur et il gronda.
« Arrête ça. Oui je pense qu'elle va rester ici. Et tu sais pourquoi? Parce que primo elle est rusée. Tu crois pas que ça ferait un peu bizarre qu'elle se barre tout de suite, après mon petit speech? Deuxio, je ne pense pas qu'après ce que j'ai dit, Fortunato laisse partir qui que ce soit avant que j'ai réussi à boucler cette enquête. Alors remercie moi. »

Barb grommella quelque chose d'incompréhensible, et partit, lui tournant le dos. Clint la regarda s'éloigner et repensa à tout ce qui la liait à cette femme.
Il avait dit un jour à Dane Whitman qu'il ferait d'elle sa femme, lors de l'affaire Proctor. Barb était endormie, et le Chevalier Noir venait d'apparaître dans sa vie. Puis elle est partie, le laissant dans une vie qui paraissait nouvelle, un bar à tenir avec un ami proche, une ancienne liaison revenait dans sa vie, il trouvait l'amour en la personne de Karla, qui s'avérait être la femme d'un fou psychopathe. Fou qui détruisit la vie de Dane en lui coupant un bras, Dane qui brisa leur amitié, Barb qui l'appelle. Sa vie ressemblait à un feuilleton télé depuis qu'il avait endossé l'identité de l'archer. Abandonner? Pourquoi pas? Après tout, la seule issue possible quand on portait ce masque, c'était une mort prématurée, violente, et le malheur autour de soi. Prenez son père, par exemple. Sa femme est partie à cause de Hawkeye, et peut être que si elle n'avait pas pris le volant, elle ne serait pas morte. Max est mort après avoir sacrifié l'âme de ses deux fils. L'avait-il vraiment voulu? Non, lui avait révélé Agatha Harkness, sa grand mère à en croire certains papiers, lors d'une expérience métaphysique désagréable. Son frère Josh était mort alors qu'il endossait à peine le costume. Et lui, Clint Barton, il était dans l'impasse. Depuis combien de temps avait il utiliser ses flèches?

Quatre heures plus tard. La nuit est tombée sur le casino et Clint est parti dehors, regarder les étoiles. Il portait son long manteau de cuir noir. Dans sa poche, il sentait son mince masque noir. A quoi lui servait-il? Si le plan de Fortunato réussissait, c'est à Clint que la tueuse s'attaquerait, pas à Hawkeye. Soudain la colère l'envahit. Il était en colère contre lui même, contre Barb, contre le Don, contre Joe, contre Dane. Si. Il était Hawkeye. Il fallait qu'il cesse de faire cette stupide distinction entre son identité civile et son héritage. Hawkeye avait morflé auparavant, avec son frère et son père, mais ce n'était plus le cas aujourd'hui. Et il allait le prouver.

Il se rendit sur le parking. Barb lui avait laissé un double de la clef de la Porsche. Il avait laissé son arc et ses flèches dedans. Il ouvrit le coffre et toucha l'arme. Seule, elle était inoffensive, Un bout de bois aux extrémités recourbées qui se rejoignaient par un fil tendu au maximum. Clint souleva le drap qui recouvrait ses flèches et appréccia leur formes. Pointue, fines, ailées, violettes. Il rit. C'était pure narcissime de sa part, il en convenait. Un super héros qui se balladait avec un blouson violet et un masque noir ne pouvait pas avoir des flèches jaunes, les ménagères de moins de cinquante ans auraient hurlé en voyant ces couleurs. Alors? Qu'attendait-il? Il enfila son masque, le sweat shirt violet marqué d'un grand H à côté des flèches, son blouson pourpre, quand il entendit derrière lui des pas. Il se retourna, arc bandé, flèche à la main. Les réverbères marquaient une ombre sur le sol qui s'approcha petit à petit. C'était elle. Une très belle jeune femme avec, comme sur la vidéo, une épée à la ceinture. Elle avait des cheveux couleur d'argent, et son costume, ainsi que son masque, étaient d'un blac immaculé.
Elle dégaina son épée et fit face à Clint, qui n'avait toujours pas bougé.
« Silver Sable, je présume? »
 
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