Urban Comics
  Hawkeye #35 : Changement de voie
 
Auteur : Zauriel
Date de parution : Octobre 2006

La tueuse fut pétrifiée en entendant son nom. Ses mains se mirent à trembler, et elle regarda Clint avec incrédulitéderrière le masque blanc qui recouvrait entièrement son visage. Clint s'était alors rappelé une histoire que lui racontait sa grand mère, quand il avait cinq ans. On ne pouvait craindre une créature de l'ombre, par exemple une gargouille, du moment que l'on savait la nommer. C'est exactement ce qui se passait alors avec Silver Sable. Il avait su la nommer, alors il n'aurait rien à craindre d'elle. La tueuse rangea son épée dans son fourreau, et croisa les bras.
« Qui êtes vous vraiment, monsieur Queen? »

Il baissa son arc, en souriant. C'est vrai que vivre avec le masque d' Hawkeye sur le visage lui avait toujours donné une certaine assurance, une force que l'identité de Clint Barton seule n'aurait pû lui donner. Ses doigts tripotaient les ailes de la flèche qu'il manipulait.
« C'est moi qui pose les questions, Silver. Je m'en contrefous de satisfaire ta curiosité. Moi, je suis là pour résoudre des meurtres. »

Sable déglutit. Elle ne s'était pas attendu à ce que cet étranger venu de New York réagisse comme ça, ou soit le super héros archer exilé de New York, Hawkeye. Elle avait vu à la télé le récit de ce qui s'était passé. Hawkeye aurait tué une jeune femme au sommet d'un immeuble sous les yeux de la police. Elle fit un pas en arrière, et ses mains s'étaient rattachées à la poignée de son épée. Son masque blanc luisait sous la lumière orange des réverbères qui lui donnait un air menaçant.
« Désolée, je n'avais pas fait attention. Intéressant de faire venir un héros renégat et meurtrier pour résoudre des assassinats . »

Sable esquissa un mince sourire sous son masque, mais elle fut surprise de la rapidité avec laquelle l'homme se déplaça. Il bondit devant elle, la prit à la gorge, et pointa la flèche devant don masque, juste entre les deux yeux. Hawkeye avait les dents serrées. Sable, même si elle n'en menait pas large, était contente de son petit effet.
« Le point faible, héros. On ne supporte pas la calomnie, et... »

Elle se tut quand Clint lui arracha son masque pour dévoiler à ce monde nocturne son visage et son identité . Elle avait de grands yeux pâles, des lèvres pleines et sensuelles. Son visage lui donnait une certaine innocence qui collait mal à l'activité qui la faisait vivre. Hawkeye fut un temps déboussolé par cette vision angélique, puis il posa le poinçon entre les deux yeux et appuya un petit peu. Une goutte de sang apparut sur le visage d'une blancheur sans égale, et Sable paniqua.
« Arrête, espèce de cinglé. Arrête, et je te dirai ce qui s'est passé. »

Clint la reposa à terre, retira sa flèche, et n'eut pas le temps de la voir dégainer son épée et et lui placer sous la gorge. Elle le serra contre lui. Il sentit la lame sur sa peau, et retint sa respiration, de peur que sa glotte vienne effleurer le métal au mauvais moment. Elle chuchota à son oreille.
« Tu ne dois pas être un assassin. Sinon, je serais déjà morte. Mais malheureusement, tuer, c'est mon truc, et tu es un obstacle, coco, alors... »

Pour la deuxième fois en l'espace de cinq minutes, Sable n'eut pas le loisir de terminer sa phrase. Sur sa tempe était appuyé le canon d'un revolver. De l'autre côté de l'arme, une Barbara Morse qui ne semblait pas très heureuse que l'on menace ainsi son associé.
« Lâche le, coco, car si l'archer n'est pas un tueur, moi j'aurais aucune scrupule à t'envoyer en Enfer. »

Elle laissa Clint. Barb lui fit signe de poser son arme. Le sabre tomba et résonna un instant sur le sol. Le chef de la sécurité regarda Hawkeye avec colère.
« Je peux pas te lâcher sans que tu te fasses avoir par une espèce de garce?
La dernière fois, c'est toi qui jouais ce rôle là. »

Barbara ne s'attendait pas à une pique de ce genre, elle pâlit un instant mais ne répondit rien . Clint jaugeait leur prise de la soirée. Sable avait levé ses bras nus en signe de réddition.
« Je te reconnais. Tu étais une femme de chambre. Qui t'a payé? » , fit Barbara.

La fille ne répondit que par un sourire, et baissa les yeux. Si elle devait mourir cette nuit, soit. Barbara releva le chien.
« Qui t'a payé, espèce de sale pute? »
Elle avait crié. Hawkeye trouva étrange qu'elle se mette ainsi en colère. Sable eut un soupir de mépris.
« Je suppose que tu vas me faire sauter la cervelle, si je ne te dis rien.
Exact.
Alors suivez moi.
Attends, c'est quoi ton coup fourré?
Ce n'est pas un coup fourré, ma jolie. Je vais te montrer pourquoi ces trois enculés sont morts, et après tu comprendras. Suivez moi, ma voiture se trouve dans le coin. »

Ils firent quelques pas et s'arrêtèrent devant un coupé Mercedes. Sable, toujours menacé par l'arme de Barbara, ouvrit le coffre. A l'intérieur, trois disques . Barbara se remit à crier.

« Tu te fous de notre gueule? Tu nous amène à ta bagnole pour nous montrer trois foutus disquettes?
Est ce que tu sais à quoi servent des disquettes? A sauvegarder des données, ma chère. Alors pas la peine de crier comme ça. C'est ce qui est à l'intérieur qui est intéressant, répondit elle en faisant jouer les trois morceaux de plastiques entre ses doigts. Maintenant, il nous faudrait juste un ordinateur. »

Après que Clint eut enlevé son masque, ils entrèrent dans le casino. Rien ne bougeait. Les spots de veille effleuraient les machines à sous et les tables de jeux. Ils traversèrent quelques salles pour se rendre dans la régie. Le poste était occupé par plusieurs personnes qui se relayaient, le temps que l'on trouve quelqu'un d'autre pour remplacer le pauvre Ralph. Leur chef de sécurité leur fit signe de dégager. Barbara arracha les cds à Sable et en introduisit un dans le lecteur. Elle alluma l'écran et regarda le contenu.
Les trois spectateurs étaient tous les trois mal à l'aise. Sur la bande vidéo, des actes de pédophilie atroces, violents, malsains. Sable était désolé d'avoir à montrer cela aux deux autres, mais c'était le seul moyen de sauver sa peau. Une fois que la vidéo se fût arrêtée, Clint, les larmes aux yeux, pâle comme un spectre, se retourna vers la tueuse.
« C'était pour cela qu'ils étaient là, n'est ce pas? Herrera, Fesci et Anderson, c'est pour ça? Pour se refiler cette saloperie? »
Sable hocha tristement la tête.
« Mais pourquoi t'a t-on contacté toi?
On ne m'a pas contacté. Ma petite soeur, qui est restée à l'orphelinat, est sur une de ces vidéos. Et je ne sais même pas où est son corps. »

Clint ne savait pas quoi faire. Il resta estomaqué. Il ne pouvait pas la livrer à Fortunato. Il y avait forcément d'autres contacts, d'autres types du même genre qui pourrait tomber seulement grâce à Sable. Barbara lui faisait de grands signes de la tête. Elle ne pouvait pas la laisser partir. Si Silver Sable prenait la tangeante, ils mourraient tous les deux. Sable sortit de sa poche une quatrième disquette, qu'elle tendit à Clint. Il la mit dans l'ordinateur, et regarda des noms écrits en vert foncé défiler sur un fond noir.



L'aurore, quelques heures plus tard. Ils avaient laissé partir Sable. La jeune femme, reconnaissante aux deux héros, leur avait donné un numéro de téléphone où là joindre, au cas où elle aurait à honorer sa dette. Barbara l'avait regardé avec un air mauvais dans son coupé cabriolet Mercedes, alors que la jeune femme riait aux éclats. Clint n'était pas mécontent de lui. Elle ne méritait pas de se faire livrer. Clint était allé dormir quelques heures. Dès qu'il avait senti le drap frais et doux sur sa peau, il s'était endormi. Quatre heures plus tard, on frappait à la porte. Clint était frais et dispo, il se leva rapidement et ouvrit la porte. Derrière, l'immense Joe attendait, les bras croisés sur sa poitrine. Clint esquissa un sourire.
« Le boss veut vous voir, monsieur Queen. »
Excellent, fit Clint en baillant avec exagération. Il fallait que je le voie, moi aussi. »

L'archer suivit le géant dans les couloirs que peu de personnes dans l'établissement fréquentaient. Sans frapper, Joe ouvrit la porte du bureau de Fortunato, et laissa Clint pénétrer dans la pièce. Fortunato avait la tête posée sur ses jointes, et étudiait Clint. Il se caressa un instant la barbichette et fit signe à Clint de s'assoir. Il prit place face au Don et attendit que celui ci prenne la parole.

« Oliver, avez vous trouvé l'assassin? »
Clint se détendit dans le fauteuil et croisa ses mains sur son ventre en un geste plein d'insolence.
« Non, répondit-il avec désinvolture, et personne ne le fera, maintenant. »

Angelo Fortunato n'avait pas l'air heureux de la tournure que prenaient les événements; Il prit un cigare dans la boite située devant lui, l'alluma, prit une grande bouffée, et demanda.
« Et pour quelle raison? Vous m'aviez dit que vous la retrouveriez, Clint. »
L'archer ne fut même pas surpris de l'entendre prononcer son vrai nom, ce qui décontenança un peu le Don.
« Angelo, j'ai eu accès aux bases de données du Club des Damnés, à la mort de Sebastian Shaw, et j'ai vu votre nom. Alors désolé si votre révélation sur mon nom me laisse de marbre. D'ailleurs, à propos de nom, le vôtre est apparu sur une autre liste, récemment. »

Le gorille sur la droite du Don posa sa main sur la crosse de son revolver, mais Fortunato, d'un geste sec, le stoppa. Clint continua, mais c'est la colère qui l'animait.
« Vous avez invité ces trois mecs, qui se connaissaient déjà pour leurs traffics bizarres, car ça vous intéressait. Malheureusement pour vous, le tueur est tombé sur la liste de personnes qui étaient intéressées par ces bandes vidéos. Et vous êtes sur cette liste. »

Fortunato tentait de rester calme. Il serrait tellement fort ses mains que ses jointures en blanchissaient.
« Que voulez vous?
Je veux que vous vous constituiez prisonnier. »

Le Don partit d'un grand éclat de rire.
« Vous plaisantez . Je pourrais faire prouver que votre liste est sans valeur. Et puis, si je me rappelle bien, vous êtes Clint Barton. Alias Hawkeye. Vous avez tué cette jeune femme sur le toit de l'immeuble, il y a quelques temps. Qui croira-t-on, monsieur Barton? Un meurtrier masqué, ou un respectable notable? Vous êtes finis, Barton. Vous appartenez au clan des perdants. Vous êtes pris pour un tueur, ce qui vous porte préjudice, mais vous n'aurez jamais le cran de tuer. Un paradoxe que l'on ne peut résoudre.
Si j'ai une réputation de tueur, autant qu'elle soit méritée. »

Clint se leva, dégaina le pistolet caché dans sa veste, et tira dans la tête du garde du corps, qui tomba contre le mur. Fortunato, le souffle coupé, dit.
« Vous ne sortirez pas d'ici vivant, Barton.
Je suis déjà mort. »

Il tira une seule balle, entre les deux yeux, et le Don s'écroula sur son bureau, les yeux exhorbités, surpris de la décision de Clint. Dans certains cas, il fallait tuer. Cette ordure devait payer. On le prenait pour un tueur, il allait être pris pour un tueur.

Barbara n'avait pas eu besoin d'explications. Elle n'avait eu qu'à voir la pâleur du visage de son ami, sa main caché sous le pan de son manteau, sûrement sur la crosse d'un flingue, pour comprendre ce qui s'était passé. Fortunato était mort. Était-ce une bonne chose? Dans un sens, oui. La mafia, aussi traitresse et meutrière qu'elle soit, n'aime pas que l'on s'en prenne aux enfants. En ayant buté Angelo, Clint avait fait un sérieux ménage. Mais en même temps, la mafia allait être invivable, sur la côte Ouest, du moins. Trois milliardaires, puis le patron, morts dans un hôtel, sans explications, sans trouver le meurtrier, sans la moindre indication quant au motif de ces assassinats. Les gangsters n'aiment pas ça, et c'est pour ça que ça va être invivable, pour les derniers clients et pour les employés du casino, alors autant mettre les voiles.

Quelques heures plus tard, ils sont à Los Angeles. Dans la Porsche de Barb, ils ont foncé pour prendre le premier avion à l'aéroport de Las Vegas. Un vrai foutoir sur la route, des flics, des contrôles de vitesse, deux péages. Rendez vous au guichet, deux places en classe affaires, tout droit payés en cash grâce au porte monnaie que Clint a piqué au vieil Angelo. Le mec à l'accueil roule de grands yeux, mais on est à Las Vegas, ces deux tourteraux là ont dû gagner à la loterie ou au black jack. Ils sautent dans l'avion, atterrissent à Los Angeles, se dégotent un hôtel restaurant, et discutent devant une tarte aux pommes.
« T'as dépassé tes limites.
J'ai fait quoi?
T'as dépassé tes limites, chéri. T'as tué. Les héros ne tuent pas.
Je ne suis pas un héros. Ou alors, plus maintenant. Si les héros doivent sauver la veuve et l'orphelin, se faire descendre dans la presse, devenir des cibles mouvantes, des dangers pour leurs proches, laisser ce genre de trucs se faire sans lever le petit doigt, alors je n'en suis plus un. Ce vieil enculé allait se branler devant ces saloperies, d'autres allaient se faire de l'oseille dessus.
T'es en état de choc, Clint. Tu viens de tuer quelqu'un.
C'est bon, j'avais compris. Mais t'es pas toute blanche non plus. T'as déjà buté, toi, alors viens pas me faire la morale. »
Il criait presque, assis sur la banquette en cuir beige . Il n'en avait plus rien à faire des autres clients. Barbara lui intima de parler plus bas. Certaines personnes le regardaient bizarrement.
« Clint, c'est bon. Ok, j'aurais pas dû te dire ça. Mais tu perds les pédales. J'aurais pas dû te demander de venir non plus. A bien y réfléchir, tu mérites du repos, Clint, beaucoup de repos. Hawkeye pèse sur tes épaules. Toutes tes victoires en tant que héros ont un goût amer. Ca te ferait du bien de quitter la scène quelques temps et... »

Mais Clint n'écoutait pas.Il regardait l'écran de la télévision fixée sur le mur, au dessus de la table de billard, qui affichait des nouvelles de New York. Le mec des infos présentait les candidats pour la mairie de New York. Ce n'était pas un nom qui avait attiré l'attention de Clint, mais un visage. Parmi les différents candidats, il y en avait un que Clint ne connaissait que trop bien. Un homme qui avait croisé sa route il y a peu de temps, et qui avait foutu sa vie en l'air. Sur la photo, il avait les mêmes yeux gris verts que Clint avait pu voir en vrai, les mêmes cheveux sombres coupés ras, le même teint hâlé. Cet enfoiré avait changé de nom depuis que Clint avait croisé son chemin, mais il restait aux yeux du héros l'assassin d'une femme qu'il avait aimé, et celui qui avait blessé son meilleur ami. Il restait Andrew Breckman, le Taskmaster.
 
 
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