Auteur : Zauriel
Date de parution : Avril 2006
Manuel Herrera. John Fesci. Damien Anderson. Trios hommes. Trois hommes qui possédaient des richesses similaires, et tous les trois dans le même domaine. L’informatique. Depuis toujours, l’homme a voulu franchir les barrières de l’espace et du temps. Et c’est virtuellement chose faite. 1962. création d’un réseau d’information militaire par l’US air force. 1972,la mise au point du courrier électronique. 1980, le world wide web. Les trois hommes cités au dessus sont devenus, grâce à Internet, des milliardaires. Des hommes extrêmement influents, avec beaucoup de pouvoir. Ce que se demandait Clint, c’était pourquoi trois hommes qui étaient de véritables rivaux dans le monde des affaires, des hommes d’après la presse qui ne pouvaient pas se voir sans se jeter à la gorge de l’autre, s’étaient-ils rencontrés dans cet hôtel ? Ce n’était pas pensable que ces trois hommes là puissent se rencontrer fortuitement au même endroit, et dans le même laps de temps, pour ensuite se faire tuer dans les mêmes conditions. Ces hommes, s’ils passaient pour ennemis à la télévision, avaient une relation privée. Une relation qui les avaient conduit dans cet hôtel. Et ce n’était sûrement pas pour un échange de technologie.
Clint s’était présenté à l’hôtel sous le nom d’Oliver Queen. Il n’avait plus qu ‘à espérer qu’il ne trouverait pas ici des émules de Freeman ou de Gyrich. Avant de venir, il avait fait avec Barbara, histoire de paraître classe à l’entrée du casino. S’il avait su, il aurait pris les fringues qu’il avait chez lui. Faire les boutiques avec une femme était toujours la même horreur. Elles virevoltent partout, ne se concentrent sur aucun article, veulent tout acheter, et, en définitive, ressortent des magasins les mains vides. Barbara avait décidé de l’habiller en grand prince, en grande ponte. Et ils étaient ressortis avec des sacs remplis pendant au bout des doigts. Elle riait, les cheveux au vent, et clint se sentit grisé. Jamais il n’aurait du la laisser partir. Il avait fait des erreurs dans sa vie, de nombreuses, mais il ne les regrettait pas autant que celle là. Elle lui toucha la main, il eut un mouvement de recul. Il ne pouvait pas l’aimer. Tous les gens qu’il aimait, et qui l’aimaient, souffraient. Il ne pouvait pas se permettre de continuer à se jouer de leur vie à leur péril.
Barbara ne s’était pas attendue à cette réaction. Elle avait été heureuse de le retrouver. Au fond d’elle même, elle savait qu’elle l’aimait. Elle lui avait toucher la main pour q’uil se sente à l’aise, en sécurité. Il avait pris peur. Pourquoi ? elle ne représentait pas une menace. Elle l’aimait, elle ne voulait pas lui faire du mal, mais la peur, la tristesse qu’elle avait lu dans ses yeux l’avait blessée. Qu’était-il devenu, depuis qu’elle était partie ? Qui avait-il connu ? Qu’avait-il fait ? Et qui était cette mystérieuse femme qui tait morte soit disant à cause de lui ? Clint portait le monde sur ses épaules, et il ne pouvait pas admettre qu’il n’était pas responsable. Elle aurait tant voulu partager son fardeau, et le voir sourire, comme avant, mais Clint avait changé, il fallait l’admettre.
La réceptionniste était une jeune femme d’une vingtaine d’années au visage constellé de taches de rousseur et à l’air nerveux. L’homme était arrivé au comptoir, habillé d’un superbe ensemble, le visage barrée par une paire de lunettes de soleil, un sourire un peu forcé sur son visage.
« Bonjour, mademoiselle ».
Elle sursauta. Et se retourna.
« Oui, monsieur ? »
Il sourit. Elle trouva que c’était le plus beau sourire qu’on lui avait jamais adressé. Elle resta un moment ahurie, et rougit de cet instant d’inattention.
« Que puis je pour vous ? »
L’homme sourit encore une fois et répondit d’une voix claire.
« J’aimerais une chambre. Enfin s’il vous en reste. Votre hôtel est vraiment charmant. »
La réceptionniste sourit, et chercha dans ses registres.
« Chambre 210, monsieur. Voici la clef. »
Elle la lui tendit. L’anneau de la clef était pendu à son index et Clint s’aperçut avec amusement que la jeune femme s’était peint les ongles avec un feutre Stabylo. Il sourit encore une fois et la réceptionniste rougit jusqu’aux oreilles.
Voilà ce qui s’était passé cet après midi là, jusqu’à cet instant où, dans la chambre 210, assis sur le sol, une tasse de café à la main, entouré de photos et d’articles concernant les trois hommes assassinés il y a si peu de temps, il était en train de réfléchir à la raison pour laquelle ils étaient morts.
Barbara entra dans la chambre sans frapper, et envoya son sac sur la table. Le sac atterrit avec violence et fit tomber une chaise. Elle avait l’air furieuse. Clint leva les yeux et la regarda, amusé.
« Que se passe-t-il ? »
Elle passa la main sur son visage avec colère.
« On m’a rayé ma bagnole. Avec une clef. Je suis chef de la sécurité de ce putain de casino et on m’a rayé ma bagnole. »
Elle s’arrachait les cheveux, et tout ça pour sa porsche. Clint secoua la tête. Cette fille était vraiment intenable .elle s’approcha de lui et se pencha, les mains sur les cuisses.
« alors, qu’est ce que t’as trouvé, monsieur le détective ? »
Il se remit à suçoter son stylo. Il regarda l’ensemble des documents étendu devant lui et soupira.
« Rien. Ces mecs là ne pouvaient pas se voir à l’extérieur. Ce sont tous trois des gros bonnets de l’informatique et les flics sont sûrs qu’ils trempent dans des affaires louches. Faut que je connaisse leurs habitudes d’ici, les tables auxquelles ils ont joué, les gens qu’ils voyaient. Et aussi, file moi les archives vidéo des chambres. »
Elle se redressa, interdite.
« Ca, je ne peux pas. C’est du domaine privé, Clint. Je ne suis pas trop bien vu de la direction, et je n’ai pas accès à ces fichiers. »
Clint fronça les sourcils. Barbara Morse, la fille qui n’avait pas froid aux yeux, rechignait à défier son autorité hiérarchique. Enfin, il se débrouillerait lui même.
Il était en train de se changer quand une question lui traversa l’esprit, laissant planer un doute. Son reflet dans le miroir de la salle de bain parut se ternir alors qu’il enfilait sa chemise. Barbara, dans le salon, feuilletait un magazine abordant le sujet « comment teindre le pelage de votre chien ». Elle tournait machinalement les pages sans faire attention à ces grotesques mémères qui s’occupaient de leurs chiens-chiens. La question la surprit un peu, mais pas tant que ça. Clint avait un peu forcé la voix pour se faire entendre.
« Les Flics ? »
Question pertinente et légitime s’il en est. Trois big-boss de l’informatique se font buter, les flics devraient être là. Elle se leva et alla contempla le balcon, par delà la baie vitrée.
« On est à Vegas, coco. Tu sais à qui appartient ce casino ? »
Dans la salle de bain, Clint jura. La mafia. Il aurait du s’en douter. Les familles préféraient régler leurs affaires seules, surtout quand un meurtre, ou même une série de meurtres, se produisaient sur leur territoire. Il avait fini de s’habiller, et la rejoignit dans la grande pièce.
« Je suis seul, donc. »
Elle se retourna et plaqua ses mains sur ses hanches.
« Ne pas avoir les flics dans les pattes devraient te réjouir. »
Il ne répondit pas. Elle s’en voulut de le voir se refermer dans son mutisme. Il n’y avait presque plus de vrai contact entre eux. Son allure de femme fatale se brisa pour laisser apparaître un cours instant une personnalité fragile. Elle tendit la main vers son visage, mais il se détourna.
« Clint, je… »
Il recula.
« Je suis désolé. Je ne veux pas que tu aies mal, toi aussi ».
Elle se tut. Il prit sa veste, et sans un regard pour elle, partit pour la fosse aux lions.