Urban Comics
  Hawkeye #6
 
Auteur : Zauriel
Date de parution : Juillet 2005

« Monsieur, ça va ? »
Clint tentait de reprendre son souffle mais son esprit s’agitait dans tous les sens.
Il dégoulinait, et les hommes qui l’avaient repêché le regardaient avec inquiétude.
Il hocha la tête. Et ses souvenirs affluèrent. L’espace d’une seconde, il revit ces derniers jours passés à New York et cette brusque réminiscence lui fit l’effet d’un TGV.
D’un bond, il se leva. Les deux marins en furent abasourdis. Comment un homme qui deux secondes plus tôt était presque mort pouvait-il être aussi rapide ? Les remerciant en toute hâte, il se mit à courir. Avec un éclat de rire, il se vit dans la peau d’un de ces athlètes qui font hurler les foules sur une piste de course. Mais le rire cessa et don esprit se teinta d’effroi. Max, Tania et la petite ? Où étaient-ils ? Gyrich avait-il mis à exécution ses menaces ? Etait-il trop tard pour intervenir ? Sa tête lui faisait mal. Tu réfléchis trop, lui disait trop souvent son père. Le fait que je réfléchisse te sauvera sûrement la vie, papa, répondit-il à cette voix intérieure. Tandis qu’il conversait ainsi avec lui même, les rues se succédaient à une vitesse folle. Pourquoi y avait-il autant de gens ? Pourquoi flânaient-ils ainsi, lui bouchant le passage , l’empêchant de sauver des vies ? Cours, arrête de penser. Il bouscula trois, quatre, cinq individus. Une vieille dame lui donna un coup de canne sur le genou et Clint pensa très fort : Euthanasie, pour résister à l’envie de lui répondre. Il arrivait au manoir Barton, enfin. La grande et même bâtisse. Depuis plus d’un siècle. Et dire qu’il était à quelques secondes près, et que ce tas de cailloux resterait encore là longtemps. Mais s’il ne se dépêchait pas, plus aucun Barton ne l’habiterait. Sur le perron, il aperçut une silhouette recroquevillée sur elle-même. En approchant, il entendit des gémissements de douleur.
« Merde, Bibo, je t’avais dit de te barrer. »
Bibo leva la tête avant de répondre. Son visage était ensanglanté.
« Je suis désolé, Clint, désolé. J’ai essayé de les prévenir, j’ai essayé d’être plus rapide qu’eux mais ils ont emmené ton père, Tania et la petite. Je suis désolé, Clint. Je me suis interposé mais ils étaient trop nombreux, trop nombreux. »
Bibo s’était mis à pleurer. Il tourna la tête et cracha un mélange de bile et de sang. Les larmes se faisaient visqueuses sur son visage. Clint l’aida à se relever.
« Gyrich ?
- Je connais pas ce mec là, mon pote. C’étaient des flics. Ils ont dit que Max et Tania étaient soupçonnés du meurtre de ton frère. Mais d’autres types louches étaient avec eux. J’ai voulu voir ce qu’il se passait et ces débiles m’ont pris à part et m’ont tabassé comme tu vois. C’était bizarre. Le mec a prétendu que la femme de ton frère avait une liaison avec Max et ça leur aurait donné une raison pour le tuer. Max a protesté. Ils l’ont assommés. Tania criait que c’était un scandale. Le mec a répliqué que si elle ne la fermait pas, il lui retirerait le bébé. Elle a pas moufté et elle a suivi. Moi, je les ai regardé partir. J’ai essayé de résister, mais ils étaient trop nombreux, Clint. Mais j’ai chopé leur numéro d’immatriculation, et tu peux être sur que le fourgon n’appartenait pas à la police. »
Il lui chuchota le fameux numéro à l’oreille. Ce fut comme une délivrance pour cet homme à l’agonie. Dès que sa bouche fût close, il ferma les yeux et tout son corps se décontracta, d’un coup. Clint sentit des larmes couler sur ses joues sans qu’il le veuille. Mais il pleurerait Bibo plus tard. Avant de s’occuper des morts, il devait sauver ceux qui étaient encore vivants. Il rentra dans le manoir, chercha un signe, quelque chose qui pourrait, en plus du numéro de la plaque, l’aider. Et ce fut l’épiphanie. Clint n’était pas du genre à voir des révélations à chaque coin de rue. Mais peut-être les circonstances se prêtaient-elles à ce genre de choses. Sur la table gisait, comme un ballon dégonflé, un uniforme violet, celui de son père. Le mannequin sur lequel il était entreposé avait été déchiré et avait été lancé au fond de la pièce. Les arcs et les flèches avaient été disséminées un peu partout et l’on avait écrit sur la table, à l’aide d’une pointe, une inscription à l’égard des Barton. « Le faucon est mort ». Avec un mélange de lassitude et de colère, Clint considéra un moment cette phrase comme son épitaphe. Dans un sens, il était mort. Ils l’avaient fait mourir, et il n’était plus qu’un fantôme. Mais il pouvait aussi renaître. Il pouvait devenir ce qu’il aurait dû devenir il y a longtemps, un héritier du faucon, une ombre oeuvrant pour la justice. Avec une fascination mêlée d’horreur, il enleva son manteau trempé et enfila la combinaison. Calmement il ramassa une à une les flèches et les glissa dans le carquois qu’il avait glissé dans son dos. Le miroir offrait de lui une image impressionnante. L’habit, qu’il pensait kitsch et démodée, lui offrait une assurance et une grandeur exceptionnelles. Il déchira la moitié de la cagoule et le masque ne lui couvrit plus que la moitié du visage. Le faucon était de retour, mais ce n’était plus le même.
 
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