Urban Comics
  Hawkeye #20
 
Auteur : Zauriel
Date de parution : Septembre 2005

« Eh mademoiselle, vous allez bien ? »
La blonde était tombée de sa chaise, comme ça. Clint avait bien vu qu’elle buvait plus que d’habitude. Les verres se succédaient à sa table. Ils arrivaient remplis, et repartaient vides. En moins de temps qu’il en faut à un toxico pour se sniffer une ligne. Heureusement pour elle, ou peut-être pour lui, Cint passait près de sa table quand elle tomba. Il la retint au dernier moment et la couture de son chemisier rouge lui effleura le visage. Clint eut la respiration coupée pendant cinq secondes. Puis il sentit son parfum. Violent et capiteux, un parfum qu’il avait déjà senti dans l’autre vie qu’il menait. Les roses. Il la dévisagea, un peu trop brutalement car elle baissa les yeux. Son parfum de roses se mélangeait à celui de l’alcool. Elle balbutia un « excusez moi » à peine distinct. Clint l’aida à se rasseoir sur sa chaise et la regarda. De longues mèches blondes tombaient sur son visage. Elle était très belle. Elle n’osait pas le regarder dans les yeux. Il préféra lui répéter sa question.
« Vous êtes sûrs que vous allez bien ? »
Elle releva la tête et Clint fut frappé par un détail : elle n’avait pas les yeux verts, mais bleu azur .C’était bête, comme détail, mais il se demandait comment il avait pu se tromper. Mais ce parfum ? ce violent mais pourtant si agréable parfum de roses ? Etait-elle la mystérieuse inconnue qui l’avait sauvée de l’ami Jimmy , puis menacée, la nuit dernière ? Ou bien n’avait-elle aucun lien avec cette femme qui utilisait des aiguilles à sédatifs ? C’était bien trop de questions la fois.
« Je pense que vous avez assez bu . »
Elle acquiesça comme une enfant qui se rend compte de la bêtise qu’elle a commis. Clint lui sourit chaleureusement.
« Restez là, on ferme dans moins d’une demi heure.
- Bien, d’accord.
Elle avait une petite voix, enfantine et douce, qui collait mal à son apparence de femme fatale. Clint la laissa. Au bar, Dane préparait un mojito à un homme d’une trentaine d’années. Il portait un T-Shirt noir avec un W rouge. Clint avait l’impression d’avoir déjà vu ce mec là auparavant, mais où ?
« Clint, fit Dane, je e présente la grande star Simon Williams. Tu sais, il a joué dans Hidonkir le guerrier. »
Clint lui serra la main. Williams portait une paire de lunettes de soleil rouge qui lui mangeait la partie supérieure de son visage. Il portait une veste noire qui taillait avec raffinement ses épaules d’athlète. Un sourire star, des fringues star. Cependant, aucune suffisance ne se dégageait de li et Clint trouva ce fait plutôt impressionnant.
« Enchanté, monsieur Williams.
Appelez moi Simon, Clint, vous permettez que je vous appelle Clint ?
Bien sûr. Comment trouvez vous notre petite affaire, Simon ? »
Williams embrassa la salle du regard et lui lança un sourire appuyé d’un clin d’œil.
« Ca marche bien, on dirait.
- Très bien, même. Qu’est ce qui vous amène dans le coin, Simon ? Un tournage ?
- Oh, deux, trois affaires personnelles. Mais si je vous disais la véritable teneur de la raison de ma présence à New York, vous allez rire.
- Bien sûr que non, Simon. Alors, qu’est ce qui vous attire dans notre petite ville ?
- Eh bien, je suis là pour les héros.
- Les héros ?, fit Clint, le sourcil levé
- Oui. Il n’y en a pas un seul sur toute la côte ouest. Chaque fois qu’un ami revient à San Francisco, il me parle des X-mens, de Daredevil, de Spider man, des Avengers. Mon producteur m’a affirmé que les étudier serait très bénéfique pour le reste de ma carrière. »
Clnt et Dane se regardèrent en étouffant un fou rire qui commençait à naître dans le creux de leur gorge.
« Les héros attirent pas de mal, reprit Dane. Ca fait un peu marcher le commerce, en plus. Vous n’êtes pas le seul à venir rien que pour espérer les voir.
- Je sais, j’ai rencontré pas mal de gens, dans mon cas. »
La sonnerie de son portable lui laissa tout juste le temps de finir sa phrase. Il fit un geste de la main pour s’excuser auprès de Dane et Clint. Ses traits se durcirent. Il remercia la personne au bout du fil et raccrocha.
« Messieurs, une affaire urgente m’appelle.
- Nous comprenons, Simon. Bonne continuation.
- A vous aussi, gentlemen. »
Il prit congé et laissa les eux hommes morts de rire.
« Je suis vexé, fit Dane avec un air faussement sérieux. Il ne nous a même pas cité.
- Personnellement, ça ne me dérange pas. La célébrité, trop peu pour moi.
- Je te comprends. On ferme, clama-t-il aux trois pèlerins qui tentaient vainement de distinguer les cartes qu’ils avaient en main ».
Ils partirent en grommelant, mas Clint était sûr qu’ils reviendraient. Seule restait la blonde demoiselle. Dane lança un regard interrogateur à son ami.
« Ca va, je la raccompagne. »
Il sortit avec elle, pendant que Dane fermait boutique. Ils marchèrent tous les deux, côte à côte dans la nuit fraîche. Au loin, un roulement de tonnerre se fit entendre. Clint décida quelques minutes plus tard de briser la glace.
« Vous, vous êtes du coin ? »
Elle lui répondit d’une voix fragile, mais dure.
« Non, je ne vis ici que depuis un an. Je suis de Floride.
- Et vous bossez dans quel secteur ?
- En plus d’être barman, vous êtes flic ? »
Elle s’était arrêtée, et lui faisait face, les poings sur les hanches. Clint ne s’attendait pas à une telle réaction.
« Excusez-moi, je ne voulais pas vous froisser. »
Elle posa la main sur son visage, comme pour se cacher les yeux.
« Non, c’est moi. Je suis un peu à cran. »
Ils continuèrent à marcher, en silence cette fois, et s’arrêtèrent devant une résidence. Elle ne cessait de croiser et de décroiser ses mains.
« Bon, fit-elle C’est là. »
Elle se mordit la lèvre, et soudain la porte s’ouvrit violemment sur un grand type roux à la barbe fournie. Il ne parla pas. Il hurla.
« Karla, espèce de connasse. Combien de fois je t’ai dit de pas revenir si tard ? »
Il descendit le perron et s’avança. Le géant roux fusilla Clint du regard, et lui demanda, en lui envoyant une bonne vague de postillons en pleine face.
« T’es qui, toi, gros nœud ? »
Clint s’efforça de rester poli. Il n’avait pas à s’immiscer dans la vie des gens, même s’il avait une envie énorme de coller son poing sur la gueule de cet enfoiré misogyne.
« Je raccompagnais Karla. Elle a pas mal bu et…. »
Paaaf. Le roux envoya une gifle à la femme.
« Alors, t’as repris à picoler, c’est ça ? »
Karla s’était mise à pleure, comme une petite fille. Cint sentit la colère monter en lui, et il décocha une droite au type. Puis, il envoya son genou dans les parties basses. L’homme s’agenouilla sous le coup de la douleur et de la surprise, et Clint lui tordit le bras dans le dos. Il se pencha à l’oreille du mec et chuchota.
« Ecoute moi bien, mon gros. Tu vas te barrer. Tu vas même pas prendre la peine de déménager, tu vois ? T’as des thunes, sur toi ?
Oui, oui, articula l’homme
Bien. Maintenant, tire toi. Si je te revois poser la main sur une femme, je te tue. »
Il le lâcha et l’autre partit en courant. Il regard Karla. Elle souriait, malgré les larmes qui coulaient encore sur son visage.
« Merci, murmura-t-elle. »
Elle s’approcha et l’embrassa sur la joue, rapidement. Elle rentra chez elle. Clint resta seul, un petit sourire satisfait sur le visage. Il regarda sa montre. Trois heures et quart. La nuit n’était pas finie.
 
 
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