Urban Comics
  Episode 17:La Société(3)
 
Couverture : Rirox
Histoire : Ben Wawe
Date de parution : Février 2005

La pluie tombait à flots sur la ville tandis que Ben Reilly ne bougeait toujours pas de la place qu’il occupait depuis plusieurs instants, attendant un signe, quelque chose provenant de la grande usine en béton aux cheminées de briques qui lui faisait face. C’était là que devait être la Société du Scorpion, celle qui, selon ce qu’on lui avait dit, avait ordonnée l’assassinat de ses parents et la majorité des crimes commis contre lui.

Bien qu’il ne faisait pas confiance aux Parker (Peter et sa nièce), l’adolescent était quand même venu ici. Il n’en pouvait plus de toute cette rage qui grondait en lui comme le ciel un soir d’un orage. Il n’en pouvait plus de se contenir, de ne pas exploser, de ne pas tout détruire. Il avait déjà ressentit cela, il y a quelques mois, quand il avait laissé son « double » prendre le contrôle. Mais aujourd’hui, c’était différent. Aujourd’hui, celui qui était en fureur allait vraiment se lâcher, quitte à détruire pierre par pierre ce bâtiment.

Le jeune adolescent jeta alors un regard derrière lui pour apercevoir la voiture de la nièce de Parker. Elle lui sourit et fit un petit signe de la main, comme pour aider un enfant à prendre son courage entre ses mains et entrer à l’école. Mais Ben n’allait pas à l’école, il n’avait pas peur des autres enfants, ou bien du professeur. Aujourd’hui, pensa-t-il, c’étaient les autres qui allaient avoir peur, se dit-il en prenant au fond de sa poche le bout de tissu rouge qu’il avait sentit quand il s’était habillé.

C’était un masque. Un simple bout de tissu rouge qui recouvrait toute la tête. Il y avait deux grandes figures blanches dessus, pour les yeux pensa l’adolescent. Ce devait être Anna qui l’avait mis là, elle devait l’avoir acheté dans un magasin de farces et attrape. Mais pourquoi ? Ben ne voulait plus être Spider Man. Cela lui avait apporté trop de malheurs, trop de combats insensés. Pourquoi était-il là aujourd’hui ? Pour se battre ? Encore ? Cela ne servait à rien. Il avait toujours prêché la non violence. Bien sûr, c’était parce qu’il n’avait jamais réellement pu se battre, mais qu’est-ce que cela changeait maintenant qu’il le pouvait ?

Il ne voulait pas y aller, il ne voulait pas se battre…à quoi bon ? Cela ne servirait à rien, il n’avait rien à y gagner…Alors qu’il regardait fixement le masque qui pendait sur ses mains refroidies par la pluie, Ben se rappela alors le visage mort de Max. Les cris de peur de Matilde. Les sons de ceux qu’il tuait. Sa peur lorsqu’il perdit le contrôle de son corps. La tristesse qu’il ressentit quand il vit ses parents assassinés. En revoyant tout cela, en se remémorant ces instants, il su qu’il n’y avait qu’une seule décision : ce soir, Ben Reilly acceptait enfin son rôle. Ce soir, Ben Reilly devenait enfin Spider Man…

Enfilant rapidement le bout de tissu mouillé sur son visage humide et dur, le jeune homme commença alors à courir vers la lourde porte de fer qui gardait l’entrée du bâtiment. Peu à peu, à chaque foulée, sa vitesse augmentait, devenant de plus en plus rapide au fil des distances qu’il franchissait. Bien, très bien, pensa-t-il. En souriant, il rentra à pleine vitesse contre la porte, sautant et mettant les pieds en avant à quelques instants du choc. La porte explosa en mille morceaux, ne laissant que des ruines et de la fumée.

Alors qu’un silence assourdissant se mêlait à la poussière qui s’élevait lentement dans l’air, Spider Man se releva, et tapota ses mains l’une contre l’autre pour faire partir ce qu’il avait sur les mains, c'est-à-dire un peu de béton. Il observa alors les alentours, cherchant un détail ou quelque chose prouvant qu’il n’était pas seul. Mais il n’y avait rien. Rien derrière les grandes colonnes de béton, rien sous le grand escalier en métal, rien sur la plateforme où menait l’escalier en métal. Il n’y avait qu’une petite porte au fond, menant certainement aux cheminées. Qu’est-ce que c’était que cet endroit ? Il aurait fallu beaucoup plus de choses pour une usine…

« Monsieur Reilly, je suppose ? Ou devrais-je dire Spider Man, vu votre visage masqué ? »

Encore quelqu’un qui connaissait son identité pensa Ben en faisant un 180° sur lui-même pour se retrouver face-à-face avec un homme assez grand, la trentaine, les cheveux rasés, portant une longue robe verte avec un grand scorpion noir peint sur le devant. Ses yeux verts semblaient scruter l’adolescent comme un prédateur observant sa proie.

« Lui-même. Et vous êtes ?
- Appelez-moi Grand Maître. Car c’est ce que je suis, le Grand Maître de l’Antique Société du Scorpion.
- Ah ouais, la secte des débiles qui font mumuse en vouant un culte à un stupide animal de merde, quoi…
- Quoi Tu oses Tu blasphèmes !
- J’en ai strictement rien à foutre. J’en ai strictement rien à foutre que vous fassiez vos partouzes et vos trucs de sado maso ici ou ailleurs. Mais que vous ayez peu à peu détruit ma vie, ça, j’en ai foutre, et je crois que je vais prendre un grand plaisir à vous foutre une branlée légendaire…
- Je ne crois pas que tu puisses nous vaincre tous, envoyé du Dieu Araignée… »

Le Grand Maître claqua des doigts, et une dizaine d’hommes habillés comme lui sortirent d’un peu partout : d’en haut des colonnes, de la petite porte au fond, de sous la plateforme, etc. Ben n’en croyait pas ses yeux quand il vit qu’il s’était fait aussi facilement berner.

« C’est là où tu te goures, tordu : je suis pas là de la part du Dieu Araignée. Ce soir, je reprends ma liberté en vous foutant violemment sur la gueule… »

Spider Man prit alors appui sur ses jambes et sauta haut en l’air, s’accrochant par la suite au plafond pour mieux évaluer la situation. Onze débiles en robe de chambre braquant sur lui des armes de guerre : M-16, Glock, etc. Ok, pensa-t-il, ça allait déménager un peu.
L’adolescent se laissa retomber quand les premières volées de balles sifflèrent à ses oreilles. Par chance, il arriva à esquiver avec grâce chacune d’entre elles, et atterrit sur le dos d’un des membres de la Secte, qui tomba à terre, inconscient, la colonne touchée.

A peine cela fait, Ben utilisa le corps inanimé de l’homme à terre pour le projeter sur deux autres ennemis qui arrivaient. Ils furent mis KO par le poids de leur confrère leur arrivant à pleine force et à pleine vitesse en plein sur leurs visages terrifiés. Plus que huit, pensa l’adolescent tout en évitant quelques balles qui le frôlèrent alors qu’il lançait des toiles sur deux armes qui finirent au loin dans le fond de la salle.
Spider Man sauta encore en l’air, et tissa deux toiles pour attraper deux hommes. Ceci fait, et alors qu’il était toujours au-dessus du sol, il fit venir à lui ses deux victimes qu’il assomma juste avant de se réceptionner parfaitement sur le plancher des vaches, attendant le bruit sec de l’atterrissage douloureux des deux membres de la secte sur le sol pour se relever complètement.

Ben sourit sous son masque en pensant qu’il se battait naturellement, et plutôt bien. Pour une des premières fois de sa vie, il se sentait vraiment bien, complet. Il n’avait plus ce manque, ce petit quelque chose en moins qui faisait qu’il n’était pas vraiment bien.
L’adolescent en était là de ses pensées quand, déconcentré, il ne vit pas arriver les deux hommes qu’il avait avant désarmés et qui le retenaient maintenant, l’empêchant de bouger. Spider Man n’eut pas le temps d’utiliser toute sa force que déjà les autres membres encore debout de la Secte venaient le frapper au visage et dans le ventre, l’empêchant de se concentrer suffisamment pour faire exploser son incroyable puissance.

Les coups pleuvaient sur son visage déjà fatigué et boursouflé tandis que Ben entendait le rire sadique et horrible du Grand Maître qui semblait prendre un certain plaisir à voir le jeune homme souffrir ainsi. Au bout de cinq minutes de coups violents, cela s’arrêta et Spider Man, le masque déchiré par les poings, vit d’un œil à demi ouvert le visage mesquin et moqueur du Grand Maître s’approcher.

« Tu vois ce qui arrive quand on veut entrer dans un jeu qu’on ne comprend pas…l’affrontement entre l’Araignée et le Scorpion est prévu depuis des millénaires, et ce ne sont pas les basses manœuvres de ton maître qui empêcheront la fin inéluctable de ce combat…ne veux-tu pas te joindre à nous ?
- Je vous emmerde tous…avec toutes vos conneries…va te faire foutre…espèce de tordu…
- Ah ! Jeunesse rebelle et impétueuse ! Tuez-le…
- Moi vivant, jamais ! »

C’était une voix forte et lourde qui venait de s’élever de derrière le petit groupe, qui en un seul geste se retourna pour voir…Peter Parker ! Ben était stupéfait de voir que le vieil homme avait réussit à se relever du coup qu’il lui avait donné, et de voir aussi que Parker avait eu le courage de venir ici ! Alors que les membres de la Secte le laissaient tomber pour aller voir le nouveau venu, l’adolescent se demanda si ce combat était plus équitable que le sien…

Le Grand Maître et Peter Parker se toisèrent longuement, ne faisant aucun geste, ne disant rien. Cela dura au moins cinq minutes, ce qui laissa le temps à Ben, dont plus personne ne se souciait, de se relever difficilement et de marcher lentement et douloureusement vers la porte laissée ouverte par le vieil homme.
Le vent était toujours glacial dehors, et la pluie était encore plus forte qu’avant. Néanmoins, cela redonna un peu d’énergie à un Spider Man totalement blessé et fatigué. Il savait qu’il n’était d’aucune utilité dans ce combat, et que Parker pourrait sûrement s’en sortir, avec son expérience. Mais lui devait fuir. Fuir ce vieil homme qui en savait plus qu’il ne voulait le dire. Fuir sa nièce qui semblait dangereuse et dont la voiture avait disparut, remarqua l’adolescent. Il devait fuir, même si il ne savait pas où.

Alors qu’il entendait des bruits de lutte acharnée et plusieurs coups de feu et gémissements, le jeune homme continua de marcher. Il ne savait pas où aller, mais il savait qu’il devait utiliser ses dernières forces pour mettre un pied devant l’autre. Encore. Encore. Et encore. Jusqu’à ce qu’il ne puisse plus et qu’il meurt.
Mais alors qu’il sentait sa fin proche, Ben eut comme un flash, et des centaines de souvenirs affluaient en lui comme si on avait ouvert un robinet dans sa tête et que tout passait à une vitesse folle dans ses pensées. La douleur était insupportable. Et alors qu’il tombait dans les eux glaciales et sombres du fleuve, le jeune homme su à qui appartenaient ces souvenirs : Peter Parker…
 
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