Histoire : Ben Wawe
Date de parution : Juin 2005
Michael ? Ici ? Vivant ? C’était impossible…impossible ! Les souvenirs de Ben étaient flous quand à ce jeune homme qui avait été son ami, mais il se rappelait très bien que dans sa folie, il avait tabassé Michael et lui avait au moins cassé la moelle épinière…comment pouvait-il être ici, sur ses pieds, en pleine forme ? Etrange…
Michael aussi semblait l’avoir reconnu. Il lui fit un sourire provocateur, et commença à courir dans le noir des ruelles new yorkaises de ce quartier inconnu. Ben, les mains dans les poches de son blouson d’aviateur, se demandait ce qu’il devait faire. Peut-être s’était-il trompé…peut-être n’était-ce pas Michael mais juste un crétin qui lui ressemblait…oui ça devait être ça…oui…mais non.
Pourquoi était-il partit alors ? Et malgré ses souvenirs flous, il savait encore reconnaître celui qu’il connaissait depuis cinq ans. C’était Michael. Et il ne devait pas le laisser partir sans l’avoir interrogé.
Le jeune homme commença alors à courir lui aussi, rattrapant facilement Michael dans un premier temps. Il était presque sur ses talons, utilisant son endurance supérieure à la normale pour pouvoir interroger l’adolescent. Celui-ci, alors que la main de Ben était presque sur son t-shirt, retourna sa tête et sourit avant de courir encore plus vite qu’avant ! C’était quand même si il avait eu un pétard dans les fesses, pensa Ben. Il courait à une vitesse édifiante, surhumaine, et le jeune Reilly devait utiliser à fond ses capacités pour ne pas être décroché.
Les rues défilaient sous la course insolite et étrange de ces deux adolescents, qui semblaient s’amuser à se courir après, mais dont l’arrivée serait explosive, aucun des deux n’en doutait. Alors qu’ils venaient de passer Greenwich Village, Michael déboîta dans une petite ruelle qui se finissait en cul de sac. Ben sourit alors. Il allait l’avoir. Il allait pouvoir savoir ce qu’il était devenu et pourquoi il était sur pied. Ce n’était ni normal ni naturel, selon lui.
Soudain, alors que Michael courait toujours vers le grillage qui fermait la rue, il éclata de rire, prit appui sur ses jambes, et fit un fantastique bond au-dessus du grillage ! Ben dû s’arrêter de courir pour ne pas entrer en contact avec le cul de sac, et respira quelques instants, surprit. C’était impossible qu’un humain normal puisse faire cela. Impossible. Seul lui arrivait à le faire, mais c’était grâce aux pouvoirs du Dieu Araignée et de son entraînement en Australie…
Il était arrivé quelque chose à Michael. On lui avait fait quelque chose, on l’avait changé, transformé. En quoi ? Ben ne le savait pas, mais était déterminé à le savoir. Alors qu’il allait sauter au-dessus du grillage pour tenter de retrouver son ex ami, il sentit une présence dans son dos. Son sens d’araignée le prévint, et ses prédécesseurs lui murmurèrent quelques conseils en cas d’attaque dans le dos.
Quelques secondes passèrent, et il ne sentit rien. Soit ce n’était pas un ennemi, soit il était très confiant en lui. Dans les deux cas, cela faisait les affaires du jeune homme dans l’instant. Il se retourna lentement, prêt à se battre au cas où. Mais ce ne fut pas un ennemi qu’il vit, ce fut…quelque chose.
C’était un homme. Enfin, une sorte d’homme. Assez grand, un long imperméable beige bien propre. Un costume trois pièces bleues, une chemise blanche, une cravate noir. Une cigarette négligemment posée dans les doigts de sa main droite, qui faisait des va et vient vers sa bouche. Enfin, sa bouche…il portait une sorte de masque. Enfin, Ben le pensait, l’espérait même. On ne voyait pas de bouche ni de nain. Il y avait juste deux grosses tâches noires à la place des yeux. Et une petite tâche au niveau de la bouche. Le tout surmonté d’un vieux chapeau. Le jeune homme réprima un frisson. Qu’est-ce que c’était que ça
« Quelle est la plus grande peur de Ben Reilly ?
- Quoi ? Comment vous connaissez mon nom ?
- Qui est Spider Man ?
- Qui ? Ecoutez, je ne sais pas de quoi vous parlez, je vais vous laisser hein… »
Ben était plus surprit qu’il ne voulait le montrer. Ce type connaissait son nom et savait qui il était. Dangereux, donc. Mais il n’avait pas envie de rester là pour voir si il courait un danger physique.
« Quelle est la solution des lâches ?
- Hein ? Mais vous pouvez pas parler facilement ? Pourquoi toutes ces questions ?
- Quelle est la plus grande peur de Spider Man ?
- Je sais pas, je le connais pas.
- Quelle est la plus grande peur de Ben Reilly ? Quel est le point faible de Ben Reilly ? Pourquoi est-il revenu à New York ?
- Ecoutez, je… »
Ben comprit alors. Ce type qui posait plein de questions…il l’empêchait de rejoindre Michael. Pourquoi ? Il posait des questions en donnant les réponses…quel était le point faible de Ben ? Gwen bien sûr ! Gwen était en danger ! Il fallait qu’il aille la sauver.
Sans rien dire au type étrange qui semblait l’aider, Ben fit un bond extraordinaire sur le toit de l’immeuble à côté et enclencha son costume. Il se déplaça aussi rapidement qu’il pu, grimpant, sautant entre immeubles pour rejoindre le Lower East Side et une certaine fenêtre. Il y arrivait presque. Il y était presque.
Après à peine dix minutes de trajets, Spider Man était arrivé à la maison des Stacy. Il se posta à la fenêtre de la chambre de Gwen, là où elle dormait tranquillement normalement. Elle était là. Vivante. Sa frêle et magnifique poitrine se levant et redescendant au rythme de sa respiration. Son sommeil étant un peu agité, normal vu la journée qu’elle avait eue. Ben sourit. Elle n’était pas en danger. Mais alors pourquoi le type lui avait fait croire cela ?
Deux jours plus tard, un concert avait été organisé dans le bar de Georges Stacy. Gwen et son groupe avaient décidés de faire une grosse soirée, soirée dont les bénéfices et les dons seraient reversés à l’association du quartier pour aider les SDF et les rénovations. La foule s’était pressée, et même des gens n’aimant pas vraiment la musique des Tigers, le nom du groupe, étaient venus pour passer un bon moment entre amis.
Il était 21 heures et le concert allait bientôt commencer. La scène avait été montée dans le bar, au fond, les lumières étaient posées pour éclairer les musiciens au moment voulu et le reste de la pièce était déjà plongée dans une pseudo obscurité. Madame Stacy servait déjà énormément de clients, des jeunes, des vieux, retrouvant un lien entre générations perdu depuis longtemps. Georges Stacy servait lui à ne pas faire entrer les ados ou les adultes qui allaient casser l’ambiance de la soirée : casseurs, bourrés, SDF pas commodes…personne ne voulait d’eux ici, même si le quartier était assez tolérant d’habitude.
Gwen regardait par la petite ouverture de la porte séparant les loges, c'est-à-dire la réserve, de la scène. Un grand sourire s’afficha sur le visage de la jeune fille habillée dans un style un peu gothique, avec une petite jupe noire, des bas résilles, un petit haut noir et du maquillage assez foncé sur la figure. Elle se tourna vers le reste du groupe.
« C’est plein, les mecs ! Va falloir assurer ! »
Harry Osborn sourit alors. Le chanteur du groupe était un garçon de taille moyenne, les cheveux rasés et habillé d’un t-shirt blanc sans manches et d’un jeans troués. Il s’approcha de Gwen et caressa sa main discrètement.
« Je suis sûr qu’on va déchirer… »
La jeune fille sourit et ne parut pas faire attention à ce geste, mais les autres membres du groupe si. Phil Urich, jeune blond aux yeux bleus surmontés d’une paire de lunettes un peu abîmées, réprima son envie de filer un uppercut à Harry. Ce crétin n’avait jamais compris que Gwen le repousse toujours pour Ben, et même maintenant qu’il était revenu, il s’obstinait toujours à draguer l’adolescente. Et Ben qui ne disait rien…ça, le bassiste ne pouvait le comprendre…
Ben, quand à lui, était en train de choisir ses instruments, les petites baguettes pour jouer de la batterie. Il sourit alors en pensant que six mois auparavant, il ne savait même pas par quel bout prendre ses instruments. Par le plus grand des hasards, Peter Parker avait prit des cours de musique quand il était enfant, et puis ses ancêtres utilisaient bien le tam tam…grâce à cela, il avait réussit à devenir assez rapidement un bon joueur de batterie, intégrant rapidement les Tigers, au grand bonheur de Gwen.
Il avait fait quelques répét’ avec eux avant de partir en Australie. Les autres avaient fait la gueule, mais bon…maintenant c’était oublié et ils allaient pouvoir faire leur premier concert ensemble ! Gwen à la guitare, Phil à la basse, Ben à la batterie et Harry au micro. Un fameux quatuor. Fantastique presque, pensa Ben.
« Bon allez, on y va ! »
Phil semblait chaud comme la braise. Les quatre adolescents entrèrent sur la scène, souriant à leurs fans ou bien aux simples badauds venus passer une soirée au chaud tranquille. Ils voulaient assurer, ils voulaient faire partager leur passion de la musique. Mais pas sûr que tous allaient aimer cette musique, sourit Gwen…
Les premières notes commencèrent à sortir de la guitare de l’adolescente, tandis que Harry murmurait quelques mots qui faisaient partis de l’introduction. Doucement, la voix suave et douce de l’adolescent devenait plus dure, plus hard, tandis que la lumière révélait doucement un Phil et un Ben qui se lançaient un regard amusé. Ça allait commencer.
Gwen fit un accord impressionnant à la guitare avant que son petit ami ne s’excite sur son instrument et que Phil enchaîne lui aussi à la suite. Harry commença alors à entonner un chant assez difficile pour les oreilles non habituées à ce son nouveau et un peu rebelle. Tous sourirent alors. La fête commençait vraiment.
Une heure plus tard, le concert battait son plein. Les Tigers jouaient des reprises de certains groupes, mais la plupart des chansons étaient celles de System of a Down, de Mesmerize leur dernier album ou bien de Steal This Album. Les jeunes qui étaient dans le bar adoraient, et hésitaient même à ne pas s’exciter d’avantage, mais la présence de leurs aînés les calmait assez facilement. Etrangement, les aînés eux-mêmes semblaient s’habituer à cette musique qui les avait choqués au début. Ils commençaient même à y prendre goût…
Alors que le concert se terminait sur une reprise de BYOB et que tout le monde dans la salle était heureux et avait passé un bon moment, la vitre du bar éclata et la musique s’arrêta. Des coups de feux se firent entendre et quelques personnes au fond tombèrent, touchés, blessés.
« Bordel, qu’est-ce qui se passe ? »
C’était Phil qui venait de dire cela. Une dizaine de blacks entrèrent dans le bar, armes au poing, visant chaque personne qui se mettait sur leur chemin. Même si il y avait des courageux dans la salle, aucun n’était suicidaire pour tenter le diable devant ces types dangereux et prêts à tout.
Le « commando » arriva finalement à la scène. Ben était toujours assis derrière sa batterie, prêt à se battre au cas où. Mais un coup d’œil à Gwen l’avait convaincu de ne pas attaquer de suite. Elle ne voulait pas qu’il soit en danger. Les blacks s’approchèrent de Harry et le prirent violemment par le bras.
« Hey ! Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que vous me voulez ?
- Fils de pute ! T’es bien un Obsorn ! Ton père a tabassé notre frère de race, il a détruit sa famille ! On va détruire la sienne !
- Quoi ?!
- T’occupes, tu comprendras vite…que personne ne bouge ou je fais des trous dans la sale gueule du skin ! Allez viens, toi, tu vas rejoindre ta copine…
- Hein ? Jen ? Vous avez enlevé Jen ?
- Ouais. Nos frères s’en occupent…ils s’amusent là… »
Un rire s’éleva des gorges des blacks tandis que Harry, comprenant lui aussi, se débattait mais était rappelé à l’ordre par le canon d’une arme sur sa tempe. Il fut emmené dehors tandis que les noirs frappaient quelques spectateurs. Quelques minutes après, ils étaient loin et dehors.
La foule dans la salle était honteuse. A un contre cent, ils avaient réussis à enlever un gamin et personne n’avait bougé…Gwen était choquée, Phil inquiet. Georges avait déjà appelé la police, mais elle arriverait sûrement trop tard…demain, on allait retrouver deux cadavres torturés…
Gwen sanglotait quand elle se tourna vers la batterie. Vide. Il n’y avait plus personne. Ben avait disparut tandis que la porte de derrière était ouverte. Les blacks pensaient se venger. Œil pour œil, dent pour dent. Ils voulaient récolter leur justice. Mais ils allaient avoir la vraie Justice, celle d’un homme énervé, en colère, décidé à ne pas laisser un autre ami mourir.