Urban Comics
  Episode 50 : The End
 
Histoire : Ben Wawe
Date de parution : Mars 2007

Ben.
Ben Reilly.
Benjamin Alexandre Reilly. Premier Spider Man du nouveau millénaire. Premier nouveau protecteur des innocents, des victimes et des faibles après un long creux dans le monde. Premier être à se lever contre le crime et ses maîtres. Premier homme à oser combattre ceux qui font du mal aux autres. Premier à souffrir terriblement pour ça, aussi. Premier à sacrifier pour la cause plus que ce qui est possible. Et un des premiers à mourir, malheureusement.

Oui. Ben était mort. Gisant sur le sol, son crâne en miettes à cause de la balle qui venait de le perforer, nul ne pouvait dire le contraire. Toute vie avait quittée son corps, mais son âme, elle, était déjà partie depuis longtemps. Depuis le début des horreurs qui avaient détruites sa vie, son esprit avait commencé à s’affaiblir. Et ces derniers mois, il n’était plus que l’ombre de lui-même, subissant les événements en tentant vainement de réagir contre.
En fait, il était mort quand sa famille, quand ses proches, quand son existence avaient été détruits. Seul son corps et sa hargne avaient maintenus son corps en vie. Et maintenant…et maintenant, c’était fini. Le corps avait rejoint l’esprit. Ben était mort. C’était la fin. Et le début, aussi. Le début de la vengeance.

Et ça, Eddie Brock le savait. Pire encore, il ne pensait qu’à ça.
Même si son ami, avec qui il avait souvent eut des soucis d’ordre moral mais qu’il avait toujours apprécié malgré tout, n’était mort que depuis quelques secondes, voir minutes, son esprit y avait pensé de suite. Dès que la balle avait atteint son cerveau et l’avait réduit en une bouillie infâme et horrible qui était tombée violemment sur le sol, le jeune homme avait entendu, à l’unisson, les voix de ses ancêtres crier, hurler même un seul mot…un seul mot qui voulait tout dire…Vengeance…La vengeance…C’était tout ce que ces voix voulaient…Tout ce qu’Eddie voulait, aussi…

Même si Ben et lui s’étaient souvent affrontés verbalement, et même physiquement parfois, par rapport à leurs visions du rôle de Spider Man, cet avatar du Dieu de leur Tribu qu’ils étaient normalement tous deux, Brock avait toujours apprécié le jeune homme. Bien sûr, au départ, ce ne fut pas facile, mais une complicité était née entre les deux Amérindiens, et le petit nouveau avait rapidement comprit que Reilly était quelqu’un de bien. Même si il ne partageait pas sa vision de la Justice, Ben était quelqu’un qui s’était battu pour les innocents, les faibles et ceux qui en avaient besoin, et il avait souffert plus que nécessaire. Eddie respectait donc énormément son ami, et l’appréciait beaucoup, aussi.
Mais là…il était mort. Après tout ce qu’il avait vécu, après tout ce qu’il avait subit à cause de la Société du Scorpion, Reilly était mort. Assassiné. D’une balle dans la tête. Dans le dos. Par Osborn. Par ce chien. Par l’homme qui était responsable de tout ça. Par cet être bientôt mort qui lui faisait face, maintenant…

« Osborn… »

Le jeune homme leva lentement son regard vers l’homme qui avait tiré. Habillé d’un treillis militaire, les cheveux coupés très courts, il souriait grandement. Apparemment, il était très heureux de ce qu’il venait de faire, et se sentait donc fier de son acte. Il avait tué. Il avait tué son ami. Son frère, en quelques sortes. Et il en était content. Il en était fier. Le chien…Le fou, même…

« Brock.
Tu veux le même traitement que Reilly ? »

L’homme s’approcha un peu plus. Son arme fumait encore quelque peu du coup qui venait de partir, et il arborait toujours un grand sourire énervant. Brock, lui, se releva alors. Il était retombé lourdement sur le sol quand Ben avait été tué, et même si il sentait que chacun de ses muscles lui faisait mal et refusait de bouger vu le combat énorme auxquels ils avaient participés auparavant, il se relevait. Il devait faire face. Il devait être debout devant ce chien qui avait osé détruire la vie de son ami, et son ami. Ben méritait la Vengeance. Il méritait la Justice.

« Tu vas mourir. »

Eddie fut difficilement debout, alors.
Son costume était quelque peu troué, et son visage n’était plus recouvert par son masque. Apparemment, sa seconde peau avait été atteinte par les coups portés par le Scorpion, quelques instants plus tôt, mais il s’en fichait. Ben était mort. Osborn était vivant. La Société était en train de gagner. Une chose pareille ne pouvait être possible…Il ne pouvait l’accepter…

« Ah oui ? »

Le chauve sourit alors légèrement. Croisant calmement les bras, il regarda le jeune homme blessé tenter de marcher vers lui, mais Brock avait beaucoup de mal. Chaque pas était pour lui une véritable torture visible, et Osborn semblait avoir énormément de mal à se retenir de ne pas exploser de rire en le voyant, ce qui augmentait, bien sûr, la détermination de l’Amérindien de le tuer. Nul ne pouvait se moquer de lui, surtout pas quand il était blessé pour son Dieu. Et surtout pas quand c’était celui qui avait tué son frère…

« J’aimerais bien voir ça… »

L’homme utilisa alors sa main libre pour prendre un paquet de cigarettes, en prendre une et l’allumer, tandis que Eddie avançait toujours extrêmement lentement et difficilement vers lui. Norman sourit encore plus à ce moment-là, avant de reprendre la parole d’une voix délibérément arrogante et joyeuse, pour énerver encore plus le jeune homme devant lui.

« T’es déjà mort, Brock.
Même si t’étais en forme, t’aurais pas une chance contre moi. Je suis celui qui a tué Spider Man, gamin. T’es encore vivant, oui, mais j’ai tué l’original. T’auras jamais été qu’une copie…qu’une pâle copie de Reilly. T’étais plus brutal et violent, ouais, mais c’est pas ça qui fait de toi un Spider Man ou non. C’est autre chose. Reilly l’avait comprit, lui. Et il est mort. Tu crois vraiment que sa doublure ratée pourra faire plus contre moi ? »

Brock serra encore plus les poings. Ça faisait mal…très mal, même.
Bien sûr, il s’était attendu à ça venant de ce type. Osborn avait été capable d’assez bien comprendre Ben pour pouvoir le détruire petit à petit, lui enlevant tout ce qu’il avait jamais aimé pour pouvoir l’assassiner avec la certitude de l’avoir totalement tué, que ça soit dans son corps ou son cœur. Le jeune homme savait donc que l’homme devant lui allait tenter de le détruire psychologiquement pour faire comme à son ami, mais…ça faisait mal quand même.

En fait, ce que disait Norman était vrai, et c’était la faiblesse de l’Amérindien. Il n’avait jamais comprit pourquoi Reilly n’était pas aussi violent que lui, et avait toujours su que ça avait la grande différence entre eux…la grande différence entre le vrai Spider Man et sa doublure, au fond. Bien sûr, il avait cherché de longues heures dans son esprit et en interrogeant son ami sur ça la raison de cette absence d’extrémisme, mais il n’avait jamais trouvé la réponse à sa question.
Ben était toujours resté vague là-dessus, et Eddie ne savait toujours pas pourquoi il agissait ainsi…pourquoi il était ainsi. Et donc, entendre Osborn lui dire ça, lui dire qu’il ne serait jamais comme son prédécesseur parce qu’il n’était pas aussi bon que lui et qu’il ne le serait jamais…ça faisait mal. Ses complexes d’infériorité par rapport à son éducation dans la Réserve lui revinrent immédiatement, et de l’humidité commença à apparaître dans ses yeux, ce que remarqua évidemment son ennemi, qui n’attendait que ça.

« T’es vraiment une merde, Eddie.
Tu croyais pouvoir être digne de ce costume, de cette double peau en suivant à fond les préceptes de ton Dieu, mais ce sont des conneries…t’es un looser, en fait. T’as voulu faire croire aux autres que tu étais digne de prendre le rôle de Reilly, mais c’est faux. T’es pas digne, et tu le seras jamais. T’es un moins que rien. Une merde. Un looser, vraiment, ouais. Tu feras jamais rien dans ta vie. Et tout le monde va te haïr pour ça. »

Le jeune homme s’était arrêté de parler dès que son adversaire avait recommencé à parler.
Paralysé par ses paroles, par le fait qu’elles faisaient resurgir tous ses doutes, toutes ses peurs, il n’arrivait plus à faire le moindre geste. Bien sûr, il savait que Osborn ne faisait ça que pour le déstabiliser et tenter de se mettre dans les meilleures dispositions possibles pour le tuer, mais…mais et si il avait raison ? Et si il disait vrai ? Et si il n’était vraiment pas à la hauteur ? Et si il n’était qu’un imbécile qui avait tué plus que de raison ? Et si il n’était, au fond, qu’un gamin perdu dans un monde qu’il ne comprenait pas et qui s’accrochait à des stupidités violentes pour ne pas totalement basculer ?

Eddie n’en savait rien, en fait. Et alors qu’il serrait violemment les poings et qu’il tentait de se forcer à ne pas pleurer, une énorme vague d’émotion le submergea. C’était trop…c’était trop pour lui. Beaucoup trop, même.
Tous ses crimes, tous ses assassinats, toutes les fois où il avait dépassé la mesure que Ben, lui, s’était infligée lui revenaient en mémoire. Les cris de chacune de ses victimes se firent alors entendre dans son esprit, tandis qu’il comprenait, qu’il commençait à comprendre combien il s’était fourvoyé…combien il avait été imbécile de tuer au nom du Dieu Araignée. En fait, Brock était en train de découvrir qu’il n’avait été qu’un monstre assoiffé de sang jusqu’à maintenant, et cette découverte le minait terriblement…Après tout, il n’avait même pas encore dix hut ans…et il était un monstre…déjà…

« Je… »

Mais il n’y avait pas que ça.
Il n’y avait pas que les cris de ses victimes, leurs râles et leurs supplications. Il y avait pire. Il y avait Ben. Il y avait tout ce qu’il avait vécu avec lui. Leur premier combat. Leurs coups échangés. Puis leur association contre Michael, qui était étendu à quelques mètres de lui et qui ne bougeait plus…sûrement mort, en fait.
Oui. Eddie se rappelait de tout ça. De comment il s’était peu à peu rapproché de Ben. De comment il avait entendu sans vraiment écouté ses paroles, ses déclarations alarmantes sur le rôle de Spider Man. De comment il avait réfuté chacun de ses mots qui allait contre ce qu’il avait apprit à la Tribu…ce qu’on lui avait forcé à apprendre à la Tribu, en fait. C’était de la propagande. Ben le lui avait dit, jadis. Même si ça faisait à peine quelques semaines, ça ressemblait à des mois, pour lui. Il le lui avait dit, oui. Mais il n’avait pas écouté. Il ne l’avait pas cru. Pourtant…c’était vrai. Tout était vrai. Son ami avait eut raison sur tout ça. Il avait essayé de le prévenir. Il avait tout fait pour ça. Et maintenant…et maintenant il était mort.

Et peut-être…peut-être que c’était de sa faute, en fait. Même si Ben lui dirait le contraire si il était là, Brock ne pouvait s’empêcher de penser ça. Et si c’était sa faute ? Et si il était responsable de la mort de son ami ? Bien sûr, ce n’était pas lui qui avait appuyé sur la détente. Ce n’était pas lui qui avait ordonné à son doigt de bouger légèrement pour mettre fin à la vie de Spider Man. Non, ce n’était pas lui. Mais il avait une responsabilité dans cette mort…une énorme responsabilité, même.
Si il avait suivit les conseils de Ben, si il n’avait pas été aussi stupide et extrême…il serait peut-être encore là. En fait, si il avait accepté ce que disait son ami, celui-ci aurait très certainement arrêté d’être Spider Man. Reilly n’aimait plus être l’avatar du Dieu Araignée, ça se voyait. Si Eddie avait suivit ses conseils et avait accepté son aide, il aurait très bien pu le former…et serait encore en vie. Il serait encore là, et Osborn serait sûrement vaincu, maintenant, au lieu de fumer calmement en lui souriant d’une manière arrogante.
Il serait encore là, oui…mais ce n’était pas le cas.

Ben était mort.
Son cerveau mort et bientôt froid reposait sur le sol, près de son corps immobile. Il avait été assassiné, et son successeur ne pouvait s’empêcher de se dire que c’était de sa faute. Que si il avait été là pour lui et si il n’avait pas été aussi stupide, Ben serait encore là. Oui. C’était de sa faute. Entièrement de sa faute, même…et…et…

« Alors ?
Qu’est-ce que tu fais ?
Tu réfléchis ? Ou tu fais semblant ? Tu comprends enfin que t’es qu’une merde ? Youhou ? »

…et non, en fait. Ce n’était pas entièrement de sa faute. Bien sûr, Ben était mort et il avait une grande responsabilité dans sa disparition, mais ce n’était pas seulement à cause de lui. Ce n’était pas lui qui avait tiré. Ce n’était pas lui qui avait détruit sa vie de son ami depuis près de deux ans. Ce n’était pas lui qui avait mené à la folie et au désespoir un des êtres les plus respectables et les plus forts qu’il ait jamais connus. Non. Ce n’était pas lui. C’était Osborn. L’homme devant lui. L’homme bientôt mort devant lui, en fait.

« Osborn… »

Eddie sentait la rage monter en lui, encore une fois.
Les voix de ses ancêtres se faisaient, elles aussi, à nouveau entendre. Même si elles avaient rejetées Ben, même si elles l’avaient poussées à le combattre et même si elles ne l’aimaient pas…il était un des leurs. Il avait été un des leurs, en fait. Il avait porté le costume de Spider Man et protégé les innocents. Et là, il était mort. Assassiné. De dos. Par l’homme devant lui. Ce crime ne pouvait rester impunis. Cet acte ne pouvait rester sans sanction. La Justice devait être rendue…et elle devait l’être immédiatement.

« …meurs ! »

Brock se jeta alors sur son adversaire. Sentant de nouvelles forces venir de sa colère énorme envers cet homme, ses muscles se firent moins douloureux, et il sauta alors sur Osborn, qui fut complètement surprit. Lui qui avait pensé que le jeune homme serait facile à manipuler et qui avait, exprès, utilisé un vocabulaire simple et grossier pour pouvoir le forcer à se faire tuer le plus facilement possible ne comprenait pas ce qu’il se passait. D’où venait cette hargne ? D’où venait cette rage ? D’où venait cette colère immense qui permettait à l’Amérindien de dépasser sa douleur pour le faire violemment tomber au sol et le menacer plus que quiconque ne l’avait fait jusque là ?

« Espèce de chien ! »

Eddie se sentait mieux.
Les voix dans son crâne l’exhortaient à massacrer l’homme sous lui…et il en avait bien envie. Osborn était couché sur le sol, et il se trouvait sur lui. Son adversaire avait lâché son arme et sa cigarette à cause de la surprise et de la rapidité de l’attaque, et il était donc à sa merci. Mais est-ce que Brock devait le tuer ? Est-ce qu’il devait réellement mettre fin à sa vie ? Est-ce que ça ne serait pas de trop ? Est-ce…
Non. Non, ce n’était pas de trop. Ben était mort. Ce chien l’avait tué. Il représentait la Société du Scorpion. Il représentait l’ennemi. Et il avait assassiné son ami. Il devait mourir. Il DEVAIT mourir. Il ne pouvait en être autrement…

« Tu as tué Ben !
Tu as détruit sa vie ! Espèce d’ordure ! Espèce de monstre ! »

Le jeune homme frappait Osborn. Lui qui avait été si sûr de lui quelques instants auparavant semblait être totalement dépassé par la situation. Les poings de l’adolescent au-dessus de lui tombaient extrêmement violemment sur son visage qui commençait à être marqué par ces attaques, et il ne savait pas quoi faire. Brock semblait être possédé par une sorte de rage intérieure terriblement puissante, et Norman n’avait, pour le moment, aucun moyen de s’en protéger…Il n’avait ni pouvoirs ni capacités spéciales, et surtout, il était beaucoup trop lent face à Eddie, qui arborait maintenant un étrange sourire pervers sur son visage alors que les coups continuaient de pleuvoir.

« Tu l’as tué ! Tu l’as détruit ! Il ne méritait pas ça ! Chien !
- A…Arrête…
- Non ! NON !!! »

Eddie ne se contrôlait plus.
Les voix de ses prédécesseurs devenaient de plus en plus fortes dans son esprit, et il n’avait pas envie de les stopper. Elles lui ordonnaient, elles l’exhortaient à être plus destructeur, plus violent, plus brutal…et il accepta tout ça. Il avait envie de tout ça. Osborn avait tué Ben. Il avait assassiné un des seuls êtres qui ait vraiment fait quelque chose pour lui. Qui avait vraiment tenté de l’aider. Il l’avait rayé du monde des vivants. Il devait mourir.

« Non !
Non, je vais pas m’arrêter !
Tu as tué Ben, ordure ! Tu l’as tué ! Tu as détruit sa vie ! C’était un type bien ! Un des seuls types biens que j’ai rencontré ! Et tu l’as pris, enfoiré ! Tu me l’as pris ! »

Brock commençait à pleurer. Le poids de l’émotion de la mort de son ami et de ses problèmes de confiance, avec la compréhension des horreurs qu’il avait commises, c’était trop pour lui. Alors que ses poings s’abattaient toujours sur le visage tuméfié de Osborn et que ses doigts étaient recouverts de sang, des larmes coulaient lentement sur son visage, autant pour Ben que pour lui.

« Tu me l’as pris ! C’était Ben ! Ben ! Il avait été le seul à m’aider ! Il avait été le seul à me porter vraiment de l’intérêt ! Il avait été le seul à me montrer la vérité ! A me montrer… »

Eddie s’arrêta alors immédiatement. Tandis qu’il allait donner le coup certainement mortel sur le crâne presque détruit de l’homme sous lui, il n’avait pu continuer. Quelque chose s’était passée en lui. Quelque chose de très grave venait d’arriver, et il commençait à comprendre, alors qu’il posait ses yeux sur le visage presque déchiqueté d’Osborn.

« Non…
Non…Pas ça… »

De suite, le jeune homme se releva, conscient de ce qu’il venait de faire…ou de ce qu’il avait failli faire, et qu’il ne voulait pas faire. Il ne voulait pas tuer Osborn, et surtout, il ne le devait pas.
Bien sûr, Ben devait être vengé, et son assassin traduit en justice. Mais il ne devait pas le tuer. Il ne devait pas l’assassiner. Malgré les voix de plus en plus fortes dans son crâne, il ne devait pas suivre ce qu’elles ordonnaient. Il comprenait, maintenant. Il comprenait ce que voulait dire son ami durant toutes leurs discussions. Ce qu’il avait dit avant de mourir. Il le comprenait, oui. Et il était heureux.

« Gnuh… »

Osborn, lui, ne bougeait plus ou presque.
Tandis que Eddie se relevait légèrement, il sentait que son calvaire prenait fin, et tombait lourdement dans l’inconscience, espérant vraiment être tué durant son moment de « sommeil ». Mais ce n’était pas ce que voulait faire le jeune homme. Ce n’était pas ce qu’il devait faire. Ce n’était pas ce qu’il allait faire, en fait.

« Non…
Je peux pas faire ça…Je dois pas faire ça… »

En regardant l’homme presque mort à terre, et malgré la douleur qui revenait après la disparition rapide de son adrénaline, l’Amérindien comprenait. Ben lui avait dit, avant de mourir, de « finir le travail ». Il avait cru, jusque là, que ça voulait dire qu’il devait détruire la Société du Scorpion à sa place. Même si il n’y avait pas pensé jusque là, il l’avait cru, parce que c’était logique : ces chiens avaient réduits sa vie en miettes, et il était normal de penser que son ami aurait voulu leur destruction. Mais ce n’était pas ça qu’il avait voulu lui dire avant de mourir. Ce n’était pas ça du tout.

En fait, Ben lui avait donné ses dernières volontés, et son dernier message. Il le comprenait, maintenant. En disant qu’il devait « finir le travail », ça ne voulait pas dire tomber encore une fois dans un océan de violence et de destruction. Non. Ça voulait dire qu’il fallait qu’il se libère. Qu’il réussisse à dépasser toute la folie des voix de ses ancêtres pour pouvoir être un homme libre…pour pouvoir vivre sa vie comme il l’entendait.
Ben, lui, avait réussit. Même si son existence avait été détruite, il avait réussit à rester libre, à rester un homme. Et il avait choisit comment il voulait mener sa vie…il avait choisit de mourir. Eddie ne le comprenait que maintenant.

Son ami était mort pour lui, au fond. En venant à la Société du Scorpion et en le voyant combattre le Scorpion, Reilly avait très certainement dû voir à quel point le jeune homme avait besoin d’aide. Lui qui n’avait plus rien à perdre et qui était déjà mort à l’intérieur avait alors décidé de faire le sacrifice ultime. De donner sa vie pour que son ami, pour que son frère puisse ne pas vivre ce qu’il avait vécu. Il était mort. Il s’était sacrifié pour lui. Et Brock devait en être digne…il devait être digne de tout ça.

Lentement, l’Amérindien commença alors à déchirer son costume.
Bout par bout, morceau de tissu après morceau de tissu, sa double peau, celle-là même qui avait été sa seule « amie » durant de trop longs instants de folie, tombait lourdement sur le sol. Malgré les protestations, malgré les ordres, malgré les douleurs infligées par les voix de ses prédécesseurs qui l’insultaient et tentaient de l’empêcher de faire, Eddie continuait quand même. Il avait comprit. Il avait enfin comprit.

« Finir le travail », ça voulait dire arrêter cette folie. Arrêter cet enfer, cet affrontement sans queue ni tête entre la Tribu de l’Araignée et la Société du Scorpion. Bien sûr, on pouvait penser que ça aurait pu se faire par la destruction de cette dernière, mais c’était faux : des survivants auraient tout reconstruits, et tout aurait recommencé. Le cycle aurait alors été sans fin, et ce n’était pas ce que voulait Ben…ni ce que voulait Brock, maintenant.
Il fallait que ça cesse. Il fallait que le monde soit débarrassé de cette lutte imbécile entre deux clans d’Amérindiens qui auraient dû tenter de s’entraider pour survivre plutôt que de tenter de se détruire l’un l’autre. Il fallait vraiment que ça s’arrête. Et le jeune homme était prêt pour ça.

Après quelques instants, tout son costume était au sol. En fait, il avait mal…extrêmement mal, même. La douleur d’avoir arraché cette seconde peau était énorme, et tout son corps tremblait à cause de ça. Mais il s’en fichait. Il arrêtait. Il en avait assez. Eddie ne voulait plus de cette vie imbécile et stupide, de cet affrontement sans intérêt entre lui et des fous qui voulaient sa mort. Il fallait que ça cesse. Il fallait que le travail de destruction de cette folie ancestrale commencé par Ben Reilly, cet homme de bien, soit terminé. Aujourd’hui. Maintenant. Il ne pouvait en être autrement.

Brock s’approcha alors d’Osborn, qui flottait entre la conscience et l’inconscience. Eddie, qui était nu maintenant qu’il n’avait plus sa seconde peau, s’accroupit alors devant lui, et le bougea légèrement pour le réveiller. Celui-ci rouvrit alors lentement les yeux, commençant quelque peu à trembler dès qu’il vit le jeune homme devant lui.

« Tu n’as pas à avoir peur, Osborn. C’est fini. »

La voix de l’Amérindien était dure et froide. Son regard était planté dans les yeux injectés de sang de celui qui avait tué son ami, et il articula très lentement ses mots pour pouvoir se faire comprendre, vu l’importance qu’avaient ses paroles.

« Je ne veux plus être Spider Man, Osborn. Et je ne veux plus de cette guerre. »

Il montra alors un bout de sa seconde peau qu’il tenait dans la main, alors que sa propre chaire était encore rougie par l’arrachage auquel il s’était livré quelques secondes auparavant, et dont la douleur se faisait encore sentir.

« Et toi non plus, tu n’en veux plus. J’arrête. C’est fini. Je n’utiliserais plus jamais mes pouvoirs, et je ne veux pas que toi et tes hommes tentiez de me retrouver. Tu seras accusé du meurtre de Ben, et je laisserais la Justice s’occuper de toi. Je ne veux plus de Vengeance. Je ne veux plus de costume. Je ne veux plus de mission. Tout ça, ce n’est qu’une folie qui n’a que trop durée. Et ça doit s’arrêter. »

Les mots de Brock semblaient être dictés par Reilly lui-même. Peut-être était-ce l’âme de celui-ci qui lui disait ce qu’il fallait dire à l’homme blessé avant de rejoindre ses autres ancêtres, ou peut-être était-ce simplement le jeune homme qui devenait adulte et sûr de lui…nul ne le savait, mais ça semblait fonctionner vu l’attitude plus calme d’Osborn depuis quelques instants.

« Utilise ça, Osborn.
Utilise ces lambeaux de costume pour faire croire…non, pour dire que tu as tué Spider Man. Parce que tu l’as fais, Osborn. Ce soir, Spider Man est mort. Tu as tué Ben Reilly, et tu as tué Spider Man. Je ne le suis plus. Je ne l’ai jamais vraiment été, en fait, mais c’est terminé maintenant. Utilise ça pour montrer à tes hordes que vous avez gagné, et laissez ma Tribu et ma vie en paix. »

Eddie approcha alors son visage de celui de l’homme blessé à terre et reprit la parole d’une voix extrêmement dure.

« C’est fini, Norman. Tu as gagné. Je te laisse gagner. J’en ai assez de tout ça. Assez de cette guerre imbécile. Le Scorpion a gagné. Spider Man est mort. Puisses-tu comprendre ça et agir comme un homme, et non pas comme un fou… »

L’Amérindien se releva alors, et commença à marcher vers la sortie. Il était fatigué, il avait mal dans ses muscles et sa chaire, mais…il était heureux. C’était fini. C’était entièrement fini. La folie et la guerre entre le Scorpion et l’Araignée s’étaient soldées par la victoire du premier, mais les hommes avaient eux aussi gagnés. Plus de combats, plus d’êtres élevés rien que pour tuer d’autres êtres.
Il était heureux, oui. Ben aurait été fier de lui. Eddie avait comprit ce que son ami avait voulu faire, et il l’avait fait…il avait « finit le travail ». La guerre était terminée. La Bataille n’avait pas vraiment eut lieue, mais le combat était terminé. Et terminé de bon.

Alors qu’il sortait dans la rue et qu’il voyait le monde sous un nouveau jour, celui de la Liberté, Brock sourit. Il était nu, il n’avait nulle part où aller, il avait mal et n’avait pas d’argent, mais il s’en fichait. Spider Man était mort. Sa vie jusqu’à maintenant, faite d’entraînement de folie envers le Scorpion, était morte aussi. Aujourd’hui était le premier jour de sa vie…le premier jour de sa vraie vie.
Et il allait en profiter. Il allait profiter de ce cadeau jusqu’au bout, en l’honneur de celui qui le lui avait fait. En l’honneur de celui qui avait tout fait pour lui…qui lui avait donné cette nouvelle vie, en fait. En l’honneur de son frère. De Ben Reilly. Un héros…mais surtout un homme de bien. Et c’était tout ce qu’il fallait retenir de lui…absolument tout…

FIN.
 
  Depuis janvier 2009, il y a eu 272059 visiteurs sur le site. Copyright (c) 2004-2009 http://urbancomics.fr.gd/  
 
Ce site web a été créé gratuitement avec Ma-page.fr. Tu veux aussi ton propre site web ?
S'inscrire gratuitement