Couverture : Rirox
Histoire : Ben Wawe
Date de parution : Décembre 2004
Le goût du sang. Voila ce qu’on sent en premier quand on se réveille. Le goût du sang te prend à la gorge, dans tout le corps. C’est un goût tellement spécial, indéchiffrable. Quand on y goûte, on s’en rappellera toujours, c’est immuable. Le sang, quand on le sent dans sa bouche, parfois cet élément de la vie devient un des éléments de notre mort.
Ben sentait ce goût quand il se réveilla dans une pièce vide et blanche. Il était enchaîné au mur par une grosse chaîne en métal. Il n’avait plus son masque, et saignait du visage. Son œil droit lui faisait assez mal, mais ce n’était rien comparé à la douleur qui lui brûlait le dos. Tout son corps, d’ailleurs, lui faisait mal. Le jeune homme n’arrivait même pas à lever la tête pour observer en taille la pièce. Fatigué, il retomba dans l’inconscience.
Quelques heures plus tard, ou bien quelques minutes après, il ne savait pas, Ben se réveilla, avec toujours la douleur qui lui déchiquetait le corps, et la brûlure dans son dos. Il allait un peu mieux que tout à l’heure, et tenta de se rappeler ce qui arrivait…comment était-il venu ici ? Comment s’était-il retrouvé dans une telle situation ? Alors que les minutes s’égrenaient lentement, les souvenirs affluaient petit à petit dans le cerveau fatigué et embrumé de Ben Reilly…
Il y a un jour, ou bien quelques jours, il n’en savait rien, son ami Max avait été tué devant lui…fou de rage contre ses assassins, il s’était lancé à leurs recherches, pour retrouver aussi son amie Matilde, enlevée par les tueurs. Mais en fait, il était surtout furieux contre lui-même. Lors de la tuerie, il n’avait pas osé utiliser ses pouvoirs, craignant de se faire reconnaître, et Max était mort. Par sa faute.
Quand il était partit de chez lui, il n’était plus vraiment Ben. La colère avait réveillée en lui Spider Man, l’incarnation de la colère, du désespoir et de la tristesse du petit Ben, frappé et humilié souvent par les autres élèves, tout simplement parce qu’il était intelligent et pas très sportif. Toutes ces années où il était maltraité, et où il se taisait, toutes ces années avaient fait surface pour combler le vide laisser par le vrai Ben, qui s’était réfugié dans cette carapace qu’offrait Spider Man. Et il s’y était caché.
Mais désormais, il regrettait cela. Il aurait dû affronter ses démons intérieurs, mais c’est toujours facile à dire par la suite. Mais bon, il aurait le temps plus tard de faire une psychanalyse. Du moins si il arrivait à sortir de cet endroit.
Le jeune homme rassembla ses forces, et leva sa tête pour pouvoir détailler la pièce où il se trouvait. Les fers qui lui broyaient les épaules, sa brûlure dans le dos et les larmes qui commençaient à rendre floue la vision de Ben rendaient l’observation difficile. La pièce était assez petite. Blanche, sans aucun meuble ou décoration. Une pièce vide, avec juste une porte, blanche elle aussi, en face de Ben. Il n’eut pas le temps d’observer mieux la pièce, car la douleur et l’effort le firent retomber à nouveau dans l’inconscience.
Il fut réveillé par le jet d’un saut d’eau sur sa face fatiguée et saignante. Surprit, il tenta de regarder un peu autour de lui pour savoir ce qui se passait, qui faisait cela. Alors que le liquide bleu descendait lentement de son visage, le jeune homme commença à voir de mieux en mieux ce qui se passait. Trois afro-américains se tenaient devant lui, chacun une arme dans le pantalon, placée au-dessus des parties sensibles. Le jeune homme ne pu s’empêcher de se demander si ils avaient la bonne idée d’enlever leurs armes avant de s’asseoir….
Le plus proche de Ben des trois hommes prit dans sa main les cheveux du jeune homme, et releva violemment la tête de Spider Man, rejetant dans sa face la fumée du cigare déjà bien entamé.
« Qu’est-ce que tu fous là, fils de pute ?
- Je vois pas de quoi vous voulez parler…
- Joue pas au con. C’est un conseil. Je sais qui tu es, Spider Man…ce que je veux savoir, c’est pourquoi tu es venu nous faire chier chez nous.
- Vous avez tué mon ami…
- Le gamin du lycée ? Ca arrive, c’est le pourcentage de perte. Le sacrifice pour une cause meilleure.
- Quelle cause mérite de tuer un innocent et d’enlever une fille qui ne vous a rien fait ? »
Le grand afro-américain barbu et à la coupe funky observa quelques instants le jeune homme blessé et fatigué qui soutenait son regard de façon insolente. Celui qui dominait l’autre relâcha la tête de Ben, et donna un uppercut au jeune homme, ce qui fit voler une des dents de Spider Man. Du sang coula sur le menton de la victime du coup très puissant que venait de lui asséner son ennemi.
« Voila un avertissement. Tu recommences à me parler comme ça et tu en auras d’autres. Mes potes ont une grosse envie de faire mumuse avec toi. »
En disant cela, il tira sur son cigare en regardant les deux autres hommes dans la pièce, qui affichaient un sourire pervers.
« Bon, on recommence. Je comprends tes raisons, mais tu dois comprendre les nôtres aussi. Je suppose que t’es pas con, tu sais que Harlem, c’est pas vraiment le Beverly Hills de New York. C’est même plutôt son opposé. Et nous, on commence à en avoir marre. Marre d’être traités comme des merdes, marre de voir nos gosses pourris par la came et la violence, marre de voir les blancs avoir tout et nous recevoir que vos restes. Donc on a décidé d’agir.
- En tuant un innocent ?
- Je te l’ai dis, y a des sacrifices. On est désolé pour ton pote, mais on doit faire ce qu’on doit faire pour aider nos gosses.
- En tuant ?
- En montrant qu’on en a marre. Avec ça, les autorités vont bouger et ça ira mieux.
- T’es assez con pour penser cela ? Tu crois pas qu’il y aura une sévère répression ? »
La botte de l’homme à cigare vint se ficher sous l’œil gauche de Ben après ces mots. Les différentes douleurs de son corps commençaient à rendre la conscience de Spider Man très, très difficile.
Alors que l’afro-américain à la coiffure étrange sortait et faisait signe aux deux autres de se défouler sur Ben, celui-ci entendit un cri. Un cri aigu. Féminin. De peur. Il connaissait cette voix. Il ne la connaissait que trop bien. Matilde. Ils lui faisaient du mal. Ils voulaient sûrement la violer. Ben avait juré de la sauver, de la libérer, et là elle était à quelques pas de lui…peut-être en train d’être violée…
Alors que les deux hommes arrivaient au jeune homme qui avait la tête baissée ils virent alors un regard dur et déterminé. Ben Reilly était retourné dans sa cachette. Il avait libéré Spider Man…