Histoire : Ben Wawe
Date de parution : Avril 2005
L’avion en provenance de Sydney se posa lentement sur la piste d’atterrissage de l’aéroport JFK. Les passagers étaient fatigués, le vol n’ayant pas été de tout repos : beaucoup de turbulences et un orage violent avaient fait tanguer rapidement l’appareil, malgré le talent et l’expérience du pilote. Mais enfin, ils étaient arrivés à New York.
L’hôtesse disait gentiment et poliment au revoir aux passagers pressés de retrouver le plancher des vaches quand elle remarqua quelque chose de suspect. En effet, un des passagers ne s’était toujours pas levé de son siège alors qu’il ne restait que quelques personnes dans l’avion. Décidant d’aller réveiller le dormeur, la jeune asiatique alla à contre courant contre la foule et s’approcha du siège 26 C.
C’était un homme assez grand, sa tête rasant la lumière du plafond. Il avait une barbe noire assez fournie, des lunettes de soleil bon marché et une coupe au carré. Il était habillé d’un vieux pull gris et d’un jeans délavé. Il puait l’après rasage pas cher et semblait dormir, comme l’hôtesse le pensait. Elle s’approcha encore plus de lui.
« Monsieur, nous sommes arrivés… »
Mais malgré la douce voix de la jeune femme, l’homme ne se réveillait pas. Elle s’approcha encore plus de lui, de façon à être à quelques centimètres de lui pour pouvoir le pousser un peu pour le réveiller. Après tout, il ne pouvait pas rester là toute la journée non plus…
Alors qu’elle allait parler doucement, l’hôtesse vit son bras droit se faire happer par la main gauche de l’homme qui posa ensuite à une vitesse fulgurante son autre main sur sa bouche, pour qu’elle ne crie pas, chose qu’elle tentait de faire aussi fortement que possible.
L’homme serrait fortement le bras de la jeune femme, si fort que des marques rouges se dessinaient rapidement sur le corps de l’hôtesse qui tentait de se dégager vainement de l’étreinte du passager, qui se releva d’un bond et cria quelque chose d’incompréhensible dans l’avion.
Suite à cela, les rares passagers restants se retournèrent, surpris. Mais avant qu’ils n’aient pu faire quelque chose, deux hommes (un à l’avant, l’autre à l’arrière) sortirent deux armes de leurs pantalons et ordonnèrent aux passagers de remonter dans l’avion, sous peine de faire feu.
La panique gagna alors presque tous les voyageurs, craignant évidemment pour leur vie. Ils furent obligés de s’asseoir et de ne plus bouger, de donner aussi leurs téléphones portables au passager endormit auparavant, qui avait relâché l’hôtesse qui se massait maintenant son bras douloureux.
Les deux sorties étaient gardées par les deux hommes armés, et le passager aux lunettes noires se trouvait au milieu, un téléphone portable dans une main et une arme dans l’autre. Chaque passager se demandait comment ces hommes avaient pu passer de tels armes en Amérique, et surtout ils se demandaient si ils allaient mourir…
« Vous êtes prisonniers du CLT, le Comité de Libération de la Technologie. Nous vous prenons en otage pour montrer à quel point les Etats-Unis se moquent de la sécurité de leurs concitoyens, refusant d’utiliser la technologie pour protéger les américains ! Il ne vous sera fait aucun mal, sauf si nos exigences ne sont bien sûr pas respectées… »
Tout le monde avait peur, tandis que les membres du CLT vérifiaient que leurs armes en cire étaient bien chargées de balles en plastiques. Ils avaient réussis à les faire passer en les démontant et en les cachant dans leurs caleçons, dans leurs chaussures, dans leurs bouches. Après, ils n’avaient eu qu’à aller aux WC pour les remonter et attendre le moment propice pour frapper.
La police venait d’arriver sur les lieux, alertée par l’aéroport qui avait vu les hommes armés faire remonter les passagers dans l’avion. Plusieurs voitures de police se trouvaient à distance raisonnable de l’appareil, et le commissaire Jones, qui avait déjà eu affaire au CLT un an auparavant, était de nouveau en charge des négociations et de la capture des terroristes.
Le vieux flic avait peur pour les passagers. Il savait que le CLT était un des pires groupuscules terroriste du monde. En fait, il n’aurait pas dû être au courant de l’existence de CLT, mais le vieil homme avait fureté un peu dans les dossiers de la police après l’épisode de l’aéroport, il y avait un an. Jones n’avait pu aller plus loin que le début du dossier du CLT, car soudain son ordinateur avait été déconnecté. Problème de connections, parait-il…
Mais le commissaire savait bien que l’on n’avait pas apprécié qu’il recherche des informations sur le CLT. Il avait donc arrêté, mais n’avait pas oublié. Le vieil homme avait bien remarqué que les terroristes s’étaient fait rares depuis un an, et pensait presque que l’organisme était dissout. En voyant une entreprise d’une telle ampleur, il réalisa alors que cela était loin d’être vrai.
Jones s’approcha un peu de l’appareil et prit l’appel qu’on lui transférait : un terroriste voulait lui parler.
« Jones.
- Content de vous revoir, commissaire.
- On se connaît ?
- Bien entendu. Nous nous sommes déjà rencontrés ici même, il y un an.
- Tu en étais ?
- Oui.
- Etrange, il me semble qu’ils étaient tous morts…
- J’avais réussis à fuir de l’avion. Un parachute dans le dos, ça aide.
- Je m’en doute. Vous voulez quoi, toi et tes potes ?
- Je ne vais pas vous embêter avec des exigences qui proviennent de nos valeurs, je sais bien que vous vous en foutez et qu’elles ne seront jamais faites. Vous et les autres êtes trop ignorants pour voir ce qui va arriver. Mais passons. Mes amis et moi même voulons celui qui a tué nos frères. Celui qui a porté le déshonneur sur notre cause. Nous voulons Spider Man.
- Spider Man ? Désolé, mais nous ne l’avons plus vu depuis très longtemps. Huit mois, environ. Même un peu plus. On suppose qu’il est mort.
- C’est impossible. Nos sources sont formelles : il vit encore. Trouvez-le ou nous tuons des otages.
- Vous n’aurez pas le cran.
- Ah oui ? »
Jones entendit alors un bang au bout du fil et sentit son cœur pratiquement lâché. Il avait tué…
« Une jeune femme vient de mourir. J’espère que maintenant vous nous prenez au sérieux. Trouvez-moi Spider Man. Ou chaque demi heure, une autre personne suivre cette pauvre femme. »
Avant d’entendre le bruit de la tonalité, le commissaire eut le temps d’écouter les cris affolés des passagers suite au coup de feu. Il soupira. Cela allait sûrement lui coûter sa carrière, mais il était plus préoccupé maintenant par le sort des passagers. Si seulement il avait une idée de comment joindre ce damné gamin…
Dans l’avion, la panique était énorme, mais les terroristes calmèrent rapidement la foule en menaçant de tirer à vue sur ceux qui criaient. Cette menace fit effet, et les passagers se calmaient peu à peu, craignant encore plus pour leur vie qu’avant. Presque tous observaient avec peur les membres du CLT. Tous sauf un. Un jeune homme assit non loin de la personne assassinée.
Il avait tout entendu du fait de sa position proche au terroriste. Et il réfléchissait calmement à ce qu’il allait faire. Les terroristes n’étaient pas bêtes, et mettraient leurs menaces à exécution dans peu de temps, surtout que la police n’avait aucun moyen pour alerter Spider Man.
L’adolescent était de taille moyenne, les cheveux un peu longs et teints en blonds avec quelques mèches noires. Il portait un début de barbe, des lunettes de soleil, un jeans trop grand pour lui et un t-shirt rouge. Il avait éteint son MP3 durant l’attaque, au grand soulagement de sa voisine, qui ne pouvait supporter sa musique « de dégénéré », selon elle, ce qui l’avait fait bien sourire. Mais ce n’était plus l’heure de sourire.
Le terroriste qui avait parlé au téléphone marchait entre les sièges, confiant. La police ne trouverait peut-être pas Spider Man, mais la prise d’otages, si. Et si il était mort comme ce crétin de Jones le disait, et bien ces passagers serviraient de martyrs à la cause. Et on reparlerait d’eux.
Il passa alors près du jeune homme, qui n’attendait que cela pour agir. Rapidement, l’adolescent releva son bras gauche vers le menton du terroriste qui, surprit, allait tomber à terre quand le jeune homme le retint par le pull par sa main gauche avant de lui asséner un crochet du droit, l’expédiant cette fois-ci définitivement à terre.
Cela s’était passé si rapidement que les passagers crurent rêver. Il n’y avait eu aucun bruit sauf ceux des rencontres des poings et du corps. Stupéfaits, la foule se demandait qui était leur héros quand un des deux autres terroristes regarda du côté de son « frère » et vit qu’il était étendu à terre, aux pieds d’un adolescent. Sans réfléchir, il tira alors deux coups de feu pour porter secours à son ami et châtier celui qui les avait défiés.
Mais alors qu’il s’attendait à ce que les deux balles perforent le dos, un poumon et peut-être le corps du jeune homme, le terroriste assista à un spectacle inouï. L’adolescent fit un salto avant tandis que les balles filaient vers lui, ce qui lui permit d’éviter les balles avant de se retourner pour faire face au terroriste, stupéfait. Tous les passagers se demandaient qui était ce gars fou et terriblement acrobatique…
« Mais merde t’es qui toi ? Le fils de Jackie Chan ?
- Crétin. Parle de Bruce Lee au moins, ça montrera que tu as un semblant de culture. Encore que tu dois plus être branché cul que ture. Et pour répondre à ta question, je suis celui que vous cherchez.
- Quoi ? »
L’adolescent s’accroupit, prêt à sauter, une tâche noire apparaissant lentement sur son corps, prenant peu à peu toute la place sur les habits et la peau du jeune homme.
« Je suis Spider Man… »