Urban Comics
  Episode 24 : Irréversible (2)
 
Histoire : Ben Wawe
Date de parution : Mai 2005


Ben attendait impatiemment la réaction de Gwen alors qu’il venait de lui avouer qu’il était Spider Man. Les deux adolescents étaient dans une rue du quartier de la jeune femme, et le jeune homme fixait son visage impassible en cherchant un début de réponse. Qu’attendait-elle pour réagir ? Elle n’avait pas entendue ?

Soudain, la jeune Stacy commença à ricaner, puis à rire et enfin un énorme fou rire s’empara d’elle. Elle riait tellement qu’elle s’était pliée en deux et devait s’adosser contre le mur en briques d’un vieil immeuble pour ne pas tomber. Finalement, après de longues minutes stressantes et humiliantes pour Ben, elle se calma et parla d’une voix fatiguée par les rires.

« Oh, Ben…je savais que tu étais un marrant, mais là…hihi…là franchement tu en fais trop…c’est même pas crédible !
- Tu me crois pas alors ?
- Bah nan ! Comment veux-tu que je te croie ? Déjà Spider Man n’existe pas, c’est qu’une légende pour criminels peureux ! Et puis, sans vouloir te vexer, t’as pas la carrure, bébé… »

Gwen voulut passer ses bras autour du cou de son petit ami, mais il la repoussa et fit quelques pas en arrière.

« Qu’est-ce qu’il y a, Ben ?
- Tu me crois pas. Pourtant c’est vrai. Mais fais ce que tu veux. »

L’adolescent, énervé de ne pas être cru pour la première fois qu’il ouvrait son âme et son passé, marcha alors vers la sortie de la rue, en colère. Gwen tentait bien de le faire revenir, mais il n’en faisait rien. Comment osait-elle ? C’était la première personne à qui il avouait vraiment qui il était…pourquoi ne le croyait-elle pas ? Etait-ce donc si extraordinaire et impossible que lui, simple new yorkais, pouvait être la terreur des criminels ? Avait-elle une si basse opinion de lui ? Il aurait aimé qu’il en soit autrement…

Alors qu’il sortait de la rue en dépassant trois loubards crânes rasés, Ben se demandait ce qu’il allait faire maintenant. Rester avec Gwen et sa famille malgré cela ? Ca allait être dur…connaissant le caractère difficile de la jeune fille, il se doutait bien que leurs relations allaient être tendues ces prochains temps…et il fallait aussi qu’il aille chez cet avocat, Nelson, que Georges lui avait indiqué…histoire de régler les papiers de la succession et de se faire une nouvelle identité…de façon moins légale qu’à la normale, bien sûr.
L’adolescent soupira alors. Cela faisait un an que la vie normale et la légalité n’étaient plus ses valeurs et son mode de vie. Il sourit en pensant qu’il était passé du côté obscur. Le nouvel Anakin même, sourit-il en pensant qu’il lui faudrait peut-être devenir asthmatique dans le futur.

Soudain, un cri de femme vint aux oreilles de Ben. C’était très proche, cela venait de la rue qu’il venait de quitter…mon dieu, pensa-t-il. Gwen. Seule. Rue vide. Les loubards.

« Merde, merde, merde… »

Ben fit rapidement demi tour et courut aussi vite que son corps et ses pouvoirs surhumains le lui permettaient. Il rentra difficilement dans la rue, zigzaguant entre des passants blasés et non réactifs aux cris de Gwen, qui hurlait au secours. La rage montait dans l’adolescent. Si ils touchaient à un de ses cheveux, ils connaîtraient le sens exact du mot douleur…

Il arriva en vue de la scène. La jeune fille était collée contre un mur, les trois hommes autour d’elle. L’un d’entre eux avait un couteau et commençait à enlever les lanières de ses vêtements. Ses deux potes avaient déjà déboutonnés leurs pantalons. Gwen était terrifiée, elle criait à se casser la voix, et cela semblait exciter les trois agresseurs.

« Mmh, je sens que je vais aimer me faire cette petite poulette… »

Celui qui venait de parler posa alors sa main crasse et lourde sur le sein droit de la jeune fille qui détourna le visage alors que l’homme au couteau s’apprêtait à rentrer sa lame dans sa joue. C’est à cet instant qu’elle vit Ben arriver.

On pouvait voir la rage dans ses yeux quand il discerna au mieux comment sa petite amie, celle qu’il aimait, était en train de se faire agresser. La colère, la rage refoulée par le jeune homme durant des mois, plus celle de tous ses prédécesseurs qui appréciaient aussi, par-delà le rideau de la Mort, la jeune Stacy. Ils ne laisseraient personne lui faire du mal.

« Hey ! Y a un mec qui se la ramène !
- Plante-le, ça nous laissera le temps d’exciter un peu la demoiselle… »

L’homme au couteau sourit, se tourna et s’approcha de Ben qui courait en hurlant. L’adolescent prit appui sur ses jambes et fit un saut surhumain, atterrissant sur un des types encore autour de Gwen. L’homme fut surprit du choc et fut projeté plus loin dans la rue, tandis que Ben se retourna vers l’autre être.

« Hé, mec…calmos… »

L’adolescent leva rapidement sa main, et attrapa l’avant bras de l’homme. Dans un visage de colère, il serra de toutes ses forces, de toutes les forces qu’il avait en lui, de toutes les forces de ses prédécesseurs. Il serra tellement fort qu’un crac monstrueux et terrifiant sortit de l’avant bras, et quand Ben le relâcha, le bras pendait et l’homme ne pouvait plus le bouger. En fait, il ne pourrait plus jamais le bouger : ses muscles, ses os et ses vaisseaux sanguins furent tous écrasés, et aucun chirurgien au monde ne pourrait le sauver.
L’homme, criant de douleur, ne pu rien faire quand le jeune homme lui administra un monstrueux uppercut qui lui cassa la mâchoire.

Ben se tourna alors vers Gwen pour voir si elle n’était pas blessée. Voyant que non, le jeune homme se tourna alors vers l’homme sur qui il était atterrit peu de temps avant. Celui-ci avait eu le temps de se relever et de prendre son arme, un vieux revolver qu’on ne voyait plus que dans les films de cow boy.
En temps normal, l’adolescent aurait sortit une vanne sur la date de péremption de l’arme, mais la colère et la haine étaient telles en lui qu’il n’y arrivait pas. Malgré le fait que le pistolet le visait et que l’homme semblait prêt à tirer, Ben marcha vers lui, le regard impassible, le torse bombé, les mains prêtes à tuer peut-être.

« A…approche pas ou j’te butte !
- Tire. Mais ne me loupe pas. Car moi, je ne te louperais pas. »

L’homme hésita quelques secondes à appuyer sur la détente, mais ce fut des secondes de trop. L’adolescent fit de nouveau un saut extraordinaire, et cette fois atterrit derrière lui. Ne disant rien, il lui enfonça ses deux poings dans le bas du dos, et un effroyable cri de douleur sortit de la gorge de l’agresseur, qui tomba à terre, désormais incapable de marcher à tout jamais.

Ben regarda le pauvre homme désormais à terre, mais soudain, son sens d’araignée le chatouilla. En un clin d’œil, il leva la tête dans la direction que lui intimait son pouvoir, et vit l’homme au couteau prêt à défigurer Gwen.

« Gwen…non… »

Un cri de guerre amérindien jaillit de sa gorge quand le jeune courut aussi vite qu’il le pouvait en appuyant sur la paume de ses mains. Deux minces fils de toiles en jaillirent et vinrent stopper la main et le bras de l’homme qui, surprit, ne pu rien faire quand Ben donna un coup sec en arrière à ses toiles, faisant voler vers l’agresseur.
Ben s’arrêta, se fit un bon appui sur le sol, préparant son bras droit en le mettant derrière lui, et quand l’homme arriva à sa hauteur, il lui envoya un monstrueux coup de poing dans la tête, le stoppant net dans le vide, lui cassant la mâchoire au passage, ainsi que la majorité de ses dents et son nez sous le coup du choc. L’homme, inconscient, tomba à terre, et ne bougea plus, comme ses amis.

« Oh mon dieu Ben… »

Gwen se décolla du mur et courut vers son sauveur, vers celui qu’elle aimait. Il ouvrit ses bras et les referma sur le corps tremblant de peur de la jeune femme. Ils restèrent là de longs instants, à ne rien se dire, simplement à se caresser, à montrer par le langage corporel que jamais ils ne se sépareraient et que leur amour était immensément fort.

Finalement, au bout de vingt minutes, Gwen osa lancer un regard plein de larmes vers son compagnon.

« Je suis désolée de ne pas t’avoir crue…
- Ce n’est pas grave. J’aurais eu du mal aussi. Tu vas bien ? Ils ne t’ont rien faits ?
- Non…j’ai juste eu la frousse de ma vie…merci, Ben…merci… »

La jeune fille repleura à nouveau à chaudes larmes, mais cette fois c’était de joie, de bonheur d’avoir retrouvé celui qu’elle aimait et de savoir qu’il la protégerait toujours. Les deux adolescents rentrèrent ensemble chez les Stacy, où ils racontèrent le petit drame et la conduite héroïque de Ben, en oubliant bien sûr de dire qu’il était Spider Man et en changeant la manière dont il sauva sa douce.






Samedi soir. 23 heures. Gwen dormait profondément, fatiguée des événements difficiles de la journée. Elle avait tenue à ce qu’il soit à ses côtés avant qu’elle ne s’endorme, lui tenant la main pour éviter qu’elle pleure trop et qu’elle ait peur du noir. Ben avait bien sûr dit oui. Que pouvait-il lui refuser ? Il se sentait tellement coupable…pourquoi avait-il prit la mouche ainsi ? Ce n’était pas son habitude, mais elle l’avait tellement énervé…heureusement qu’il avait réussit à entendre ses demandes à l’aide sinon…il n’osait pas y penser.

Le jeune homme marchait dans les rues sombres de New York. Le quartier était assez tranquille la nuit, et même si on voyait quelques fêtards de la ville errer de bar en bar ou de discothèque en discothèque, on était loin de l’animation du centre. Il aimait cela. Cette atmosphère intimiste, simple, d’entraide…on voyait cela rarement dans les villes, et surtout dans les grandes villes. Mais ce quartier avait toujours été sympa, et à l’heure des crimes et des monstres vivants dans les rues, il fallait aux habitants redoubler de courage pour s’aider et ne pas s’abandonner à l’individualisme.
Mais désormais, ils n’étaient plus seuls pour protéger le quartier. Spider Man avait élu domicile ici, et il ferait tout pour en chasser les criminels et les monstres. Il en faisait le serment.

Il était temps de rentrer, pensa Ben. Il avait passé une heure à marcher dans le quartier, sans trouver de criminels à tabasser. Remarque, il avait eu ce qu’il fallait l’après midi même…le jeune homme frissonna tandis qu’il s’en retournait chez les Stacy quand un des rares passants le surprit. Il avait un visage familier…
L’adolescent se retourna, et vit que l’autre avait fait de même. Qui était-il ? Il lui disait bien quelque chose, mais il ne se rappelait plus qui il était…comme si sa mémoire lui jouait des tours, comme si son cerveau se refusait à lui dire qui était ce jeune homme qui semblait aussi surprit et intrigué que lui. Se forçant à se rappeler jusqu’à en avoir mal, Ben réalisa alors qui était devant lui. Soudain, tout devint clair quand il reconnut devant lui Michael, son ami qu’il avait normalement rendu infirme dans un accès de colère…
 
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