Urban Comics
  Episode 37 : Apparition (3) : Justice
 
Histoire : Firediablo
Date de parution : Avril 2006

Trois ans déjà. Trois ans qu’il continue de faire son boulot. Enfin, boulot, si on veut. C’est plutôt une activité « extra-légale » comme dit son patron. Qui saurait ce qu’il fait lorsque le Soleil est couché et qu’il n’y a plus personne dans les rues ? Lui qui dit à sa femme qu’il fait des parties de poker et quelques virées dans les bars. Si elle savait…

« Hey, boss !

Hermann se retourna. Encore ce merdeux de Bobby.

« Quoi ?
-On a pratiquement terminé. Qu’est ce qu’on fait quand on aura terminé ?
-Bin, t’attends l’heure du départ, tiens !

Hermann retourna à sa contemplation du fleuve, en songeant à nouveau au chemin qu’il l’avait amené à vendre des kilos de drogue pour la redistribuer aux différentes ethnies du territoire. Bobby regarda un instant son chef qui lui tournait le dos. On distinguait clairement une musculature assez imposante et la cigarette qu’Hermann tenait à la main laissait s’échapper des volutes de fumée sous la lumière de la Lune. Le jeune garçon, grand, élancé et pitoyable se tourna pour retrouver ses amis, ses camarades.

Bobby s’arrêta devant deux autres personnes, qui se réchauffaient devant un bidon où brûlait un grand feu. Un des gars était plus âgé que l’autre et Bobby. Le deuxième était le plus musclé du groupe.

« Alors ?
-Schultz veut qu’on attende une fois fini, dit Bobby d’une voix lasse.
-Connard d’allemand, répondit l’armoire à glace.
-Pas faux, Tim, commenta le plus âgé. Bon, il reste deux caisses, j’y vais.
-OK, Georges. On t’attend.

Georges se dirigea vers le fond du petit entrepôt où devait se trouver les deux dernières caisses. De quoi ? Il ne le savait pas, mais il savait que c’était de la drogue, beaucoup de drogue, et pas du crack de seconde zone.
Sur son petit camion élévateur, il dirigea la machine vers une des deux caisses. Dans l’obscurité quasiment totale, il lui était dur d’attraper la marchandise pour la soulever. Il s’y essaya à plusieurs fois.

« Connerie d’obscurité, j’vais te me le… » songea-t-il, rageur.

Twip !

Twip ? Drôle de bruit. Pas un bruit de l’élévateur en tout cas. Les flics ? Georges avait des tendances paranoïaques. Non, ils ne sont là que depuis une quinzaine minutes, lui et les copains, les poulets auraient pas eu le temps d’arriver. Un de ces super héros qui laissent des cadavres dans leur sillage ? Il y en a tellement maintenant, ce serait compréhensible. Mais non, ils étaient super discrets pourtant.

Pok !

« Aie ! Qui est là ? Montre toi !

Le caillou lancé sur sa tempe affirma l’hypothèse d’une présence. Il y avait quelqu’un. Il sortit son arme. Un Beretta, offert par son frère, qui brillait à la faible lueur de la Lune cachée par nombre de nuages, visible depuis le toit en verrerie. Puis il scruta l’ombre. Il ne voyait même plus le chemin du retour. La peur montait en lui et l’absence de réaction de son adversaire l’effrayait encore plus. Il sentait le sang qui battait sur ses tempes, la sueur qui coulait sur son dos.

Une ombre bougeait devant lui et s’approchait. Et si… ?

« Bobby ! Bobby, c’est toi ? Salopard, si c’est toi je te tue! Et si c’est pas toi, le même sort t’attend, qui que tu sois !
-Tu as fais souffrir.

La voix glaciale perçait Georges au plus profond de son âme. Il dressa son arme. Les mains tremblantes, la sueur sur le visage, il voulait fuir. Mais il ne voyait pas la sortie.

« T’APPPROCHE PAS ! SINON, J’TE TROUE, T’ENTENDS !
-Toi, et les autres. Vous faites souffrir tant de gens. En vendant encore et toujours ces trucs qui bousillent les neurones. Combien de génies potentiels avez vous exterminés avec ça ? Vous êtes si nombreux à vendre, à commercer. J’en tue un, deux autres reviennent. Je tue à la chaîne des dizaines, des centaines et tu es le prochain.

Georges serra son arme, ferma les yeux et tira. Une, deux, cinq balles. Toutes parties vers l’être qui avançait. Lorsqu’il réouvrit les yeux, il n’y avait personne.

« Sais tu ce que me disent mes ancêtres ?

Georges se tourna dans un bruit de frayeur. Une ombre immense, parsemée de blanc, le surplombait, derrière lui. Il ne voyait que son visage complètement noir, où deux immenses taches blanches à l’allure meurtrière le fixaient. Il s’efforça de s’éloigner mais tomba de l’élévateur. Atterrissant lourdement, il ne sentit pas la douleur. Georges se releva, trébucha tenta de fuir. Mais un bras tendu percuta sa gorge et il tomba à nouveau au sol, complètement paniqué.

« Ils me disent quoi faire. Ce que tu feras. Ils savent ce que tu penses, car tu penses comme tous les autres. Je sais ce que tu vas faire avant même que tu y songes. C’est pour ça que je suis imbattable. Parce que je sais ce que tu comptes faire.

La voix glaciale de l’ombre déclencha une crise de larmes nerveuse chez Georges. Celui ci rampa à quatre pattes sur le sol pour aller chercher son arme tombée dans le véhicule, en gémissant de peur. Il tendit le bras vers l’élévateur, mais un pied vint lui briser l’os, dans un craquement qui retentissait dans tout le hangar désert, suivi d’une de ces plaintes déchirantes que poussait un enfant dans le noir. L’ombre venait de lui broyer l’os. Georges se tint le bras de douleur, haletant, pleurant.

« Tu va souffrir. Comme jamais. Durant les quelques minutes qui vont suivre, je vais te faire endurer le pire. Mais rassures-toi : tu mourras ensuite.

Georges vit alors son bourreau se baisser, lever le poing bien haut. Puis, il sentit le même poing qui pénétrait sa cage thoracique dans un craquement sinistre, alors qu’il hurlait de toute ses forces avant d’être privé de la possibilité de respirer.


« …explosion d’attaques, volontaires ou pas, depuis une demi dizaine d’années. Depuis ce Spider Man et cet autre démon, les criminels masqués nous écrasent et la police ne sait que faire ! Nos concitoyens doivent comprendre que cette vermine doit croupir en prison !
-Mr Jameson, calmez vous, ceci est un débat, pas un défouloir !
-Il a raison, Jiji, calme toi, tu vas nous faire une syncope…
-Vous, je ne vous permet pas !
-Parlons plutôt de cette augmentation de personnes appelées « mutants » On en compte déjà plus de mille dans le pays…
-En prison ou noyés dans la mer, tous !
-Monsieur Jameson ! »

« Wow, ça barde sur la bande FM !
-Pas faux, Bobby, en même temps, Jameson est dans le vrai. Tu as lu son journal ?
-Le Daily Bugle ? Le journal qui a été menacé d’être retiré de la publication? Sur ! C’est même le meilleur moyen pour nous faire lire. J’ai adoré son texte sur l’Araignée, une vraie bombe d’insecticide !
-Mortel, j’aimerais bosser pour lui, c’est un caractère, ce mec… Que fout Georgy ? Il devait arriver avec une cargaison, nan?

Bobby coupa la radio, dont le son avait été exagérément augmenté auparavant. Les deux hommes n’avaient rien entendu de la scène, même des cris déchirants. Lorsque que l’imposant Tim se retourna, il entendit une plainte, très faible, presque un souffle. Le bruit venait du bout du hangar, dans l’obscurité. C’était Georges ? Lui qui avait l’habitude de fermer sa gueule, c’était bizarre.

« Tim ?
-Faut aller voir, petit… Ca bouge par là bas…
-Mutants ? Drogué ? »

Tim ne répondit pas et se contenta de saisir son revolver. Ils s’approchèrent tout deux du fond du hangar. Le noir s’éclaircissait parfois grâce à la lumière de la Lune. Mais il faisait encore trop noir pour distinguer clairement un probable ennemi.
Bobby sortit une lampe de poche, qui éclaira d’une lueur blanche l’immense pièce. L’entrée du hangar était faite d’un étroit tunnel formée de deux large rangée de caisses de fringues, clopes et autres boites de conserve. Georges devait être au fond, dans un petit espace où se trouvait leur drogue.
Bobby passa devant et avança prudemment, en levant la lampe bien haut. Il éclaira un instant l’élévateur qu’ils utilisaient pour transporter leur marchandise, Georges ne devait pas être loin.

« Première loi du Dieu : la vie est un don, fais en bon usage. »

Tim et Bobby se tournèrent et cherchèrent dans la nuit qui avait pu dire ces mots étranges. Personne, la lampe n’éclairait pas grand chose, mais on sentait une présence invisible. Il était au fond, tout au fond. D’un regard, ils s’accordèrent d’avancer un peu plus.

Twip !


Une toile se fixa dans le dos du robuste Tim, entraînant sa surprise. D’un coup sec, l’ombre attira le docker dans l’obscurité. Bobby tenta de retirer une deuxième toile qui s’était collée à sa lampe et il n’osait chercher son ami. Il entendit un melimelo de cris de peur de plaintes et de coups.

« Ces saloperies que tu allais livrer tuent mon peuple, connard.
-L… lâche-moi ! T’es qui, merde ? Qu’est ce que tu veux ?
-Comme tout le monde, la Justice, la paix, le bonheur. Mais je reste le seul à agir avec les mesures qui s’imposent. La mort est le seul recours à l’apprentissage. Tu le sauras pour la prochaine vie. Celle-ci est terminée.
-N.. non, merde, non, lâche moi, ça.. ark… a.. arrête.. tu vas…
-Deuxième loi du Dieu : tues ceux qui seront pervertis par le mal.

Bang !

Une balle partit, puis plus rien. Les voix se turent. Plus un son ne se fit entendre, comme absorbés par la nuit, comme évaporés. Seuls les lamentations de Bobby résonnaient encore dans le hangar, alors, qu’il se débattait avec la toile qui lui empêchait de voir quelque chose dans ce noir absolu. Il sentait que le type qui avait attaqué Tim se rapprochait alors il reculait. Son pied heurta quelque chose de mou, comme un sac. Il réussit enfin à dégagé cette maudite substance et il retrouva avec bonheur cette lueur si faible pourtant. Il éclaira le sol et vit Georges, les yeux révulsés, un bras détruit et le sang coulant encore à flot d’un énorme trou dans la poitrine, alors qu’il voyait des organes dont il ne connaissait même pas l’existence.

Apeuré par cette vision, il ne pu retenir un cri suivi par une crise de vomissements. Mais il se reprit vite, il connaissait maintenant ce qui restait de lui arriver. Il devait faire demi -tour, mais la lampe n’éclairait rien, et il était complément déboussolé. Tant pis, il avança à l’aveuglette, alors que son cœur ne s’arrêtait pas de battre, de plus en plus fort…

« Troisième loi du Dieu : N’aies aucune pitié contre eux, car je n’en n’aurais aucune. Et sache que chaque suppôt du Mal mort de ta main te rapproche de la Divinité.

Bobby, en pleine course s’arrêta brusquement. Sous la lueur de sa lampe venait de lui apparaître un monstre, que l’on connaissait sous le nom de Spider-Man dans son milieu. Pendu par un fil de la toile au plafond, il observait de ses immenses yeux le jeune homme.

« Spider man, Dieu merci….Je t’en prie aide moi, il y a un monstre qui a tué tous mes potes, et il me poursuit, j’t’en supplie sauve moi !
-Ils ont eu ce qu’ils méritaient.
-Hein ? Quoi ? Oh non.. cette voix, je…
-Cela te servira de leçon. Le Mal n’est rien d’autre que la pire perversion, et tu es perverti. Je n’ai pas envie de faire un autre monologue, donc, je vais être rapide. »

Dans un autre hurlement qui ressemblait tant à tous les autres, Spider-Man se saisi du jeune Bobby, et l’entraîna en dehors du hangar, pour appliquer encore une fois les Lois du Dieu.


Huit minutes plus tard.

« PUTAIN D’MERDE ! MA DROGUE ! J’VAIS M’FAIRE TUER !
-Pas faux. »

Spider-Man, imposant monstre de noir, était éclairé par une immense lueur de rouge dans la nuit. Il bloquait du pied Hermann Schultz, qui, à demi allongé dans une flaque d’eau de pluie, observait avec peur son camion et sa cargaison en feu.

« Trois cents kilos ! Trois cents kilos de coke foutus en l’air par un con de super héros ! »

A ce moment, Eddie se baissa et dans cette même jubilation de l’horreur et du sang, il envoya un puissant crochet du droit au minable dealer. Le coup lui brisa le nez dans un flot d’hémoglobine. Aussitôt, Schultz se recroquevilla en gémissant.

« J’ai une gueule de héros, tu crois ?
-Ntain de ntain de merde…
-Maintenant, il est temps de te faire ton sermon. Ecoute moi, pauvre merde, j’ai pas envie de me répéter, quatre dans la même soirée, ça fait chiant. »

Eddie reprit son habituelle et horrible leçon, derniers mots entendus par ses victimes, le tout agrémenté de plusieurs coups et de membres fracturés.

Lorsqu’il eu fini, le feu perdait de sa vigueur et s’éteignait lentement. Hermann, au désespoir et meurtri, ne luttait plus. L’adrénaline qui coulait dans le sang de Spider Man montait à mesure de l’achèvement de sa tache.

« Faisons un peu d’originalité, dit Eddie avec un sourire caché par son masque.

Il lança deux toiles, une sur chacun des poteau électriques situés devant lui. Les deux mâts tombèrent de chaque coté du dealer, sans que celui ci ne bouge. Eddie se baissa entraînant une réaction de peur chez Hermann, mais il se releva en tenant entre ses mains le câble électrique fraîchement arraché.

« T’as déjà mis les doigts dans une prise électrique ? »

Hermann comprit alors comment il allait être tué. Spider-Man, d’un geste puissant, coupa le câble. Protégé par sa peau mystique, l’électricité ne lui faisait aucun effet. Les étincelles jaillissaient des deux extrémités et il lâcha les fils dans la mare où gisait Hermann.

Les cris d’électrocution et de souffrance qui suivirent emplirent Eddie d’un effroi jouissif. Alors qu’Hermann se tordait inhumainement tandis que le courant parcourrait chacun de ses nerfs, les cris cessèrent brutalement. Le courant avait été coupé. Pas grave. Eddie avait empli sa mission, ils étaient morts et la drogue était partie en fumée.

Son portable sonna. Peut être Michael Twoyoungmen ?

« Allô ?
-Allô, Eddie ?
-Oui, Gwen, qu’est ce qu’il y a, il est revenu ?
-Oh… non… Mais je voulais juste parler à quelqu’un…

Ces adolescentes et leur besoin de parler de tous leurs petits problèmes, songea Eddie.

« Je voulais savoir si tu voulais bien venir. Ma mère se couche tôt depuis… Papa. Et je reste toute seule. J’arrive plus à rester tranquille, je suis perdue, je sens que je vais faire une bêtise à penser à lui…
-Ne t’inquiètes pas, coupa Eddie, j’arrive dans deux minutes, commande des pizzas…
-D’a.. d’accord Eddie, merci. A tout de suite.


Alors que la voix faiblissait, Eddie prit son élan et se balança pour rejoindre Gwen. Une sirène de police, elle se rendait sur les lieux de l’incendie.
Quelle ambiguïté. Son costume était encore couvert de sang alors qu’il allait faire sa B.A. du jour. Mais bon, elle semblait bouleversée, avait besoin de réconfort. Peut être que la nuit ne serait pas totalement gâchée…
 
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