Urban Comics
  Episode 49 : La Bataille (3) : Goodbye Spider Man
 
Histoire : Ben Wawe
Date de parution : Février 2007


« Tu ne passeras pas. »

New York City.
Vingt deux heures trente.
Premier sous sol d’un des immeubles du Lower East Side. Celui juste à côté du bar des Stacy, pour être exact. Le bâtiment placé juste à quelques mètres de l’ancienne chambre de Ben Reilly et de son ancienne petite amie Gwen. La bâtisse que le jeune homme pouvait voir à chaque instant de la journée, tant qu’il se trouvait dans la pièce qui lui était réservée, jadis. Le quartier général de la Société du Scorpion, en fait. Le meilleur endroit pour observer Reilly et le piéger sans qu’il s’en rende compte, au final. Le repaire parfait pour ses ennemis.

« Je vais passer.
Et je vais te tuer, aussi.
Comme tous les autres fous qui sont présents ici. Et je prendrais mon temps pour chacun d’eux…toi en premier… »

Deux hommes se faisaient face. Deux êtres emplis de haine, de colère, de rage et de folie. Deux personnes qui avaient sciemment abandonnés leurs Humanités pour se laisser guider par des Dieux injustes et violents, qui les opposaient l’un à l’autre pour tromper leur ennui et continuer à croire qu’ils étaient encore importants. Deux vies, mais un destin malheureusement similaire : la mort. La mort comme seule échappatoire à leurs existences devenues horribles et sans fondement.
Eddie. Michael. Spider Man. Le Scorpion. Frères ennemis, au final.

« C’est toi qui vas mourir.
- Quel sens de la répartie.
- Tu ne fais pas mieux.
- Ce n’est pas moi qui m’occupe de ça. Ben le faisait. Je suis plus expéditif dans mes actions, vois-tu… »

Les deux êtres se faisaient face.
Eddie, vêtu de sa seconde peau héritée du Dieu Araignée, avait décidé quelques heures auparavant d’en finir définitivement avec la Société du Scorpion. Ayant été déçu et trahit par l’attitude de Reilly qui s’était encore une fois, et une fois de trop, comporté comme le lâche qu’il était au fond de lui, il avait remonté la piste de ses ennemis pour arriver jusqu’ici.
Retrouvant tous les hommes que Ben avait affrontés et dont il connaissait l’existence par cette seconde peau qui avait absorbée les souvenirs de son prédécesseur, le jeune homme avait réussit à les faire parler, avant de les liquider, évidemment. Après tout, ils étaient des agents du Dieu ennemi, ils ne devaient donc plus vivre.
Seul le Dieu Araignée devait substituer. Tout le reste devenait secondaire, et ses ennemis devaient périr.

Brock était donc redevenu l’être froid et violent qu’il avait été quand il avait quitté sa Réserve. Même si Reilly avait réussit à le faire quelque peu changer par son amitié, c’était terminé, et le paysage de désolation autour de lui montrait très bien que l’être qui avait terrorisé durant quelques jours la ville et ses habitants était de retour, et pire qu’avant malheureusement.
En effet, des dizaines de corps étaient entassés autour de lui, dans ce premier sous sol qui était le quartier général de la Société du Scorpion. Il avait réussit à venir ici sans trop de problèmes, et avait commencé son travail de destruction et de massacres pour son Dieu. Tuant n’importe qui passant près de lui, Eddie n’avait pas fait attention si il s’agissait ou non de vrais guerriers ou de simples machinistes ou employés : pour lui, ils étaient des agents de son ennemi, et ils devaient périr. Le Dieu Scorpion voulait la mort de son Dieu, ses agents avaient tout fais pour faire du mal à son prédécesseur. Il fallait que ça change. Il fallait que Justice soit faite. Et il était là pour ça.

Le jeune homme avait donc tué sans s’arrêter pendant de longues minutes, usant de ses terribles pouvoirs avec une précision et un sadisme rares. Faisant d’énormes dégâts dans le sous sol, il ne semblait éprouver aucun remords ou aucune conscience quand il s’approchait d’un des êtres qui avait la malchance mortelle de croiser sa route.
Et bien sûr, quand un des agents « évolués » de la Société apparut, une femme vêtue d’une sorte de costume proche de celui du Scorpion qui se trouvait devant lui maintenant et qu’il avait déjà affronté, il s’en occupa aussi. Avec une sauvagerie et une violence encore plus extrêmes qu’auparavant, Eddie lui régla son compte, criant toute sa rage et sa jouissance d’avoir tué au nom de son Dieu dès qu’elle était morte. Il avait réussit. Encore une fois, il avait réussit à rendre fier le Dieu Araignée en suivant ses principes, et il n’avait désiré qu’une chose, à ce moment-là : continuer. Continuer pour le rendre encore plus fier de lui. Et il allait en avoir l’occasion, dès maintenant…

« Je me fiche de savoir comment tu tues ou comment tu te comportes, Brock. Tu es entré ici sans que la Société te l’ait permit, et tu viens souiller ce temple au vrai Dieu, le Scorpion, par ton aura impure. Tu vas mourir. Tu vas mourir pour tout ce que tu viens de faire, et parce que tu le dois. C’est ton destin. Accepte-le en guerrier…ou meurs en lâche. »

Le Scorpion se jeta alors sur lui.
Vêtu comme la dernière fois qu’ils s’étaient vus d’une combinaison moulante noire, ses bottes, son masque qui recouvrait tout son visage et ses gants avec des griffes au bout étant de couleur bleu marine. Il avait aussi sa longue queue sombre avec une faux au bout, qui commençait à l’arrière de son costume, au niveau du bassin.
Une expression de fureur semblait avoir prit forme sous son masque, mais Eddie ne voyait pas bien, à cause de sa charge et de ce qui recouvrait son visage. Mais au fond, il s’en fichait. Il était l’ennemi. Il était le Scorpion. Ils étaient nés pour s’affronter. Et il était né pour le tuer…

« Toi, meurs !!! »

Avec une rapidité qui déconcerta Michael, Brock évita son attaque et la queue qu’il brandissait en avant, se décalant sur le côté alors que son ennemi retombait lourdement sur le sol recouvert de sang et de restes de métal ou d’étagères qui avaient volés en éclats dès qu’il était arrivé ici. Le Scorpion voulut alors se relever, mais Spider Man ne lui en laissa pas le temps, et lui donna un violent coup de poing à l’arrière du cou, le refaisant tomber au sol, tandis que le son de sa voix devenait plus euphorique et plus proche de la folie, ce qui n’était pas vraiment bon signe vu l’état mental actuel du jeune homme sous la seconde peau…

« Meurs !!!
Meurs, chien d’infidèle !!!
Meurs, avatar d’un Dieu qui périra devant les flammes de la Justice ! Devant les flammes de la Vraie Justice ! Meurs ! Meurs ! »

Fou.
Eddie devenait fou.
A cause des voix qu’il entendait dans son crâne, à cause de son conditionnement mental dès l’enfance dans la Tribu de l’Araignée, à cause de sa déception par rapport à Ben, à cause de la fragilité de son esprit face à toute la violence dont il était témoin, le jeune homme n’avait pu que sombrer dans la folie. Celle-ci semblait tellement douce, tellement attirante que le presque enfant qu’il était toujours au fond de lui n’avait pu refuser de la rejoindre, et il sombrait désormais totalement dedans, espérant que ses crimes seraient pardonnés par son Dieu, même si au fond il savait bien que celui-ci se fichait de lui, comme le lui avait dit Ben…Mais c’était ça ou se suicider, et il n’aurait jamais eut ce courage…Comme Reilly, il préférait toujours la fuite à l’affrontement des problèmes…et ne pouvait donc aller contre sa nature, malheureusement…

« Lâche-moi ! »

Subissant de violents coups de poings et de pieds pendant quelques longues et douloureuses secondes, Michael avait eut le temps de reprendre ses esprits et repoussa grâce à cette queue à l’arrière de son costume, qu’il contrôlait parfaitement d’ailleurs, son adversaire quelques mètres plus loin. Il en profita pour se relever, et arracher son masque de Scorpion, étant donné que celui-ci avait été abîmé par sa chute et les coups portés par son ennemi mortel.

« Chien…
Tu vas mourir…
Pour la Société du Scorpion, pour tes victimes, pour ta folie…pour mon Dieu, même, tu vas mourir ! Tu vas mourir, espèce de monstre ! Et ton Dieu te suivra ! »

Le Scorpion semblait aussi être devenu fou.
Si Fanny avait en effet pu échapper au contrôle mental et au changement d’esprit fait par la Société du Scorpion, Michael n’avait pas eut cette chance. Violemment blessé par son ami Ben Reilly deux ans auparavant, son salut n’était venu que par cette secte, et il avait accepté d’abord à contrecoeur puis avec joie leurs principes.
Ayant perdu famille, amis et même sa capacité de marcher avant qu’ils n’arrangent son corps, le jeune homme avait en effet été rapidement conquit par les préceptes de la Société, qui lui permettaient de se venger de Ben en ayant une « excuse » : celle de protéger le monde ses méfaits. Il avait donc foncé tête baissée dans cette croyance, devenant le Scorpion, cet être plus fort, plus rapide, plus doué au combat que la moyenne des Humains, et uniquement créé dans un seul et même but : tuer Ben Reilly et les Spider Men. Et il allait commencer cette mission dès maintenant, avec la mort d’Eddie Brock…et il allait y prendre un grand plaisir, assurément…

« Crève ! »

Brock n’avait pas eut le temps de totalement se relever et de comprendre pourquoi son sixième sens ne l’avait pas avertit du danger de la queue de son adversaire, et le Scorpion était déjà sur lui, malheureusement. Ne pouvant l’éviter cette fois-ci, il le reçut en plein torse, lâchant un léger râle de douleur tandis qu’il sentait tout le poids de son ennemi sur lui. Le jeune homme essaya alors de le dégager avec ses forces et sa motivation venue tout droit de sa folie et des voix qui l’exhortaient à tuer ce fou qui osait être l’avatar du Dieu Scorpion, mais Michael avait déjà prévu de ne pas se laisser faire, et le frappait de toutes ses forces, avec ses poings et sa queue.
En effet, l’ancien ami de Reilly était presque couché sur Eddie, ses jambes violemment posées sur les cuisses du Spider Man actuel et officiel pour qu’il ne puisse les bouger. Et en même temps, il alternait coups de poings et de queue sur le visage de Brock, essayant de lui faire perdre connaissance pour après le tuer dans les meilleures conditions possibles.

« Crève, espèce de chien ! »

La cadence des coups se faisait de plus en plus forte. Même si leur combat avait été extrêmement bref, Eddie sentait qu’il n’allait plus beaucoup tenir, ainsi tenu par son adversaire. Bien sûr, ses bras étaient encore libres, mais son esprit devenait de plus en plus obscur et fatigué à cause des coups qu’il se prenait, et il savait, au fond de lui, que ce n’était plus qu’une question de secondes avant qu’il ne soit trahit par son corps.
Evidemment, les voix de ses prédécesseurs l’exhortaient à continuer, à se battre, à se relever, mais il n’y arrivait pas. Et au fond, il ne le voulait pas vraiment.

En effet, même si il était sûr de vouloir tuer tous les membres de la Société du Scorpion, son inconscient n’était pas totalement d’accord. Au fond de lui, Eddie croyait toujours dans les mots et préceptes de Reilly malgré la déception qu’il lui avait causé, et il sentait que tout ceci devait finir. Et si il fallait le sacrifice de sa vie pour que tous ces drames, toutes ces folies s’arrêtent maintenant, Brock y était prêt…même si il ne l’accepterait jamais, bien sûr…

« Crève !
- Non. »

Alors que Michael allait donner un des derniers coups à son ennemi, arborant déjà sur son visage remplit de haine et de fureur le début d’une expression de victoire et de bonheur sans nom, son bras fut arrêté par…de la toile ?!
Un bout de toile organique était en effet collé sur son bras et l’empêchait de le descendre vers son ennemi qui n’en pouvait déjà plus, sûrement gravement blessé au visage à cause des coups répétés du Scorpion. Et au bout de cette toile qui l’empêchait de tuer Brock, au bout de ce mince fil qui avait séparé la vie de la mort pour Eddie se trouvait Ben Reilly, évidemment.

Vêtu d’un simple t-shirt noir et d’un jeans bleu, il tenait le bout de la toile dans sa main droite, tandis que son bras était simplement collé son corps. Il arborait une mine extrêmement sérieuse et déterminée, alors qu’on voyait encore la cicatrice de l’explosion de la bombe de Gwen Stacy sur son visage.
Sa voix s’éleva alors, à nouveau, et son ton était très cassant et très violent. Ni Michael, ni Eddie ne l’avaient jamais entendus ainsi, en fait…jamais…

« Lâche-le.
Lâche-le, et affronte-moi.
C’est moi que tu veux. C’est moi que tu as toujours voulu. C’est moi que ta Société a toujours voulu, en fait. Ne veux-tu pas plutôt te frotter à l’original plutôt qu’à cette copie que tu as vaincue en quelques secondes ? Ou bien le grand Scorpion aurait-il peur de se faire battre ? »

D’abord surprit par l’apparition très dramatique de son ancien ami, Michael se reprit. Descendant du corps de Brock qui commençait légèrement à se relever, ne comprenant pas vraiment ce qu’il se passait, le Scorpion arborait, lui, une expression de rage et de colère extrêmes.
Il avait tant attendu ce moment…Il avait tant espéré pouvoir vivre ces instants avant qu’il ne mette fin à l’existence de Reilly…Il avait tant prié pour que ça arrive…qu’au final il était quelque peu déçu que ça arrive ainsi. Bien sûr, c’était presque logique que Ben arrive juste maintenant pour sauver son ami, mais au fond il aurait aimé un autre combat. Il aurait aimé affronter son ennemi quand il aurait tué Brock, pour que leurs rages soient à la même hauteur, qu’ils se laissent tous deux aller dans la folie et la mort. Mais ça n’arriverait pas, et Ben ne semblait pas être autant tombé dans la folie que lui…même si il pouvait cacher son jeu, évidemment.

« Tu vas mour…
- Rien du tout. »

Alors que le Scorpion s’apprêtait à crier, encore une fois, des menaces qui commençaient à devenir quelque peu creuses, Ben avait lâché la toile de sa main droite pour en former une autre avec sa main gauche, le mince fil organique sortant de sa paume pour se ficher après quelques secondes dans la bouche de son adversaire, avant qu’il n’en tisse une autre avec son autre avant bras. Celle-ci se colla sur le front de Michael qui était totalement surprit par ce qu’il avait au fond de la gorge, et Reilly donna un violent coup en arrière avant son bras droit. Le Scorpion fut alors catapulté de sa position vers son adversaire, celui-ci ayant désormais aussi une énorme expression de fureur et de rage sur le visage.

« Tu vas mourir.
Pas moi. »

Michael « vola » alors vers Ben, qui attendit le dernier moment pour lui donner un furieux coup de poing avec sa main gauche. Frappant en diagonale de bas en haut, le premier Spider Man usa de toute sa force, de toute sa rage, de tout son ressentit de fureur et de colère envers la Société du Scorpion et tout ce qu’il venait de vivre pour se déchaîner contre cet être qui avait participé à tous ses déboires.
Et son ennemi retomba alors extrêmement violemment sur le sol d’un des sous sols de l’immeuble à côté du bar des Stacy, sa mâchoire souffrant énormément au passage tandis que son nez était aussi cassé par le furieux coup qu’il venait de subir de la part de celui qui n’avait plus rien à perdre, maintenant, vu que la Société lui avait tout prit…absolument tout, oui…

« Eddie.
Lèves-toi. Maintenant. »

Alors que Michael était au sol et ne bougeait plus, Reilly avait levé les yeux vers son « ami », moitié couché et moitié assit sur des morceaux de murs détruits par le choc des combats. Sa seconde peau s’était enlevée au niveau du visage, et on pouvait donc voir que lui aussi avait un œil blessé, et que son nez était brisé également. Il semblait extrêmement las et faible, mais Ben lui parla d’une voix très brutale et violente, avec énormément de détermination dans les yeux.

« C’est la Bataille, Eddie. C’est la Grande Bataille.
- La Bataille ?
- L’affrontement final, si tu préfères. C’est ici et maintenant que ça va se terminer, Eddie. Et je veux que tu me rendes fier de toi, mon vieux. Je veux que tu fasses ce qu’il faut pour que ça se termine ce soir. Je veux que ça se finisse, Eddie. J’en ai assez de tout ceci. J’en ai assez, et je sais que toi aussi. Alors stoppe tout ça. Stoppe tout ça pour nous, et pour tous ceux qui ont soufferts à cause de ces folies. »

Eddie ne comprenait rien.
Peut-être était-ce la douleur, peut-être était-ce la fatigue, peut-être était-ce la folie qui le guettait de plus en plus, mais il ne comprenait pas du tout les paroles de Ben. Pourquoi disait-il ça ? Pourquoi lui parlait-il de la Bataille, cet événement qu’il ne pouvait que connaître ? Bien sûr, le dernier combat entre les représentants de l’Araignée et du Scorpion ressemblait assez à tout ça, mais il était dit qu’après la Bataille, aucun des deux Dieux n’auraient de représentants, et que le cercle serait brisé…Pourquoi parlait-il de ça ? Et pourquoi lui demandait-il de s’en occuper, alors que Ben était en excellente forme et que lui était à moitié mort ?

« C’est Osborn. »

La voix de Ben était toujours très froide et déterminée, tandis que Michael recommençait très lentement à bouger. Apparemment, le choc avait dû être extrême, et il semblait avoir énormément de mal à faire le moindre geste.

« C’est Norman Osborn qui est derrière tout ça.
Il faut que tu l’arrêtes, Eddie. Il faut que tu l’arrêtes, et que tu stoppes ces folies. Ça n’a que trop duré. Ils m’ont tout pris, Eddie. Ils m’ont pris mes parents, mes amis, mes amours, ma vie, mes idéaux et même ma dignité. J’ai tout perdus. Je suis fini, Eddie. Je ne veux pas que ça recommence. Je ne veux pas qu’ils te fassent ça… »

Le Scorpion releva alors légèrement la tête, et Reilly baissa ses yeux vers lui. Les deux hommes se regardèrent alors de longs instants, et ce simple regard fut plus éloquent que des mots inutiles. Ben et Michael lurent alors dans leurs yeux qu’ils étaient tous les deux perdus, finis et qu’ils ne voulaient plus qu’une chose, maintenant : mourir.
Ils avaient perdus tous les deux leurs vies, et ce l’un à cause de l’autre. Aucun n’était totalement innocent, aucun n’était totalement coupable…les deux étaient simplement des humains qui n’en pouvaient plus, et voulaient que l’enfer dans lequel ils vivaient depuis trop longtemps s’arrête, et définitivement. Ce simple regard suffit alors à leur faire comprendre à chacun qu’ils n’étaient pas du tout éloignés l’un de l’autre, et que le pire était à venir…même si l’un d’entre eux ne le verrait pas. Et ça aussi, ils le comprirent.

« Désolé, Michael. Désolé pour tout.
- Désolé aussi. »

Les deux hommes avaient parlés tous deux d’une voix très lasse et fatiguée. La tension entre eux était presque palpable tant elle était grande, et chacun attendait que l’autre prenne l’initiative d’attaquer pour que l’enfer se déchaîne encore.

« Adieu, Mike… »

Ben soupira lourdement, avant de vouloir donner un violent coup de pied dans le visage de Michael. Mais celui-ci l’évita avec une grâce étonnant vu la douleur qu’il semblait ressentir auparavant, et fit un salto arrière avant de se remettre sur ses jambes. Les deux combattants se faisaient désormais faces. Le dernier combat entre eux pouvait alors commencer.

Ce fut le Scorpion qui attaque en premier, cette fois-ci.
Faisant voleter sa queue autour de sa tête, il donna un ordre mental à celle-ci, et elle fila extrêmement rapidement vers les jambes de Reilly. Celui-ci sauta en l’air au dernier moment pour les éviter, et se réceptionna parfaitement à la gauche de Michael, qui tenta alors de l’attraper avec sa queue. Mais Ben avait prévu le coup, et tissa deux toiles organiques avec ses paumes qui allèrent directement sur l’arme incorporée au costume de son ancien ami.

Les deux minces fils se posèrent alors sur la queue du Scorpion et en même temps sur le sol, l’empêchant pendant quelques secondes la bouger et attirant donc son attention vers cet endroit du sous sol. Ces quelques instants suffirent à Ben pour donner un violent coup de poing à son ancien ami, qui recula sous le choc, tandis que sa mâchoire souffrait encore une fois brutalement.
Mais Michael se reprit alors, et roula sur le sol pour rejoindre le bout de sa queue immobilisé. Il arracha rapidement la toile qui y était collée, avant de se servir de celle-ci pour se protéger de Reilly, qui venait de lui sauter dessus. Le premier Spider Man se prit donc de plein fouet la queue de son ennemi, et roula violemment sur le sol alors que le Scorpion se préparait déjà à la suite du combat.

Accroupit, Ben attendit alors son ancien ami, et sauta au dernier moment en l’air tandis que Michael tentait une nouvelle fois de foncer sur lui, comme il l’avait fait avec Brock. Mais comme avec Eddie, sa technique ne fut pas la bonne, et il se retrouva encore une fois le visage au sol, à la merci de Reilly, qui n’allait pas hésiter à en profiter.
Retombant donc juste derrière le Scorpion, le jeune homme se retourna avec une extrême rapidité vers son ennemi, qui essayait de se relever le plus vite possible, mais il était bien sûr trop lent. Ben soupira alors lourdement, avant de prendre à deux mains la queue de Michael et de lui crier des mots pleins de rage et de colère non contenues.

« Vous m’avez tout pris, ordure !
Vous m’avez pris ma vie ! Vous m’avez dépossédé de tout ce que j’étais ! Il est temps que vous en payiez aussi le prix ! Il est temps que Justice soit faite ! »

Usant de toute sa force, le jeune Amérindien arracha alors avec une extrême brutalité la queue de Michael, qui poussa un terrifiant cri de douleur, vu que ce bout de costume était relié à son esprit pour qu’il puisse l’actionner, et donc la souffrance de la coupure du lien était énorme et sans nom.
Le Scorpion tomba alors violemment au sol, tandis que un étrange liquide vert sortait de son costume et de la queue que tenait Reilly dans ses mains. Celui-ci la lâcha alors, avant de se tourner vers Brock, qui avait assisté à la scène impuissant et toujours blessé.

« Eddie… »

Le jeune homme semblait totalement choqué, en fait. Blessé physiquement, il n’avait pu aider son « ami » à combattre et à vaincre Michael, et il avait été extrêmement surprit de voir comment Reilly s’était battu.
Lui qui avait pensé que Ben devait se cacher au fond d’un trou à pleurer comme le lâche qu’il pensait qu’il était, il ne comprenait pas comment ce type qu’il avait dénigré tant de fois et à cause de qui il était redevenu ce monstre qu’il avait tenté d’arrêter jadis pouvait être ainsi…Il ne comprenait pas le changement dans l’attitude et surtout le style de combat de son « ami », qui était devenu extrêmement violent et destructeur, en quelques heures à peine…

« Ben…
Qu’est-ce…Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? »

Brock se releva légèrement, alors que Michael gémissait de douleur dans cet étrange liquide vert, et que Ben restait extrêmement droit devant lui.

« J’ai enfin compris ce qu’était ma vie, et ce qu’on m’avait fait. J’en ai assez de tout subir. J’en ai assez de vivre tout ça. Michael est fini, Eddie. Même si il survit au choc, il n’aura plus la force de combattre. Le Scorpion est fini. Je l’ai vaincu. »

Reilly soupira alors lourdement, tandis que Eddie commençait à avoir un mauvais pressentiment par rapport aux paroles qu’il était en train d’entendre.

« Mais Osborn est encore là. Occupes-toi d’Osborn, Eddie. Occupes-toi de lui. C’est contre lui que tu devras te battre. La Grande Bataille est là. Finis cette folie, Eddie…Finis le travail…
- Mais…mais qui est cet Osborn ? »

Il ne comprenait rien.
Pourquoi Ben lui disait-il tout ça ? Pourquoi lui demandait-il de finir le travail, parce que c’était ça en fait, alors qu’il était à moitié mort, et que lui allait très bien ? Ce n’était pas normal…Ce n’était pas logique…Et même si Reilly n’avait pas toujours eut des réactions logiques, là c’était trop extrême pour que Brock ne pense pas que son ami avait quelque chose derrière la tête…quelque chose de très mauvais, assurément…

« C’est moi.
C’est moi Osborn.
Et il est temps que le travail soit fini, oui… »

Une voix désagréable et troublante se fit entendre, avant que deux autres bruits ne viennent aux oreilles de Eddie, et que celui-ci sente son sang se glacer dans ses veines. Il connaissait ces sons. Il ne les connaissait que trop bien. Et il savait que ça voulait dire. Il ne pouvait que le savoir. Même si c’était horrible. Même si c’était immonde et monstrueux. Même si le bruit d’une balle qui partait d’une arme et celui de cette même balle rencontrant le crâne puis le cerveau de Ben Reilly ne voulaient dire qu’une chose…qu’une seule et unique chose : son ami était mort. Spider Man était mort. Son prédécesseur était mort. Il était le dernier Spider Man. Il était le dernier avatar de la Tribu de l’Araignée. Il était le dernier adversaire de Norman Osborn, qui sortait de l’ombre, un énorme sourire sur le visage, à ce moment-là.

Ben était mort. Eddie vivant. Que tous les Dieux aient pitiés de ce monde face à l’horrible vengeance qui allait exploser à la face de tous, maintenant…Que tous les Dieux aient vraiment pitiés, oui…
 
 
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